Konan Angaman Jean-Baptiste est un Ivoirien qui s’est installé depuis 2005 en Guinée Equatoriale où il exerce comme consultant auprès de grosses entreprises. Il séjourne en Côte d’Ivoire depuis la fin de crise postélectorale pour partager avec ses compatriotes l’espoir d’un nouvel ordre de développement. Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, il parle de son pays d’adoption et porte un regard, sur l’actualité nationale qu’il suit avec intérêt.
Comment vous êtes-vous retrouvé en Guinée Equatoriale?
Je suis du milieu maritime de formation et j'ai débuté ce métier à Sitram-Paris. Ensuite, j'ai suivi la représentation de cette compagnie qui était logée, en son temps, à la Défense. De là, je me suis retrouvé à la Société ivoirienne des transports et agenciers (Sisa) où j'ai passé 7 ans. J'ai ensuite suivi une formation au gouvernement qui m'a ouvert les portes de la Dg7 qui est la Direction Générale des transports maritimes et shipping à Bruxelles. Après le coup d'Etat de 1999, le nouveau pouvoir a résilié mon contrat, à ma demande. Et je suis donc parti pour me retrouver chez Bolloré. Le vice-président de Delmas, M. Hervé, a fait de moi son assistant en France. Je suis resté dans cette structure jusqu'en 2004. En 2005, mon ami, l'actuel ministre de l'Agriculture de la République de Guinée Equatoriale, m'a sollicité pour aller faire des affaires dans son pays. C'est ainsi que je me suis retrouvé au groupe Comium. Etant donné que la Guinée Equatoriale est un petit pays, les choses n'ont pas décollé comme je le souhaitais. C'est ainsi que je me suis érigé en consultant. C’est à dire que j’introduisais de l'expertise dans plusieurs sociétés pour le compte de ce pays. J’ai d'ailleurs à mon actif, la mise en évidence de l'entreprise Loyale Assurance et une autre société camerounaise relevant du domaine pétrolier.
En dehors de l'intermédiation, avez-vous d’autres activités ?
Comme je l'ai dit tantôt, je suis consultant de plusieurs sociétés qui évoluent dans divers domaines d'activités en Guinée Equatoriale.
Quelles sont les opportunités d'affaires qui peuvent s'offrir à un quelqu'un qui veut aller travailler dans ce pays ?
Pour y faire des affaires ou y travailler et s'en sortir à bon compte, il faut avoir une formation et jouir d'au moins une expérience de 5 ans. Si vous remplissez ces critères, vous pouvez vous lancer dans les secteurs des infrastructures portuaires, du bâtiment, du traçage et du développement des routes.
Qu'est-ce que la Côte d’Ivoire peut tirer comme profit des échanges avec la Guinée Equatoriale ?
Notre chance en Côte d'Ivoire, c'est que nous avons le Bureau national d’étude technique et de développement, Bnetd, qui se trouve dans le pays. Cela est renforcé par l'expertise que les expatriés ivoiriens exerçant dans les grandes entreprises comme Bouygues ou de grosses sociétés réputées dans le traçage des tronçons routiers pourraient apporter à leur pays. Sans oublier ceux qui exercent dans le bâtiment qui mènent les affaires.
La somme d'expérience que vous avez au niveau de la consultance en Guinée Equatoriale fait de vous une personne de terrain, aguerrie et bien introduite dans le milieu des affaires. De ce point de vue, qu'est-ce que vous pouvez apporter à la Côte d’Ivoire?
Communément, l'on dit qu'il est préférable de dire, qu'est-ce que j'ai apporté à mon pays et non qu'est-ce que mon pays m'a apporté. Je suis de nature discrète. Mais, des politiciens et des opérateurs économiques savent ce que j'ai fait pour mon pays. Ce, sur tous les plans.
La Côte d'Ivoire sort d'une crise qui l'a beaucoup éprouvée. Pour se remettre sur les rails du développement, selon vous, quels sont les secteurs que l'Etat doit prioriser ?
Je pense qu'il faut booster la santé publique et surtout l'école ivoirienne. Il faut redonner à cette dernière son lustre d'antan. A cet effet, j'invite les autorités à poser des actions de nature à sortir ce fleuron de l'enseignement et de la formation de l'état comateux dans lequel elle se trouve présentement. A côté de cette action, l'Etat doit s'atteler à la promotion et à la mise à la disposition des couches moins loties financièrement de logements sociaux. Sans oublier la création d'emplois pour l'insertion des jeunes diplômés dans le tissu socio-économique.
Dans le cadre de la relance en cours, avec votre expertise, dans quel domaine aimeriez-vous évoluer si l'Etat ivoirien vous sollicitait ?
Je serais heureux d'exercer dans le domaine économique ou dans la sphère diplomatique.
Vous parliez tantôt de la nécessité de réveiller le système éducatif ivoirien. De l'extérieur, quel est le jugement qui est porté sur la qualité de l'enseignement de notre pays.
Au risque de vous décevoir, la note attribuée à l'école ivoirienne, au delà de nos frontières, est zéro sur vingt. En ce sens qu'on pense que l'on n'a pas besoin d'un diplôme dans ce pays pour occuper un poste de responsabilité. Il faut seulement avoir le bras long, comme le dit familièrement. A cela se greffe même la qualité de l'enseignement et de la formation. Tout cela doit changer.
Au sortir de la crise postélectorale, le président Alassane Ouattara a fait de la réconciliation nationale l'une de ses priorités. En tant que fils de ce pays, quel message lancez-vous à l'endroit de vos concitoyens pour la réussite de cette mission capitale ?
Je demande aux Ivoiriens de pardonner comme on pardonne à la mort. Il faut que mes frères acceptent de tourner cette page douloureuse de notre pays. Ce, pour aider le président élu à faire de la Côte d'Ivoire un pays émergent. En un mot, il faut que cette réconciliation soit vraie, celle qui vient du cœur, contrairement au forum de la réconciliation qui a été un échec patent.
L'actualité du moment, ce sont les élections législatives qui arrivent à grands pas. Ce seront encore des moments de tension.
Je suis un sympathisant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Pdci. A cet effet, j’enjoins le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, Rhdp, à jouer franc-jeu. D'éviter, comme cela se dessine à l'horizon, de pistonner des candidats déjà en poste. Il faut également éviter les candidatures indépendantes pour ne pas handicaper le Rhdp. Je propose donc que les candidats soient choisis si on est sûr qu'ils ont des chances de gagner dans leurs circonscriptions et non choisis sur la base du copinage.
Au football, la Côte d'ivoire caracole en tête du classement Fifa en Afrique. Et jouit d'un rang honorable au niveau mondial. L’équipe nationale se prépare pour la coupe d’Afrique qui doit se tenir en janvier, en Guinée Equatoriale et au Gabon. Comment évaluez-vous les chances des Eléphants ?
Pour avoir eu pour père un footballeur en la personne de Konan Henry dit Zambla, je conseille aux “pachydermes” de respecter, avant tout, les adversaires. Et aussi d'aborder les rencontres avec hargne. Même s'ils ont les faveurs des pronostics, les autres pays ne vont pas en victimes résignées mais pour gagner la coupe également. Je tiens par ailleurs à dire au ministre Légré d'accorder la place aux jeunes pousses qui veulent faire leurs preuves. Ce rajeunissement de l'effectif ivoirien favorisera la transition entre les joueurs qui entrent et ceux qui sont vieillissants. Ce, afin d'éviter le sort des grandes équipes comme le Cameroun et le Nigéria, à la traine, parce que n'ayant pas assuré la relève.
Votre pays d'adoption, la Guinée Equatoriale, est l'un des pays organisateurs de la Can 2012. Comment la population vit-elle cet évènement ?
La population est très enthousiaste et motivée derrière son équipe nationale. Elle croit en la chance de son représentant dans la mesure où celui-ci a des joueurs qui évoluent dans le championnat espagnol. Cette équipe n'éprouve d'ailleurs aucun complexe devant les Eléphants, classés parmi les grands favoris.
Après l'équipe nationale, quel jugement portez-vous sur le niveau du championnat ivoirien ?
Contrairement au passé où les gradins étaient, lors de tous les matches, archi-combles, présentement, les équipes jouent devant des tribunes presque vides. Cela dénote de l'absence de véritables artistes qui enflammaient les stades, à l'image de Ben Badi, Gadji Celi, Aka Kouamé et consorts. J'ai tout de même grand espoir avec l'arrivée de Sidy Diallo à la tête de la Fédération ivoirienne de football. Dans son programme de campagne, il avait promis de booster le championnat avec des infrastructures de qualité. Attendons donc de voir.
Réalisée par Ulrich Mouahet
Dossier/ Bouaké, rentrée des classes
Difficile démarrage dans les ex-zones Cno
Après dix années de troubles sociopolitiques, l’école peine à redécoller dans les ex-zones Cno où tout est presque à reprendre.
L’école qui a connu des perturbations dans les ex-zones Centre, Nord et Ouest (Cno), durant une décennie de troubles sociopolitiques, peine à sortir de sa léthargie, aussi bien au niveau du primaire, du secondaire que du supérieur. Nombreuses sont les raisons qui expliquent la situation de sommeil dans laquelle se trouve l’école ivoirienne en zone ex-Cno, notamment la destruction des infrastructures scolaires (le lycée jeunes filles, le lycée technique, le lycée professionnel de Man et d’Odienné…), le caractère vétuste de celles sauvegardées, la détérioration du niveau d’étude des élèves et l’absentéisme des gestionnaires du système éducatif dans ces zones. Au dire de certains responsables de l’école rencontrés, ce fait dénote de l’insuffisance d’implication véritable des autorités gouvernementales et locales dans l’amélioration et le bon fonctionnement du système éducatif dans ces zones, durant cette période, malgré les efforts fournis. Aussi, la paupérisation étant devenue croissante, l’on a assisté à une forme de démission parentale tant dans le suivi des enfants que dans la déscolarisation de certains d’entre eux. A cela s’ajoute la mauvaise gestion de l’école imputée au Coges, avec les cotisations abusives exigées aux parents d’élèves, et le non respect de la gratuité d’inscription pour les classes du cours préparatoire 1 (CP1)
5000 Fcfa pour s’inscrire au Cp1
Les parents devant inscrire les enfants au CP1 se voient contraints à payer la somme de 5000 FCFA comme frais d’inscription, ce qui est contraire à la politique de gratuité d’inscription pour ce niveau de classe. L’exemple type est celui de M. Diallo qui a payé la somme de 5000 FCFA comme frais d’inscription de son fils, au groupe scolaire annexe sis au quartier Sokoura. Pour cette année scolaire et universitaire 2011-2012, sous l’ère de la normalité, malgré la volonté politique des nouvelles autorités gouvernementales de redorer son blason fortement terni ces dernières années, l’école connaît une timide reprise dans les zones ex-Cno.
La grogne des enseignants volontaires
Depuis quelques temps, les différents mouvements et coordinations d’enseignants volontaires, notamment le Mouvement des enseignants volontaires de Côte d’Ivoire (Mevci), la Coordination des enseignants volontaires non intégrés de Côte d’Ivoire (Cevnici), la Coordination nationale des ex-enseignants volontaires Côte d’Ivoire (Cneevci) ne cessent de menacer l’année scolaire, si toutefois leurs revendications (délivrance des numéros matricules, prime de 1.800.000.000 FCFA) ne connaissent pas un dénouement définitif, avant la fin de l’année 2011. Ceux-ci multiplient des déclarations, des meetings et sit-in de protestation dans ce sens, de jours en jours.
Tandis que l’Ouest attend des enseignants
Dans l’Ouest, le manque et/ ou l’insuffisance d’enseignants fait que certaines classes sont tenues par des enseignants peu qualifiés (tant au primaire qu’au secondaire), selon certains témoins. Avec la persistance de la crise postélectorale dans la région, l’on a observé le départ d’un important nombre d’enseignants, rendant ainsi la situation préoccupante, à en croire nos sources. Aussi les populations de ces zones, à majorité commerçantes, sont-elles confrontées à des difficultés financières liées au bouleversement survenu avec la mise en application de l’opération de déguerpissement entreprise par le ministère de la Salubrité urbaine, dans le cadre de l’opération ‘‘pays propre’’. ‘‘On a des problèmes cette année avec la rentrée parce qu’on est préoccupé par réfection de nos magasins qui ont été détruits avec l’opération ‘‘pays propre’’. Sans notre activité de commerce, on ne peut pas faire face aux dépenses liées à l’école’’, a fait savoir dame Kouyaté, commerçante de pagnes. ‘‘Actuellement, on ne peut pas parler d’école parce qu’on a des problèmes même pour se nourrir, et avec cette casse des magasins, on est vraiment perturbée’’, a renchéri M. Koné, commerçant de pièces détachées d’engins, désemparé par cette situation.
Le difficile défi à relever au niveau universitaire
Au niveau universitaire, l’heure n’est pas à la rentrée académique 2011-2012, mais plutôt au rattrapage des années perdues et à l’achèvement de celle en cours, selon le chef adjoint du service de la scolarité de l’université de Bouaké, Koné Ouamourou. ‘‘Nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour achever les cours pour les étudiants de 2007-2008 et puis faire en sorte de rattraper ce qui peut l’être afin que nous ayons une rentrée universitaire unique, c’est-à-dire éviter que les années se chevauchent’’, a indiqué le chef adjoint de la scolarité de l’université de Bouaké. Selon lui, tout est presqu’à refaire à l’université de Bouaké, notamment la reconstruction de l’université sur ses bases originelles (à l’entrée de Bouaké, en provenance d’Abidjan), la réhabilitation du campus 1 et des autres sites (le collège Mohamed V, le collège Henri Poincaré, le Collège adventiste, l’Infas de Bouaké etc.) devant accueillir les 12000 à 13000 étudiants de l’université de Bouaké à Abidjan, le redéploiement de l’administration de l’université qui tarde à se faire. ‘‘L’université de Bouaké a une capacité d’accueil très insuffisante et le campus 1 ne saurait, à 100% couvrir les besoins actuels’’, a fait savoir M. Koné, en demeurant toutefois convaincu que tout sera mis en œuvre par les autorités universitaires et gouvernementales afin de redonner à l’université de Bouaké toutes ses lettres de noblesse. ‘‘Au dire des spécialistes, les travaux de réhabilitation sont réalisés à 70% et cela nous donne bon espoir. La dernière visite du président de l’université de Bouaké et de la délégation du ministère de l’Enseignement supérieur a suscité également beaucoup d’espoir car un vaste programme de remise sur pied de l’université est en cours d’exécution’’, a-t-il conclu. Ce n’est pas le cas à Korhogo où les travaux de construction de l’université (Ures) sont encore en suspens et ce, depuis le déclenchement de la crise de septembre 2002.
DH DE BRAZZA
(Correspondant régional)
Bouaké, Man, Korhogo…., mission impossible…
Que de renforts publicitaires pour annoncer le retour de l’administration éducative dans les zones anciennement sous occupation de l’ex-rébellion ! Prévue pour ouvrir ses portes après plus de dix ans d’absence à Bouaké, l’université délocalisée à Abidjan n’a pu tenir ses promesses. Des étudiants attendent sur le quai, à l’instar de leurs camarades d’Abidjan. Ne sachant plus à qui s’adresser, les étudiants de Bouaké se tournent les pouces et sont gagnés par l’oisiveté face à un temple du savoir en état de vétusté avancée. Un rattrapage des interminables années académiques s’impose pour les rassurer. Quand les structures d’accueil laissent à désirer, malgré les mesures palliatives. Le Campus 2 n’existe plus que de nom. Les bancs des amphithéâtres et les cités universitaires ont fait place à la broussaille. Les plus petits ne sont pas à l’abri. Des cotisations au-delà des normes nationales sont prélevées, au grand dam du ministère de l’Education nationale. Derrière le « mur de Berlin », tout se déroule au mépris de l’unicité des caisses de l’Etat et de la fin de la belligérance. Les enseignants pris sur le tas pour sauver les classes dans le feu de la crise n’en veulent plus et exigent leur immatriculation, donc leur intégration dans la fonction publique. Tandis que, paradoxalement, l’Ouest du pays se vide de ses enseignants, les élèves abandonnés à leur propre sort. Et tout porte à croire que la mission n’est pas aisée pour les ministères impliqués dans l’éducation des Ivoiriens dans cette partie du pays où parents d’élèves, élèves et étudiants croisent les doigts.
BORIS NGOTTA
Comment vous êtes-vous retrouvé en Guinée Equatoriale?
Je suis du milieu maritime de formation et j'ai débuté ce métier à Sitram-Paris. Ensuite, j'ai suivi la représentation de cette compagnie qui était logée, en son temps, à la Défense. De là, je me suis retrouvé à la Société ivoirienne des transports et agenciers (Sisa) où j'ai passé 7 ans. J'ai ensuite suivi une formation au gouvernement qui m'a ouvert les portes de la Dg7 qui est la Direction Générale des transports maritimes et shipping à Bruxelles. Après le coup d'Etat de 1999, le nouveau pouvoir a résilié mon contrat, à ma demande. Et je suis donc parti pour me retrouver chez Bolloré. Le vice-président de Delmas, M. Hervé, a fait de moi son assistant en France. Je suis resté dans cette structure jusqu'en 2004. En 2005, mon ami, l'actuel ministre de l'Agriculture de la République de Guinée Equatoriale, m'a sollicité pour aller faire des affaires dans son pays. C'est ainsi que je me suis retrouvé au groupe Comium. Etant donné que la Guinée Equatoriale est un petit pays, les choses n'ont pas décollé comme je le souhaitais. C'est ainsi que je me suis érigé en consultant. C’est à dire que j’introduisais de l'expertise dans plusieurs sociétés pour le compte de ce pays. J’ai d'ailleurs à mon actif, la mise en évidence de l'entreprise Loyale Assurance et une autre société camerounaise relevant du domaine pétrolier.
En dehors de l'intermédiation, avez-vous d’autres activités ?
Comme je l'ai dit tantôt, je suis consultant de plusieurs sociétés qui évoluent dans divers domaines d'activités en Guinée Equatoriale.
Quelles sont les opportunités d'affaires qui peuvent s'offrir à un quelqu'un qui veut aller travailler dans ce pays ?
Pour y faire des affaires ou y travailler et s'en sortir à bon compte, il faut avoir une formation et jouir d'au moins une expérience de 5 ans. Si vous remplissez ces critères, vous pouvez vous lancer dans les secteurs des infrastructures portuaires, du bâtiment, du traçage et du développement des routes.
Qu'est-ce que la Côte d’Ivoire peut tirer comme profit des échanges avec la Guinée Equatoriale ?
Notre chance en Côte d'Ivoire, c'est que nous avons le Bureau national d’étude technique et de développement, Bnetd, qui se trouve dans le pays. Cela est renforcé par l'expertise que les expatriés ivoiriens exerçant dans les grandes entreprises comme Bouygues ou de grosses sociétés réputées dans le traçage des tronçons routiers pourraient apporter à leur pays. Sans oublier ceux qui exercent dans le bâtiment qui mènent les affaires.
La somme d'expérience que vous avez au niveau de la consultance en Guinée Equatoriale fait de vous une personne de terrain, aguerrie et bien introduite dans le milieu des affaires. De ce point de vue, qu'est-ce que vous pouvez apporter à la Côte d’Ivoire?
Communément, l'on dit qu'il est préférable de dire, qu'est-ce que j'ai apporté à mon pays et non qu'est-ce que mon pays m'a apporté. Je suis de nature discrète. Mais, des politiciens et des opérateurs économiques savent ce que j'ai fait pour mon pays. Ce, sur tous les plans.
La Côte d'Ivoire sort d'une crise qui l'a beaucoup éprouvée. Pour se remettre sur les rails du développement, selon vous, quels sont les secteurs que l'Etat doit prioriser ?
Je pense qu'il faut booster la santé publique et surtout l'école ivoirienne. Il faut redonner à cette dernière son lustre d'antan. A cet effet, j'invite les autorités à poser des actions de nature à sortir ce fleuron de l'enseignement et de la formation de l'état comateux dans lequel elle se trouve présentement. A côté de cette action, l'Etat doit s'atteler à la promotion et à la mise à la disposition des couches moins loties financièrement de logements sociaux. Sans oublier la création d'emplois pour l'insertion des jeunes diplômés dans le tissu socio-économique.
Dans le cadre de la relance en cours, avec votre expertise, dans quel domaine aimeriez-vous évoluer si l'Etat ivoirien vous sollicitait ?
Je serais heureux d'exercer dans le domaine économique ou dans la sphère diplomatique.
Vous parliez tantôt de la nécessité de réveiller le système éducatif ivoirien. De l'extérieur, quel est le jugement qui est porté sur la qualité de l'enseignement de notre pays.
Au risque de vous décevoir, la note attribuée à l'école ivoirienne, au delà de nos frontières, est zéro sur vingt. En ce sens qu'on pense que l'on n'a pas besoin d'un diplôme dans ce pays pour occuper un poste de responsabilité. Il faut seulement avoir le bras long, comme le dit familièrement. A cela se greffe même la qualité de l'enseignement et de la formation. Tout cela doit changer.
Au sortir de la crise postélectorale, le président Alassane Ouattara a fait de la réconciliation nationale l'une de ses priorités. En tant que fils de ce pays, quel message lancez-vous à l'endroit de vos concitoyens pour la réussite de cette mission capitale ?
Je demande aux Ivoiriens de pardonner comme on pardonne à la mort. Il faut que mes frères acceptent de tourner cette page douloureuse de notre pays. Ce, pour aider le président élu à faire de la Côte d'Ivoire un pays émergent. En un mot, il faut que cette réconciliation soit vraie, celle qui vient du cœur, contrairement au forum de la réconciliation qui a été un échec patent.
L'actualité du moment, ce sont les élections législatives qui arrivent à grands pas. Ce seront encore des moments de tension.
Je suis un sympathisant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Pdci. A cet effet, j’enjoins le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, Rhdp, à jouer franc-jeu. D'éviter, comme cela se dessine à l'horizon, de pistonner des candidats déjà en poste. Il faut également éviter les candidatures indépendantes pour ne pas handicaper le Rhdp. Je propose donc que les candidats soient choisis si on est sûr qu'ils ont des chances de gagner dans leurs circonscriptions et non choisis sur la base du copinage.
Au football, la Côte d'ivoire caracole en tête du classement Fifa en Afrique. Et jouit d'un rang honorable au niveau mondial. L’équipe nationale se prépare pour la coupe d’Afrique qui doit se tenir en janvier, en Guinée Equatoriale et au Gabon. Comment évaluez-vous les chances des Eléphants ?
Pour avoir eu pour père un footballeur en la personne de Konan Henry dit Zambla, je conseille aux “pachydermes” de respecter, avant tout, les adversaires. Et aussi d'aborder les rencontres avec hargne. Même s'ils ont les faveurs des pronostics, les autres pays ne vont pas en victimes résignées mais pour gagner la coupe également. Je tiens par ailleurs à dire au ministre Légré d'accorder la place aux jeunes pousses qui veulent faire leurs preuves. Ce rajeunissement de l'effectif ivoirien favorisera la transition entre les joueurs qui entrent et ceux qui sont vieillissants. Ce, afin d'éviter le sort des grandes équipes comme le Cameroun et le Nigéria, à la traine, parce que n'ayant pas assuré la relève.
Votre pays d'adoption, la Guinée Equatoriale, est l'un des pays organisateurs de la Can 2012. Comment la population vit-elle cet évènement ?
La population est très enthousiaste et motivée derrière son équipe nationale. Elle croit en la chance de son représentant dans la mesure où celui-ci a des joueurs qui évoluent dans le championnat espagnol. Cette équipe n'éprouve d'ailleurs aucun complexe devant les Eléphants, classés parmi les grands favoris.
Après l'équipe nationale, quel jugement portez-vous sur le niveau du championnat ivoirien ?
Contrairement au passé où les gradins étaient, lors de tous les matches, archi-combles, présentement, les équipes jouent devant des tribunes presque vides. Cela dénote de l'absence de véritables artistes qui enflammaient les stades, à l'image de Ben Badi, Gadji Celi, Aka Kouamé et consorts. J'ai tout de même grand espoir avec l'arrivée de Sidy Diallo à la tête de la Fédération ivoirienne de football. Dans son programme de campagne, il avait promis de booster le championnat avec des infrastructures de qualité. Attendons donc de voir.
Réalisée par Ulrich Mouahet
Dossier/ Bouaké, rentrée des classes
Difficile démarrage dans les ex-zones Cno
Après dix années de troubles sociopolitiques, l’école peine à redécoller dans les ex-zones Cno où tout est presque à reprendre.
L’école qui a connu des perturbations dans les ex-zones Centre, Nord et Ouest (Cno), durant une décennie de troubles sociopolitiques, peine à sortir de sa léthargie, aussi bien au niveau du primaire, du secondaire que du supérieur. Nombreuses sont les raisons qui expliquent la situation de sommeil dans laquelle se trouve l’école ivoirienne en zone ex-Cno, notamment la destruction des infrastructures scolaires (le lycée jeunes filles, le lycée technique, le lycée professionnel de Man et d’Odienné…), le caractère vétuste de celles sauvegardées, la détérioration du niveau d’étude des élèves et l’absentéisme des gestionnaires du système éducatif dans ces zones. Au dire de certains responsables de l’école rencontrés, ce fait dénote de l’insuffisance d’implication véritable des autorités gouvernementales et locales dans l’amélioration et le bon fonctionnement du système éducatif dans ces zones, durant cette période, malgré les efforts fournis. Aussi, la paupérisation étant devenue croissante, l’on a assisté à une forme de démission parentale tant dans le suivi des enfants que dans la déscolarisation de certains d’entre eux. A cela s’ajoute la mauvaise gestion de l’école imputée au Coges, avec les cotisations abusives exigées aux parents d’élèves, et le non respect de la gratuité d’inscription pour les classes du cours préparatoire 1 (CP1)
5000 Fcfa pour s’inscrire au Cp1
Les parents devant inscrire les enfants au CP1 se voient contraints à payer la somme de 5000 FCFA comme frais d’inscription, ce qui est contraire à la politique de gratuité d’inscription pour ce niveau de classe. L’exemple type est celui de M. Diallo qui a payé la somme de 5000 FCFA comme frais d’inscription de son fils, au groupe scolaire annexe sis au quartier Sokoura. Pour cette année scolaire et universitaire 2011-2012, sous l’ère de la normalité, malgré la volonté politique des nouvelles autorités gouvernementales de redorer son blason fortement terni ces dernières années, l’école connaît une timide reprise dans les zones ex-Cno.
La grogne des enseignants volontaires
Depuis quelques temps, les différents mouvements et coordinations d’enseignants volontaires, notamment le Mouvement des enseignants volontaires de Côte d’Ivoire (Mevci), la Coordination des enseignants volontaires non intégrés de Côte d’Ivoire (Cevnici), la Coordination nationale des ex-enseignants volontaires Côte d’Ivoire (Cneevci) ne cessent de menacer l’année scolaire, si toutefois leurs revendications (délivrance des numéros matricules, prime de 1.800.000.000 FCFA) ne connaissent pas un dénouement définitif, avant la fin de l’année 2011. Ceux-ci multiplient des déclarations, des meetings et sit-in de protestation dans ce sens, de jours en jours.
Tandis que l’Ouest attend des enseignants
Dans l’Ouest, le manque et/ ou l’insuffisance d’enseignants fait que certaines classes sont tenues par des enseignants peu qualifiés (tant au primaire qu’au secondaire), selon certains témoins. Avec la persistance de la crise postélectorale dans la région, l’on a observé le départ d’un important nombre d’enseignants, rendant ainsi la situation préoccupante, à en croire nos sources. Aussi les populations de ces zones, à majorité commerçantes, sont-elles confrontées à des difficultés financières liées au bouleversement survenu avec la mise en application de l’opération de déguerpissement entreprise par le ministère de la Salubrité urbaine, dans le cadre de l’opération ‘‘pays propre’’. ‘‘On a des problèmes cette année avec la rentrée parce qu’on est préoccupé par réfection de nos magasins qui ont été détruits avec l’opération ‘‘pays propre’’. Sans notre activité de commerce, on ne peut pas faire face aux dépenses liées à l’école’’, a fait savoir dame Kouyaté, commerçante de pagnes. ‘‘Actuellement, on ne peut pas parler d’école parce qu’on a des problèmes même pour se nourrir, et avec cette casse des magasins, on est vraiment perturbée’’, a renchéri M. Koné, commerçant de pièces détachées d’engins, désemparé par cette situation.
Le difficile défi à relever au niveau universitaire
Au niveau universitaire, l’heure n’est pas à la rentrée académique 2011-2012, mais plutôt au rattrapage des années perdues et à l’achèvement de celle en cours, selon le chef adjoint du service de la scolarité de l’université de Bouaké, Koné Ouamourou. ‘‘Nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour achever les cours pour les étudiants de 2007-2008 et puis faire en sorte de rattraper ce qui peut l’être afin que nous ayons une rentrée universitaire unique, c’est-à-dire éviter que les années se chevauchent’’, a indiqué le chef adjoint de la scolarité de l’université de Bouaké. Selon lui, tout est presqu’à refaire à l’université de Bouaké, notamment la reconstruction de l’université sur ses bases originelles (à l’entrée de Bouaké, en provenance d’Abidjan), la réhabilitation du campus 1 et des autres sites (le collège Mohamed V, le collège Henri Poincaré, le Collège adventiste, l’Infas de Bouaké etc.) devant accueillir les 12000 à 13000 étudiants de l’université de Bouaké à Abidjan, le redéploiement de l’administration de l’université qui tarde à se faire. ‘‘L’université de Bouaké a une capacité d’accueil très insuffisante et le campus 1 ne saurait, à 100% couvrir les besoins actuels’’, a fait savoir M. Koné, en demeurant toutefois convaincu que tout sera mis en œuvre par les autorités universitaires et gouvernementales afin de redonner à l’université de Bouaké toutes ses lettres de noblesse. ‘‘Au dire des spécialistes, les travaux de réhabilitation sont réalisés à 70% et cela nous donne bon espoir. La dernière visite du président de l’université de Bouaké et de la délégation du ministère de l’Enseignement supérieur a suscité également beaucoup d’espoir car un vaste programme de remise sur pied de l’université est en cours d’exécution’’, a-t-il conclu. Ce n’est pas le cas à Korhogo où les travaux de construction de l’université (Ures) sont encore en suspens et ce, depuis le déclenchement de la crise de septembre 2002.
DH DE BRAZZA
(Correspondant régional)
Bouaké, Man, Korhogo…., mission impossible…
Que de renforts publicitaires pour annoncer le retour de l’administration éducative dans les zones anciennement sous occupation de l’ex-rébellion ! Prévue pour ouvrir ses portes après plus de dix ans d’absence à Bouaké, l’université délocalisée à Abidjan n’a pu tenir ses promesses. Des étudiants attendent sur le quai, à l’instar de leurs camarades d’Abidjan. Ne sachant plus à qui s’adresser, les étudiants de Bouaké se tournent les pouces et sont gagnés par l’oisiveté face à un temple du savoir en état de vétusté avancée. Un rattrapage des interminables années académiques s’impose pour les rassurer. Quand les structures d’accueil laissent à désirer, malgré les mesures palliatives. Le Campus 2 n’existe plus que de nom. Les bancs des amphithéâtres et les cités universitaires ont fait place à la broussaille. Les plus petits ne sont pas à l’abri. Des cotisations au-delà des normes nationales sont prélevées, au grand dam du ministère de l’Education nationale. Derrière le « mur de Berlin », tout se déroule au mépris de l’unicité des caisses de l’Etat et de la fin de la belligérance. Les enseignants pris sur le tas pour sauver les classes dans le feu de la crise n’en veulent plus et exigent leur immatriculation, donc leur intégration dans la fonction publique. Tandis que, paradoxalement, l’Ouest du pays se vide de ses enseignants, les élèves abandonnés à leur propre sort. Et tout porte à croire que la mission n’est pas aisée pour les ministères impliqués dans l’éducation des Ivoiriens dans cette partie du pays où parents d’élèves, élèves et étudiants croisent les doigts.
BORIS NGOTTA