Les autorités expliquent le choix de la réouverture de l’université en septembre ou octobre 2012, annoncée par le président de la République lors de sa visite au Togo.
Les nuages commençaient à s’épaissir. Les parents commençaient à être désorientés avec la nouvelle date de l’ouverture de l’université : septembre ou octobre 2012, avait dit le président de la République, Alassane Ouattara aux étudiants, lors de sa visite au Togo le 15 novembre. Cette information a donné libre cours aux commentaires. La presse proche du Fpi n’a pas hésité à parler de « génocide » intellectuel pour qualifier cette décision. Une source proche de l’université avait été claire : «Il ne sert à rien d’ouvrir dans la précipitation les universités pour nous retrouver, quelque temps plus tard, confrontés aux mêmes préoccupations. Il ne faut pas faire du saupoudrage. Si c’est le prix à payer, mieux vaut le faire pour que l’université, une fois pour de bon, reparte sur de nouvelles bases», a-t-elle soutenu. Dans le milieu des enseignants, on n’apprécie guère ces vacances forcées. «Des étudiants feront deux à trois années blanches, selon le cas. Ce sont trois générations de bacheliers qui vont attendre l’année prochaine», s’est plaint le Pr Traoré Flavien, porte-parole de la Coordination nationale des enseignants du supérieur et chercheur (Cnec) dans les colonnes de «L’Intelligent d’Abidjan ». Puis d’ajouter : « Au niveau des enseignants, ceux qui font la recherche à partir des salles sont pénalisés. Cette situation ne nous permet pas d’avancer en grade. D’autant qu’au niveau du Cames, on tient compte du volume horaire des cours dispensés, pour nous évaluer ». Mais il y a de nombreux problèmes en suspens. Il est clair que la date d’ouverture de l’université va causer de nombreux désagréments aux parents et aux étudiants, mais il faut que les autorités communiquent suffisamment sur la question afin que leur décision soit comprise. A défaut de le faire ouvertement, certaines langues commencent à se délier du coté du ministère de l’Enseignement supérieur. Elles expliquent que la prochaine rentrée universitaire pourrait avoir lieu le 3 septembre 2012, dans toutes les universités et grandes écoles publiques, pour déboucher, à terme, sur des années académiques harmonisées. Ces sources soutiennent en substance que suite à la fermeture des Universités de Cocody et d’Abobo-Adjamé le 19 avril, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a initié, au lendemain de la formation du gouvernement, le 1er juin 2011, différentes actions relatives à la gouvernance des universités publiques, tout spécialement. «Ces actions visent à créer, aux plans administratif, académique, socioculturel et sportif, un nouvel environnement, propice à une formation supérieure de qualité et en adéquation avec l’emploi. Partant, elles s’inscrivent dans le cadre de la préparation efficiente de la prochaine rentrée universitaire, qui doit marquer le retour à des années académiques régulières et conformes aux normes internationales », soutient une des sources.
Contexte
Une seconde source affirme que jusqu’au dénouement de la crise postélectorale, les universités publiques de Côte d’Ivoire étaient toutes minées par plusieurs maux dont les plus marquants sont : l’insuffisance des capacités d’accueil, au regard d’effectifs pléthoriques, croissant d’année en année ; la succession d’années blanches qui ne disent pas leurs noms ; les graves difficultés académiques, administratives et financières. Revenant sur l’insuffisance des capacités d’accueil, la source cite l’université de Cocody qui accueillait, selon les chiffres de la scolarité centrale, un effectif de 55 850 étudiants en 2009, pour une capacité d’accueil de 15 000 étudiants. Traitant de la succession des années blanches, le spécialiste atteste que depuis environ une dizaine d’années, les universités, dans leur fonctionnement d’ensemble, accusent trois ans de retard par rapport à l’année académique en cours (l’Université de Bouaké à Abidjan était en train d’achever l’année universitaire 2008-2009 ; 8 Ufr sur 13 à l’Université de Cocody poursuivaient les cours de l’année universitaire 2009-2010 ; quant à l’Université d’Abobo-Adjamé, elle trainait encore l’année universitaire 2009-2010). Pour ce qui est des graves difficultés récurrentes d’ordre académique, administratif, financier, socioculturels, … dues à un problème évident de management, le spécialiste cite : la présence à l’Université de Cocody de plus de 5.000 étudiants cumulant jusqu’à 16 ans d’inscription en continu et n’ayant pas encore obtenu la licence ; la grande disparité entre le nombre d’étudiants inscrits (inscription académique) dans les Ufr et le nombre d’inscrits à la scolarité centrale (exemple : l’Ufr-Langue littérature et civilisation annonce 16.000 étudiants inscrits, quand ce sont 13.000 qui sont connus dans les fichiers de la scolarité centrale, soit un écart de 3.000 étudiants) ; le détournement, des caisses de l’Université de Cocody, de la somme de 518 millions de Fcfa, passé sous silence et par pertes et profits ; l’accroissement non maîtrisé des heures complémentaires dont le coût total (4 milliards de Fcfa) représente 20% de la masse salariale (20 milliards de Fcfa) ; la présence dans les résidences universitaires, en lieu et place des étudiants, de miliciens et autres personnes extérieures à l’université; le morcellement et la vente de lots du domaine des universités par des organisations d’étudiants et certaines autorités universitaires, aussi bien à Cocody qu’Abobo-Adjamé, ayant débouché sur la création de villages dans l’enceinte de ces universités. «Ce sont autant de situations préoccupantes qui ont été aggravées par la crise postélectorale. En effet, à la faveur de cette crise, les infrastructures ont été toutes gravement endommagées, là où elles n’ont pas été totalement détruites, comme à Abobo-Adjamé, du fait d’actes de vandalisme dont le mode d’exécution laisse penser qu’ils ont été planifiés. De même, les équipements des bâtiments académiques (enseignement et recherche), administratifs, techniques, socioculturels et sportifs ont été tous emportés dans des actes d’auto-pillage, pour l’essentiel. Dans le même temps, environ 28.000 bacheliers, dont 19.000 correspondant aux promotions de 2009 et 2010 et 9.000 issus de la session 2011 du baccalauréat, vont venir porter à 112.000 étudiants, au minimum, l’effectif total des universités publiques, pour une capacité d’accueil cumulée de 35.000 étudiants. Avec toutes ces préoccupations, le contexte général de préparation de la prochaine rentrée académique se caractérise par des défis majeurs, qui justifient le schéma proposé pour cette rentrée.
Une rentrée tardive mais nécessair
Au dire des spécialistes de l’enseignement supérieur, ‘’cette rentrée tardive’’ implique des dispositions à prendre. Il s’agit du décongestionnement de l’Université de Cocody, par la réhabilitation d’une part de l’ex-Ecole supérieure interafricaine d’électricité (Esie) de Bingerville qui abritera une ou plusieurs Ufr scientifiques (mathématique ou physiques). D’autre part, l’Institut d’Histoire, d’art et d’archéologie africains (Ihaaa) de Treichville sera susceptible d’être affecté aux 3èmes cycles d’Histoire et de Géographie. A cela s’ajoute la construction, à court et moyen terme, de nouvelles infrastructures académiques dotées des équipements nécessaires, à Cocody, Abobo-Adjamé, Bouaké, Daloa et Korhogo. «Chacune des deux simulations autour desquelles s’articule le schéma proposé, présente des avantages et des inconvénients. Les avantages sont entre autres l’accroissement des capacités d’accueil des universités ; une grande capacité de l’Etat à affecter les ressources financières nécessaires aux travaux de réhabilitation ; une grande possibilité d’absorption des flux de bacheliers ; une meilleure maîtrise des effectifs d’étudiants proches des standards internationaux ; une bonne préparation de l’Etat à faire face à certaines revendications sociales ; et une bonne organisation des universités pour sortir définitivement du cercle vicieux des années en dents de scie », avoue sous le sceau de l’anonymat un des responsables du ministère de l’Enseignement supérieur. Quant aux inconvénients, il s’agit de la longue attente ; de la pression sociale de l’opinion publique, des parents d’élèves ; et de l’ajout du contingent de bacheliers de 2012 à ceux de 2009, 2010 et 2011. Dans la balance, les autorités ont vite fait leur choix : un nouveau départ, qui garantit une formation supérieure de qualité, dispensée dans un environnement assaini et apaisé, au terme d’années académiques régulières et conformes aux normes internationales, gage d’un développement durable de notre pays. Les parents doivent serrer la ceinture une bonne fois pour toute, car comme le dit l’adage, mieux vaut une fin effroyable qu’un effroi sans fin. Espérons que ce soit vraiment la fin du cauchemar.
Touré Yelly
Les nuages commençaient à s’épaissir. Les parents commençaient à être désorientés avec la nouvelle date de l’ouverture de l’université : septembre ou octobre 2012, avait dit le président de la République, Alassane Ouattara aux étudiants, lors de sa visite au Togo le 15 novembre. Cette information a donné libre cours aux commentaires. La presse proche du Fpi n’a pas hésité à parler de « génocide » intellectuel pour qualifier cette décision. Une source proche de l’université avait été claire : «Il ne sert à rien d’ouvrir dans la précipitation les universités pour nous retrouver, quelque temps plus tard, confrontés aux mêmes préoccupations. Il ne faut pas faire du saupoudrage. Si c’est le prix à payer, mieux vaut le faire pour que l’université, une fois pour de bon, reparte sur de nouvelles bases», a-t-elle soutenu. Dans le milieu des enseignants, on n’apprécie guère ces vacances forcées. «Des étudiants feront deux à trois années blanches, selon le cas. Ce sont trois générations de bacheliers qui vont attendre l’année prochaine», s’est plaint le Pr Traoré Flavien, porte-parole de la Coordination nationale des enseignants du supérieur et chercheur (Cnec) dans les colonnes de «L’Intelligent d’Abidjan ». Puis d’ajouter : « Au niveau des enseignants, ceux qui font la recherche à partir des salles sont pénalisés. Cette situation ne nous permet pas d’avancer en grade. D’autant qu’au niveau du Cames, on tient compte du volume horaire des cours dispensés, pour nous évaluer ». Mais il y a de nombreux problèmes en suspens. Il est clair que la date d’ouverture de l’université va causer de nombreux désagréments aux parents et aux étudiants, mais il faut que les autorités communiquent suffisamment sur la question afin que leur décision soit comprise. A défaut de le faire ouvertement, certaines langues commencent à se délier du coté du ministère de l’Enseignement supérieur. Elles expliquent que la prochaine rentrée universitaire pourrait avoir lieu le 3 septembre 2012, dans toutes les universités et grandes écoles publiques, pour déboucher, à terme, sur des années académiques harmonisées. Ces sources soutiennent en substance que suite à la fermeture des Universités de Cocody et d’Abobo-Adjamé le 19 avril, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a initié, au lendemain de la formation du gouvernement, le 1er juin 2011, différentes actions relatives à la gouvernance des universités publiques, tout spécialement. «Ces actions visent à créer, aux plans administratif, académique, socioculturel et sportif, un nouvel environnement, propice à une formation supérieure de qualité et en adéquation avec l’emploi. Partant, elles s’inscrivent dans le cadre de la préparation efficiente de la prochaine rentrée universitaire, qui doit marquer le retour à des années académiques régulières et conformes aux normes internationales », soutient une des sources.
Contexte
Une seconde source affirme que jusqu’au dénouement de la crise postélectorale, les universités publiques de Côte d’Ivoire étaient toutes minées par plusieurs maux dont les plus marquants sont : l’insuffisance des capacités d’accueil, au regard d’effectifs pléthoriques, croissant d’année en année ; la succession d’années blanches qui ne disent pas leurs noms ; les graves difficultés académiques, administratives et financières. Revenant sur l’insuffisance des capacités d’accueil, la source cite l’université de Cocody qui accueillait, selon les chiffres de la scolarité centrale, un effectif de 55 850 étudiants en 2009, pour une capacité d’accueil de 15 000 étudiants. Traitant de la succession des années blanches, le spécialiste atteste que depuis environ une dizaine d’années, les universités, dans leur fonctionnement d’ensemble, accusent trois ans de retard par rapport à l’année académique en cours (l’Université de Bouaké à Abidjan était en train d’achever l’année universitaire 2008-2009 ; 8 Ufr sur 13 à l’Université de Cocody poursuivaient les cours de l’année universitaire 2009-2010 ; quant à l’Université d’Abobo-Adjamé, elle trainait encore l’année universitaire 2009-2010). Pour ce qui est des graves difficultés récurrentes d’ordre académique, administratif, financier, socioculturels, … dues à un problème évident de management, le spécialiste cite : la présence à l’Université de Cocody de plus de 5.000 étudiants cumulant jusqu’à 16 ans d’inscription en continu et n’ayant pas encore obtenu la licence ; la grande disparité entre le nombre d’étudiants inscrits (inscription académique) dans les Ufr et le nombre d’inscrits à la scolarité centrale (exemple : l’Ufr-Langue littérature et civilisation annonce 16.000 étudiants inscrits, quand ce sont 13.000 qui sont connus dans les fichiers de la scolarité centrale, soit un écart de 3.000 étudiants) ; le détournement, des caisses de l’Université de Cocody, de la somme de 518 millions de Fcfa, passé sous silence et par pertes et profits ; l’accroissement non maîtrisé des heures complémentaires dont le coût total (4 milliards de Fcfa) représente 20% de la masse salariale (20 milliards de Fcfa) ; la présence dans les résidences universitaires, en lieu et place des étudiants, de miliciens et autres personnes extérieures à l’université; le morcellement et la vente de lots du domaine des universités par des organisations d’étudiants et certaines autorités universitaires, aussi bien à Cocody qu’Abobo-Adjamé, ayant débouché sur la création de villages dans l’enceinte de ces universités. «Ce sont autant de situations préoccupantes qui ont été aggravées par la crise postélectorale. En effet, à la faveur de cette crise, les infrastructures ont été toutes gravement endommagées, là où elles n’ont pas été totalement détruites, comme à Abobo-Adjamé, du fait d’actes de vandalisme dont le mode d’exécution laisse penser qu’ils ont été planifiés. De même, les équipements des bâtiments académiques (enseignement et recherche), administratifs, techniques, socioculturels et sportifs ont été tous emportés dans des actes d’auto-pillage, pour l’essentiel. Dans le même temps, environ 28.000 bacheliers, dont 19.000 correspondant aux promotions de 2009 et 2010 et 9.000 issus de la session 2011 du baccalauréat, vont venir porter à 112.000 étudiants, au minimum, l’effectif total des universités publiques, pour une capacité d’accueil cumulée de 35.000 étudiants. Avec toutes ces préoccupations, le contexte général de préparation de la prochaine rentrée académique se caractérise par des défis majeurs, qui justifient le schéma proposé pour cette rentrée.
Une rentrée tardive mais nécessair
Au dire des spécialistes de l’enseignement supérieur, ‘’cette rentrée tardive’’ implique des dispositions à prendre. Il s’agit du décongestionnement de l’Université de Cocody, par la réhabilitation d’une part de l’ex-Ecole supérieure interafricaine d’électricité (Esie) de Bingerville qui abritera une ou plusieurs Ufr scientifiques (mathématique ou physiques). D’autre part, l’Institut d’Histoire, d’art et d’archéologie africains (Ihaaa) de Treichville sera susceptible d’être affecté aux 3èmes cycles d’Histoire et de Géographie. A cela s’ajoute la construction, à court et moyen terme, de nouvelles infrastructures académiques dotées des équipements nécessaires, à Cocody, Abobo-Adjamé, Bouaké, Daloa et Korhogo. «Chacune des deux simulations autour desquelles s’articule le schéma proposé, présente des avantages et des inconvénients. Les avantages sont entre autres l’accroissement des capacités d’accueil des universités ; une grande capacité de l’Etat à affecter les ressources financières nécessaires aux travaux de réhabilitation ; une grande possibilité d’absorption des flux de bacheliers ; une meilleure maîtrise des effectifs d’étudiants proches des standards internationaux ; une bonne préparation de l’Etat à faire face à certaines revendications sociales ; et une bonne organisation des universités pour sortir définitivement du cercle vicieux des années en dents de scie », avoue sous le sceau de l’anonymat un des responsables du ministère de l’Enseignement supérieur. Quant aux inconvénients, il s’agit de la longue attente ; de la pression sociale de l’opinion publique, des parents d’élèves ; et de l’ajout du contingent de bacheliers de 2012 à ceux de 2009, 2010 et 2011. Dans la balance, les autorités ont vite fait leur choix : un nouveau départ, qui garantit une formation supérieure de qualité, dispensée dans un environnement assaini et apaisé, au terme d’années académiques régulières et conformes aux normes internationales, gage d’un développement durable de notre pays. Les parents doivent serrer la ceinture une bonne fois pour toute, car comme le dit l’adage, mieux vaut une fin effroyable qu’un effroi sans fin. Espérons que ce soit vraiment la fin du cauchemar.
Touré Yelly