Issiaka Ouattara alias Wattao, qui a avait promis d'animer une conférence de presse le vendredi 21 octobre 2011 à son arrivée des Etats-Unis, a dû faire machine arrière, indépendamment de sa volonté. Il a fait les frais des nouvelles mesures prises par l’état-major général des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), le général de brigade Soumaïla Bakayoko, visant à mettre au pas des soldats friands des déclarations en l’emporte-pièce dans la presse sans prendre attache avec la hiérarchie militaire. Le chef « Anaconda » Issiaka Wattao a donc dû, à son corps défendant, se plier à la décision de la hiérarchie. Si Wattao n’est peut-être pas visé particulièrement par cette mesure qui se veut, avant tout, disciplinaire, il reste néanmoins que le choix de la veille de son retour des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, via le Burkina-Faso, où il a fait une escale, pour annoncer cette mesure, est loin d’être fortuit. Le jeudi 20 octobre 2011, tard dans la soirée, au journal télévisé de 23 h, le colonel Chérif Moussa, porte-parole de l'état major général, a fait part de l’interdiction, à tout militaire, de s’exprimer dans la presse, soulignant que, désormais, toute déclaration ( interview, conférence ou point presse, contribution) est soumise à autorisation préalable de l’état-major des Frci. Tout contrevenant devrait en prendre pour ses galons. Le chef de l’état-major général des Forces républicaines de Côte d’Ivoire ( Frci), a donc décidé de mettre un terme au cafouillis qui prévalait au sein de la grande muette, notamment, en ce qui concerne les prises de parole dans la presse. Vendredi dernier, arrivé aux environs de 10 h, le commandant Issiaka Wattao qui entendait animer un point presse s’est donc muré dans un silence. Il est la première grosse victime de cette mesure de recadrage des interventions soldats ivoiriens. Ce régime de musèlement total des hommes en armes vise à développer chez eux la culture de la discipline, éviter des dérapages, notamment verbales, au sein de la « grande muette », devenue trop bavarde depuis quelque temps. Le commandant Issiaka Wattao est un grand amoureux de la presse dans le milieu des soldats ivoiriens. Il aime tellement la presse que les journalistes, à sa grande satisfaction, ont construit un mythe autour de sa personne. Mythe que le gouvernement ne veut pas briser, mais veut, à tout le moins, contrôler, voire encadrer. Dans cette optique, récemment, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko a clairement dit que « Wattao ne fera plus ce qu’il a envie de faire en Côte d’Ivoire ». Invité de l’émission « appels sur l’actualité » de Juan Gomez de Radio France Internationale (Rfi), le mercredi 05 octobre 2011 au palais de la culture à Treichville, Hamed Bakayoko, relativement aux nombreuses plaintes formulées à l’encontre de Wattao, a indiqué, dans des propos qui masquent mal une mise en garde : « Nous l’avons interpellé, le président de la République ( Ndlr Alassane Ouattara) l’a interpellé, le Premier ministre ( Ndlr Guillaume Soro) l’a interpellé. Il sait qu`il ne peut plus faire ce qu`il veut », avait-il lâché. Une déclaration qui laisse clairement penser que le commandant Issiaka Wattao a perdu sa position de faveur, auprès des autorités ivoiriennes… Si le respecté et craint patron de la compagnie ''Anaconda'' n’est pas tombé en disgrâce, il n’est pas hasardeux d’affirmer qu’il est aujourd’hui sur une corde raide.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA