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Société Publié le samedi 26 novembre 2011 | Le Mandat

Dossier / Zone Cno : Après la crise, les motos-taxis luttent pour leur suivie

© Le Mandat Par Prisca
Election présidentielle du 31 octobre 2010: La Chine offre du matériel roulant à la CEI
Vendredi 3 septembre 2010. Abidjan. Siège de la Commission électorale indépendante (CEI). Photo: une vue des motos offertes par la Chine dans le cadre de la coopération bilatérale
Le phénomène de motos-taxi né avec l’avènement de la crise militaro politique de septembre 2002 est devenu on ne peut plus incontournable dans les zones Centre, Nord et Ouest de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, la crise étant finie, le retour à la normalité se faisant donc de plus en plus apparent, pourra-t-on rompre avec ce type de transport urbain implanté au cœur des habitudes des populations desdites zone? Retour sur un phénomène qui divise les habitants de Bouaké.

Fin 2002, arrivée des motos-taxis
Les motos-taxi, arrivés vers la fin 2002, dans une situation de quasi absence de moyens de transport habituel, ont pallié l’épineux problème de déplacement que connaissaient les populations des zones Cno, les véhicules ayant été réquisitionnés par l’ex-rébellion pour assurer le déplacement de ses hommes. De Bouaké à Korhogo, de Séguéla à Man, en passant par bien d’autres localités des ex-zones assiégées, les motos-taxis ont permis de minimiser le problème de déplacement de ces populations. Et ce, jusqu’à ce jour. Bien que salutaire car assurant, pour la plupart, le transport des cas urgents, des femmes enceintes, des inhumations ou la mobilité des denrées alimentaires, en son temps, leur survie est on ne peut plus menacée, avec la normalité en vue, au regard des risques que cela comporte.

Un mal pourtant nécessaire
Nombreux sont les témoignages qui fusent de part et d’autre en ce sens. « Ils ont été d’un apport considérable. Les motos-taxis ont sauvé des vies dans les zones Cno et nul ne dira le contraire », ont témoigné la plupart des personnes approchées. Aujourd’hui encore, les chauffeurs de motos-taxis jouent un rôle déterminant en matière de transport, malgré la multiplication des moyens en présence, taxis, bus et minicars, communément appelés ‘’gbakas’’. « Les bus, les taxis et les ‘’gbakas’’ ont une heure à laquelle ils arrêtent de circuler. Ce sont les motos-taxis qui nous aident alors à nous déplacer, à certaines heures de la nuit », nous a confié un tenancier de maquis. « Je préfère emprunter les motos-taxis parce qu’ils me déposent devant chez moi. Quand il fait tard, ce sont eux qui nous conduisent à la maison et, très souvent, nous signons des contrats avec eux pour nous déplacer à tout moment », a fait savoir dame Koné, commerçante de vivriers.

Conducteurs d’engins à deux roues indisciplinés
Il n’est pas rare de constater les dégâts considérables causés par les acteurs de ce type de transport. Accidents de la circulation, complicité dans des actes de vol à mains armées et de braquage. Selon Soumahoro Youssouf, un habitant de Bouaké, ce type de transport n’est pas institué en Côte d’Ivoire. Aussi s’insurge-t-il contre les inconduites des acteurs de ce transport et les nombreux dégâts qu’ils causent. ‘‘Les motos taxi sont à la base de nombreux accidents de la circulation. Ils conduisent mal et n’ont aucune notion du code la route. La normalité étant de retour, il est temps que les autorités mettent fin à cela’’, a indiqué M. Soumahoro. En effet, la plupart des accidents de la circulation sont l’œuvre de ceux-ci, faute de maîtrise des engins et/ou d’ignorance du code de la route. De plus, les conducteurs sont souvent complices ou auteurs de braquages perpétrés contre les populations. Au regard des nombreux incidents générés par ceux-ci, les spéculations quant à leur survie en période post guerre vont bon train.

Pour ou contre la survie des motos-taxi ?
Certaines voix s’élèvent contre la survie des motos-taxis. Pour celles-ci, la situation de crise militaro politique étant finie, il n’est pas normal que leur exercice continue. Selon Mme Kamagaté, les chauffeurs de motos-taxis sont parfois des agresseurs ou sont en complicité avec des agresseurs. Ils ont certes soulagé les populations, mais il faut y mettre fin. M. Touré estime que le retrait de ces jeunes sur le terrain va augmenter le nombre de chômeurs et va accentuer le grand banditisme. « Le phénomène de motos taxis a, à un moment donné de la crise, permis de résorber le chômage des jeunes. Les retirer ne fera que provoquer un retour à ce mal. Certains nourrissent leur famille avec les bénéfices réalisés », a-t-il dit. Selon lui, il vaut mieux assainir ce milieu au lieu d’en découdre avec ses acteurs. C’est un métier noble et générateur de ressources. Il faut les amener (Ndlr : les conducteurs) à passer leur permis de conduire, à s’organiser afin qu’ils en fassent un moyen de subsistance ou de revenus, a expliqué M. Koffi. Le premier magistrat de la ville de Bouaké, M. Fanny salue le rôle indéniable joué par ce type de transport dans les débuts de la crise militaro politique. Toutefois, il a fait remarquer que sa survie n’est pas de son ressort. Seules les autorités compétentes en la matière pourront se pencher sur cette question. « Si ce type de transport devra survivre, des mesures seront certainement prises en vue de dynamiser ce secteur », a signifié le maire de Bouaké. De son côté, le président du syndicat des chauffeurs de motos-taxi de Bouaké, M. Dosso, estime que cette activité a permis de sortir plus d’un jeune du chômage. La mise en place de ce syndicat, au dire de M. Dosso, a pour but de professionnaliser le milieu, en dotant les acteurs de plus de moyens, afin de leur permettre de mieux se prendre en charge. « Les motos-taxis sont certes venus avec la crise pour pallier une situation, mais ce métier s’est, de plus en plus, ancré dans les habitudes de nos populations. Les autorités doivent voir l’aspect positif de ce métier plus tôt que de dire que cela doit disparaître avec la normalisation du pays qui est en marche », a-t-il souhaité. Dans le Nord, plus précisément à Korhogo, les acteurs se sont organisés avec l’aide des autorités locales en présence et ont le soutien des deux tiers de la population. A Bouaké, il n’est pas rare de voir des gares se créer par les chauffeurs eux-mêmes, dans tous les quartiers. On y trouve des chefs de gares qui réglementent les départs, tiennent des réunions, si nécessaire, pour la bonne marche de leur activité. La concurrence est de taille avec les autres types de transport. Pis encore, les rapports sont le plus souvent houleux avec les chauffeurs de taxis. Ceux-ci ne manquent pas d’afficher leur ressentiment à l’égard des motos-taxis. Une chose est sûre, c’est que les motos-taxis continuent de servir dans les ex-zones assiégées.
DH DE BRAZZA
(Correspondant régional)

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