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Société Publié le mardi 25 octobre 2011 | Le Nouveau Navire

Reportage /Axe Abidjan – Noé Les barrages démantelés ont été réinstallés

Près d'un mois après la visite de contrôle effectuée par la délégation de l'Observatoire de la fluidité des Transports (OFT) sur l'axe routier Abidjan-Noé, les barrages illicites qui avaient été levés ont été réinstallés. Voici notre reportage...
Long d'un peu plus de 170 Km, l'axe Abidjan-Noé comporte trois barrages officiels. Un, à Gonzagueville à la fin de la commune de Port Bouët, un second à Aboisso et enfin le dernier à Noé.
Le 24 septembre dernier, une délégation de haut niveau de l'observatoire de la fluidité des transports (Oft), conduite par le premier responsable de la structure était sur ledit axe pour vérifier l'effectivité de l'existence des trois barrages officiels, mais surtout, démantèlement les nombreux barrages illégaux qui entravent la libre circulation des personnes et des biens sur cette voie.
Malheureusement, les mauvaises habitudes ont la vie dure dans le secteur de la fluidité routière. Jeudi 21 octobre 2011. Il est 9 h lorsque nous nous rendons à la gare de Bassam (Treichville) pour emprunter un véhicule en commun en partance pour Aboisso. Après une demi-heure d'attente, c'est aux environs de 9h 37mn que nous quittions Treichville. Assis à côté du conducteur et coincé par un autre client sur un siège d'une place, le véhicule Peugeot 504 immatriculé 2eB6AE, s'engage sur le boulevard Valéry Giscard d'Estaing. Direction Noé.
Il est 10h quand nous arrivons au corridor de Gonzagueville. Une bourgade qui se trouve à la fin de la commune de Port-Bouët. Le barrage tenu par les forces de l'ordre est autorisé par l'Etat. Les agents en poste en ce lieu n'arrêtent pas notre véhicule. N'empêche que notre conducteur ralentit l'allure du véhicule. Plusieurs autres véhicules sont stationnés pêle-mêle à ce corridor. Le bouchon né de ce désordre nous permet de bien observer ce qui se passe en ce lieu. Gendarmes, policiers, et éléments des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (Frci), procèdent à des vérifications d'usage. D'un autre côté, des transporteurs discutent avec véhémence avec des agents. Une véritable foire aux empoignes. Qu'on ait des papiers à jour ou pas, il faut forcement payé pour passer le corridor. Dès lors, forces de l'ordre et les transporteurs rivalisent de stratégies pour contourner les lois. A notre question de savoir pourquoi notre conducteur n'a pas été sifflé ? Ce dernier répond : " J'ai déjà payé au poste. C'est 500 Fcfa par jour. Mais comme les agents se remplacent en cours de journée, les nouveaux venus nous encaissent à leur tour. C'est ce qui est à la base de certaines disputes avec les chauffeurs ", avant de d'ajouter : " mon frère, c'est comme ça ici ! Tu acceptes, autrement on trouve un alibi pour te coller un papillon ".
Nous poursuivons allègrement notre route jusqu'à Modeste, un quartier situé sur la route de Grand-Bassam. Des bulldozers démolissent des maisons sous la vigilante présence des gendarmes et des éléments des Frci. " Maman bulldozer a- t- elle repris du service ? ", demande un passager du véhicule. Même si la question n'a pas trouvé de réponse, il n'en demeure pas moins que la question du déguerpissement et de la démolition des maisons et commerces situés aux abords des routes divise les passagers. La discussion s'engage dans le véhicule. Certains passagers sont d'avis avec Anne Oulotto, la ministre en charge de la Salubrité publique. Tandis que d'autres marquent un désaccord total et réclament dédommagement pour les personnes qui subissent le courroux de la ministre. "Depuis que l'affaire du Probo Koala est arrivée, tout le monde voit des dédommagements partout ! ", ironise mon voisin. Des rires fusent dans le véhicule. L'atmosphère se détend.
Après plusieurs minutes de route, nous voilà au carrefour de Moossou. Nous sommes accueillis par un barrage tenu par cinq éléments des Frci, armés de pistolets et de Kalachnikov. Ce barrage n'existait pas lors du passage de la délégation de l'Oft. Comme pour narguer le Secrétaire général de l'Observatoire de la fluidité routière, les FRCI ont installé un nouveau barrage en ces lieux. Alors même qu'il n'est pas hélé, notre conducteur gare sur le bas côté de la route. De sa poche, il sort plusieurs pièces de monnaie. Choisi une pièce de 500 Fcfa et se dirige tranquillement mais résigné vers un des agents assis sur un siège qui donne dos à la cour royale de Moossou. Après avoir payé la rançon, nous reprenons notre route pour Bonoua, que nous traversons sans embûches pour la ville d'Aboisso.
A N'Zikro, un coup de sifflet d'un élément des Frci contraint notre véhicule à marquer un nouveau arrêt. Un barrage y est érigé. Démantelé lors du passage de l'Oft, ce barrage a été reconstitué. Il est tenu par les hommes du Caporal Coulibaly, sous les ordres du Commandant Koné Sampayo. Le seul changement, c'est que la herse n'existe plus. Seuls des pneus sont dressés en plein milieu de route.
Notre conducteur qui a repris le volant après avoir été spolié de 500 Fcfa, fulmine dans un français limpide: " C'est grave, malgré la suppression des barrages, les opérations de racket se multiplient". A 5 km d'Aboisso, encore un autre coup de sifflet. Un barrage se dresse à Assouba. Un gendarme procède au contrôle des pièces. Dans le véhicule, un vieillard présente sa carte nationale d'identité de couleur verte. Il est invité à descendre. Ce qu'il fait. Après une trentaine de minutes, il revient au véhicule. Tout énervé ! Et révèle qu'il a donné 500 Fcfa pour qu’on le laisse partir.
Et pourtant les cartes d'identité vertes ne sont pas officiellement supprimées... Après 2h43 minutes de route, nous voilà enfin à Aboisso. Tout le monde descend. Il faut maintenant vite rallier Noé. Nous prenons place à sur le siège avant d'un mini-car, aux côtés du conducteur avec lequel nous lions une rapide amitié pour les besoins de notre reportage. 13h 37mn, le véhicule de 18 places s'ébranle en direction de Noé. Nous arrivons au corridor de Krindjabo que nous traversons sans encombre. Croyant à une éradication du racket à ce barrage, nous interogeons le conducteur: "Mais on ne t'a pas sifflé là?". La réponse du chauffeur me ramène hélas sur terre : " Mon frère, j'ai déjà payé. C'est 2500 Fcfa par jour, si tu veux être tranquille…" Arrivés dans le village de Moyassué, le conducteur est à nouveau sifflé. Il ne marque pas d'arrêt. “J'ai payé mes 1000 Fcfa. Ils n'ont qu'à regarder sur leur papier…", se défend t-il. Nous ne sommes plus loin de la ville de Noé.
A Kassikro, un autre coup de sifflet retentit. Nous sommes à un poste tenu par des douaniers. Ils sont au nombre de deux. Ils fouillent soigneusement le véhicule, avant de le laisser partir. Le conducteur nous fait savoir qu'il s'est acquitté de la somme de 1000 Fcfa pour passer ce barrage. Il est 16h 28 quand un autre coup de sifflet tente de nous stopper à Capitainekro, un campement situé à l'entrée de Noé. Le véhicule s'arrête. Mais les agents assis nonchalamment sous un hangar de fortune, lui intiment l'ordre de continuer sa route. Le conducteur révélera, plus tard, qu'il a déboursé là-aussi, la somme de 1000 Fcfa pour être tranquille toute la journée. Nous voici à Noé. Après avoir parcouru 170 Km de route en 7 heures de temps. Notre constat est malheureux. L'axe Abidjan-Noé qui a reçu la première visite de l'Oft n'a pas fait sa mue. Le racket y a même prit une autre ampleur.
On se demande alors si la libre circulation des biens et des personnes sera-t-elle un jour une réalité tangible en Côte d'Ivoire? Kouyaté Mohamed, secrétaire général de l'Oft qui a pris à bras le corps la mission à lui confiée par l'Etat serait-il entrain de prêcher dans le désert ? L'heure de la répression n'a-t-elle pas sonnée en définitive? Autant d'interrogations qui méritent des réponses claires. Si la Côte d'Ivoire tient à retrouver sa place dans le concert des nations qui ont vaincu le racket. Ce terrible fléau, ennemi de l'économie.
Yenon R. Assi
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