Du vendredi 30 septembre au lundi 3 octobre 2011, le Premier ministre Guillaume Soro a parcouru six grands départements des zones Centre, Nord et Ouest anciennement contrôlées par l`ex-rébellion. Guillaume Soro a installé les chefs de corps de sécurité des forces militaires et paramilitaires dans les zones où, autrefois, elles étaient persona non grata. Que ce soit à Korhogo, Séguéla, Bouna, Bouaké, Odienné et Man, le chef du gouvernement, qui occupe le portefeuille ministériel chargé de la Défense a redéployé dans ces villes gendarmes, policiers, militaires et Eaux et forêts. Leur rôle, rétablir l`autorité de l`État sur l`ensemble du territoire national et s`assurer que les recettes fiscales et autres taxes atterrissent dans les caisses légales. Une opération qui a été impossible durant les huit ans qu`a duré la crise militaro-politique. En réalisant ce qui était impossible jusqu`à une date récente, Guillaume Soro vient de gagner un premier pari. Il démontre à ses détracteurs que, contrairement à ce qu`ils pensent, il demeure un chef de gouvernement fort, capable de faire respecter les instructions que lui donne le président Alassane Ouattara dans le cadre de l`accélération du processus de réunification du territoire ivoirien. L`on se souvient que le redéploiement de l`administration civile et militaire, plusieurs fois lancé, a capoté pour des raisons diverses, notamment le problème de sécurité. A Bouaké par exemple, le 15 janvier 2009, le régime d`alors dirigé par l`ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, avait lancé une opération d`unicité des caisses de l`État qui devait être suivie d`une campagne de sensibilisation. Quelque temps après, peut-être mal comprise ou par mauvaise foi, elle a échoué, faisant planer le doute sur le processus de retour à la normalité. Idem pour le retour des préfets et sous-préfets en zones CNO, qui ont dû plier bagage, pour la plupart, pour revenir dans la zone dite gouvernementale après leur installation. Il a fallu la tenue de la présidentielle pour que véritablement, les représentants de l`État, dont l`autorité était presqu`anéantie par la présence des com-zones et de leurs soldats, se redéploient sur l`ensemble des zones sous contrôle des FAFN. Cette époque où la ruse était la chose la mieux partagée est bien loin! Le pouvoir ayant changé de main, les choses bougent à la vitesse d`une comète. En trois jours, le Premier ministre a réussi à redéployer les forces militaires et paramilitaires en zones CNO. La police est également de retour ainsi que la gendarmerie. Un bon point pour l`ex-patron des FAFN, qui devra toutefois dormir d`un œil parce que le plus dur commence pour lui. En effet, avec les expériences précédentes, il faut craindre que les mauvaises habitudes contractées pendant la crise ivoirienne ne gâchent la dynamique. Les éléments résiduels de l`ex-rébellion qui détiennent encore les armes pourraient constituer un frein au processus de normalisation. Habitués au racket et abonnés au non-respect de la hiérarchie, ces ``demi-saison`` pourraient donner du fil à retordre aux soldats de métier qui seront redéployés. Accepteront-ils de se plier aux instructions de la nouvelle hierarchie? Abandonneront-ils la mentalité de rebelle? Difficile de le dire. Toujours est-il que l`habitude étant une seconde nature, il ne faut pas s`étonner de voir d`éventuels accrochages entre ces jeunes qui ont pris les armes pour défendre une cause et les soldats de métier. Surtout que ceux qui ont formé ces jeunes, notamment Chérif Ousmane, ancien patron de la compagnie guépard et aujourd`hui commandant en second du Groupement de sécurité présidentielle, sont encore à Abidjan. Ajouté à cela le manque d`infrastructure adéquate et la méfiance des populations, les nouveaux patrons de la sécurité devront se forger un moral à toute épreuve s`ils veulent relever le défi de la réunification du territoire national.
Y.DOUMBIA
Y.DOUMBIA