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Politique Publié le mercredi 26 octobre 2011 | Le Patriote

26 octobre 2000-26 octobre 2011 : Il y a 11 ans, le charnier de Yopougon

Parfois, il y a des souvenirs que l’on veut rapidement oublier. A cause de leur caractère particulièrement douloureux. Mais lorsqu’on écoute certaines personnes et qu’on voit les actes qu’ils continuent de poser, on est obligé, au-delà du devoir de mémoire, d’y revenir. Non seulement pour interpeller la conscience des uns et des autres, mais surtout leur rappeler les risques qu’ils courent en ayant une oreille attentive aux chants de sirènes de ces ennemis de la cohésion sociale et de la paix. Le FPI et ses sicaires ont décidé, alors que les derniers nuages noirs commencent à peine de se dissiper au-dessus de la Côte d’Ivoire, de revisiter le catalogue de l’ivoirité. Comme si les événements graves qui se sont déroulés au cours de la crise post-électorale relevaient du rêve, les barons et cadres de l’ancien parti au pouvoir sont revenus à leurs vieux reflexes. Discours haineux, chantage, incitation à la violence et à l’incivisme. Bref, toute la panoplie qui a amené la Côte d’Ivoire dans la situation de guerre qu’elle a connue depuis plus d’une décennie. Pour Laurent Gbagbo et ses camarades, rien ne sait passer en Côte d’Ivoire. Et pourtant ! C’est pourquoi, à l’occasion de la date anniversaire du charnier de Yopougon, il est bon de rappeler aux nouveaux adeptes du négationnisme à l’ivoirienne que les mêmes causes produisant les mêmes effets, le peuple de Côte d’Ivoire n’est plus prêt à les laisser faire. Aujourd’hui, 26 octobre 2011, cela fait exactement jour pour jour, 11 ans que la Côte d’Ivoire et le monde entier découvraient avec horreur, 57 corps entassés les uns sur les autres comme dans une mise en scène macabre tiré d’un film d’horreur. Malheureusement, c’était la réalité. 57 personnes massacrées la veille, gisaient sur un terrain vague, non loin de la prison civile d’Abidjan, la MACA. Les journalistes de la presse internationale et quelques journalistes ivoiriens arrivés les premiers sur les lieux n’en croyaient à leurs yeux. L’information fait rapidement le tour du monde. Les images horribles de ce crime contre l’humanité sont montrées en boucle sur les grandes chaines internationales et à la télévision nationale. Les grandes chaînes de radios et supports internationaux en font leur une. Le monde et les Ivoiriens sont sous le choc. La plupart des victimes sont des jeunes dans la fleur de l’âge. La veille, Laurent Gbagbo venait de prêter serment. Dans les rues d’Abidjan, les militants du RDR étaient sortis massivement pour protester. Ils réclamaient la reprise de l’élection présidentielle qui s’est terminée dans la confusion et qui a vu Laurent Gbagbo accéder au pouvoir de « façon calamiteuse ». En réaction, le nouvel homme d’Abidjan, lance cette terrible phrase : « L’armée fera son travail ». La suite, on la connait. Très rapidement, les enquêteurs des organisations internationales se mettent sur le coup. Les résultats des enquêtes désignent clairement les gendarmes du camp commando d’Abobo dirigé par le commandant Bê Kpan, comme les auteurs de ce crime lâche. Des gendarmes du camp commando d’Abobo, sur instructions de leur commandant, ont procédé à une rafle la veille, après la mort d’un des leurs au quartier Bocabo d’Abobo, à la suite d’affrontements avec les populations. Pour le venger, ils décident de faire passer de vie à trépas, tous les raflés ainsi que certaines personnes qui étaient dans les geôles du camp. Après le massacre, les corps sont transportés dans un cargo, puis abandonnés sur le terrain vague près de la maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan. Face à la pression nationale et internationale, le président Gbagbo décide d’ouvrir un procès contre les accusés. Mais la procédure se transforme très vite en parodie de justice. Les inculpés sont jugés au camp de gendarmerie d’Agban où gendarmes et parents attendaient les victimes de pied ferme. Finalement, pour faute de témoins à charge, le procès se solde par une relaxe du commandant Bê Kpan et ses hommes. Au FPI, on est beaucoup gêné par la tournure que prennent les événements. Le charnier devient une arête dans la gorge du régime. On décide alors de réagir. La parade tout trouvée ? Faire croire que le charnier est un montage du RDR. Dans le camp de Laurent Gbagbo, on parle de « songe et mensonge » et on accuse le chauffeur du président du RDR, Alassane Ouattara d’avoir fait le tour de la ville pour ramasser des corps à travers toute la ville d’Abidjan et de les avoir déversés à l’endroit où ils ont été découverts. L’affaire reste ainsi, malgré les nombreuses protestations au sein des parents des victimes et des organisations internationales de défense des droits de l’Homme. Aujourd’hui, c’est la même stratégie qu’utilise le FPI sur la mort des six femmes d’Abobo et d’autres crimes de sang perpétrés au cours de la crise post-électorale dont il refuse d’endosser la responsabilité. Aujourd’hui plus que jamais, il est important de revenir sur cet épisode douloureux de l’histoire de la Côte d’Ivoire et d’en tirer les leçons. Pour que plus jamais, ce genre de drames ne se reproduise plus. Car, si on avait puni les assassins d’octobre 2000, les six femmes d’Abobo et les autres victimes de la crise post-électorale seraient encore en vie.

Jean-Claude Coulibaly
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