C’est un grand coup de massue sur la tête des partisans de Gbagbo. Le Ghana et la Côte d’Ivoire se sont accordés. Le communiqué final de la visite du Président Alassane Ouattara au Ghana est sans ambiguïté (lire communiqué ci-dessous). Les deux pays et le Haut Commissariat des réfugiés (HCR) ont signé un accord tripartite pour le «rapatriement volontaire» des réfugiés ivoiriens au Ghana. Ils sont convenus que les anciens combattants pro-Gbagbo sur le territoire ghanéen seront transférés vers un pays non frontalier de la Côte d’Ivoire. Le communiqué indique que le Ghana va analyser la demande ivoirienne de faire exécuter les commissions rogatoires à l’encontre d’Ivoiriens poursuivis par sa justice. De bonnes sources, le pays d’Atta Mils s’est engagé à les exécuter. En clair, le Ghana livrera tout criminel de guerre mis en examen par la justice ivoirienne. D’ailleurs, en conférence de presse, le Président ghanéen a été sans langue de bois: « Personne n’utilisera notre territoire pour déstabiliser la Côte d’Ivoire». Pour lui, les ex-cadres de l’ancien régime devront même s’abstenir de faire de la politique à partir du territoire ghanéen. «Ils doivent se conformer à nos lois et aux lois internationales. Nous les encourageons à rentrer chez eux», a affirmé le Chef de l’Etat Atta Mils. Ouattara a dû donc regagner Abidjan, peu après, réconforté. Il devait de tout l’être depuis le matin à sa descente d’avion au Jubile Airport d’Accra. Son homologue était présent pour l’accueillir avec tous les honneurs dûs à son rang. Mais pas lui seulement. Plusieurs centaines d’Ivoiriens venus du Togo, du Benin, des grandes villes du Ghana et de ces principaux camps de refugiés étaient présents. Joyeux, parés aux couleurs du pays et à l’effigie de Alassane Ouattara. Ils étaient heureux de voir pour la première fois leur Président de la République. Ils crient « Ado ! Ado ! Prési ! ». Lui aussi est ému par ses retrouvailles. Mais lui, l’homme de la ponctualité, ne peut longtemps communier avec eux. Mais déjà, il les sent empressés de regagner leur pays. Ce n’est que partie de remise. Ils le lui diront de vive voix quelques heures après. Cependant Ouattara et ses ministres (Ahoussou Jeannot, Hamed Bakayoko, Kablan Duncan, Adama Toungara, Adama Bictogo et Koffi Koffi Paul) sont attendus à la résidence du président ghanéen pour des séances de travail avec leurs homologues respectifs. Cela ne traine guère. Ce que les deux pays ont choisi de solenniser est la signature de l’accord tripartite avec le HCR. Sharon Coopar, la directrice de cette structure, le ministre Duncan et Alhaji Muhammed son homologue ghanéen des Affaires étrangères paraphent les documents et les échangent sous les applaudissent des deux Chefs d’Etat. Les Ivoiriens volontaires rentreront en Côte d’Ivoire encadrés par le HCR et les deux pays. Lorsque une heure après Ouattara l’annonce à ses compatriotes à Accra International conference Center, c’est l’euphorie. Il n’attendait qu’un cadre et des gages pour rentrer. Evariste Yaké, un ancien membre de la galaxie patriote, président d’une organisation de refugiés ivoiriens, annonce immédiatement qu’il rentre avec ses membres. Ahoua Brou au nom de tous les Ivoiriens note la volonté de tous de revenir au pays. Mais il souhaite entre autres des garanties de transport et une justice transparente. D’autres s’inquiètent sur la fermeture de l’Université. « L’université est en chantier, rappelle le Chef de l’Etat. J’ai une séance de travail la semaine prochaine avec les différents ministres pour analyser la rentrée ». Pour ce qui est de la justice, le Président Ouattara a insisté qu’il ne peut avoir de « réconciliation sans justice ». Toutefois, il rassure la justice ne sera ni « abusive » ni « partisane ». « La côte d’Ivoire est désormais est un pays de droit », annonce-t-il sous les applaudissements. Puis il conclue en les invitant à rentrer au pays : « rentrez au pays. Il faut tourner cette page, il faut qu’on se retrouve pour se parler. L’arbre à palabres, c’est au village, c’est en Côte d’Ivoire ». Et il est rentré à Abidjan certain que ses compatriotes l’ont entendu.
KIGBAFORY Inza, Envoyé spécial à Accra
KIGBAFORY Inza, Envoyé spécial à Accra