Pour régler ses comptes politiques, le directeur de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti), Aka Sayé Lazare, a décidé de faire le ménage par un vaste mouvement de chômage technique à la Maison bleue sise à Cocody. Déjà jeudi, il a annoncé, au Stade de la Haute fréquence, la nouvelle : «Une grande partie du personnel sera mise en chômage technique pour deux mois renouvelables une fois, si les attentes de cette mesure ne sont pas probants…». Avant que la liste des agents mis en chômage technique pour, dit-on officiellement, raison économique, ne soit affichée, hier dans l’après-midi. Les agents concernés ont donc pris connaissance de cet état de fait. Désolation et émotion se lisaient sur le visage des nouveaux « chômeurs techniques » d’Aka Sayé Lazare. On avait l’impression que le ciel leur était tombé sur la tête et même sur la Maison de la télévision. Cette première vague de mise en chômage technique sera suivie d’une seconde dans deux mois, selon Aka Sayé Lazare. A l’en croire, c’est une injonction du Conseil d’administration, et «l’Etat soutient cette réforme en profondeur». Le chômage technique, a poursuivi l’homme fort de la Rti, ne procède pas d’une éventuelle chasse aux sorcières. Il a soutenu que les agents, objets de la mesure, ont été répertoriés par les différentes directions opérationnelles des organes de la Rti, avec la direction des ressources humaines au cœur du dispositif. Cinq critères, a indiqué M. Aka Sayé, ont guidé leur choix: les nouveaux venus (après 2009), ceux qui sont à 5 ans et moins de la retraite, les «bras cassés», c’est-à-dire les agents qui ne répondent plus aux attentes des organes, les absents chroniques et les grands malades. «Si nous aimons la Rti, nous devons accepter ce sacrifice», a-t-il justifié. Mais derrière ces raisons, se cachent une seule, la vraie : la chasse aux personnes jugées proches du président Laurent Gbagbo. Ce sont elles qui font les frais de la furia de leur nouveau patron. Ces dernières vont percevoir moitié salaire, le temps de leur chômage technique. Parmi ces travailleurs-ils sont 322, le tiers de l’effectif de la Rti-, on retrouve des noms célèbres. Notamment Fernand Dedeh, Laurence Sauthier, Guy Romain Brissi, Albéric Niango Agbassi, Rebecca Koné, Marie-Laure Aka Zakri, Yo Claude, Maxime Zobo To, Awa Ehoura, Claude Franck About, Hermann Aboa, Laurent Séri, Jérémie Ahouré, Barthélémy Inabo, Marie Claire Sèye, Adolphe Zadi, Aron Badé, Ballo Adams, Eric Boly, Guy Roger Yobouet, Eloi Picard Koré, Stéphane Sé, Edy Mosson, Patrick Nguessan, Eugénie Agoh, Brice Eugène Dagou Zouzoua, Ben Zahoui, Ange Gossé, Benson Pierre Acka, Kathy Touré, Roger Dédy, Jean Noël Béhi, Félix Brou Atché, Ange Assoukrou, Félicien Koffi, George Alain Doumouya, Ricardo Somone, Dominique Régine Thalmas Tayoro. Selon les responsables de la RTI, ces travailleurs ont jusqu’à dimanche pour ramasser leurs affaires et partir de la RTI. Ils ne peuvent y revenir qu’en cas de maladie pour se faire consulter par le médecin.
Comme quoi, le nouveau pouvoir ne badine pas avec la rancœur.
Marcellin Boguy
Comme quoi, le nouveau pouvoir ne badine pas avec la rancœur.
Marcellin Boguy