Il y a quelque chose de très collectif dans la victoire de l’Africa Sport. Son titre de champion vient rappeler à toute la famille du football ivoirien, les vertus du respect de la tradition, de l’identité d’un club. L’amour des supporters pour leur équipe, leurs couleurs, leur légende, restera toujours la matière première renouvelable d’une association sportive. L’Africa est donc, malgré son retard structurel, dans la voie droite et juste. Les couleurs vert et rouge, pour les membres associés ou les sympathisants, sont sacrées, magiques. Il ne peut y avoir de vert et de rouge frappés de l’aiglon en action sur le terrain, sans des cœurs qui battent, des esprits qui magnétisent, des corps qui soutiennent. Tout, à l’Africa, reste rattaché aux valeurs humaines, à la légende du club. Des joueurs athlétiques à la musculature impressionnante ? C’est dans la logique des choses, avec des devanciers du genre d’André Obrou, Kuyo Téa, Emile Gnahoré, Aimé Tchétché, Monguéhi Guéhi, Babaladé Ajibadé. Un milieu de terrain avec du caractère ? C’est la grande tradition, avec les Kallet, Moh, Miezan, Kabi, Maguy. Des attaquants baroudeurs ? Et l’on croit revoir les descendants des Losséni Diomandé, Lébry Manahoua, Kouamé Yao, Séry Henri, Benoit Dali, Rashidi Yékini. Un joueur à la peau mulâtre ? Et c’est la silhouette d’un Séry Magnusson ou d’un Charles Traboulsi qui transparait… De plus, à l’Africa, on veille toujours à ce qu’un visage paternel serve d’éclaireur comme Séry Wawa, Baba Joseph, Lambert Lihiri, Jean Paul Bili…à ce qu’une gloire soit reconvertie en technicien comme Gba Bernardin, Lué Rufin, Atsin Silvère, Kouassi N’Dri…à ce qu’un joueur intellectuel devienne dirigeant comme Mahamadou Sangaré. L’arrivée de Cheikh Oumar Koné comme président est tout un symbole. Pas seulement parce qu’il a des airs de Simplice Zinsou ! En rappelant un dirigeant de cœur comme Lacina Doré, en ne fermant pas la porte à un fils comme Eric Tiacoh, en nommant un passionné comme Imad Zarour au poste de vice-président, le nouveau président montre bien, qu’au-dessus de tout, il y a l’amour du club. A l’Africa, on ne se bat pas pour s’accaparer égoïstement et exclusivement la mariée. On se concurrence pour la servir. Avec le rouge (sang) et le vert (chlorophylle), il y aura toujours de la vie au sein du football ivoirien. Tant mieux pour tous !
nasserelfadel@yahoo.fr
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