Nombreux sont les africains qui rêvent d’aller en Europe, pour disent-ils changer de vie. Une aubaine que saisissent des faussaires pour s’en mettre plein les poches au détriment de ces candidats aux visas, ce avec la complicité d’agents consulaires. Tant l’obtention d’un visa fait l’objet souvent d’un parcours du combattant. Notre enquête !
Le phénomène de vendeurs ou démarcheurs de visa est désormais un effet de mode à
Abidjan comme dans la plupart des capitales africaines. Ici en Côte d’Ivoire, ceux-ci se sont faits baptisés Camoraciens du fait de la grande escroquerie qui couve ce phénomène d’immigration clandestine qui ne dit pas son nom. Comment procèdent-ils ?
Pour mieux investiguer, nos paparazzis se sont faits passé pour clients au visa sinon au voyage.
Vendredi 11 Novembre 2011, il est 11h quand nous avons rendez-vous avec un de ces vendeurs ou démarcheurs de visa c’est selon que nous appelons Y par souci de discrétion.
Bien sanglé dans un costume à carreaux de vichy, M. Y se présente à notre lieu de rendez-vous tenant en main un porte document. Nous lui exprimons notre volonté de nous procurer le sésame pour immigrer en Europe. A savoir un visa pour nous et notre famille. Cinq personnes au total. A la question de savoir où nous voulons immigrer, nous lui disons que nous cherchons seulement des visas Schengen, peu importe la durée de validité. Monsieur Y, après quelques minutes de réflexion, nous dit que cela va nous coûter 2.500.000 FCFA par visa soit 12 .500.000 FCFA si nous avons le passeport ordinaire. Nous essayons de négocier le prix mais Y reste inflexible en nous expliquant qu’il traite directement avec des personnes au Consulat d’Italie, France et Allemagne, et un agent de protocole de la mairie de la place qui lui est , toujours selon les dires de Y, très lié à un consul au Consulat de France, d’Italie et d’Allemagne. Ces derniers prennent les ¾ de la somme versée qu’ils se partageraient avec les agents consulaires en question. Pour nous assurer que le monsieur disait vrai, nous lui demandons comment cela va se passer dans le cas de notre dossier.
Comme pour nous convaincre qu’il maîtrise son sujet, Y cherchera à savoir si nous avons un compte bancaire, une immatriculation Cnps, et bien d’autres documents administratifs.
Qui selon lui, sont nécessaires dans la composition d’un dossier de demande visa. Nous répondons par l’affirmative et une autre rencontre est organisée pour la remise de copies des divers documents cités. Au terme de celle-ci, il réclama coûte que coûte une avance sur les 12.500.000 Fcfa, nous lui remettons un chèque comme garantie du paiement des 10 millions et une somme de 100.000 Fcfa sur laquelle il bondira. Avec tous cela en mains, Y nous expliquera qu’il nous fera établir une fausse attestation de régularité fiscale à partir de notre numéro de compte contribuable, des extraits de mariage et des actes de naissance, des réservations de billets et d’hôtel et toute une armada de dossiers qu’il fera voir d’abord à son ami au consulat pour contrôle avant de nous les redonner pour les faire introduire. Au bout de 2 jours, nous sommes surpris de voir tous les documents administratifs parfaitement confectionnés au point que toute personne qui les verrait ne pourrait penser que c’est du faux. A notre question de savoir comment il a fait tous ces documents, Y sourit pour dire c’est ça on appelle ‘’Camorra’’ et qu’avec toute cette paperasse, le visa est clair. « Apprêtez-vous à me payer mon argent à la sortie du visa », nous lance-t-il avant de se retirer non sans avoir demandé quelque chose pour son taxi.
Poursuivant notre enquête, nous faisons un petit tour devant le consulat de France et d’Allemagne. Là, faisant semblant de chercher comment se procurer des formulaires de demande de visas, nous sommes approchés par d’autres ‘’camoraciens’’ à qui nous exprimons notre désir de voyager. Ces derniers nous proposerons 2 voies à savoir celle du passeport de service non enregistré qu’ils appellent dans un langage à eux seuls ‘’spota bleuya’’ et celle du passeport ordinaire avec des dossiers montés. Voulant en savoir davantage, on nous expliquera que pour tout postulant, on le déclare comme employé dans les nombreuses entreprises créées, on l’immatricule à la CNPS et on monte un dossier avec un compte bancaire qu’on lui ouvre, juste pour la circonstance et le tour est joué. Avec ce faux vrai ou vrai faux, la demande est parfaite pour tromper la vigilance des agents consulaires quand ceux-ci ne sont pas dans le coup et bonjour le visa qu’ils nomment toujours dans leur argot visa ‘’yêrê-yêrê’’. Nous demandons à en savoir davantage sur leurs méthodes d’obtention de visas. C’est alors que l’un d’eux, certainement, le plus audacieux du groupe, me tapote à l’épaule et me demande de le suivre. Il m’installe dans un café non loin de l’ambassade et m’interroge en ces termes. « Qu’attends-tu de moi ? » Quoi que surpris de son audace, je ne démords pas pour autant. Je lui débite mon histoire de demandeur de visa. Réjouis, certainement, par les gains énormes que je pourrais lui procurer. Il devient plus bavard. Me fait savoir que l’obtention de visas dépendra du passeport qu’il me fournira.
C’est alors que je découvre que les passeports de service et diplomatiques peuvent être obtenus de façon frauduleuse. Pour m’inciter à lui confier mon cas, il me file un tuyau.
J’apprends donc qu’un groupe d’individu s’apprêtent à déposer des dossiers de demande de visa auprès du consulat d’Allemagne entre le 2 et le 10 décembre. Date à laquelle selon mon informateur, celui qu’il présente comme étant leur relais au sein de cette ambassade serait de service et l’actuel agent partirait en congé. Sans commentaire.
Les détails sur leurs agissements et leurs complices dans l’acte 2 de notre enquête à lire la semaine prochaine.
Olivier Allou
Le phénomène de vendeurs ou démarcheurs de visa est désormais un effet de mode à
Abidjan comme dans la plupart des capitales africaines. Ici en Côte d’Ivoire, ceux-ci se sont faits baptisés Camoraciens du fait de la grande escroquerie qui couve ce phénomène d’immigration clandestine qui ne dit pas son nom. Comment procèdent-ils ?
Pour mieux investiguer, nos paparazzis se sont faits passé pour clients au visa sinon au voyage.
Vendredi 11 Novembre 2011, il est 11h quand nous avons rendez-vous avec un de ces vendeurs ou démarcheurs de visa c’est selon que nous appelons Y par souci de discrétion.
Bien sanglé dans un costume à carreaux de vichy, M. Y se présente à notre lieu de rendez-vous tenant en main un porte document. Nous lui exprimons notre volonté de nous procurer le sésame pour immigrer en Europe. A savoir un visa pour nous et notre famille. Cinq personnes au total. A la question de savoir où nous voulons immigrer, nous lui disons que nous cherchons seulement des visas Schengen, peu importe la durée de validité. Monsieur Y, après quelques minutes de réflexion, nous dit que cela va nous coûter 2.500.000 FCFA par visa soit 12 .500.000 FCFA si nous avons le passeport ordinaire. Nous essayons de négocier le prix mais Y reste inflexible en nous expliquant qu’il traite directement avec des personnes au Consulat d’Italie, France et Allemagne, et un agent de protocole de la mairie de la place qui lui est , toujours selon les dires de Y, très lié à un consul au Consulat de France, d’Italie et d’Allemagne. Ces derniers prennent les ¾ de la somme versée qu’ils se partageraient avec les agents consulaires en question. Pour nous assurer que le monsieur disait vrai, nous lui demandons comment cela va se passer dans le cas de notre dossier.
Comme pour nous convaincre qu’il maîtrise son sujet, Y cherchera à savoir si nous avons un compte bancaire, une immatriculation Cnps, et bien d’autres documents administratifs.
Qui selon lui, sont nécessaires dans la composition d’un dossier de demande visa. Nous répondons par l’affirmative et une autre rencontre est organisée pour la remise de copies des divers documents cités. Au terme de celle-ci, il réclama coûte que coûte une avance sur les 12.500.000 Fcfa, nous lui remettons un chèque comme garantie du paiement des 10 millions et une somme de 100.000 Fcfa sur laquelle il bondira. Avec tous cela en mains, Y nous expliquera qu’il nous fera établir une fausse attestation de régularité fiscale à partir de notre numéro de compte contribuable, des extraits de mariage et des actes de naissance, des réservations de billets et d’hôtel et toute une armada de dossiers qu’il fera voir d’abord à son ami au consulat pour contrôle avant de nous les redonner pour les faire introduire. Au bout de 2 jours, nous sommes surpris de voir tous les documents administratifs parfaitement confectionnés au point que toute personne qui les verrait ne pourrait penser que c’est du faux. A notre question de savoir comment il a fait tous ces documents, Y sourit pour dire c’est ça on appelle ‘’Camorra’’ et qu’avec toute cette paperasse, le visa est clair. « Apprêtez-vous à me payer mon argent à la sortie du visa », nous lance-t-il avant de se retirer non sans avoir demandé quelque chose pour son taxi.
Poursuivant notre enquête, nous faisons un petit tour devant le consulat de France et d’Allemagne. Là, faisant semblant de chercher comment se procurer des formulaires de demande de visas, nous sommes approchés par d’autres ‘’camoraciens’’ à qui nous exprimons notre désir de voyager. Ces derniers nous proposerons 2 voies à savoir celle du passeport de service non enregistré qu’ils appellent dans un langage à eux seuls ‘’spota bleuya’’ et celle du passeport ordinaire avec des dossiers montés. Voulant en savoir davantage, on nous expliquera que pour tout postulant, on le déclare comme employé dans les nombreuses entreprises créées, on l’immatricule à la CNPS et on monte un dossier avec un compte bancaire qu’on lui ouvre, juste pour la circonstance et le tour est joué. Avec ce faux vrai ou vrai faux, la demande est parfaite pour tromper la vigilance des agents consulaires quand ceux-ci ne sont pas dans le coup et bonjour le visa qu’ils nomment toujours dans leur argot visa ‘’yêrê-yêrê’’. Nous demandons à en savoir davantage sur leurs méthodes d’obtention de visas. C’est alors que l’un d’eux, certainement, le plus audacieux du groupe, me tapote à l’épaule et me demande de le suivre. Il m’installe dans un café non loin de l’ambassade et m’interroge en ces termes. « Qu’attends-tu de moi ? » Quoi que surpris de son audace, je ne démords pas pour autant. Je lui débite mon histoire de demandeur de visa. Réjouis, certainement, par les gains énormes que je pourrais lui procurer. Il devient plus bavard. Me fait savoir que l’obtention de visas dépendra du passeport qu’il me fournira.
C’est alors que je découvre que les passeports de service et diplomatiques peuvent être obtenus de façon frauduleuse. Pour m’inciter à lui confier mon cas, il me file un tuyau.
J’apprends donc qu’un groupe d’individu s’apprêtent à déposer des dossiers de demande de visa auprès du consulat d’Allemagne entre le 2 et le 10 décembre. Date à laquelle selon mon informateur, celui qu’il présente comme étant leur relais au sein de cette ambassade serait de service et l’actuel agent partirait en congé. Sans commentaire.
Les détails sur leurs agissements et leurs complices dans l’acte 2 de notre enquête à lire la semaine prochaine.
Olivier Allou