Le samedi 24 septembre dernier, s’est tenu au sein de l’ambassade de Taïwan à Paris, le pré-colloque de la Fondation Pour la Paix, la Démocratie et l’Intégration en Afrique sur la problématique de la réconciliation en Côte d’Ivoire. En prélude à son colloque qui se tiendra du 25 au 27 novembre à Abidjan, la FOPPADIA a jugé utile d’organiser une rencontre préalable où se retrouveraient Ivoiriens et Africains pour entrouvrir le débat de la réconciliation ivoirienne post crise. « Bourreaux d’hier, victimes d’aujourd’hui ? Victimes d’hier, bourreaux d’aujourd’hui ? Et demain ? La Côte d’Ivoire à l’épreuve de la réconciliation. » Tel était le thème de réflexion de cette rencontre qui fut très enrichissante.
Le Pr. Lucien Pambou a inauguré les débats sur le thème principal de ce pré-colloque. Mais avant lui, son excellence Ching-long Lu, ambassadeur de la République Taïwan en France, l’hôte de la cérémonie, a fait une allocution dans laquelle il a offert les disponibilités de son pays à accompagner la Côte d’Ivoire sur le chemin du développement. A sa suite, le 1er vice-président du conseil d’administration de la FOPPADIA, Jean-Baptiste Golly, qui représentait le président en mission professionnelle aux USA, a réaffirmé qu’il faudrait que les Ivoiriens se parlent. Et surtout qu’ils se parlent franchement. Dans son intervention, M. Golly a martelé la maxime de la FOPPADIA ; «quand les hommes se parlent, ils ne se tuent pas. Il faudra donc que nous nous parlions, cela nous évitera de nous entretuer», a-t-il dit.
Pour en venir aux débats qui ont débuté vers 11 heures, c’est le Pr Lucien Pambou qui a traité du sujet principal. Rappelons que Lucien Pambou est diplômé de Sciences Po Paris et docteur en économie Paris X et Paris IX. Professeur d`économie hors classe à l`Education Nationale. Intervenant à l`IDRAC (Institut de Recherche et d`Action Commerciale). Il est également membre de plusieurs associations ; co-fondateur et premier Secrétaire Général du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), le Pr. Pambou intervient régulièrement sur les sujets politiques, économiques et internationaux sur la radio Africa n°1, et sur la chaîne de télévision d’informations générales Africa 24. Le Pr. Pambou qui avait la lourde charge de communiquer sur la thématique principale du colloque, s’est évertué à identifier d’abord les présumées victimes, et présumés bourreaux en Côte d’Ivoire, et ensuite définir les temps dans lesquels l’on pourrait situer les victimes et bourreaux. C’est au moment de cet exercice qu’enfin, le Pr. Pambou s’est plutôt interrogé à plusieurs reprises. «Faut-il situer la période des frustrations en 2010 ? En 2000 ? En 1999 ? En 1995 ? En 1990 ? En 1970 ? Ou beaucoup plus loin, durant la période coloniale, lors des luttes d’indépendance ?» Une question qu’il a posée aux participants à ce colloque, et les interventions, aussi lumineuses les unes que les autres, ont ouvert d’autres questionnements sur l’épreuve de la réconciliation ivoirienne.
A la suite de Lucien Pambou, le chercheur en histoire, Oumou Kouyaté s’est attelée à évoquer les résistances à la conquête coloniale en Côte d’Ivoire. Au-delà des hauts faits de guerre et des résistances dont ont fait preuve certains peuples de Côte d’Ivoire, Oumou Kouyaté a voulu faire la preuve que «nous pouvions nous réapproprier notre histoire commune au lieu de la laisser s’écrire par les autres, les colons qui l’écrivent en leur faveur», a-t-elle dit. Elle a poursuivi pour ajouter qu’en tant qu’historienne, elle n’exhume pas ce passé glorieux des résistances ivoiriennes pour la beauté du geste, mais rappelé à ses contemporains qu’«aucune liberté n’est octroyée. Elles sont toutes arrachées au bout d’âpres batailles et de luttes», a affirmé l’historienne Oumou Kouyaté. Les débats qui ont suivi sa communication ont tout aussi été enlevés. Il en est d’ailleurs ressorti une idée essentielle : la France devrait assumer et reconnaître son passé d’oppresseur, car tout colon a été un oppresseur.
Succédant à Mme Kouyaté au pupitre, le Pr. Doudou Sidibé avait la tâche d’entretenir les participants au colloque du difficile héritage de l’après Houphouët-Boigny. Notons que le Pr. Doudou Sidibé est enseignant chercheur titulaire d’un doctorat en Relations Internationales obtenu à l’université Lyon 3. Sa spécialité est la résolution des conflits, négociation, et médiation. Rappelons aussi que son sujet de thèse était : «La résolution des conflits en Afrique : Le cas de la République Démocratique du Congo de 1994 à nos jours (NDLR : 2007 année de la soutenance de thèse)». Le Pr. Sidibé a indiqué d’emblée lors de sa communication que le premier président de la Côte d’Ivoire indépendante avait sa part de responsabilité dans la gestion de son héritage politique. Pour lui, l’imbroglio politico-institutionnel qui a précédé cette page de feu et de sang de l’histoire ivoirienne est en partie le fait de Félix Houphouët-Boigny. Les interventions qui ont suivi le propos du Pr. Sidibé ont été également vives et fortes, mais certaines ont tranché avec l’opinion du panéliste. Ce qui lui a valu d’ailleurs d’être taxé pro-Gbagbo par un participant.
En dehors des panélistes de ce pré-colloque de la FOPPADIA, il faudra remarquer la présence d’augustes personnalités de l’intelligentsia africaine à Paris. Au nombre desquelles nous citerons David Kagunzi, écrivain Burundais qui a récemment publié un livre aux éditions L’Harmattan intitulé : «Côte d’Ivoire, le crime parfait». Mme Dominique Bangoura, docteur d`Etat en science politique et présidente de l`Observatoire Politique et Stratégique de l`Afrique (OPSA), Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. Diplômée de l`Institut d`études politiques de Strasbourg, elle est spécialiste de l`Afrique dans les domaines de la paix, de la démocratie, de la sécurité et des relations internationales. Elle a été successivement Secrétaire générale de l`Institut africain d`études stratégiques à Libreville au Gabon de 1982 à 1990 puis chargée de cours en 3ème cycle de science politique à la Sorbonne de 1992 à 1998 et directrice de l`Institut des hautes études francophones à Paris. Elle est actuellement politologue et consultante internationale.
Son Excellence monsieur Ching-long Lu, ambassadeur de la République de Taïwan en France, représentant du bureau de représentation de Taipei à Paris, a apporté son mot au cours des débats. Il a demandé aux Ivoiriens de ne pas avoir honte de se faire aider par la communauté internationale, car c’est grâce à cette communauté internationale que Taïwan est aujourd’hui l’un des rares pays au monde à ne pas avoir de dettes extérieures. C’est un peu après 18 heures que les participants au pré-colloque de la FOPPADIA se sont séparés pour se donner rendez-vous du 25 au 27 novembre prochain.
Charles Assadé à Paris
Le Pr. Lucien Pambou a inauguré les débats sur le thème principal de ce pré-colloque. Mais avant lui, son excellence Ching-long Lu, ambassadeur de la République Taïwan en France, l’hôte de la cérémonie, a fait une allocution dans laquelle il a offert les disponibilités de son pays à accompagner la Côte d’Ivoire sur le chemin du développement. A sa suite, le 1er vice-président du conseil d’administration de la FOPPADIA, Jean-Baptiste Golly, qui représentait le président en mission professionnelle aux USA, a réaffirmé qu’il faudrait que les Ivoiriens se parlent. Et surtout qu’ils se parlent franchement. Dans son intervention, M. Golly a martelé la maxime de la FOPPADIA ; «quand les hommes se parlent, ils ne se tuent pas. Il faudra donc que nous nous parlions, cela nous évitera de nous entretuer», a-t-il dit.
Pour en venir aux débats qui ont débuté vers 11 heures, c’est le Pr Lucien Pambou qui a traité du sujet principal. Rappelons que Lucien Pambou est diplômé de Sciences Po Paris et docteur en économie Paris X et Paris IX. Professeur d`économie hors classe à l`Education Nationale. Intervenant à l`IDRAC (Institut de Recherche et d`Action Commerciale). Il est également membre de plusieurs associations ; co-fondateur et premier Secrétaire Général du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), le Pr. Pambou intervient régulièrement sur les sujets politiques, économiques et internationaux sur la radio Africa n°1, et sur la chaîne de télévision d’informations générales Africa 24. Le Pr. Pambou qui avait la lourde charge de communiquer sur la thématique principale du colloque, s’est évertué à identifier d’abord les présumées victimes, et présumés bourreaux en Côte d’Ivoire, et ensuite définir les temps dans lesquels l’on pourrait situer les victimes et bourreaux. C’est au moment de cet exercice qu’enfin, le Pr. Pambou s’est plutôt interrogé à plusieurs reprises. «Faut-il situer la période des frustrations en 2010 ? En 2000 ? En 1999 ? En 1995 ? En 1990 ? En 1970 ? Ou beaucoup plus loin, durant la période coloniale, lors des luttes d’indépendance ?» Une question qu’il a posée aux participants à ce colloque, et les interventions, aussi lumineuses les unes que les autres, ont ouvert d’autres questionnements sur l’épreuve de la réconciliation ivoirienne.
A la suite de Lucien Pambou, le chercheur en histoire, Oumou Kouyaté s’est attelée à évoquer les résistances à la conquête coloniale en Côte d’Ivoire. Au-delà des hauts faits de guerre et des résistances dont ont fait preuve certains peuples de Côte d’Ivoire, Oumou Kouyaté a voulu faire la preuve que «nous pouvions nous réapproprier notre histoire commune au lieu de la laisser s’écrire par les autres, les colons qui l’écrivent en leur faveur», a-t-elle dit. Elle a poursuivi pour ajouter qu’en tant qu’historienne, elle n’exhume pas ce passé glorieux des résistances ivoiriennes pour la beauté du geste, mais rappelé à ses contemporains qu’«aucune liberté n’est octroyée. Elles sont toutes arrachées au bout d’âpres batailles et de luttes», a affirmé l’historienne Oumou Kouyaté. Les débats qui ont suivi sa communication ont tout aussi été enlevés. Il en est d’ailleurs ressorti une idée essentielle : la France devrait assumer et reconnaître son passé d’oppresseur, car tout colon a été un oppresseur.
Succédant à Mme Kouyaté au pupitre, le Pr. Doudou Sidibé avait la tâche d’entretenir les participants au colloque du difficile héritage de l’après Houphouët-Boigny. Notons que le Pr. Doudou Sidibé est enseignant chercheur titulaire d’un doctorat en Relations Internationales obtenu à l’université Lyon 3. Sa spécialité est la résolution des conflits, négociation, et médiation. Rappelons aussi que son sujet de thèse était : «La résolution des conflits en Afrique : Le cas de la République Démocratique du Congo de 1994 à nos jours (NDLR : 2007 année de la soutenance de thèse)». Le Pr. Sidibé a indiqué d’emblée lors de sa communication que le premier président de la Côte d’Ivoire indépendante avait sa part de responsabilité dans la gestion de son héritage politique. Pour lui, l’imbroglio politico-institutionnel qui a précédé cette page de feu et de sang de l’histoire ivoirienne est en partie le fait de Félix Houphouët-Boigny. Les interventions qui ont suivi le propos du Pr. Sidibé ont été également vives et fortes, mais certaines ont tranché avec l’opinion du panéliste. Ce qui lui a valu d’ailleurs d’être taxé pro-Gbagbo par un participant.
En dehors des panélistes de ce pré-colloque de la FOPPADIA, il faudra remarquer la présence d’augustes personnalités de l’intelligentsia africaine à Paris. Au nombre desquelles nous citerons David Kagunzi, écrivain Burundais qui a récemment publié un livre aux éditions L’Harmattan intitulé : «Côte d’Ivoire, le crime parfait». Mme Dominique Bangoura, docteur d`Etat en science politique et présidente de l`Observatoire Politique et Stratégique de l`Afrique (OPSA), Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. Diplômée de l`Institut d`études politiques de Strasbourg, elle est spécialiste de l`Afrique dans les domaines de la paix, de la démocratie, de la sécurité et des relations internationales. Elle a été successivement Secrétaire générale de l`Institut africain d`études stratégiques à Libreville au Gabon de 1982 à 1990 puis chargée de cours en 3ème cycle de science politique à la Sorbonne de 1992 à 1998 et directrice de l`Institut des hautes études francophones à Paris. Elle est actuellement politologue et consultante internationale.
Son Excellence monsieur Ching-long Lu, ambassadeur de la République de Taïwan en France, représentant du bureau de représentation de Taipei à Paris, a apporté son mot au cours des débats. Il a demandé aux Ivoiriens de ne pas avoir honte de se faire aider par la communauté internationale, car c’est grâce à cette communauté internationale que Taïwan est aujourd’hui l’un des rares pays au monde à ne pas avoir de dettes extérieures. C’est un peu après 18 heures que les participants au pré-colloque de la FOPPADIA se sont séparés pour se donner rendez-vous du 25 au 27 novembre prochain.
Charles Assadé à Paris