« La porte est fermée, n'insistez pas s'il vous plaît, merci », pouvait-on lire hier mercredi 05 octobre 2011 sur la porte de l'hémicycle. Un signal lancé ainsi aux députés du Front populaire ivoirien (FPI) que leur siège est fermé. Ces parlementaires n’ont donc pas pu ouvrir la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale, comme prévu. La première vice-présidente du parlement ivoirien, Marthe Agoh et ses camarades du FPI/CNRD ont été poliment empêchés par les ‘’gardiens’’ d'avoir accès aux locaux, qui étaient d'ailleurs fermés, au grand dam des élus de l’opposition, alors que le véhicule du président Mamadou Koulibaly, reconnu, était garé sur l’esplanade de l’institution. A en croire Mme Agoh, les députés devaient se réunir conformément à l’article 62 de la Constitution ivoirienne. « Malheureusement l’hémicycle est fermé, nous ne pouvons pas faire l’ouverture. J’ai pu avoir quelques membres du personnel qui disent qu’ils ont reçu l’ordre de ne pas ouvrir l’hémicycle pour que les députés puissent ouvrir la session », a-t-elle indiqué à la presse, accusant le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, qui aurait donné l'ordre de leur interdire l'accès. « Or, j’ai écrit au secrétaire général conformément à ses attributions, pour qu’il puisse préparer la conférence des présidents. Je supplée le président de l’Assemblée dans toutes ses fonctions et souvent, je rappelle à l’ordre le secrétaire général pour qu’il prépare les sessions. C’est ce que j’ai fait parce que je n’arrivais plus à le joindre depuis un certain temps, par téléphone. Donc, je me suis vue obligée d’écrire et d’envoyer un courrier depuis le 22 septembre et jusqu’aujourd’hui, plus rien, personne ne s’est présenté. De surcroît, il a donné l’ordre à la personne qui détient la clé de ne pas ouvrir l’hémicycle », a expliqué Mme Agoh. Les députés ont dénoncé cette situation et crié au coup de force. A les entendre, aucun décret ou ordonnance n’a été pris par le chef de l’Etat pour dissoudre l’Assemblée nationale comme cela aurait été le cas, s'il s'agissait d'un coup d’Etat. « C’est le président de l’Assemblée nationale en personne qui bloque le fonctionnement de l’institution. Non seulement il ne fait pas son travail, mais moi qui suis son second, il s’oppose à ce que je fasse mon travail, puisqu’il a mis un obstacle de fait, puisqu’il a fait fermer l’Assemblée nationale pour qu’on ne puisse pas travailler », a-t-elle regretté. A cette allure, selon elle, l’Exécutif pourrait prendre des décisions comme à l’époque des monarchies. Et le numéro 2 de Mamadou Koulibaly au Parlement de marteler : « Nous, on ne peut rien. On prend acte, c’est un coup de force. Puisque c’est le président de l’Assemblée qui met les représentants du peuple devant le fait accompli. Or, dans nos règlements, c’est lui qui est le président de l’institution ». Après elle, le président par intérim du groupe parlementaire FPI, Charles Guipié Yoro, a dépeint les conditions de vie des députés ivoiriens, principalement ceux du FPI. Selon lui, les députés vivent difficilement, sans salaire, alors que l’Assemblée nationale n’est pas dissoute. « Une catastrophe humanitaire se prépare, on ne nous paie pas, on ne peut pas avoir des découverts au niveau des banques, les comptes sont gelés, on emprisonne des députés alors qu’ils sont encore sous le joug de leur immunité. On piétine, on humilie les gens, on les méprise, nous n’avons pas en face de nous un interlocuteur. Nous sommes venus ici avec les autres députés pour ouvrir le parlement et parler de nos problèmes. Malheureusement comme vous l’avez constaté, le président de l’Assemblée nationale est là, au sein de l’Assemblée nationale. C’est désolant », a fait remarquer le député Guipié Yoro.
Hervé KPODION
Hervé KPODION