«Qu’on n’arrive pas à une position où on n’ait plus d’alternative»
Il était à l'origine de la création du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (COJEP) de Charles Blé Goudé. Leader de la galaxie patriotique bien connu dans les agoras et parlements, notamment de la commune de Yopougon à Abidjan, l'on pouvait considérer Agénor Youan Bi comme l'homme de main du leader des jeunes patriotes. En exil comme son mentor, nous avons pu joindre ce proche de Charles Blé Goudé, qui se prononce sur tous les sujets se rapportant à l'actualité politique.
M. Agénor Youan Bi, vous étiez l’un des piliers du COJEP et de la Galaxie patriotique ivoirienne avant la crise post-électorale, que devenez-vous après cette crise?
Nous sommes là. Nos activités sont au point mort aujourd'hui, et on essaie de relancer les contacts de nos amis pour voir dans quelle mesure relancer nos activités.
Où vivez-vous?
Je vis en Afrique.
Pourquoi plus en Côte d'Ivoire?
Dans tous les cas, c’est notre pays, on ne peut pas rester pendant longtemps à l'extérieur. Le retour c’est pour bientôt, très bientôt.
On entend dire que vous préparez un coup, qu'en est-il?
Ceux qui le disent ont beaucoup à se reprocher. C’est comme quand vous avez un voisin, qui un matin vient avec une kalachnikov chez vous. Il prend toutes vos affaires et il va habiter chez lui et il monte la clôture. Le voisin se dit que celui qu'il a volé peut venir à tout moment reprendre ce qu'il lui a pris. Il ne sait quand et comment. Ils se disent qu’on va venir en force. Mais en réalité, nous croyons beaucoup en la démocratie. Qu’on n’arrive pas à une position où on n’ait plus d’alternative que ce que eux-mêmes redoutent.
En parlant de voleur qui tente de s’embrigader, à quoi faites-vous allusion? Voulez-vous insinuer qu’on vous a volé quelque chose?
Bien sûr! Nous pensons qu’on nous a volé quelque chose et l’actualité est en train de nous le montrer. Regardez, si Ouattara pense avoir gagné tranquillement les élections, pourquoi changer la CEI ? Aujourd’hui, c’est un seul camp qui dirige la CEI. S'ils ont gagné les élections et qu'ils n'ont rien à se reprocher, la CEI devrait rester telle pour continuer son travail. La deuxième chose, le parti du président qui dit avoir gagné les élections, est un phénomène de ville. Ils se disent qu'ils ne peuvent pas gagner les élections législatives et même les municipales et les élections de conseils généraux. L'ayant compris, ils ont déjà supprimé les conseils généraux pour être à l’aise. Sinon, qu’est-ce qu’on reproche à ces entités de développement. Toute la Côte d’Ivoire était en chantier et aujourd’hui avec ces entités et personne n'a formulé de grief contre ces élus. Nous pensons que quelque chose ne va pas et ils doivent avoir le courage de le dire aux Ivoiriens. Pour en revenir aux élections, si Ouattara croyait avoir vraiment gagné, pourquoi avoir refusé l'arbitrage du recomptage des voix? Pourquoi n'avoir pas attendu la fin de la médiation des délégués de l'Union africaine avant d' engager la violence, alors que dans l'attente de l'arrivée de ces médiateurs, la tension avait baissé dans le pays? Aujourd'hui, on continue de maintenir le président Gbagbo en détention. Il faut le faire sortir. Ce qui nous attriste, c’est quand un ministre se lève pour dire que transférer Laurent Gbagbo à la CPI enverra la paix en Côte d’Ivoire. Ceux qui le disent ne sont pas sérieux. C'est comme s'il disait à la France: ''le colis que vous nous avez donné est trop gros pour nous''. N'oubliez pas, en partant, Choi a dit que Gbagbo et toutes ses forces sont neutralisés. Cela veut dire que le FPI et Laurent Gbagbo ne représentent plus rien. Or, si c'est le cas, on peut donc le libérer. Pourquoi demandez alors qu’on le transfère à la CPI? C’est dire qu’il est devenu un colis gênant pour eux.
Faites-vous de la libération de Gbagbo une condition pour rentrer au pays?
La libération de Gbagbo doit se faire aussitôt.
Mais le pouvoir en place estime que Laurent Gbagbo est responsable de tout ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire après les élections...
C’est ce qu’ils peuvent dire. J'insiste pour dire qu'il faut libérer Gbagbo. Peut-être qu’en le faisant, il y a des choses qui vont se décanter. Ils ont pensé qu’en l’emprisonnant, il n’aura plus l’estime des gens. Mais, on ne peut pas enlever l’estime que les Ivoiriens ont pour Gbagbo pour te la donner.
Le président Ouattara vous a demandé de revenir au pays, mais vous donnez l'impression de ne pas être rassurés ?
On n’a même pas besoin de nous demander de revenir. On n'est jamais mieux que chez soi. Nous posons des conditions et dès qu’on voit les signes, personne ne nous dira de revenir. Ce n'est pas de gaité de cœur qu'on a laissé nos familles et nos amis pour nous retrouver là où on est.
Quel(s) signe(s) attendez-vous pour revenir au pays?
Jusqu’à présent, on continue de poursuivre les gens, les mandats internationaux continuent de pleuvoir. On ne sait pas si on va nous arrêter quand on va franchir la frontière. On a vu le cas de Guiai Bi Poin qui a été arrêté. On lui reprochait d’avoir fait un charnier. Mais, par la suite, il est inculpé pour crimes économiques. Dans cette grisaille de frilosité, on ne peut pas prendre le risque de rentrer comme si de rien n'était.
Quoi de mieux que l'appel du chef de l'Etat comme garantie pour regagner sa patrie?
C'est beau les discours, mais il faut qu’on aille au-delà. Il dit ''rentrez au pays'' et va même jusqu’à affirmer péremptoire que ''les réfugiés vont rentrer''. Cela veut dire qu’il y a une pression quelque part qui lui demande de faire revenir les réfugiés et nous avons le sentiment que ce sont les opérateurs économiques qui le lui exigent. On lui dit qu' « avec près de deux millions de réfugies, l’environnement économique n’est pas serein, il faut négocier avec tes frères pour qu’ils reviennent' ». Mais nous, on est serein. On va rentrer dans notre pays.
Qu’attendez-vous concrètement pour revenir?
Toute la question tourne autour de ça, tout le monde en parle. Nous allons revenir, je n’en dirai pas plus, nous serons revenus avant la fin de l’année s'il plait à Dieu. Mais, c'est notre pays et nous allons revenir.
Avez-vous des nouvelles de votre leader au COJEP, Charles Blé Goudé?
Il va bien.
Où se trouve-t-il?
Je peux vous dire que Charles Blé Goudé se porte bien, il est en Afrique.
Dans quel pays?
Je ne saurais vous dire dans quel pays il se trouve mais on est en contact. Il va bien et il salue les Ivoiriens.
A quoi s’occupe-t-il aujourd’hui?
Nous réfléchissons aux stratégies pour voir comment est-ce qu’on va revenir au pays, comment on va relancer nos activités. Ce sont des moments de grandes réflexions, il travaille à cela et nous sommes en train de voir si le COJEP ne peut pas prendre une autre dimension politique.
Vous voulez parler d'un parti politique?
On verra mais nous pensons qu’il faut étendre la lutte que nous menons à toute la Côte d’Ivoire et au-delà, à toute l’Afrique. On ne peut plus se limiter à la jeunesse . Or le COJEP nous limite. Donc il faut prendre en compte toute la population et nous sommes en train de mener nos réflexions par rapport à la dimension que cela prendra.
Pendant que Gbagbo est en prison, son numéro 2, Mamadou Koulibaly a créé son parti politique. Comment appréhendez-vous cela?
Sangaré Aboudrahamane disait ceci en 1987: ''Vous êtes au FPI et on vous applaudit. Demain si vous décidez que par rapport à l’aura que vous avez au FPI vous allez créer un parti, c’est là que vous verrez ce que vous représentez. Vous vous retrouverez seul et vous saurez que ce n’est pas vous en tant qu’individu qu’on applaudit, mais c’est le manteau que vous portez''. C’est le cas de Mamadou Koulibaly. Il a pensé que toute l’estime qu’on avait pour lui, c’est parce qu’il travaillait bien. Mais, c’est parce que ce qu’il disait allait dans le sens de ce que nous disions. Il se retrouve seul aujourd'hui. Où est-ce que son parti organise ses activités? On ne le retrouve que dans les journaux.
Pourtant, il ne semble pas fondamentalement avoir changé de ligne d'idée?
Il faut faire très attention, parce que Mamadou Koulibaly tente de se montrer aux yeux de la France comme une alternative crédible. Pour lui, Ouattara ne peut pas envoyer la paix, et Gbagbo est fini. Du coup, il se positionne comme l'alternative crédible qui peut rassembler partisans de Gbagbo et ceux de Ouattara en même temps. Le jour où il est content, il tape sur Ouattara, un autre jour, il tape sur Gbagbo.
De plus en plus, on assiste à des attaques sporadiques notamment à l’Ouest, qu'on impute aux partisans de Laurent Gbagbo. Revendiquez-vous ces attaques?
Il faut dire la vérité aux Ivoiriens. Ils disent qu’ils ont apporté la sécurité aux Ivoiriens, l’ONUCI a même annoncé la construction d’au moins huit (8) camps militaires. Donc, les Ivoiriens ne devraient pas subir de telles attaques. Il faut expliquer aux Ivoiriens ce qui se passe sur le terrain et ne pas chercher à accuser les autres. Ils ont dit que toutes les forces sont neutralisées, mais qui sont ceux qui ont attaqué?
La plupart d'entre vous ont leurs avoirs gelés, mais vous subsistez. Comment?
Les oiseaux du ciel ne sèment ni ne moissonnent, mais ils vivent.
Doit-on dire du COJEP et de la Galaxie patriotique que c'est terminé?
Le patriotisme n’est pas pour un temps donné. La patrie, c’est la terre de nos ancêtres. Le patriotisme va continuer tant que la terre de nos ancêtres va exister. Nous n’aurons pas d’autres choix que de relancer cette lutte et nous le disons plus haut. Nous allons agir maintenant. C’est dans cette dimension que nous sommes et nous pensons même qu’il faut un repli tactique. On ne va pas laisser notre pays en lambeaux, on ne va pas laisser notre pays dans les mains de quiconque.
Vous allez agir maintenant en faisant quoi?
Tout le monde se pose la question et les Ivoiriens se disent que nous allons venir faire un coup. Mais est-ce qu’on a besoin de venir faire un coup pour faire tomber Ouattara ? Celui qui se dit ''La solution'' a déguerpi les petits vendeurs, tous nos frères et sœurs qui se débrouillent pour gagner leur pain. La cherté de la vie va sans cesse croissante, malgré la reprise des activités bancaires après la chute de Gbagbo, l'insécurité est devenue phénoménale. On n'a pas besoin d'un coup pour faire partir Ouattara. On s'achemine vers des élections législatives bâclées, qui vont piétiner la démocratie que les gens prétendent défendre, etc. Les Ivoiriens eux-mêmes auront tout compris bientôt.
Alassane Ouattara annonce les 100 jours de son pouvoir pour la mi-octobre. Votre regard sur ce bilan.
Les 100 jours de Ouattara et de la France, il faut le préciser. Parce que nous remarquons que toutes les consignes viennent de l’extérieur. Dès que Ouattara est revenu de la France, il a entamé tous les bouleversements. On ne veut plus parler de FRCI, on a éliminé les conseils généraux, on a annoncé la date des législatives, etc. Demain, que dira Ouattara quand il va revenir de la France. Ensuite, il y a le contexte dans lequel il est en train de faire déguerpir les marchands. Nous disons que Ouattara n’a jamais été politique. Mais même s’il a été économiste, il n’est pas pragmatique. Nous avons vécu une situation de guerre assez difficile où des gens ont tout perdu. Au moment où ils sont en train de reconstruire leur vie de famille, de refaire leur économie, vous venez les chasser. Ils n’ont pas d'autre alternative. C’est cette population qui va descendre dans la rue. Les gens parlent déjà de ''Gbagbo kafissa'', c'est-à-dire ''Gbagbo était mieux''. Ce ne sont pas des partisans de Gbagbo qui le disent mais ce sont des propres partisans à Ouattara qui le disent. Donc les gens n’auront pas d’autre choix que de descendre dans la rue un matin et de crier leur-ras-le-bol. Ça, c’est irréversible. Regardez par exemple les acquis sociaux. Les travailleurs ont du batailler dur pour avoir ces acquis. Dans les entreprises, dans l’Administration, il est en train de tout remettre en cause aujourd’hui. Or, malgré la situation de guerre et le fait que les impôts n’étaient pas encaissés dans les zones CNO, Gbagbo, quand il était là, a pu avantager les travailleurs, qui étaient plus à l’aise.
N'empêche qu'avec le président Ouattara le pays est en train de se réunifier avec le retour de l'administration dans ces ex-zones CNO?
Depuis les accords de Ouagadougou, on avait dit que l’Administration serait redéployée. Même ceux du nord continuent de dire qu’on laisse un peu de temps pour encaisser. Cela ne devait même pas être annoncé en grande pompe comme ils le font. La Côte d’Ivoire est toujours divisée. D’ailleurs, Abidjan même est divisé en zone. Chérif Ousmane a sa zone, Wattao, Koné Zackaria, etc. On se croirait dans le ''far west'' comme dans un film western. Ils font ce qu’ils veulent, extorquent des fonds à des entreprises. Un opérateur économique sérieux ne peut pas investir ici.
Aujourd’hui, c'est l'heure de la réconciliation avec la mise en place de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Y croyez-vous et comment allez-vous y contribuer?
La question de la réconciliation est devenue un phénomène de mode, de publicité. Si vous vous souvenez très bien, c’était un slogan de campagne pour le RHDP. Le PDCI devait avoir le poste de Premier ministre et tout le monde s’attendait plus ou moins à Banny. Mais il n’a pas eu le poste parce que Ouattara n’a pas été élu, il a été installé par la France. Les conditions ayant changé, il ne peut plus respecter sa promesse. Pour contenter Banny, on crée un poste qu’on lui donne de sorte à l’occuper pour faire cesser ses plaintes et ceux du PDCI. Nous regardons.
Vous ne croyez donc pas à la réconciliation?
Ce n’est pas comme ça que la réconciliation devait se faire. C’est beaucoup plus une tribune que Banny cherche pour se repositionner sur l’échiquier politique ivoirien.
Comment doit se faire la réconciliation selon vous?
Il faut d’abord que le contentieux électoral soit vidé. Laurent Gbagbo est emprisonné, or nous continuons à dire qu’il a gagné les élections. Si Banny veut la réconciliation, il faut vider le contentieux électoral. Mais avant, il faut libérer Gbagbo, dégeler les avoirs des partenaires de Gbagbo parce qu’on veut les amener à être des mendiants pour être faciles à débaucher. Ils voient que malgré le fait qu’ils ont gelé les avoirs des partisans de Gbagbo, ils n’ont pas pu débaucher. La stratégie n’a pas marché, qu’il laisse tomber. Les gens sont restés encore solides autour de Gbagbo. C’est vrai qu’on entend des déclarations de certaines personnes ici et là, mais ce sont des personnes qui n’avaient pas de poids.
Des membres du gouvernement persistent à dire que c’est quand Gbagbo sera à la CPI que les Ivoiriens vont se réconcilier.
Qu’ils l’expriment dans les faits. Gbagbo à la CPI est devenu un programme de gouvernement. Ce n’est pas de ça que les Ivoiriens ont besoin. Il faut libérer Gbagbo. Les Ivoiriens veulent voir leur économie forte, ils veulent sentir cela dans leur panier, dans leur travail, à tous les niveaux. Le prix du sac de riz est passé aujourd’hui du simple au double. Ce sont les questions auxquelles Ouattara doit répondre. Il faut arrêter tout ça.
Pour vous, on n’est pas encore sorti de l’auberge?
Mais oui! On n’en est pas encore sorti.
Et comment en sortir?
Le peuple souffre et nous souffrons avec le peuple. Nous pensons que pour éviter une autre catastrophe, une autre guerre à la Côte d’Ivoire, il faut rétablir la justice.
Quelle est la justice pour vous?
Gbagbo a gagné les élections, il faut le dire aux Ivoiriens. Les gens vont penser que ce que nous disons est utopique parce qu’ils ne voient pas comme nous. Mais nous allons continuer à dire que Gbagbo a gagné les élections parce qu’ils a effectivement gagné et les Ivoiriens le savent.
Que dites-vous alors de cette sortie de l'ambassadeur Allou, ancien directeur de protocole de Gbagbo qui a laissé entendre récemment que Gbagbo a perdu les élections?
Il faut voir la réaction d’Allou autrement. Il ne s’occupe même pas de ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Allou est dans le schéma de Sarkozy qui est en train d’éliminer tous ses adversaires en France avec l'affaire DSK, qui en est un bel exemple. Donc Allou, qui sort pour dire que de l’argent a été effectivement déposé, pour discréditer Dominique de Villepin, cet autre adversaire de Sarkozy, sait ce qu’il faut dire pour plaire à la France et à Ouattara. Mais nous comprenons beaucoup de choses. Ce sont les Ivoiriens qui ne le connaissent pas. Allou monnayait les rendez-vous au palais présidentiel, détournait de l’argent réservé à d’honnêtes citoyens. Même à Gagnoa, chez lui, il n'a pas l'estime des siens, pour ses pratiques et sa façon de se conduire. Ce ne sont pas les dires d’un homme d’une telle moralité qu’on va prendre au sérieux. Tout cela, c’est de l’amusement.
Quel regard portez-vous sur les élections législatives prévues pour se dérouler en décembre prochain?
Nous ne pouvons pas aller à ces élections avec la CEI telle qu’elle se présente. Je pense que le FPI et ses partenaires sont responsables. Ils ont fourni un document. Pour que nous allions aux élections législatives, il faut revoir la composition de la CEI, la libération de Gbagbo, le dégel des avoirs des dirigeants de LMP, il faut libérer tout le monde. Ouattara n’a pas d’autres choix que d’accepter ces conditions. Et nous savons que c'est sous la pression qu’il a été obligé de recevoir le FPI et le CNRD, sinon ce n’est pas aujourd’hui que les responsables du FPI ont demandé à être reçus par lui. Il l’a fait certainement parce qu’on lui a dit de le faire, depuis la France.
Est-ce que le COJEP envisage d'avoir des candidats à ces élections?
C’est prématuré d'en parler, mais nous sommes en train de penser à notre mutation. N'allons pas vite en besogne. Chaque chose vient en son temps. Blé Goudé, lui-même, sait là où il se trouve, que le combat que nous menons n’est plus au niveau de la jeunesse uniquement. Et nous allons nous atteler à lui donner la dimension qui vaille.
Entretien réalisé par F.D.BONY et H.KPODION
Il était à l'origine de la création du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (COJEP) de Charles Blé Goudé. Leader de la galaxie patriotique bien connu dans les agoras et parlements, notamment de la commune de Yopougon à Abidjan, l'on pouvait considérer Agénor Youan Bi comme l'homme de main du leader des jeunes patriotes. En exil comme son mentor, nous avons pu joindre ce proche de Charles Blé Goudé, qui se prononce sur tous les sujets se rapportant à l'actualité politique.
M. Agénor Youan Bi, vous étiez l’un des piliers du COJEP et de la Galaxie patriotique ivoirienne avant la crise post-électorale, que devenez-vous après cette crise?
Nous sommes là. Nos activités sont au point mort aujourd'hui, et on essaie de relancer les contacts de nos amis pour voir dans quelle mesure relancer nos activités.
Où vivez-vous?
Je vis en Afrique.
Pourquoi plus en Côte d'Ivoire?
Dans tous les cas, c’est notre pays, on ne peut pas rester pendant longtemps à l'extérieur. Le retour c’est pour bientôt, très bientôt.
On entend dire que vous préparez un coup, qu'en est-il?
Ceux qui le disent ont beaucoup à se reprocher. C’est comme quand vous avez un voisin, qui un matin vient avec une kalachnikov chez vous. Il prend toutes vos affaires et il va habiter chez lui et il monte la clôture. Le voisin se dit que celui qu'il a volé peut venir à tout moment reprendre ce qu'il lui a pris. Il ne sait quand et comment. Ils se disent qu’on va venir en force. Mais en réalité, nous croyons beaucoup en la démocratie. Qu’on n’arrive pas à une position où on n’ait plus d’alternative que ce que eux-mêmes redoutent.
En parlant de voleur qui tente de s’embrigader, à quoi faites-vous allusion? Voulez-vous insinuer qu’on vous a volé quelque chose?
Bien sûr! Nous pensons qu’on nous a volé quelque chose et l’actualité est en train de nous le montrer. Regardez, si Ouattara pense avoir gagné tranquillement les élections, pourquoi changer la CEI ? Aujourd’hui, c’est un seul camp qui dirige la CEI. S'ils ont gagné les élections et qu'ils n'ont rien à se reprocher, la CEI devrait rester telle pour continuer son travail. La deuxième chose, le parti du président qui dit avoir gagné les élections, est un phénomène de ville. Ils se disent qu'ils ne peuvent pas gagner les élections législatives et même les municipales et les élections de conseils généraux. L'ayant compris, ils ont déjà supprimé les conseils généraux pour être à l’aise. Sinon, qu’est-ce qu’on reproche à ces entités de développement. Toute la Côte d’Ivoire était en chantier et aujourd’hui avec ces entités et personne n'a formulé de grief contre ces élus. Nous pensons que quelque chose ne va pas et ils doivent avoir le courage de le dire aux Ivoiriens. Pour en revenir aux élections, si Ouattara croyait avoir vraiment gagné, pourquoi avoir refusé l'arbitrage du recomptage des voix? Pourquoi n'avoir pas attendu la fin de la médiation des délégués de l'Union africaine avant d' engager la violence, alors que dans l'attente de l'arrivée de ces médiateurs, la tension avait baissé dans le pays? Aujourd'hui, on continue de maintenir le président Gbagbo en détention. Il faut le faire sortir. Ce qui nous attriste, c’est quand un ministre se lève pour dire que transférer Laurent Gbagbo à la CPI enverra la paix en Côte d’Ivoire. Ceux qui le disent ne sont pas sérieux. C'est comme s'il disait à la France: ''le colis que vous nous avez donné est trop gros pour nous''. N'oubliez pas, en partant, Choi a dit que Gbagbo et toutes ses forces sont neutralisés. Cela veut dire que le FPI et Laurent Gbagbo ne représentent plus rien. Or, si c'est le cas, on peut donc le libérer. Pourquoi demandez alors qu’on le transfère à la CPI? C’est dire qu’il est devenu un colis gênant pour eux.
Faites-vous de la libération de Gbagbo une condition pour rentrer au pays?
La libération de Gbagbo doit se faire aussitôt.
Mais le pouvoir en place estime que Laurent Gbagbo est responsable de tout ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire après les élections...
C’est ce qu’ils peuvent dire. J'insiste pour dire qu'il faut libérer Gbagbo. Peut-être qu’en le faisant, il y a des choses qui vont se décanter. Ils ont pensé qu’en l’emprisonnant, il n’aura plus l’estime des gens. Mais, on ne peut pas enlever l’estime que les Ivoiriens ont pour Gbagbo pour te la donner.
Le président Ouattara vous a demandé de revenir au pays, mais vous donnez l'impression de ne pas être rassurés ?
On n’a même pas besoin de nous demander de revenir. On n'est jamais mieux que chez soi. Nous posons des conditions et dès qu’on voit les signes, personne ne nous dira de revenir. Ce n'est pas de gaité de cœur qu'on a laissé nos familles et nos amis pour nous retrouver là où on est.
Quel(s) signe(s) attendez-vous pour revenir au pays?
Jusqu’à présent, on continue de poursuivre les gens, les mandats internationaux continuent de pleuvoir. On ne sait pas si on va nous arrêter quand on va franchir la frontière. On a vu le cas de Guiai Bi Poin qui a été arrêté. On lui reprochait d’avoir fait un charnier. Mais, par la suite, il est inculpé pour crimes économiques. Dans cette grisaille de frilosité, on ne peut pas prendre le risque de rentrer comme si de rien n'était.
Quoi de mieux que l'appel du chef de l'Etat comme garantie pour regagner sa patrie?
C'est beau les discours, mais il faut qu’on aille au-delà. Il dit ''rentrez au pays'' et va même jusqu’à affirmer péremptoire que ''les réfugiés vont rentrer''. Cela veut dire qu’il y a une pression quelque part qui lui demande de faire revenir les réfugiés et nous avons le sentiment que ce sont les opérateurs économiques qui le lui exigent. On lui dit qu' « avec près de deux millions de réfugies, l’environnement économique n’est pas serein, il faut négocier avec tes frères pour qu’ils reviennent' ». Mais nous, on est serein. On va rentrer dans notre pays.
Qu’attendez-vous concrètement pour revenir?
Toute la question tourne autour de ça, tout le monde en parle. Nous allons revenir, je n’en dirai pas plus, nous serons revenus avant la fin de l’année s'il plait à Dieu. Mais, c'est notre pays et nous allons revenir.
Avez-vous des nouvelles de votre leader au COJEP, Charles Blé Goudé?
Il va bien.
Où se trouve-t-il?
Je peux vous dire que Charles Blé Goudé se porte bien, il est en Afrique.
Dans quel pays?
Je ne saurais vous dire dans quel pays il se trouve mais on est en contact. Il va bien et il salue les Ivoiriens.
A quoi s’occupe-t-il aujourd’hui?
Nous réfléchissons aux stratégies pour voir comment est-ce qu’on va revenir au pays, comment on va relancer nos activités. Ce sont des moments de grandes réflexions, il travaille à cela et nous sommes en train de voir si le COJEP ne peut pas prendre une autre dimension politique.
Vous voulez parler d'un parti politique?
On verra mais nous pensons qu’il faut étendre la lutte que nous menons à toute la Côte d’Ivoire et au-delà, à toute l’Afrique. On ne peut plus se limiter à la jeunesse . Or le COJEP nous limite. Donc il faut prendre en compte toute la population et nous sommes en train de mener nos réflexions par rapport à la dimension que cela prendra.
Pendant que Gbagbo est en prison, son numéro 2, Mamadou Koulibaly a créé son parti politique. Comment appréhendez-vous cela?
Sangaré Aboudrahamane disait ceci en 1987: ''Vous êtes au FPI et on vous applaudit. Demain si vous décidez que par rapport à l’aura que vous avez au FPI vous allez créer un parti, c’est là que vous verrez ce que vous représentez. Vous vous retrouverez seul et vous saurez que ce n’est pas vous en tant qu’individu qu’on applaudit, mais c’est le manteau que vous portez''. C’est le cas de Mamadou Koulibaly. Il a pensé que toute l’estime qu’on avait pour lui, c’est parce qu’il travaillait bien. Mais, c’est parce que ce qu’il disait allait dans le sens de ce que nous disions. Il se retrouve seul aujourd'hui. Où est-ce que son parti organise ses activités? On ne le retrouve que dans les journaux.
Pourtant, il ne semble pas fondamentalement avoir changé de ligne d'idée?
Il faut faire très attention, parce que Mamadou Koulibaly tente de se montrer aux yeux de la France comme une alternative crédible. Pour lui, Ouattara ne peut pas envoyer la paix, et Gbagbo est fini. Du coup, il se positionne comme l'alternative crédible qui peut rassembler partisans de Gbagbo et ceux de Ouattara en même temps. Le jour où il est content, il tape sur Ouattara, un autre jour, il tape sur Gbagbo.
De plus en plus, on assiste à des attaques sporadiques notamment à l’Ouest, qu'on impute aux partisans de Laurent Gbagbo. Revendiquez-vous ces attaques?
Il faut dire la vérité aux Ivoiriens. Ils disent qu’ils ont apporté la sécurité aux Ivoiriens, l’ONUCI a même annoncé la construction d’au moins huit (8) camps militaires. Donc, les Ivoiriens ne devraient pas subir de telles attaques. Il faut expliquer aux Ivoiriens ce qui se passe sur le terrain et ne pas chercher à accuser les autres. Ils ont dit que toutes les forces sont neutralisées, mais qui sont ceux qui ont attaqué?
La plupart d'entre vous ont leurs avoirs gelés, mais vous subsistez. Comment?
Les oiseaux du ciel ne sèment ni ne moissonnent, mais ils vivent.
Doit-on dire du COJEP et de la Galaxie patriotique que c'est terminé?
Le patriotisme n’est pas pour un temps donné. La patrie, c’est la terre de nos ancêtres. Le patriotisme va continuer tant que la terre de nos ancêtres va exister. Nous n’aurons pas d’autres choix que de relancer cette lutte et nous le disons plus haut. Nous allons agir maintenant. C’est dans cette dimension que nous sommes et nous pensons même qu’il faut un repli tactique. On ne va pas laisser notre pays en lambeaux, on ne va pas laisser notre pays dans les mains de quiconque.
Vous allez agir maintenant en faisant quoi?
Tout le monde se pose la question et les Ivoiriens se disent que nous allons venir faire un coup. Mais est-ce qu’on a besoin de venir faire un coup pour faire tomber Ouattara ? Celui qui se dit ''La solution'' a déguerpi les petits vendeurs, tous nos frères et sœurs qui se débrouillent pour gagner leur pain. La cherté de la vie va sans cesse croissante, malgré la reprise des activités bancaires après la chute de Gbagbo, l'insécurité est devenue phénoménale. On n'a pas besoin d'un coup pour faire partir Ouattara. On s'achemine vers des élections législatives bâclées, qui vont piétiner la démocratie que les gens prétendent défendre, etc. Les Ivoiriens eux-mêmes auront tout compris bientôt.
Alassane Ouattara annonce les 100 jours de son pouvoir pour la mi-octobre. Votre regard sur ce bilan.
Les 100 jours de Ouattara et de la France, il faut le préciser. Parce que nous remarquons que toutes les consignes viennent de l’extérieur. Dès que Ouattara est revenu de la France, il a entamé tous les bouleversements. On ne veut plus parler de FRCI, on a éliminé les conseils généraux, on a annoncé la date des législatives, etc. Demain, que dira Ouattara quand il va revenir de la France. Ensuite, il y a le contexte dans lequel il est en train de faire déguerpir les marchands. Nous disons que Ouattara n’a jamais été politique. Mais même s’il a été économiste, il n’est pas pragmatique. Nous avons vécu une situation de guerre assez difficile où des gens ont tout perdu. Au moment où ils sont en train de reconstruire leur vie de famille, de refaire leur économie, vous venez les chasser. Ils n’ont pas d'autre alternative. C’est cette population qui va descendre dans la rue. Les gens parlent déjà de ''Gbagbo kafissa'', c'est-à-dire ''Gbagbo était mieux''. Ce ne sont pas des partisans de Gbagbo qui le disent mais ce sont des propres partisans à Ouattara qui le disent. Donc les gens n’auront pas d’autre choix que de descendre dans la rue un matin et de crier leur-ras-le-bol. Ça, c’est irréversible. Regardez par exemple les acquis sociaux. Les travailleurs ont du batailler dur pour avoir ces acquis. Dans les entreprises, dans l’Administration, il est en train de tout remettre en cause aujourd’hui. Or, malgré la situation de guerre et le fait que les impôts n’étaient pas encaissés dans les zones CNO, Gbagbo, quand il était là, a pu avantager les travailleurs, qui étaient plus à l’aise.
N'empêche qu'avec le président Ouattara le pays est en train de se réunifier avec le retour de l'administration dans ces ex-zones CNO?
Depuis les accords de Ouagadougou, on avait dit que l’Administration serait redéployée. Même ceux du nord continuent de dire qu’on laisse un peu de temps pour encaisser. Cela ne devait même pas être annoncé en grande pompe comme ils le font. La Côte d’Ivoire est toujours divisée. D’ailleurs, Abidjan même est divisé en zone. Chérif Ousmane a sa zone, Wattao, Koné Zackaria, etc. On se croirait dans le ''far west'' comme dans un film western. Ils font ce qu’ils veulent, extorquent des fonds à des entreprises. Un opérateur économique sérieux ne peut pas investir ici.
Aujourd’hui, c'est l'heure de la réconciliation avec la mise en place de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Y croyez-vous et comment allez-vous y contribuer?
La question de la réconciliation est devenue un phénomène de mode, de publicité. Si vous vous souvenez très bien, c’était un slogan de campagne pour le RHDP. Le PDCI devait avoir le poste de Premier ministre et tout le monde s’attendait plus ou moins à Banny. Mais il n’a pas eu le poste parce que Ouattara n’a pas été élu, il a été installé par la France. Les conditions ayant changé, il ne peut plus respecter sa promesse. Pour contenter Banny, on crée un poste qu’on lui donne de sorte à l’occuper pour faire cesser ses plaintes et ceux du PDCI. Nous regardons.
Vous ne croyez donc pas à la réconciliation?
Ce n’est pas comme ça que la réconciliation devait se faire. C’est beaucoup plus une tribune que Banny cherche pour se repositionner sur l’échiquier politique ivoirien.
Comment doit se faire la réconciliation selon vous?
Il faut d’abord que le contentieux électoral soit vidé. Laurent Gbagbo est emprisonné, or nous continuons à dire qu’il a gagné les élections. Si Banny veut la réconciliation, il faut vider le contentieux électoral. Mais avant, il faut libérer Gbagbo, dégeler les avoirs des partenaires de Gbagbo parce qu’on veut les amener à être des mendiants pour être faciles à débaucher. Ils voient que malgré le fait qu’ils ont gelé les avoirs des partisans de Gbagbo, ils n’ont pas pu débaucher. La stratégie n’a pas marché, qu’il laisse tomber. Les gens sont restés encore solides autour de Gbagbo. C’est vrai qu’on entend des déclarations de certaines personnes ici et là, mais ce sont des personnes qui n’avaient pas de poids.
Des membres du gouvernement persistent à dire que c’est quand Gbagbo sera à la CPI que les Ivoiriens vont se réconcilier.
Qu’ils l’expriment dans les faits. Gbagbo à la CPI est devenu un programme de gouvernement. Ce n’est pas de ça que les Ivoiriens ont besoin. Il faut libérer Gbagbo. Les Ivoiriens veulent voir leur économie forte, ils veulent sentir cela dans leur panier, dans leur travail, à tous les niveaux. Le prix du sac de riz est passé aujourd’hui du simple au double. Ce sont les questions auxquelles Ouattara doit répondre. Il faut arrêter tout ça.
Pour vous, on n’est pas encore sorti de l’auberge?
Mais oui! On n’en est pas encore sorti.
Et comment en sortir?
Le peuple souffre et nous souffrons avec le peuple. Nous pensons que pour éviter une autre catastrophe, une autre guerre à la Côte d’Ivoire, il faut rétablir la justice.
Quelle est la justice pour vous?
Gbagbo a gagné les élections, il faut le dire aux Ivoiriens. Les gens vont penser que ce que nous disons est utopique parce qu’ils ne voient pas comme nous. Mais nous allons continuer à dire que Gbagbo a gagné les élections parce qu’ils a effectivement gagné et les Ivoiriens le savent.
Que dites-vous alors de cette sortie de l'ambassadeur Allou, ancien directeur de protocole de Gbagbo qui a laissé entendre récemment que Gbagbo a perdu les élections?
Il faut voir la réaction d’Allou autrement. Il ne s’occupe même pas de ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Allou est dans le schéma de Sarkozy qui est en train d’éliminer tous ses adversaires en France avec l'affaire DSK, qui en est un bel exemple. Donc Allou, qui sort pour dire que de l’argent a été effectivement déposé, pour discréditer Dominique de Villepin, cet autre adversaire de Sarkozy, sait ce qu’il faut dire pour plaire à la France et à Ouattara. Mais nous comprenons beaucoup de choses. Ce sont les Ivoiriens qui ne le connaissent pas. Allou monnayait les rendez-vous au palais présidentiel, détournait de l’argent réservé à d’honnêtes citoyens. Même à Gagnoa, chez lui, il n'a pas l'estime des siens, pour ses pratiques et sa façon de se conduire. Ce ne sont pas les dires d’un homme d’une telle moralité qu’on va prendre au sérieux. Tout cela, c’est de l’amusement.
Quel regard portez-vous sur les élections législatives prévues pour se dérouler en décembre prochain?
Nous ne pouvons pas aller à ces élections avec la CEI telle qu’elle se présente. Je pense que le FPI et ses partenaires sont responsables. Ils ont fourni un document. Pour que nous allions aux élections législatives, il faut revoir la composition de la CEI, la libération de Gbagbo, le dégel des avoirs des dirigeants de LMP, il faut libérer tout le monde. Ouattara n’a pas d’autres choix que d’accepter ces conditions. Et nous savons que c'est sous la pression qu’il a été obligé de recevoir le FPI et le CNRD, sinon ce n’est pas aujourd’hui que les responsables du FPI ont demandé à être reçus par lui. Il l’a fait certainement parce qu’on lui a dit de le faire, depuis la France.
Est-ce que le COJEP envisage d'avoir des candidats à ces élections?
C’est prématuré d'en parler, mais nous sommes en train de penser à notre mutation. N'allons pas vite en besogne. Chaque chose vient en son temps. Blé Goudé, lui-même, sait là où il se trouve, que le combat que nous menons n’est plus au niveau de la jeunesse uniquement. Et nous allons nous atteler à lui donner la dimension qui vaille.
Entretien réalisé par F.D.BONY et H.KPODION