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Politique Publié le mardi 25 octobre 2011 | Soir Info

Reportage : Arrestation de l`ex-aide de camp de Mme Gbagbo / Ce qui s`est passé dans le village du Cdt Séka Séka

. Le message du chef au président Ouattara

Comment le village de Biasso, situé à moins de 9 kilomètres d’Adzopé, dont il dépend administrativement, a vécu l’arrestation de son fils, le commandant Anselme Yapo Séka, dit Séka Séka ex-aide camp de Simone Gbagbo, ex-Première dame de Côte d’Ivoire ? Qu’inspire aux villageois cette mise aux arrêts ? Nous y avons fait un tour, le jeudi 20 octobre 2011, puis le dimanche 23 du même mois.

C`est au journal télévisé de 20 heures de la première chaîne de la télévision ivoirienne (Rti1) que les habitants de Biasso, selon les divers témoignages que nous avons recueillis dans ce village, ont appris l`arrestation du Cdt Séka Séka. Aussitôt, certaines familles se sont rendues dans la cour des Séka, qui pour comprendre ce qui se passait réellement, qui pour soutenir le père Séka. Ici, on criait son indignation et on soupirait à n`en point finir, là on noyait sa peine dans les pleurs. Vers 21 h, cette nuit-là, nous a-t-on rapporté, le village s`est enveloppé dans un silence de cimetière...La voie qui relie Adzopé à Biasso est tout de même praticable, bien que n’étant pas bitumée. Les taxis-brousse et les minicars de 18 places, qui y assurent le transport des biens et des personnes, ne sont pas réguliers. Après vingt minutes de route, ce jeudi-là en fin de matinée, nous sommes aux portes de Biasso. Il fait beau temps. La cour familiale du commandant Séka Séka est l’une des premières habitations, à l’entrée du village. Nous longeons la voie principale. Un calme règne sur le bourg. Dans quelques concessions, des femmes se consacrent à des tâches
ménagères, quand des hommes, à divers endroits, font sécher des fèves de cacao.

Nous sommes conduits, à notre demande, dans la cour du chef de village. Deux vieilles dames nous accueillent, en l’absence du chef de village en fonction à Akoupé. On fait appel à un notable, Ambessi Yapo. Ce dernier, entouré de quelques
membres de la chefferie, s`enquiert du motif de notre visite. Nous lui expliquons que nous sommes là pour deux raisons : comprendre comment Biasso a surmonté la crise post électorale et comment ce village a vécu la récente arrestation de l`un de ses fils, le commandant Anselme Yapo Séka. `` On ne s`attendait pas à votre visite. On n`a rien préparé pour vous recevoir et pour répondre à vos préoccupations. Et puis, le chef n`étant pas là, il serait difficile de vous dire quoi ce soit``, nous laisse entendre
Ambessi Yapo. Il nous propose d`adresser au chef du village un courrier, afin qu`ensemble, nous convenions d`une date pour la prochaine rencontre. Séance tenante, nous rédigeons une demande dans ce sens.

`` C`est insupportable ! ``

Finalement, rendez-vous est pris pour le dimanche 23 octobre 2011. Avant de quitter le village, nous réussissons à obtenir une interview de Séka Emmanuel, le père du commandant Séka Séka (cf : Soir Info du 23 octobre 2011). Le dimanche donc, nous
sommes de nouveau à Biasso. Ce jour-là, la chefferie et les populations de ce village nous réservent un accueil des plus chaleureux. Et cela dans la pure tradition attié. Juste avant les échanges, Séka Atsé Emmanuel (le père du commandant Séka Séka) arrive sous l`appatam...à palabre qui abrite notre rencontre. Il nous dévisage et se souvient de nous : `` Ah monsieur le journaliste Alain, comment ça va ? Et toi Karim, tu vas bien ?``. Nous échangeons de chaudes poignées de main. Il prend place aux côtés des notables. L`objet de notre visite exposé une fois de plus, la chefferie se concerte, puis décide que ce soit Kambo Adopo, le chef du village lui-même qui parle au nom des villageois. Nous abordons avec lui les conséquences de la crise post électorale sur Biasso, la cohabitation entre les autochtones, allochtones et les allogènes vivant dans ce village, les palabres liées au foncier et les actions qui s`inscrivent dans le cadre de la réconciliation nationale. Puis nous en arrivons à l`arrestation du commandant Séka Séka. « Je tiens à dire que le commandant Séka Séka est un fils valeureux du villageois. Son arrestation bouleverse tout le village. Tout le monde ici a pleuré. Moi qui vous parle, j`ai pleuré comme un gamin. Il était difficile pour moi d`aller voir son père. C`est insupportable. Quand j`ai rencontré son père, je ne pouvais pas me retenir. C`est lui qui m`a consolé. », fait savoir Nanan Kambo, avant d`ajouter : « Nous ne savons pas ce qu`il a fait. On nous parle des escadrons de la mort. Mais ce garçon que je connais n`est pas capable de tuer. »

Colère étouffée

Selon lui, l`absence du commandant Séka Séka pèse énormément sur le village. Car, dit-il, l`officier participait au développement de Biasso et n`hésitait pas à apporter son soutien à tout ceux qui le sollicitaient. Il explique qu`il n`est pas exclu que des démarches soient menées par les cadres du village pour demander la libération d’Anselme Yapo Séka. Il indique que les arrestations ne sont pas de nature à favoriser la réconciliation. C`est pourquoi il demande au chef de l’État de pardonner, de faire table-rase du passé pour réussir la réconciliation. `` J`ai demandé à tous les villageois d`être calmes et de s`inscrire dans la réconciliation nationale. Nous adhérons à la politique de réconciliation du président de la République. Nous devons tous nous donner la main et travailler à cela ``, plaide-t-il. Juste après le chef Nanan Kambo, un cadre du village, Monnet Adon, demande à dire un mot sur le sujet. Pour lui, la réconciliation n`aura de sens que lorsque le pouvoir en place cessera de donner l`impression qu`il a pour souci de régler des comptes. Beaucoup de villageois approchés, contrairement à ce cadre, étouffent leur colère et n`osent pas ouvertement s`exprimer sur la question. Le lourd silence qui recouvre Biasso pourrait être interprété, par tout visiteur qui débarque dans ce bourg de 6000 âmes, comme un sentiment d`indignation et le refus de laisser transparaître une attitude susceptible d’attirer quelque courroux que ce soit.

Un reportage de Alain BOUABRE 
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