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Politique Publié le mercredi 28 septembre 2011 | L’Inter

Retour en Côte d`Ivoire : Ce que les exilés LMP attendent de Ouattara

Le pouvoir ivoirien multiplie les démarches et tractations en vue du retour en Côte
d'Ivoire des exilés et réfugiés dans la sous-région ouest-africaine. A cet effet, le
ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan a conclu, le
19 août dernier, un accord tripartite au nom de l’État ivoirien avec le gouvernement
libérien et le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), afin
d'organiser le rapatriement volontaire des populations ivoiriennes ayant trouvé refuge
au Liberia. Le ministre d’État, ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko a pour sa part
effectué le week-end dernier, une autre mission étatique à Accra où il a rencontré,
outre les autorités ghanéennes, des Ivoiriens vivant au Ghana. Les échanges et
discussions ont essentiellement porté sur les conditions du retour des réfugiés et
exilés vivant au pays du président John Evans Atta Mills. Le jeudi 22 septembre
2011, du haut de la tribune des Nations unies à New York, où il a pris part aux
66èmes Assemblées générales annuelles de l'ONU, le chef de l’État, Alassane
Ouattara a réitéré son appel à tous ses compatriotes qui se trouvent dans les pays
limitrophes du fait de la crise post-électorale, à rentrer au bercail. Malgré toutes les
assurances données par le gouvernement ivoirien, les cadres, militants et
sympathisants LMP exilés principalement au Ghana, au Togo et au Bénin rechignent
à prendre le chemin du retour au pays natal. Qu'est-ce qui peut justifier une telle
réticence des concernés ? Certes, le nouveau régime a promis des garanties
sécuritaires voire un accompagnement à la réinsertion économique, sociale et
professionnelle de certains exilés qui ont tout perdu pendant la crise post-électorale.
Mais des candidats au retour attendent bien plus de la part des autorités ivoiriennes.
Par exemple, de nombreuses personnalités proches de l'ex-chef de l’État Laurent
Gbagbo espèrent voir un geste fort du président Alassane Ouattara, matérialisé
notamment par la signature d'une loi d'amnistie qui les mettrait à l'abri de toute
mauvaise surprise une fois revenues en Côte d'Ivoire. Cette mesure exceptionnelle
pourrait couvrir certains actes posés durant la crise post-électorale et qualifiés par le
nouveau régime d'atteinte à la sûreté de l’État, participation à un gouvernement
illégal et illégitime, crimes économiques à hauteur d'un certain montant, etc. en vue
de mettre en confiance les exilés. Exit les crimes de sang, crimes de guerre et crimes
contre l'humanité et autres faits gravissimes et attentatoires aux droits de l'Homme et
à la dignité humaine. Leurs auteurs devront répondre de leurs agissements devant la
justice après des enquêtes qui établiront de manière irréfutable leurs responsabilités
et culpabilités, et pour lesquels les fautifs bénéficieront des garanties pour un procès
équitable. Par exemple, certains ministres ayant siégé dans le dernier gouvernement
Gbagbo formé par le Premier ministre Gilbert Marie Aké N'Gbo, voudraient bien
revenir au pays. C'est aussi le cas pour des anciens ministres, directeurs généraux,
hauts cadres de l'administration, élus, jeunes patriotes ou simples citoyens qui
séjournent encore à l'extérieur. Mais ils craignent de subir des représailles et des

tracasseries de toutes sortes après avoir franchi les frontières ivoiriennes dans le sens
inverse, comme cela a été constaté pour quelques uns des ex-exilés et réfugiés. Une
loi d'amnistie les encouragerait à rentrer et montrerait également la bonne volonté des
autorités ivoiriennes à aller résolument à la réconciliation nationale.

Des mesures exceptionnelles sous l'ancien régime

Sous l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, de telles dispositions particulières
avaient été prises pour favoriser le dégel de la situation socio-politique. En 2001,
une loi d'amnistie a été adoptée en faveur des militaires exilés et en rupture de ban
avec le régime de la Refondation. Alassane Ouattara lui-même, à l'époque en exil
en France suite aux événements consécutifs à la présidentielle d'octobre et aux
législatives de décembre 2000, a bénéficié de solides garanties du pouvoir d'alors
avant de venir participer au Forum de la réconciliation nationale qui s'est déroulé
durant tout le dernier trimestre de l'année 2001. Pareil pour le président Henri Konan
renversé le 24 décembre 1999 et qui est rentré de Paris où il a dû s'exiler. Par ailleurs
le 6 août 2003, l'ex-chef de l'Etat, Laurent Gbagbo a signé une autre loi d'amnistie
en faveur de tous les acteurs civils et militaires qui ont participé à la tentative de
coup d’État muée en rébellion armée, le 19 septembre 2002. Toutes ces mesures
exceptionnelles ont été prises à différentes occasions pour permettre la décrispation
et la relance du processus de sortie de crise qui était en panne. C'est certainement un
tel signal de l'Exécutif ivoirien qui pourrait convaincre les partisans de l'ex-chef de
l'Etat de rentrer au pays pour se mettre à la disposition des nouvelles autorités. Et
prendre toute leur place dans la reconstruction post-crise et le train de réconciliation
nationale.

Anassé Anassé
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