Kassoum Bakayoko est le chef du village de Koro depuis le mois d’août dernier. Succédant à Mamadou Bakayoko décédé, en mai, il hérite d’une crise foncière entre ses administrés. Un conflit qui lui donne du fil à retordre.
Vous héritez d’un conflit de terres, quelle en est l’ampleur ?
Depuis 8 mois, le département de Koro vit au rythme de ce conflit. Il oppose les autochtones à des étrangers, mossi et baoulé. Ils viennent s’installer sur nos terres, sans notre accord. Le problème s’amplifie de jour en jour. Tous les chefs de village ont signé une pétition pour dire qu’ils ne veulent plus d’eux. Mais ils continuent de venir. J’ai réuni les chefs des différentes communautés pour mettre fin à cet envahissement de notre région. Mais j’avoue que j’ai du mal à contenir les choses parce que certains de nos frères tapis dans l’ombre travaillent dans le sens contraire. Les jeunes veulent même passer à une attaque physique contre ces étrangers. Le problème est très sérieux.
Ces étrangers seraient passés par l’ex-chef du village pour obtenir l’autorisation de s’installer.
(Il psalmodie des prières en l’honneur du défunt chef de village). Les premiers étaient au nombre de sept, à faire des doléances. Le chef du village les a soumises à son conseil. Mais le conseil n’avaient pas délibéré qu’ils ont commencé à défricher les terres. Pis, ils ont dépassé le nombre d’hectares qu’ils avaient demandé. C’est ce qui a poussé la jeunesse à s’opposer à leur installation. Notre peine, c’est que non seulement ils refusent de quitter les terres, mais ils les occupent à leur guise. Ils sèment les grains de cacao jusqu’où ils veulent. Si nous ne faisons rien que dirons-nous à nos enfants. Dire que nos parents se sont battus pour nous conserver ce patrimoine. Je vous fais une confidence. Le ministre Lamine Fadika est notre neveu, sa mère est originaire de Koro. Celui-ci avait demandé en son temps quelques centaines d’hectares à exploiter. Nos parents de l’époque ont refusé. Si à notre neveu nous avons refusé des terres, ce n’est pas à des gens de qui nous ne savons rien que nous allons brader nos terres.
Il faut bien qu’elles soient exploitées pourtant.
Effectivement. Nous sommes dans la ligne droite de nos pères. Ils voudraient que ces terres profitent à nos populations. Quand il s’agit de grands projets qui apportent quelque chose de durable à nos populations, nous ne refusons pas de donner les terres. Le complexe sucrier de Borotou-Koro, par exemple, est implanté sur nos terres. Et Dieu seul sait ce que ce projet rapporte à nos populations. Le Projet Soja était installé et bien accueilli chez nous. Il a sorti de nombreuses familles de la pauvreté. En 1999, un projet initié par le président Bédié a permis d’installer 500 jeunes dans la canne villageoise. Aujourd’hui encore, nos jeunes gagnent dignement leur pain grâce à ce projet. Mais ce qui nous inquiète, c’est que les terres sur lesquelles nous comptons pour la mise en œuvre des grands projets annoncés sont en train d’être envahies. Or, les jeunes sont occupés à consulter des fiches en vue de choisir des projets. La plupart d’entre eux ont choisi l’agriculture et l’élevage. Mais où iront-ils faire leurs champs et leur pâturage s’ils n’ont pas de terres ? Voilà ce qui nous inquiète et nous demandons à tout le monde, nos cadres et surtout au président de la République de nous aider à régler le problème. Qu’ils nous aident à déguerpir ceux qui nous exproprient de nos terres.
Ils disent avoir acheté ces terres aux mains des propriétaires.
C’est ce qui est dangereux et inacceptable. Qui du chef de terre, du chef de village et même des autorités administratives vous a dit qu’ils ont été informés de la présence de ces gens sur nos terres ? Quand on vient dans un village, on s’adresse au moins à l’une de ces autorités. Mais aucune des autorités n’a été approchée par un de ces individus. Toutes les fois qu’ils se sont présentés devant nous, c’est que nous les avons convoqués. Certains de nos frères du village, pour des intérêts personnels et immédiats, bradent nos terres. Ils prétendent être propriétaires terriens sur la légère base que leurs parents avaient leurs champs dans les environs. La plupart ont soutenu l’ex-président. Ceux à qui vendent les terres, ils leur font croire que nous sommes contre les étrangers.
Allez-vous les dédommager vu que les terres ont été mises en valeur?
Le président Alassane Ouattara ne cesse de dire que la Côte d’Ivoire est devenue un Etat de droit. C’est au nom de cet Etat de droit qu’il faut s’opposer à ceux qui sont dans l’anarchie. On ne peut pas dédommager un voleur. Je pense que les plants sont encore petits. Leur taille dépasse à peine 20 cm. Donc, c’est maintenant que nous pouvons canaliser et régler le problème. Il faut surtout éviter qu’il atteigne des proportions assez graves. J’insiste pour que le gouvernement se penche sur Koro. Je pense particulièrement au président Ouattara. Qu’il se saisisse vraiment de ce dossier pour aider les populations de Koro.
Interview réalisée par
Ténin Bè Ousmane
Vous héritez d’un conflit de terres, quelle en est l’ampleur ?
Depuis 8 mois, le département de Koro vit au rythme de ce conflit. Il oppose les autochtones à des étrangers, mossi et baoulé. Ils viennent s’installer sur nos terres, sans notre accord. Le problème s’amplifie de jour en jour. Tous les chefs de village ont signé une pétition pour dire qu’ils ne veulent plus d’eux. Mais ils continuent de venir. J’ai réuni les chefs des différentes communautés pour mettre fin à cet envahissement de notre région. Mais j’avoue que j’ai du mal à contenir les choses parce que certains de nos frères tapis dans l’ombre travaillent dans le sens contraire. Les jeunes veulent même passer à une attaque physique contre ces étrangers. Le problème est très sérieux.
Ces étrangers seraient passés par l’ex-chef du village pour obtenir l’autorisation de s’installer.
(Il psalmodie des prières en l’honneur du défunt chef de village). Les premiers étaient au nombre de sept, à faire des doléances. Le chef du village les a soumises à son conseil. Mais le conseil n’avaient pas délibéré qu’ils ont commencé à défricher les terres. Pis, ils ont dépassé le nombre d’hectares qu’ils avaient demandé. C’est ce qui a poussé la jeunesse à s’opposer à leur installation. Notre peine, c’est que non seulement ils refusent de quitter les terres, mais ils les occupent à leur guise. Ils sèment les grains de cacao jusqu’où ils veulent. Si nous ne faisons rien que dirons-nous à nos enfants. Dire que nos parents se sont battus pour nous conserver ce patrimoine. Je vous fais une confidence. Le ministre Lamine Fadika est notre neveu, sa mère est originaire de Koro. Celui-ci avait demandé en son temps quelques centaines d’hectares à exploiter. Nos parents de l’époque ont refusé. Si à notre neveu nous avons refusé des terres, ce n’est pas à des gens de qui nous ne savons rien que nous allons brader nos terres.
Il faut bien qu’elles soient exploitées pourtant.
Effectivement. Nous sommes dans la ligne droite de nos pères. Ils voudraient que ces terres profitent à nos populations. Quand il s’agit de grands projets qui apportent quelque chose de durable à nos populations, nous ne refusons pas de donner les terres. Le complexe sucrier de Borotou-Koro, par exemple, est implanté sur nos terres. Et Dieu seul sait ce que ce projet rapporte à nos populations. Le Projet Soja était installé et bien accueilli chez nous. Il a sorti de nombreuses familles de la pauvreté. En 1999, un projet initié par le président Bédié a permis d’installer 500 jeunes dans la canne villageoise. Aujourd’hui encore, nos jeunes gagnent dignement leur pain grâce à ce projet. Mais ce qui nous inquiète, c’est que les terres sur lesquelles nous comptons pour la mise en œuvre des grands projets annoncés sont en train d’être envahies. Or, les jeunes sont occupés à consulter des fiches en vue de choisir des projets. La plupart d’entre eux ont choisi l’agriculture et l’élevage. Mais où iront-ils faire leurs champs et leur pâturage s’ils n’ont pas de terres ? Voilà ce qui nous inquiète et nous demandons à tout le monde, nos cadres et surtout au président de la République de nous aider à régler le problème. Qu’ils nous aident à déguerpir ceux qui nous exproprient de nos terres.
Ils disent avoir acheté ces terres aux mains des propriétaires.
C’est ce qui est dangereux et inacceptable. Qui du chef de terre, du chef de village et même des autorités administratives vous a dit qu’ils ont été informés de la présence de ces gens sur nos terres ? Quand on vient dans un village, on s’adresse au moins à l’une de ces autorités. Mais aucune des autorités n’a été approchée par un de ces individus. Toutes les fois qu’ils se sont présentés devant nous, c’est que nous les avons convoqués. Certains de nos frères du village, pour des intérêts personnels et immédiats, bradent nos terres. Ils prétendent être propriétaires terriens sur la légère base que leurs parents avaient leurs champs dans les environs. La plupart ont soutenu l’ex-président. Ceux à qui vendent les terres, ils leur font croire que nous sommes contre les étrangers.
Allez-vous les dédommager vu que les terres ont été mises en valeur?
Le président Alassane Ouattara ne cesse de dire que la Côte d’Ivoire est devenue un Etat de droit. C’est au nom de cet Etat de droit qu’il faut s’opposer à ceux qui sont dans l’anarchie. On ne peut pas dédommager un voleur. Je pense que les plants sont encore petits. Leur taille dépasse à peine 20 cm. Donc, c’est maintenant que nous pouvons canaliser et régler le problème. Il faut surtout éviter qu’il atteigne des proportions assez graves. J’insiste pour que le gouvernement se penche sur Koro. Je pense particulièrement au président Ouattara. Qu’il se saisisse vraiment de ce dossier pour aider les populations de Koro.
Interview réalisée par
Ténin Bè Ousmane