Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, a parlé à l’Onu, à New York, aux Etats-Unis. Dans le ‘’déluge’’ des mots, je retiens « pays émergent », vocabulaire, qui emballe à lui tout seul, le moteur des prochaines grandes ambitions françaises à bâtir un autre grand empire économique en Côte d’Ivoire, pour les cinquante années à venir. « La Côte d’Ivoire, sera un ‘’pays émergent’’ à l’horizon 2020 ». Mais l’annonce ne vient pas de n’importe qui. Elle émane de Alassane Ouattara, ancien directeur général adjoint du Fmi, chargé de l’Afrique, aujourd’hui chef de l’Etat ivoirien. Sur cette lancée, je retiens que la communication de Alassane Ouattara à l’Onu, n’est simplement que la voix de la France, qui veut forcément, faire partie de la ‘’future stratégie’’ économique du Golfe de Guinée, où d’énormes réserves pétrolières sont signalées. De la Côte d’Ivoire en passant par le Ghana, la Guinée-Conakry et l’Angola, la France va devoir reformer sa coopération économique, militaire, ou sécuritaire, pour s’adapter aux nouvelles sources de revenu. La ‘’Côte d’Ivoire pays émergent’’ a été une étude de vocabulaire fort édifiante, entre Paris et Abidjan, surtout, autour diplomatique que je connais bien. Paris fait simplement dire à Abidjan, que la Côte d’Ivoire sera ‘’tête d’affiche’’ du nouvel ordre des affaires pétrolières et économiques du Golfe de Guinée. En ce moment précis, la Côte d’Ivoire, siège de l’organisation régionale de communication par satellite – Rascom – aura joui d’une totale stabilité, à toute épreuve, avec les nouvelles forces militaires, que la France installerait en Côte d’Ivoire, pour échapper, à mon avis, aux rigueurs américaines et asiatiques. Autrement dit, Alassane Ouattara a dit ce que la France lui a dit ‘’d’annoncer’’ à New York. Mais le chef de l’Etat ivoirien n’a pas tort. Lui qui rêve depuis plusieurs années, avec une ardeur rare, de ‘’jouer’’ dans la cour de ce grand empire économique du Golfe de Guinée. Seulement, je conseille à Alassane Ouattara, de ne pas trop flamber. « Pays émergent » pour la Côte d’Ivoire n’est pas un nouveau mot. Dans mon exercice de recherches diplomatiques c’est bien, les mêmes milieux économiques et politiques français qui sont allés soumettre à Félix Houphouët-Boigny que la Côte d’Ivoire, était un ‘’pays intermédiaire’’. Emergent ou ‘’pays intermédiaire’’, ce n’est qu’un simple jeu de mots, et ne peut susciter d’exceptionnels atouts de développement. Je sais très bien que les Occidentaux ‘’éblouissent’’ les Africains avec ces mots, pour davantage cibler leurs stratégies, fondées sur le besoin du terrain. Mais Alassane Ouattara, qui n’est pas n’importe quel économiste, connaît la précision de la moralité des occidentaux, dans le champ d’application de leurs intérêts. A mon avis, Alassane Ouattara doit s’éloigner des caprices des mots de ses alliés occidentaux et français, parfois incohérents et prêts à chasser ceux qui ne savent pas que tout dépend d’eux. Parce qu’ils manient l’exploit technique de ‘’pays émergent’’ : un contrat politique, économique, et diplomatique, qu’il ne faut pas trahir. Dans les années 1970 – 1980 – 1990, c’était le même taux de rigueur des jeux de mots avec Félix Houphouët-Boigny. ‘’Côte d’Ivoire pays phare’’ que les Ivoiriens ont cru sans discernement. Henri Konan Bédié, qui succède à Félix Houphouët-Boigny, accepte difficilement ces jeux de mots qui généralement sont socialement et politiquement coûteux. Il y a de quoi à inquiéter, particulièrement les Français. Parce que, Henri Konan Bédié, en 1995, avait dit que la Côte d’Ivoire aura son indépendance énergétique, grâce à son centre régional de pétrole et de gaz. Et, comme Henri Konan Bédié s’éloignait du champ d’application des jeux de mots des intérêts occidentaux et français en Côte d’Ivoire… la suite fut coûteuse pour son régime en 1999. Autrement dit, si Alassane Ouattara veut faire de la Côte d’Ivoire, un ‘’pays émergent’’ d’ici 2020, il lui est interdit d’échouer. Parce que tout simplement, Alassane Ouattara, à la tête de la Côte d’Ivoire est une nouvelle ère pour la France.
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël