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International Publié le samedi 10 décembre 2011 | AFP

Les Burkinabè se félicitent de la normalisation des relations avec Abidjan

Ouagadougou - Les Ivoiriens votent dimanche pour des législatives de "sortie de crise". Mais au Burkina Faso voisin, de nombreux habitants se félicitent d'ores-et-déjà de la normalisation des relations avec Abidjan, après une décennie de relations tumultueuses.
"Tout le monde a fait ce qu'il pu, tout le monde a prié, chacun à sa
manière, chacun selon ses souhaits, pour que la situation redevienne normale
entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso", déclare à l'AFP Alexis Ouédraogo,
ancien boucher à Abidjan, reconverti +cyclo-mécanicien+ à Ouagadougou.
"J'ai perdu ma femme qui a été tué par les miliciens à Andjama (quartier
d'Abidjan)", ajoute-t-il, les larmes aux yeux. Mais "maintenant ADO (acronyme
du président ivoirien Alassane Dramane Ouattara), notre frère est là, rien ne
peut nous arriver".
Le président Ouattara, arrivé au pouvoir en avril avec l'aide de la France
et de l'ONU après une crise post-électorale ayant fait quelque 3.000 morts, a
d'ailleurs tenu en novembre à Ouagadougou avec son homologue burkinabè Blaise
Compaoré un conseil des ministres conjoint. Le chef de l'Etat burkinabè était
un des principaux alliés de M. Ouattara lors de la crise post-électorale.
Des accords ont été signés pour rapprocher encore un peu plus ces deux
pays, déjà très liés par l'histoire, l'économie et les flux migratoires.
Ils prévoient notamment la prolongation de l'actuel chemin de fer
Abidjan-Ouagadougou jusqu'à Niamey, la fourniture par Abidjan de l'électricité
au Burkina Faso ou encore la construction d'une autoroute reliant les deux
capitales grâce à des financements du Qatar.

"très bon pour les affaires"

"Les relations entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire n'auraient pas dû
être ce qu'elles ont été au début des années 2000. Le président Ouattara m'a
demandé de les rendre normales et fructueuses", déclaraient récemment le
nouvel ambassadeur de Côte d'Ivoire Abdou Touré.
Les relations entre Abidjan et Ouagadougou ont été exécrables dans les
années 2000 avec l'arrivée de Laurent Gbagbo au pouvoir. Victime d'un coup
d'état manqué en septembre 2002, Abidjan a accusé son voisin du nord d'avoir
"parrainé" la rébellion qui s'est emparée de la moitié nord du pays.
De son côté, Ouagadougou a accusé le pouvoir ivoirien d'avoir tenté de le
déstabiliser.
Lors de la crise post-électorale, la communauté burkinabè avait été ciblée
par les "ultras" du camp Gbagbo, poussant des milliers d'entre eux à quitter
la Côte d'Ivoire, notamment les plantations de cacao, pour rentrer
précipitamment au Burkina.
"La normalisation de la situation est une très bonne nouvelle pour les
affaires", se félicite également Tasséré Sawadogo, qui travaille dans le
secteur du transport.
"Pendant la crise ivoirienne, aucun camion n'allait à Abidjan, toutes les
marchandises étaient acheminés au Ghana, Togo ou Bénin, nos dépenses ont
augmenté du jour au lendemain", précise-t-il en tendant une liasse de billets
à son chauffeur qui "s'apprête à partir chercher du ciment à Abidjan".
"Le retour à la normale offre de meilleures opportunités au secteur privé
burkinabè parce que ça nous ouvre le corridor ivoirien", confirme le directeur
général de la Chambre de commerce du Burkina, Franck Tapsoba.
"La crise ivoirienne a fait souffrir nos membres. On pousse maintenant un
ouf de soulagement", conclut-il.
roh/cpy/sba
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