Le fleuron de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire, qu’est l’Institut national polytechnique Félix Houphouët Boïgny (Inphb) de Yamoussoukro, en lambeaux a besoin de près de 8 milliards de Fcfa pour sa réhabilitation. En attendant, les étudiants doivent patienter avant d’effectuer la rentrée 2011-2012. Professeur Edmée Abouattier-Mansilla, Directeur général de l’enseignement supérieur de Côte d’Ivoire a animé mardi dernier, une conférence de presse. Objectif, donner les grandes lignes du futur de l’Institut national polytechnique Félix Houphouët Boïgny de Yamoussoukro. Crée en 1996, suite à la fusion de quatre grandes écoles, notamment, l’Ecole nationale supérieure des travaux publics (Enstp), l’Ecole nationale d’agronomie (Ensa), l’Institut national supérieur de l’enseignement technique (Inset) et l’Institut national agricole de Bouaké (Iab), cette structure avait pour ambition d’être le fleuron de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire, voire d’Afrique. Malheureusement, indique-t-elle, l’institut se trouve en déclin depuis plusieurs décennies. La mission qu’elle a conduite du 20 au 23 octobre sur les installations de l’Inphb fait apparaître que les infrastructures et les équipements qui datent, pour la plupart d’entre eux, des années 1980-1984 sont fortement dégradées, avec en toile de fond de très graves problèmes d’étanchéité avec la destruction des toitures. Elle note également l’insuffisance et la vétusté des résidences universitaires et leur surpeuplement. Elle note aussi la précarité des conditions d’hygiène dans les résidences et dans les blocs de cuisine et de restauration. Les sanitaires sont crasseux et non fonctionnels. Il y a de graves problèmes d’étanchéité et de moisissures dans les chambres et les douches. A cela, s’ajoute le mauvais état du mobilier, les murs et le délabrement des sols. De la qualité des enseignements et de la recherche, Professeur Edmée Abouattier-Mansilla, qui occupe ce poste depuis 2007 indique que ces écoles qui, naguère faisaient la fierté de la Côte d’Ivoire, ne sont que l’ombre d’elles-mêmes. A ce niveau, elle note une déliquescence des laboratoires et la désaffection des ateliers. Sans toutefois oublier le délabrement des salles de Tp et Td, l’insuffisance du matériel didactique et l’inexistence ou le caractère obsolète des équipements, obligeant ainsi, les enseignants à dispenser uniquement des cours théoriques. Conséquence de cette situation, avance-t-elle, il y a une non compétitivité des étudiants sortants, le manque de visibilité des travaux de recherche, des difficultés croissantes d’insertion des diplômés et une faible présence d’étudiants étrangers. S’agissant du personnel enseignant et des effectifs des étudiants, la situation ne semble guère rose. La conférencière mentionne que le nombre d’enseignants est de 365 pour un effectif de 3540 étudiants, alors que le ratio enseignant/étudiant est de 1/11. Elle explique malgré tout, que ce n’est qu’une infime partie de ce personnel enseignant qui travaille. Elle relève qu’aujourd’hui, 157 enseignants chercheurs et 188 membres du personnel administratif sont au contentieux. Parce que sans matricule et ne figurent sur aucune liste du ministère de la Fonction publique. A l’analyse indique-t-elle, ces difficultés ne peuvent résulter des seuls problèmes financiers. Elles dénotent, selon elle, d’un problème évident de management de cette institution. En effet, cette école est dirigée par M. Ado Gossan. Il est assisté d’un directeur général adjoint et d’un Secrétaire général qui coordonne l’administration. Le Professeur Ado Gossan, absent du pays, Mme Edmée a annoncé de façon voilée, la révocation de ce dernier. Nous allons dit-elle, mettre en place dans l’immédiat, une nouvelle administration par la nomination d’un directeur général qui sera sélectionné par appel à candidatures. Il sera tenu aux résultats et sera lié par un contrat à l’Etat. Elle entend aussi définir des critères de sélection plus rigoureux des candidats à l’entrée en classes préparatoires et en première année des classes d’ingénieur. Elle entend aussi organiser les concours d’entrée sur la base de procédures bien identifiées et transparentes, tout en évitant les recrutements parallèles. Car, elle explique que pour 900 étudiants annoncés, ils se retrouvent à 1000. Cependant, avant d’arriver là, la directrice cherche la bagatelle de 2,5 milliards de Fcfa sur un budget de 8 milliards de Fcfa pour effectuer les travaux urgents, pour dit-elle améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants, des enseignants-chercheurs, ainsi que des personnels administratifs et techniques. En ce qui concerne la rentrée scolaire, les étudiants doivent encore attendre. Elle se fera dit-elle après les travaux de réhabilitation. Egalement, elle prévoit un audit général, afin de proposer un plan stratégique de développement de l’institut. Car, selon elle, la réorganisation nécessite au moins une période de cinq ans. «L’Inphb est appelé à redevenir un pôle d’excellence régional pour la formation supérieure et la recherche en technologie avancée, le noyau de la technopole de Yamoussoukro», conclut-elle.
Joseph Atoumgbré (attjoseph@yahoo.fr)
Joseph Atoumgbré (attjoseph@yahoo.fr)