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Société Publié le mercredi 5 octobre 2011 | Nord-Sud

Dr Pierre André Aka (responsable de la communication du cinquantenaire des dominicains) révèle : «Les communautés catholiques ont agi pendant la crise »

Les Frères dominicains de Côte d’Ivoire célèbrent leur cinquantenaire à partir du 08 octobre. Dr Pierre André Aka est le président de la commission communication de l’évenement. Dans cet entretien, il présente la congrégation catholique et son action.


Qu’est-ce qui fait la particularité de la congrégation des frères dominicains ?
C’est une création à la suite d’un grand prédicateur qu’on appelle Saint Dominique, une personne qui a vécu au 13e siècle et qui a créé l’ordre des prêcheurs. C’est ce qui caractérise les dominicains. Dominique a rassemblé autour de lui des personnes qui étaient des prêtres, et il a estimé que ceux-ci devaient être des personnes instruites, zélées (dévouées à la cause de Dieu) et capables de vivre pauvrement. C’est donc une congrégation qui existe depuis le 13e siècle. Les dominicains ont pour devise : louer, bénir et prêcher.

Comment les premiers dominicains sont-ils arrivés en Côte d’Ivoire ?
Cette congrégation est arrivée en Côte d’Ivoire en 1961 à la demande de l’ex-cardinal Bernard Yago. Il a demandé que l’on fasse venir une équipe de prêtres qui devaient se consacrer spécifiquement à la formation de la jeunesse pour en faire une jeunesse dynamique et instruite. Il leur a confié les aumôneries universitaires.

50 ans après, quel est le bilan ?
C’est l’un des aspects du cinquantenaire que nous organisons. L’évènement va retracer toute l’histoire des dominicains. Elle va se tenir sur quatre trimestres. Le premier trimestre commence en octobre et se termine en décembre. A cette occasion, nous allons revenir sur l’histoire des dominicains en Côte d’Ivoire. Et elle sera développée par les dominicains eux -mêmes. Ce sera aussi l’occasion de comprendre ce que la Côte d’Ivoire a eu comme avantage ainsi que l’Afrique de l’Ouest. Ensuite, il y aura des conférences, des expositions-photos. Et tout sera recoupé pour voir ce qui a été positif dans le passé, actuellement et ce qu’on peut améliorer dans le futur. La deuxième phase va s’axer sur la justice et la paix. On verra comment la société civile a évolué par rapport à ce qu’ils ont apporté. Et comment cette société se met au service de la paix et de la cohésion sociale. Pour le troisième trimestre, nous allons entrer dans les détails de cette théologie et son développement. Et comment ce développement est mis en pratique à Yamoussoukro. Il y aura des déplacements dans cette ville pour voir comment ils allient ces deux notions…

Les frères dominicains ont fait beaucoup de réalisations dans différents domaines dont le domaine social. D’où viennent leurs ressources ?
Les congrégations sont autonomes. Elles ont un financement qui correspond à leurs propres activités. Elles ont une maison-mère qui reçoit une dotation.

Qui sont les donateurs ?
La population, des personnes neutres. Il faut dire que chacun a sa mission. Celle des dominicains, c’est la justice et la paix. Je prends un exemple, dans le monde entier, l’Organisation des Nations Unies (Onu) peut dire que nous avons un problème de paix ; donc, on confie cela aux frères dominicains. Voilà une source de financement.

Les dominicains de Côte d’Ivoire ont-ils essayé d’intervenir dans la grave crise post-électorale que le pays a connue ?
Ils sont intervenus à leur niveau. Ils vont le dire dans leur développement. Mais, ils l’ont fait avec des personnes qu’ils connaissent. Parce que les dominicains sont fréquentés par beaucoup de personnes, des personnalités politiques, des ambassadeurs, etc. Leur action n’est pas écrite sur le front de quelqu’un. Ils mènent leurs actions en douceur en fonction de leurs fondamentaux. Il y a 4 ou 5 ans, lorsqu’il y a eu les inondations, les éboulements à Attécoubé, les dominicains sont allés faire des actions que personne n’a sues. Tout le monde connaît l’Inades (Institut africain pour le développement économique et social) de Cocody. C’est l’œuvre des jésuites. Il y a des dossiers qu’ils traitent et la population n’en est pas informée. Eux sont des prêtres. Leur action, c’est de s’assoir et réfléchir. Ils ont une formation qui est pointuée dans un domaine précis. Nous, nous intervenons dans la société. Nos prêtres sont là pour écouter, pour animer une paroisse.

Qu’ont-ils fait pour le dénouement de la crise ?
Ceux qui les fréquentent savent qu’ils sont discrets. Mais, en dessous, on les soupçonne d’avoir fait beaucoup de choses. Au plus fort de la crise, un célébrant disait  souvent aux fidèles : s’ils (Ndlr : les acteurs politiques) ne sont pas capables de s’entendre pour faire la paix, alors, la messe ne sera pas célébrée. Il disait que ceux qui venaient prier avec eux sont les mêmes qui animaient les débats politiques. Ils leur demandaient d’être malléables pour apporter la paix.

Leurs actions souterraines ou visibles semblent n’avoir rien donné vu tout le drame humain qui s’est produit.
On ne peut pas dire que cela n’a rien donné. Peut-être que la situation aurait été plus dramatique s’ils n’avaient rien fait.

Pourquoi n’ont-ils pas agi publiquement ?
Cela aurait pu être interprété comme une immixtion dans les affaires intérieures du pays. La communauté des dominicains ne pouvait pas prendre position officiellement en tant que congrégation. Elle ne pouvait le faire que si elle était sollicitée. Je sais que cela a été parfois le cas et elle a fait ses propositions de solutions. La hiérarchie de l’église catholique a pu, par exemple, demander son avis à un moment donné et elle le lui a donné. Mais ce sont des choses qui se font dans la discrétion. Et cela ne concerne pas que les seuls dominicains. Toutes les grandes communautés catholiques que vous connaissez ici ont été actives au plus fort de la crise post-électorale.

Leurs propositions ont-elles été suivies ?
Je ne saurais vous le dire. Je sais néanmoins qu’au plan individuel, certains membres de la congrégation des dominicains avaient des points de vue qui n’étaient pas en phase avec les positions de l’église catholique ou même de tel ou tel camp politique. Mais ils ne pouvaient pas l’exprimer publiquement.

Mgr Paul Siméon Ahouana, archevêque métropolitain de Bouaké et membre de la communauté franciscaine a pourtant dit publiquement qu’il n’avait pas constaté de troubles dans les bureaux de votes de son territoire diocésain, contrairement à ce que disait le clan Gbagbo. Quelle explication ?
Il y a ceux qui peuvent parler et ceux qui ne peuvent pas parler. Mgr Ahouana, sa culture est franciscaine. Sa gestion aussi. Donc, son point de vue n’est pas forcément identique au vôtre. Mais il est ivoirien et il est prêtre. Toutefois, il ne s’est pas prononcé au nom d’une communauté franciscaine. S’il n’était que membre d’une communauté franciscaine sur place à Bouaké, ses propos auraient pu être interprétés comme la position de cette communauté et cela aurait été critiqué. Mais Mgr Ahouana est le chef d’un archidiocèse qui a son autonomie. La preuve, il n’a parlé que de Bouaké.


Interview réalisée par Cissé Sindou
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