Ils étaient tous au rendez-vous de la renaissance du Conseil de l’Entente, hier, à Cotonou, les présidents ivoirien, burkinabé, togolais, béninois et nigérien. Avec eux, venus en observateurs, le Premier ministre du Mali et un ministre de la Guinée Conakry. Ils avaient à cœur de remettre sur les rails le plus vieil outil d’intégration de la sous-région. Pour ce faire, ils n’ont ménagé aucun effort pour travailler d’arrache-pied plus de trois heures d’horloge au Palais des Congrès de Cotonou. Cotonou, la capitale du Benin, a sorti le grand jeu pour un accueil des plus chaleureux à ses illustres hôtes. Arrivés l’un après l’autre, à quasiment 10 minutes d’intervalle, les Présidents Faure Gnasingbé, Blaise Compaoré, la délégation malienne, les présidents Yssouffou Mahamadou et Alassane Ouattara, se sont juste donné quelques minutes d’oxygénation à la salle d’honneur de l’aéroport et à la résidence du CEN-SAD, avant de foncer sur la salle rouge du palais des Congrès. Là, l’ouverture du sommet de la conférence des Chefs d’Etat du Conseil de l’Entente s’est faite dans une ambiance féérique. Premier au pupitre, le Secrétaire général du Conseil, l’Ivoirien Tety Magloire Kéké a dressé un tableau à la fois sombre et plein d’espoir de l’organisation dont il a appelé la renaissance ici et maintenant, parce que «gage d’une parfaite intégration des peuples des cinq pays». Pour lui, c’est une «opportunité de parachever les nombreux chantiers mis en œuvre sur instruction des Chefs d’Etat dans le but exclusif de rechercher la formule devant concourir le mieux à un développement économique harmonieux et durable dans un environnement de paix et de sécurité.» D’où son rêve de voir le Conseil de l’Entente être un véritable instrument de paix et d’intégration dans la sous-région et de s’ouvrir à d’autres pays. La redynamisation qui tient à cœur les Chefs d’Etat est possible dès lors que les résultats obtenus des audits aux plans comptable et financier, et aux plans institutionnel et organisationnel du Conseil de l’Entente permettent d’avoir une idée claire du capital, des dettes et créance de l’Organisation. C’est donc à juste titre que la Conférence des Chefs d’Etat s’est saisie, hier, desdits résultats pour faire une analyse exhaustive de la situation, sous l’éclairage des experts et sur propositions des ministres des Affaires étrangères, pour apporter des solutions contenues dans le communiqué final. Quant au Dr Thomas Yayi Boni, président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat du Conseil de l’Entente, dans son allocution d’ouverture, qui avait valeur de discours d’orientation, il a salué la ferme volonté de ses pairs de relancer cette importante institution, socle de développement humain, socio-économique et politique, au moment des mutations en Afrique et dans le monde. Dans un contexte général difficile depuis les années 80, les crises économiques et sociopolitiques ayant secoué certains Etats membres ont laissé le Conseil dans une longue période de léthargie. «Une évaluation s’imposait, a-t-il rappelé. Il a fallu du sursaut et de la détermination pour nous retrouver le 17 janvier 2008 à Ouagadougou, en sommet extraordinaire suivi d’une autre réunion à Yamoussoukro le 11 juillet 2009. L’évaluation des activités opérationnelles et l’audit institutionnel, organisationnel et de gestion du Conseil de l’Entente que nous avons conduits ont permis d’ouvrir à des reformes en profondeur». Il a également insisté sur le fait que le monde a véritablement changé. «Alors face aux exigences d’un monde en pleine mutation et en pleine accélération, je pense que la renaissance du Conseil de l’Entente doit être une priorité portée par une nouvelle vision, celle d’un Conseil de l’Entente des Peuples, plus intégrés, plus solidaires et plus fraternels, parlant d’une seule voix dans les questions de gouvernance sous-régionale et mondiale et entretenant la culture de paix et de sécurité en leur sein». C’est cet enjeu de taille qui a guidé les travaux entre les Présidents, entre les Ministres des Affaires Etrangères, les experts et les Présidents. Le Président Yayi Boni a réitéré son souhait qui est aussi celui de tous ses pairs que «l’heure est venue de faire du Conseil de l’Entente un espace de dialogue sur les questions de géopolitique, de paix, de sécurité, de développement». A cette réunion stratégique, la Guinée Conakry et le Mali étaient venus en observateurs. Mais en réalité, ces pays frères s’interessent de plus en plus au Conseil de l’Entente et frappent à sa porte. Comme l’a indiqué le secrétaire général, l’ouverture à d’autres pays n’est plus un tabou et l’on ne s’étonnera pas de voir un jour ces pays intégrer le Conseil de l’Entente. La prochaine réunion des Chefs d’Etat est prévue en 2012 au Niger. Le Communiqué final sanctionnant les travaux a été lu par le ministre béninois des Affaires Etrangères, Nassirou Bako-Arifari. Le président Yayi Boni a été reconduit à la tête du Conseil de l’Entente et les Chefs d’Etat ont pris congé du Palais des Congrès de Cotonou aux environs de 18 heures 20 locales.
Eddy PEHE
Envoyé spécial à Cotonou
Eddy PEHE
Envoyé spécial à Cotonou