Bacongo est véritablement entre le marteau et l’enclume. Quand les universités vont-elles ouvrir ? Invité sur le plateau de la RTI, il y a quelques semaines, le ministre Cissé Bacongo Ibrahima avait rassuré les parents d’étudiants, les étudiants et l’ensemble des Ivoiriens : « Je ferai tout ce qui est humainement possible afin que la rentrée ait lieu le plus tôt possible, et qu’on évite une année blanche ». Message apaisant venu à la suite des opérations de déguerpissement et de démantèlement des constructions anarchiques. Cela faisait également suite à la décision de fermeture des Universités, prises dans la foulée du 11 avril 2001, à la suite de la capture de Laurent Gbagbo.
Le contexte de la fermeture
Les résidences universitaires, étaient devenues des zones d’hébergement de miliciens ; des étudiants s’étaient également transformés en bras armés et séculiers du régime. Les plaintes contre la Fesci et les étudiants étaient si nombreuses que la population a applaudi à deux mains, cette mesure de salubrité morale, de sécurité publique que constituait certes la décision de fermeture des universités ; mais qui sur le plan social et même éthique pose problème : fermer l’université, c’est créer d’autres types de problèmes pour les parents. Et plus le temps passe, plus les concernés s’impatientent.
Les universités hors du bilan des 100 jours
De façon générale, le bilan des cent jours du gouvernement Ouattara a été marqué par quelques acquis : réhabilitation des routes, lancement des travaux du troisième pont, réouverture des écoles, organisation des examens à grands tirages, amélioration de la sécurité, renforcement de la gratuité des soins dans les hôpitaux, assistance aux populations démunies, normalisation progressive au niveau politique, et perspectives d’organisation des législatives. Toutefois, la question de l’Université semble être un grain de sable, une pierre dans le bilan et le jardin du président de la République. Plus les jours passent, après environ six mois de fermeture, plus l’impatience pointe à tous les niveaux. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de prendre les taureaux par les cornes, au niveau du gouvernement.
Des débats animés
Selon nos informations, deux thèses et tendances se dessinent : la première tendance appelle à la réouverture de l’université dans les meilleurs délais, soit dans trois mois au plus tard. La seconde tendance, plaide pour que le gouvernement prenne le temps de régler tous les problèmes et évite donc la précipitation. Quels sont les arguments des uns et des autres ? N’y a-t-il pas une troisième voie ? Quelle est la position réelle du ministre Cissé Bacongo qui gère le dossier ?
La position du ministre Bacongo
Cissé Bacongo a essayé de mobiliser tout le gouvernement et de nombreux opérateurs économiques. Les architectes, les banquiers et plusieurs hommes d’affaires ont été invités à visiter les différents sites et à voir les opportunités qui se dégagent en termes d’investissement. Le Premier ministre en personne s’est rendu sur les lieux. Les projets sont nombreux et grands. Il y a encore quelques jours, Cissé Bacongo, surnommé chef de chantier, et qui a établi pratiquement des bureaux sur le site de l’Université de Cocody, était sur les lieux avec le ministre du Tourisme pour voir comment convaincre des investisseurs, pour bâtir l’hôtel de l’Université, qui accueillera des enseignants et chercheurs étrangers, et permettra de développer de nouvelles ressources. Dans le cadre de la vision du chef de l’Etat, Cissé Bacongo veut faire des Universités de Côte d’Ivoire des centres d’excellence et renforcer leur capacité d’accueil, tout en adaptant le cadre de vie, ainsi que l’environnement, aux réalités nouvelles.
Wifi free zone
C’est ainsi qu’il a envisagé de construire une mosquée, des églises et autres lieux de culte non loin de la piscine à l’Université de Cocody. Le ministre veut également faire de l’espace universitaire, une Free Zone en termes de Wifi. Dès que tu entres dans le périmètre universitaire, tu as une connexion internet illimité et gratuitement. Bien avant, il faut disposer des moyens pour réhabiliter les bâtiments et les infrastructures. Pour l’instant, seuls des travaux de nouveaux amphithéâtres offerts par le District d’Abidjan se poursuivent. En dehors de cela, la plupart des amphithéâtres restent décoiffés, et les sites universitaires ne sont pas actuellement opérationnels pour accueillir des étudiants, six mois après la fermeture.
42 milliards de FCFA introuvables
Concernant les travaux, une estimation attribuée au BNETD fait état de 42 milliards de FCFA à mobiliser pour réhabiliter et équiper l’existant. « Réhabiliter coûte aussi cher et prend autant de temps que construire un nouveau site, car il faut faire un état des lieux, et reprendre tout dès la base et les fondations. Les entrepreneurs ont souvent envie de tout raser et de reconstruire, au lieu de réhabiliter simplement », explique un expert au fait de la question. Que faut-il faire dans ces conditions?
La première option
La première option au niveau des membres du gouvernement plaide pour une ouverture des Universités dans trois mois. Après donc les législatives, les étudiants reprendront la route des amphithéâtres. Mais à une condition : que dans les deux mois à venir, l’Etat engage des promoteurs qui travaillent de jour comme de nuit pour réhabiliter l’essentiel et mettre en service les bâtiments les plus urgents et utiles à la reprise. Mettre donc les bouchées doubles, même si pour certains travaux et le béton, il faut mettre forcément 21 jours pour faire sécher les gros œuvres, et faire les assemblages nécessaires. Les adversaires de cette thèse assurent que rien n’aura avancé, et que le gouvernement court les mêmes risques avec les enseignants, étudiants et le personnel : vétusté des locaux, absence de commodités pour les étudiants et les enseignants, risques de nouvelles contestations sociales, liées aux problèmes sociaux et structurels de l’université.
Dans trois mois?
Mais ouvrir dans trois mois, sans avoir réhabilité la majorité des infrastructures ni avoir dessiné les contours de l’Université de demain ; c’est, selon les adversaires de cette option, courir le risque d’une grande déception des enseignants et des étudiants. On fera de l’à peu près et on créera de nouvelles raisons pour faire exploser la bombe sociale, la jeunesse étudiante. Elle ne sera certes plus manipulée politiquement. Toutefois les attentes de solution, et les espérances suscitées par les solutions Ouattara, au niveau de l’Université pourraient inciter les enseignants, les étudiants et même les parents d’élèves à refuser d’accepter de subir encore de l’à peu près.
La seconde option
D’où l’option qui consiste à prendre son temps, et à faire face à la pression de ceux qui veulent que tout reprenne tout de suite et immédiatement. Leur faire comprendre qu’il faut sortir de l’émotion, qu’il faut travailler et ouvrir les universités quand on est vraiment prêt. Autrement, il n’aurait servi à rien de les avoir fermées. Vouloir aller à la reprise tout de suite, sans avoir réglé les questions de fond, c’est donner le sentiment que l’on s’est trompé en fermant les universités, ou plutôt que l’on ne savait pas à quoi l’on s’attendait en prenant une telle décision. Selon ceux qui refusent une ouverture immédiate, ou plutôt dans les trois mois à venir, se « précipiter » pour ouvrir les universités sans avoir pu réaliser les travaux, c’est faire un aveu d’échec ; et donner raison à ceux qui pensent qu’il s’agissait juste de démanteler les soutiens de Gbagbo, dans les universités, en dehors d’un plan mûri et réfléchi de réhabilitation et de remise à niveau.
Les défis à relever
Face à la menace de l’année blanche et aussi aux angoisses de ceux qui craignaient que ça dure lors de l’émission de la RTI évoquée plus haut , le ministre Cissé Bacongo avait d’ailleurs indiqué que l’Université en Côte d’Ivoire vivait déjà depuis plusieurs rentrées universitaires, des années blanches de fait. Selon lui, il fallait profiter de la nouvelle dynamique en Côte d’Ivoire pour remettre tout à plat, et voir comment gérer les 55000 étudiants de Cocody et des autres sites, dans le cadre du nettoyage du fichier des étudiants avec par exemple ces étudiants inscrits depuis 16 ans, à l’Université ; avec par exemple la scolarité centrale de l’Université qui enregistre dans ses fichiers 6000 étudiants inscrits en Sciences humaines et sociales, tandis qu’au niveau de la direction de cette UFR, ce sont 12000 étudiants qui y sont inscrits. Chaque choix a ses inconvénients et ses conséquences.
Des choix à faire et à assumer
Un choix est à faire, une décision politique est à prendre. Le gouvernement doit trancher et prendre une décision puis l’assumer et l’expliquer aux populations après avoir établi une grande concertation avec les acteurs du système universitaire : enseignants, chercheurs, étudiants, administration et autres partenaires locaux et extérieurs. A côté de cela, il faut trouver 42 milliards de FCFA. Un montant qui ne prend pas en compte les nouveaux équipements, et les nouvelles constructions à confier au secteur privé. Les 42 milliards de FCFA concernent donc la part de l’Etat relativement à la réhabilitation de l’existant.
Impossible et difficile appel d’offres
Des professionnels souhaitent que le gouvernement lance un appel d’offres. «Impossible. On a déjà la pression. On est en retard ! On ne peut pas demander à des gens de venir faire encore de la paperasse», a réagi une source proche du dossier qui affirme que l’Etat va assumer ses responsabilités. Et d’ajouter : «On ne peut pas traiter l’école comme on traite tout autre sujet de l’économie ; l’école c’est comme la santé. L’Etat ne peut pas faire de la spéculation là-dessus, en approchant par exemple des opérateurs économiques pour faire du B.O.T. Le système n’est pas encore privatisé. Difficile dans ces conditions de demander à des investisseurs de venir financer, pour se faire rembourser en gérant les inscriptions et autres ressources éventuelles pouvant sortir de l’exploitation du domaine universitaire. L’Etat ne peut pas abandonner les étudiants ; la durée des travaux, et la pression sociale ne doivent pas être source d’inquiétudes, poussant à prendre des décisions expéditives».
Une convention avec un consortium d’hommes d’affaires
L’on apprend qu’un consortium composé d’hommes d’affaires ivoiriens, français et de la sous-région a, à cet effet, approché le gouvernement ivoirien, pour proposer d’entreprendre les travaux de réhabilitation.Ce consortium s’engagera, au terme de la convention qui sera signée, à exécuter les travaux de réhabilitation sur une période maximale de 12 mois. En retour, l’Etat de Côte d’Ivoire s’engage à payer sur trois années budgétaires : 2011, 2012, 2013. Si pour la première année, et éventuellement dès le démarrage des travaux des travaux, le consortium peut obtenir une première tranche de paiement, par contre l’Etat ne payera rien avant la fin de l’exécution des travaux. Tout retard dans le respect des délais fera l’objet de pénalités et de sanctions strictes. Il s’agit pour les autorités de prendre toutes les dispositions utiles pour éviter que les choses traînent, et que les engagements pris, par le consortium, ne soient pas tenus dans les délais impartis. Un tel montage financier, peut-il être la solution ?
Une solution transitoire
Pris entre le marteau et l’enclume, entre ouvrir dans trois mois avec le même état des lieux et rien de nouveau sous le soleil d’une part, et d’autre part ouvrir plus tard, en prenant le soin d’offrir des bâtiments réhabilités et fonctionnels, le cabinet Bacongo réfléchit à une solution transitoire, qui permettrait d’étaler les différentes rentrées sur plusieurs sites, de voir comment profiter des opportunités des Ntics, avec les visio-conférences, ou cours à distance sur des sites délocalisés, comment démarrer d’abord avec le minimum d’acquis, dans trois mois, tout en continuant les travaux, pendant que les étudiants vont au cours. La philosophie de cette option est ainsi résumée par un enseignant : « mettre les bouchées doubles, dans les deux mois qui viennent après avoir bouclé le financement, travailler sans relâche de jours comme de nuit ; ouvrir ce qui peut être ouvert avec les nouveaux bacheliers ; à Abidjan, Bouaké, Daloa et Korhogo. Pendant les cours, poursuivre les travaux de jour comme de nuit, pour une période de six à neuf mois, s’il n’y a pas de risques pour les étudiants et enseignants, et si la présence des étudiants ne gêne pas les chantiers.» Il faut signaler, pour être complet sur le dossier, que l’université et les enseignements étaient secoués, perturbés durant la période de la crise postélectorale qui a duré six mois. Durant donc cette période, les activités avaient tourné au ralenti. Avec la décision de fermeture prise dès le 19 avril 2011, cela fait environ un an que les universités ne fonctionnent pas. Soit à cause de la crise, soit suite à la décision de fermeture.
Charles Kouassi
Le contexte de la fermeture
Les résidences universitaires, étaient devenues des zones d’hébergement de miliciens ; des étudiants s’étaient également transformés en bras armés et séculiers du régime. Les plaintes contre la Fesci et les étudiants étaient si nombreuses que la population a applaudi à deux mains, cette mesure de salubrité morale, de sécurité publique que constituait certes la décision de fermeture des universités ; mais qui sur le plan social et même éthique pose problème : fermer l’université, c’est créer d’autres types de problèmes pour les parents. Et plus le temps passe, plus les concernés s’impatientent.
Les universités hors du bilan des 100 jours
De façon générale, le bilan des cent jours du gouvernement Ouattara a été marqué par quelques acquis : réhabilitation des routes, lancement des travaux du troisième pont, réouverture des écoles, organisation des examens à grands tirages, amélioration de la sécurité, renforcement de la gratuité des soins dans les hôpitaux, assistance aux populations démunies, normalisation progressive au niveau politique, et perspectives d’organisation des législatives. Toutefois, la question de l’Université semble être un grain de sable, une pierre dans le bilan et le jardin du président de la République. Plus les jours passent, après environ six mois de fermeture, plus l’impatience pointe à tous les niveaux. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de prendre les taureaux par les cornes, au niveau du gouvernement.
Des débats animés
Selon nos informations, deux thèses et tendances se dessinent : la première tendance appelle à la réouverture de l’université dans les meilleurs délais, soit dans trois mois au plus tard. La seconde tendance, plaide pour que le gouvernement prenne le temps de régler tous les problèmes et évite donc la précipitation. Quels sont les arguments des uns et des autres ? N’y a-t-il pas une troisième voie ? Quelle est la position réelle du ministre Cissé Bacongo qui gère le dossier ?
La position du ministre Bacongo
Cissé Bacongo a essayé de mobiliser tout le gouvernement et de nombreux opérateurs économiques. Les architectes, les banquiers et plusieurs hommes d’affaires ont été invités à visiter les différents sites et à voir les opportunités qui se dégagent en termes d’investissement. Le Premier ministre en personne s’est rendu sur les lieux. Les projets sont nombreux et grands. Il y a encore quelques jours, Cissé Bacongo, surnommé chef de chantier, et qui a établi pratiquement des bureaux sur le site de l’Université de Cocody, était sur les lieux avec le ministre du Tourisme pour voir comment convaincre des investisseurs, pour bâtir l’hôtel de l’Université, qui accueillera des enseignants et chercheurs étrangers, et permettra de développer de nouvelles ressources. Dans le cadre de la vision du chef de l’Etat, Cissé Bacongo veut faire des Universités de Côte d’Ivoire des centres d’excellence et renforcer leur capacité d’accueil, tout en adaptant le cadre de vie, ainsi que l’environnement, aux réalités nouvelles.
Wifi free zone
C’est ainsi qu’il a envisagé de construire une mosquée, des églises et autres lieux de culte non loin de la piscine à l’Université de Cocody. Le ministre veut également faire de l’espace universitaire, une Free Zone en termes de Wifi. Dès que tu entres dans le périmètre universitaire, tu as une connexion internet illimité et gratuitement. Bien avant, il faut disposer des moyens pour réhabiliter les bâtiments et les infrastructures. Pour l’instant, seuls des travaux de nouveaux amphithéâtres offerts par le District d’Abidjan se poursuivent. En dehors de cela, la plupart des amphithéâtres restent décoiffés, et les sites universitaires ne sont pas actuellement opérationnels pour accueillir des étudiants, six mois après la fermeture.
42 milliards de FCFA introuvables
Concernant les travaux, une estimation attribuée au BNETD fait état de 42 milliards de FCFA à mobiliser pour réhabiliter et équiper l’existant. « Réhabiliter coûte aussi cher et prend autant de temps que construire un nouveau site, car il faut faire un état des lieux, et reprendre tout dès la base et les fondations. Les entrepreneurs ont souvent envie de tout raser et de reconstruire, au lieu de réhabiliter simplement », explique un expert au fait de la question. Que faut-il faire dans ces conditions?
La première option
La première option au niveau des membres du gouvernement plaide pour une ouverture des Universités dans trois mois. Après donc les législatives, les étudiants reprendront la route des amphithéâtres. Mais à une condition : que dans les deux mois à venir, l’Etat engage des promoteurs qui travaillent de jour comme de nuit pour réhabiliter l’essentiel et mettre en service les bâtiments les plus urgents et utiles à la reprise. Mettre donc les bouchées doubles, même si pour certains travaux et le béton, il faut mettre forcément 21 jours pour faire sécher les gros œuvres, et faire les assemblages nécessaires. Les adversaires de cette thèse assurent que rien n’aura avancé, et que le gouvernement court les mêmes risques avec les enseignants, étudiants et le personnel : vétusté des locaux, absence de commodités pour les étudiants et les enseignants, risques de nouvelles contestations sociales, liées aux problèmes sociaux et structurels de l’université.
Dans trois mois?
Mais ouvrir dans trois mois, sans avoir réhabilité la majorité des infrastructures ni avoir dessiné les contours de l’Université de demain ; c’est, selon les adversaires de cette option, courir le risque d’une grande déception des enseignants et des étudiants. On fera de l’à peu près et on créera de nouvelles raisons pour faire exploser la bombe sociale, la jeunesse étudiante. Elle ne sera certes plus manipulée politiquement. Toutefois les attentes de solution, et les espérances suscitées par les solutions Ouattara, au niveau de l’Université pourraient inciter les enseignants, les étudiants et même les parents d’élèves à refuser d’accepter de subir encore de l’à peu près.
La seconde option
D’où l’option qui consiste à prendre son temps, et à faire face à la pression de ceux qui veulent que tout reprenne tout de suite et immédiatement. Leur faire comprendre qu’il faut sortir de l’émotion, qu’il faut travailler et ouvrir les universités quand on est vraiment prêt. Autrement, il n’aurait servi à rien de les avoir fermées. Vouloir aller à la reprise tout de suite, sans avoir réglé les questions de fond, c’est donner le sentiment que l’on s’est trompé en fermant les universités, ou plutôt que l’on ne savait pas à quoi l’on s’attendait en prenant une telle décision. Selon ceux qui refusent une ouverture immédiate, ou plutôt dans les trois mois à venir, se « précipiter » pour ouvrir les universités sans avoir pu réaliser les travaux, c’est faire un aveu d’échec ; et donner raison à ceux qui pensent qu’il s’agissait juste de démanteler les soutiens de Gbagbo, dans les universités, en dehors d’un plan mûri et réfléchi de réhabilitation et de remise à niveau.
Les défis à relever
Face à la menace de l’année blanche et aussi aux angoisses de ceux qui craignaient que ça dure lors de l’émission de la RTI évoquée plus haut , le ministre Cissé Bacongo avait d’ailleurs indiqué que l’Université en Côte d’Ivoire vivait déjà depuis plusieurs rentrées universitaires, des années blanches de fait. Selon lui, il fallait profiter de la nouvelle dynamique en Côte d’Ivoire pour remettre tout à plat, et voir comment gérer les 55000 étudiants de Cocody et des autres sites, dans le cadre du nettoyage du fichier des étudiants avec par exemple ces étudiants inscrits depuis 16 ans, à l’Université ; avec par exemple la scolarité centrale de l’Université qui enregistre dans ses fichiers 6000 étudiants inscrits en Sciences humaines et sociales, tandis qu’au niveau de la direction de cette UFR, ce sont 12000 étudiants qui y sont inscrits. Chaque choix a ses inconvénients et ses conséquences.
Des choix à faire et à assumer
Un choix est à faire, une décision politique est à prendre. Le gouvernement doit trancher et prendre une décision puis l’assumer et l’expliquer aux populations après avoir établi une grande concertation avec les acteurs du système universitaire : enseignants, chercheurs, étudiants, administration et autres partenaires locaux et extérieurs. A côté de cela, il faut trouver 42 milliards de FCFA. Un montant qui ne prend pas en compte les nouveaux équipements, et les nouvelles constructions à confier au secteur privé. Les 42 milliards de FCFA concernent donc la part de l’Etat relativement à la réhabilitation de l’existant.
Impossible et difficile appel d’offres
Des professionnels souhaitent que le gouvernement lance un appel d’offres. «Impossible. On a déjà la pression. On est en retard ! On ne peut pas demander à des gens de venir faire encore de la paperasse», a réagi une source proche du dossier qui affirme que l’Etat va assumer ses responsabilités. Et d’ajouter : «On ne peut pas traiter l’école comme on traite tout autre sujet de l’économie ; l’école c’est comme la santé. L’Etat ne peut pas faire de la spéculation là-dessus, en approchant par exemple des opérateurs économiques pour faire du B.O.T. Le système n’est pas encore privatisé. Difficile dans ces conditions de demander à des investisseurs de venir financer, pour se faire rembourser en gérant les inscriptions et autres ressources éventuelles pouvant sortir de l’exploitation du domaine universitaire. L’Etat ne peut pas abandonner les étudiants ; la durée des travaux, et la pression sociale ne doivent pas être source d’inquiétudes, poussant à prendre des décisions expéditives».
Une convention avec un consortium d’hommes d’affaires
L’on apprend qu’un consortium composé d’hommes d’affaires ivoiriens, français et de la sous-région a, à cet effet, approché le gouvernement ivoirien, pour proposer d’entreprendre les travaux de réhabilitation.Ce consortium s’engagera, au terme de la convention qui sera signée, à exécuter les travaux de réhabilitation sur une période maximale de 12 mois. En retour, l’Etat de Côte d’Ivoire s’engage à payer sur trois années budgétaires : 2011, 2012, 2013. Si pour la première année, et éventuellement dès le démarrage des travaux des travaux, le consortium peut obtenir une première tranche de paiement, par contre l’Etat ne payera rien avant la fin de l’exécution des travaux. Tout retard dans le respect des délais fera l’objet de pénalités et de sanctions strictes. Il s’agit pour les autorités de prendre toutes les dispositions utiles pour éviter que les choses traînent, et que les engagements pris, par le consortium, ne soient pas tenus dans les délais impartis. Un tel montage financier, peut-il être la solution ?
Une solution transitoire
Pris entre le marteau et l’enclume, entre ouvrir dans trois mois avec le même état des lieux et rien de nouveau sous le soleil d’une part, et d’autre part ouvrir plus tard, en prenant le soin d’offrir des bâtiments réhabilités et fonctionnels, le cabinet Bacongo réfléchit à une solution transitoire, qui permettrait d’étaler les différentes rentrées sur plusieurs sites, de voir comment profiter des opportunités des Ntics, avec les visio-conférences, ou cours à distance sur des sites délocalisés, comment démarrer d’abord avec le minimum d’acquis, dans trois mois, tout en continuant les travaux, pendant que les étudiants vont au cours. La philosophie de cette option est ainsi résumée par un enseignant : « mettre les bouchées doubles, dans les deux mois qui viennent après avoir bouclé le financement, travailler sans relâche de jours comme de nuit ; ouvrir ce qui peut être ouvert avec les nouveaux bacheliers ; à Abidjan, Bouaké, Daloa et Korhogo. Pendant les cours, poursuivre les travaux de jour comme de nuit, pour une période de six à neuf mois, s’il n’y a pas de risques pour les étudiants et enseignants, et si la présence des étudiants ne gêne pas les chantiers.» Il faut signaler, pour être complet sur le dossier, que l’université et les enseignements étaient secoués, perturbés durant la période de la crise postélectorale qui a duré six mois. Durant donc cette période, les activités avaient tourné au ralenti. Avec la décision de fermeture prise dès le 19 avril 2011, cela fait environ un an que les universités ne fonctionnent pas. Soit à cause de la crise, soit suite à la décision de fermeture.
Charles Kouassi