Les mesures d’inscriptions en ligne et la gratuité de l’école initiées par le ministère sont décriées par les parents d’élèves et enseignants. Le coordonnateur général de l’Education nationale, Kourouma Ibrahima, apporte des précisions.
Quel est le rôle de l’institution dont vous avez la charge ?
L’Inspection générale est chargée du contrôle et de l’évaluation de tout le système éducatif. A ce titre, elle sert aussi de conseil à toutes les structures du ministère de l’Education nationale. Elle veille surtout au respect des textes et instructions données par le ministre.
En parlant d’instructions, à quoi répondent les inscriptions en ligne que vous avez initiées?
Elles répondent d’abord à un diagnostic du système éducatif qui a été posé aussi bien par les syndicats de l’enseignement public que privé, des directions centrales et d’analyses réalisées au sein du système éducatif. Au niveau du ministère de l’Education nationale, nous avons certains problèmes dont la fiabilisation des fichiers élèves. Présentement, nous sommes incapables de vous dire combien d’élèves nous avons en Côte d’Ivoire aussi bien dans le public que dans le privé. Pourtant, nous avons trois structures qui sont chargées de nous donner ces chiffres, dont la Direction des écoles, lycées et collèges (Delc), la Direction de l’informatique, de la planification, de l’évaluation et des statistiques (Dipes), la Direction de l’orientation et des bourses (Dob), mais ces chiffres varient d’une structure à une autre, la collecte des données étant très complexe et coûtant très chère à l’Etat. Aujourd’hui, nous suivons au jour le jour, les inscriptions des élèves à travers le net. Chaque établissement va disposer de son fichier et cela va nous permettre de mieux faire des planifications rigoureuses telles que les constructions d’écoles, la disposition de matériels didactiques au sein des établissements et le recrutement d’enseignants. Les inscriptions en ligne viennent aussi répondre à un besoin qui a été posé à Madame le ministre dès sa prise de fonction, les inscriptions parallèles. Les établissements privés se sont plaints d’une fuite de leurs élèves vers le public moyennant argent. Grâce à l’inscription en ligne, nous pourrons avoir un fichier qui va permettre d’avoir une vue sur la carrière scolaire des élèves. Ainsi, l’élève inscrit dans un établissement privé ne peut passer dans un établissement public, sans que nous ne le sachions. Si cette entrée est anormale, nous aurons des explications à demander à ceux qui sont responsables de ces actes. Qui dit inscriptions parallèles dit effectifs pléthoriques et si nous contrôlons les inscriptions, il est clair que nous allons arriver à des effectifs raisonnables. Nous avons aujourd’hui 419.969 élèves inscrits sur la plate-forme Celpaid (388.307) et de Mtn (31.662). Des chefs d’établissement ne savent pas que nous avons le fichier initial de fin d’année 2011 et ils recrutent des élèves qui ne sont pas dans ce fichier.
Des cas d’inscriptions parallèles ont-ils donc été détectés ?
Oui ! Ces précisions sont difficiles à donner maintenant, mais je peux vous dire que les rapports sont sur la table de Madame le ministre et lorsqu’elle prendra certaines décisions, vous aurez les réponses. Les fraudeurs seront sanctionnés et s’il s’agit de chefs d’établissements, ils peuvent être démis de leurs fonctions et poursuivis par les parents d’élèves dans la mesure où nous serons capables de mettre ces élèves hors des classes.
Il nous revient de façon récurrente que la mesure de gratuité initiée par le gouvernement n’est pas respectée…
Nous avons démis des chefs d’établissements qui n’ont pas suivi les instructions de Madame le ministre. Il y a les groupes M’Ponon d’Abobo où trois chefs d’établissement viennent d’être démis de leurs fonctions : l’Epp M’Ponon 2, l’Epp M’Ponon 3 et l’Epp M’Ponon 4. Au nom de la transparence, il s’agit de Mme Beugré née Kipré Dodoua Marguerite qui est remplacée par Abou Cissé, N’Cho N’Cho qui est remplacé par Dobé Yao Noël, Yorro Kadia qui est remplacé par Aboua Angèle. Vous verrez bientôt des changements au niveau des chefs d’établissement du secondaire mais cela est réservé à Madame le ministre, Kandia Camara, car elle est la seule à pouvoir le faire.
Comment expliquez-vous qu’avec le nouveau système, il y ait encore des cas de fraude. Il n’est donc pas fiable?
Les inscriptions en ligne viennent à peine de démarrer. Nous avons un fichier qui nous donne le bilan de la fin d’année 2011. C’est ce fichier que nous avons remis à Celpaid et Mtn mais quand les gens sont habitués à des manigances, ils pensent toujours qu’ils peuvent passer à travers les filets. Ils osent inscrire les élèves et ils pensent que nous ne verrons pas la différence. Nous allons croiser les fichiers et c’est en le faisant que nous nous rendrons compte qu’il y a des inscriptions parallèles. Les inscriptions en ligne sont fiables. Je suis même interpellé par des responsables depuis l’intérieur du pays qui ont décelé des cas d’inscriptions parallèles.
En parlant d’intérieur du pays, comment les parents qui n’ont pas accès à l’internet peuvent procéder à l’inscription en ligne ?
Il y a deux possibilités. Lorsque le net pose problème dans un endroit, ce sont les économes qui prennent le relais, qui inscrivent et qui remettent les fiches à Celpaid. Je profite de cette occasion pour remercier tous les économes qui se sont impliqués dans ce processus novateur. L’inscription en ligne n’est pas à 100% en ligne. Nous la voulons ainsi, car elle nous permet d’avoir un meilleur contrôle des effectifs.
Comment se fait la gérance de l’argent des inscriptions en ligne avec le ministère?
Il y a une clé de répartition qui répond aux objectifs fixés par le ministère et cette clé existe depuis quelques années. Par exemple, un montant sera donné à la Direction de la pédagogie et de la formation continue (Dpfc) parce qu’elle a besoin de former les enseignants en région et en central, un autre montant à l’Inspection générale (Igen) parce qu’elle a besoin de piloter le système éducatif, d’évaluer les enseignants en classe et le fonctionnement de l’administration scolaire, un autre montant à la Dipes, qui se charge du fichier élèves. C’est l’Inspection générale qui est chargée du contrôle de ces fonds car c’est là son rôle. Le cabinet, l’Inspection générale, et la Direction des affaires financières (Daf) ont un droit d’accès afin de connaître les montants affectés à chaque structure. L’inscription en ligne nous permet d’appliquer la bonne gouvernance parce que dans l’ancien système, l’Inspection générale ne savait pas combien ces différents départements recevaient. Ce sont les autres structures qui déclaraient les sommes qu’elles voulaient bien nous déclarer. Même le montant de l’Inspection générale était donné par les directeurs régionaux. Avec ce nouveau système, la hiérarchie est rétablie et le contrôle plus efficace.
Pourquoi, il n’y a pas de gratuité à la maternelle ?
La gratuité existe quand même à la maternelle. Elle n’est pas à 100% 0 Fcfa. L’éducation a un prix et la maternelle coûte beaucoup plus cher que l’enseignement primaire parce que le matériel utilisé par les enfants à cet âge coûte très cher et est aussi fragile. C’est pour cela que l’Etat exige que la maternelle publique coûte tout au plus 17.000 Fcfa. C’est vrai que certaines personnes passent au-delà mais quand nous sommes conscients de cela, nous les rappelons à l’ordre. Il y a plusieurs maternelles qui sont venues à l’Inspection générale pour que nous puissions clarifier les choses. Ils nous disent que souvent, ce sont les parents qui désirent qu’ils y aient des types de matériels et objets dans la salle de classe. Nous leur disons que pour l’instant, qu’ils laissent les enfants s’inscrire, car c’est après cela que les enfants seront considérés comme des élèves. Deux mois plus tard, s’ils pensent qu’on doit faire acheter quelque chose, on pourra aviser. Nous ne voulons pas que le montant de l’inscription soit un frein pour inscrire un enfant de Côte d’Ivoire.
Certains parents se plaignent du fait qu’ils sont obligés de payer les cartes d’identité scolaire à 1.000 Fcfa. Ce qui fait que l’inscription revient à 6.000 Fcfa.
Nous avons eu des cas de mercenariat depuis ces trois années. C’est-à-dire que ce sont des élèves qui permettent à des étudiants ou à une tierce personne de venir composer à leurs places. Pour nous, passer à des cartes d’identité scolaires sécurisées permettent de réduire ce phénomène. N’oubliez-pas que nos élèves nous arrivent de plus en plus jeunes à l’école. C’est ainsi qu’il y a effectivement 1.000 Fcfa prélevé pour que les élèves puissent avoir une carte d’identité plus sécurisée. Je tiens à vous préciser que cette carte d’identité n’est pas le fait de Mme le ministre, Kandia Camara. Elle existe déjà depuis trois ans et le contrat a été signé par le ministre Gilbert Bleu-Lainé. Madame Kandia Camara a trouvé ce contrat qui est à sa troisième année. Or, l’administration est une continuité et nous ne pouvons pas, même s’il n’y a faute commise par une partie contractante, annuler ce contrat. Nous l’avons donc reconduit et il est censé finir dans un an. Il peut être encore reconduit s’il donne de bons résultats.
Pourquoi le choix de Celpaid et de Mtn ?
Mtn travaille sur la direction régionale d’Abidjan 1 et Celpaid sur tout le territoire national parce qu’il a été jugé capable de le faire. Mais je vous signale que par prudence, les contrats sont pour une durée de 1 an. Il y aura une évaluation et si elles ne sont pas concluantes, il est possible que nous changeons d’opérateur et qu’à long terme, le ministère s’approprie ce concept. Leurs choix s’expliquent par le fait que les deux ont présenté leurs produits et comme nous pensions que l’inscription en ligne devait nous aider, nous n’avons pas voulu faire de distinction. On s’est dit qu’il fallait bénéficier de l’expérience de chacun et voir, à la fin, qui retenir ; et pourquoi ne pas employer les deux dans une juste répartition du territoire national ?
Pourquoi n’avez-vous pas procédé à une étape pilote pour les inscriptions en ligne ?
Effectivement, en toute chose, une opération pilote est nécessaire. En nous engageant avec ces deux opérateurs qui ont fait leurs preuves en Côte d’Ivoire et hors de la Côte d’Ivoire, nous avions à l’esprit de résoudre un problème qui nous tient à cœur. Il fallait stagner ces effectifs qui dépassent l’entendement pédagogique. On se plaint tous des résultats scolaires et on ne peut pas continuer avec ces échecs. Un des grands attributs de ces échecs, sont les effectifs pléthoriques. Vous ne pouvez pas demander à un enseignant qui a 80 élèves, voire plus et qui a au minimum trois classes de faire trois devoirs par classe. Nous sommes obligés parfois obligés d’aller vite pour certaines choses. Il faut réduire les effectifs, mieux encadrer les enseignants et surtout construire des établissements et les pourvoir en matériels pédagogiques. Bientôt, nous allons livrer des établissements grâce au président de la République.
Qu’est-ce que le ministère de l’Education nationale a prévu pour l’Ouest où il n’y a pas plus d’écoles et pour les élèves réfugiés au Liberia ?
Les élèves réfugiés au Liberia sont en train de rentrer. Nous avons eu à y organiser, il y a deux mois, une mission avec le directeur du Delc, celui de la Dpfc ainsi que le conseiller technique n°2 du cabinet de Mme le Ministre afin de sensibiliser nos compatriotes qui y sont. Beaucoup ont commencé à venir dans les cars. Nous avons eu beaucoup de problèmes avec Toulépleu où il y a eu des saccages et un traumatisme inqualifiable. Les parents et élèves ont peur mais petit à petit, une politique de sensibilisation est mise en place pour qu’ils reviennent à l’école. Et au niveau de Toulépleu, il n’est pas question de frais d’inscriptions, car le cabinet est prêt à les prendre en charge. A l’Ouest, il ne sera pas exigé d’extrait d’acte de naissance pour les élèves de Cm2. Il y aura également des cours de mise à niveau avec la participation d’une Ong ainsi que des classes passerelles pour les élèves du primaire qui ont perdu l’année 2010-2011. Et il y a également une prise en charge psychosociale des enseignants et des élèves de l’Ouest. Nous sommes conscients de l’état de dégradation et de la paupérisation de la ville et des populations. Je profite de l’occasion pour dire aux parents que les classes attendent, les enseignants aussi. Depuis le 27 du mois dernier, il y a un programme tout fait pour ces enfants que nous appelons «Back to school». Au niveau des établissements, des réhabilitations ont été faites et certaines sont terminées. La preuve, il y a maintenant un directeur régional à Duékoué.
Est-ce à dire qu’avec le nouveau système que vous voulez mettre en place, nous aurons cette année de bons résultats scolaires ?
Vous allez trop vite en besogne, nous n’avons pas un système performant actuellement mais nous voulons construire un système plus performant. Voyez, quand je dis que nous avons 23% de réussite à un examen, cela veut dire 77% d’échec. L’inscription en ligne n’est qu’une étape parmi tant d’autres. Les textes qui vont régir l’organisation de l’école sont une autre étape, la formation des enseignants en est une autre ainsi que le système de pilotage des écoles. Nous sommes au début d’un processus et il ne faut pas vous attendre, avant trois ans, à de bons résultats. Mais si cela arrive, cela ne nous déplairait pas du tout. Les analyses à l’Education nationale prouvent qu’on peut avoir un bon système avant trois ans.
Interview réalisée par Napargalè Marie
Quel est le rôle de l’institution dont vous avez la charge ?
L’Inspection générale est chargée du contrôle et de l’évaluation de tout le système éducatif. A ce titre, elle sert aussi de conseil à toutes les structures du ministère de l’Education nationale. Elle veille surtout au respect des textes et instructions données par le ministre.
En parlant d’instructions, à quoi répondent les inscriptions en ligne que vous avez initiées?
Elles répondent d’abord à un diagnostic du système éducatif qui a été posé aussi bien par les syndicats de l’enseignement public que privé, des directions centrales et d’analyses réalisées au sein du système éducatif. Au niveau du ministère de l’Education nationale, nous avons certains problèmes dont la fiabilisation des fichiers élèves. Présentement, nous sommes incapables de vous dire combien d’élèves nous avons en Côte d’Ivoire aussi bien dans le public que dans le privé. Pourtant, nous avons trois structures qui sont chargées de nous donner ces chiffres, dont la Direction des écoles, lycées et collèges (Delc), la Direction de l’informatique, de la planification, de l’évaluation et des statistiques (Dipes), la Direction de l’orientation et des bourses (Dob), mais ces chiffres varient d’une structure à une autre, la collecte des données étant très complexe et coûtant très chère à l’Etat. Aujourd’hui, nous suivons au jour le jour, les inscriptions des élèves à travers le net. Chaque établissement va disposer de son fichier et cela va nous permettre de mieux faire des planifications rigoureuses telles que les constructions d’écoles, la disposition de matériels didactiques au sein des établissements et le recrutement d’enseignants. Les inscriptions en ligne viennent aussi répondre à un besoin qui a été posé à Madame le ministre dès sa prise de fonction, les inscriptions parallèles. Les établissements privés se sont plaints d’une fuite de leurs élèves vers le public moyennant argent. Grâce à l’inscription en ligne, nous pourrons avoir un fichier qui va permettre d’avoir une vue sur la carrière scolaire des élèves. Ainsi, l’élève inscrit dans un établissement privé ne peut passer dans un établissement public, sans que nous ne le sachions. Si cette entrée est anormale, nous aurons des explications à demander à ceux qui sont responsables de ces actes. Qui dit inscriptions parallèles dit effectifs pléthoriques et si nous contrôlons les inscriptions, il est clair que nous allons arriver à des effectifs raisonnables. Nous avons aujourd’hui 419.969 élèves inscrits sur la plate-forme Celpaid (388.307) et de Mtn (31.662). Des chefs d’établissement ne savent pas que nous avons le fichier initial de fin d’année 2011 et ils recrutent des élèves qui ne sont pas dans ce fichier.
Des cas d’inscriptions parallèles ont-ils donc été détectés ?
Oui ! Ces précisions sont difficiles à donner maintenant, mais je peux vous dire que les rapports sont sur la table de Madame le ministre et lorsqu’elle prendra certaines décisions, vous aurez les réponses. Les fraudeurs seront sanctionnés et s’il s’agit de chefs d’établissements, ils peuvent être démis de leurs fonctions et poursuivis par les parents d’élèves dans la mesure où nous serons capables de mettre ces élèves hors des classes.
Il nous revient de façon récurrente que la mesure de gratuité initiée par le gouvernement n’est pas respectée…
Nous avons démis des chefs d’établissements qui n’ont pas suivi les instructions de Madame le ministre. Il y a les groupes M’Ponon d’Abobo où trois chefs d’établissement viennent d’être démis de leurs fonctions : l’Epp M’Ponon 2, l’Epp M’Ponon 3 et l’Epp M’Ponon 4. Au nom de la transparence, il s’agit de Mme Beugré née Kipré Dodoua Marguerite qui est remplacée par Abou Cissé, N’Cho N’Cho qui est remplacé par Dobé Yao Noël, Yorro Kadia qui est remplacé par Aboua Angèle. Vous verrez bientôt des changements au niveau des chefs d’établissement du secondaire mais cela est réservé à Madame le ministre, Kandia Camara, car elle est la seule à pouvoir le faire.
Comment expliquez-vous qu’avec le nouveau système, il y ait encore des cas de fraude. Il n’est donc pas fiable?
Les inscriptions en ligne viennent à peine de démarrer. Nous avons un fichier qui nous donne le bilan de la fin d’année 2011. C’est ce fichier que nous avons remis à Celpaid et Mtn mais quand les gens sont habitués à des manigances, ils pensent toujours qu’ils peuvent passer à travers les filets. Ils osent inscrire les élèves et ils pensent que nous ne verrons pas la différence. Nous allons croiser les fichiers et c’est en le faisant que nous nous rendrons compte qu’il y a des inscriptions parallèles. Les inscriptions en ligne sont fiables. Je suis même interpellé par des responsables depuis l’intérieur du pays qui ont décelé des cas d’inscriptions parallèles.
En parlant d’intérieur du pays, comment les parents qui n’ont pas accès à l’internet peuvent procéder à l’inscription en ligne ?
Il y a deux possibilités. Lorsque le net pose problème dans un endroit, ce sont les économes qui prennent le relais, qui inscrivent et qui remettent les fiches à Celpaid. Je profite de cette occasion pour remercier tous les économes qui se sont impliqués dans ce processus novateur. L’inscription en ligne n’est pas à 100% en ligne. Nous la voulons ainsi, car elle nous permet d’avoir un meilleur contrôle des effectifs.
Comment se fait la gérance de l’argent des inscriptions en ligne avec le ministère?
Il y a une clé de répartition qui répond aux objectifs fixés par le ministère et cette clé existe depuis quelques années. Par exemple, un montant sera donné à la Direction de la pédagogie et de la formation continue (Dpfc) parce qu’elle a besoin de former les enseignants en région et en central, un autre montant à l’Inspection générale (Igen) parce qu’elle a besoin de piloter le système éducatif, d’évaluer les enseignants en classe et le fonctionnement de l’administration scolaire, un autre montant à la Dipes, qui se charge du fichier élèves. C’est l’Inspection générale qui est chargée du contrôle de ces fonds car c’est là son rôle. Le cabinet, l’Inspection générale, et la Direction des affaires financières (Daf) ont un droit d’accès afin de connaître les montants affectés à chaque structure. L’inscription en ligne nous permet d’appliquer la bonne gouvernance parce que dans l’ancien système, l’Inspection générale ne savait pas combien ces différents départements recevaient. Ce sont les autres structures qui déclaraient les sommes qu’elles voulaient bien nous déclarer. Même le montant de l’Inspection générale était donné par les directeurs régionaux. Avec ce nouveau système, la hiérarchie est rétablie et le contrôle plus efficace.
Pourquoi, il n’y a pas de gratuité à la maternelle ?
La gratuité existe quand même à la maternelle. Elle n’est pas à 100% 0 Fcfa. L’éducation a un prix et la maternelle coûte beaucoup plus cher que l’enseignement primaire parce que le matériel utilisé par les enfants à cet âge coûte très cher et est aussi fragile. C’est pour cela que l’Etat exige que la maternelle publique coûte tout au plus 17.000 Fcfa. C’est vrai que certaines personnes passent au-delà mais quand nous sommes conscients de cela, nous les rappelons à l’ordre. Il y a plusieurs maternelles qui sont venues à l’Inspection générale pour que nous puissions clarifier les choses. Ils nous disent que souvent, ce sont les parents qui désirent qu’ils y aient des types de matériels et objets dans la salle de classe. Nous leur disons que pour l’instant, qu’ils laissent les enfants s’inscrire, car c’est après cela que les enfants seront considérés comme des élèves. Deux mois plus tard, s’ils pensent qu’on doit faire acheter quelque chose, on pourra aviser. Nous ne voulons pas que le montant de l’inscription soit un frein pour inscrire un enfant de Côte d’Ivoire.
Certains parents se plaignent du fait qu’ils sont obligés de payer les cartes d’identité scolaire à 1.000 Fcfa. Ce qui fait que l’inscription revient à 6.000 Fcfa.
Nous avons eu des cas de mercenariat depuis ces trois années. C’est-à-dire que ce sont des élèves qui permettent à des étudiants ou à une tierce personne de venir composer à leurs places. Pour nous, passer à des cartes d’identité scolaires sécurisées permettent de réduire ce phénomène. N’oubliez-pas que nos élèves nous arrivent de plus en plus jeunes à l’école. C’est ainsi qu’il y a effectivement 1.000 Fcfa prélevé pour que les élèves puissent avoir une carte d’identité plus sécurisée. Je tiens à vous préciser que cette carte d’identité n’est pas le fait de Mme le ministre, Kandia Camara. Elle existe déjà depuis trois ans et le contrat a été signé par le ministre Gilbert Bleu-Lainé. Madame Kandia Camara a trouvé ce contrat qui est à sa troisième année. Or, l’administration est une continuité et nous ne pouvons pas, même s’il n’y a faute commise par une partie contractante, annuler ce contrat. Nous l’avons donc reconduit et il est censé finir dans un an. Il peut être encore reconduit s’il donne de bons résultats.
Pourquoi le choix de Celpaid et de Mtn ?
Mtn travaille sur la direction régionale d’Abidjan 1 et Celpaid sur tout le territoire national parce qu’il a été jugé capable de le faire. Mais je vous signale que par prudence, les contrats sont pour une durée de 1 an. Il y aura une évaluation et si elles ne sont pas concluantes, il est possible que nous changeons d’opérateur et qu’à long terme, le ministère s’approprie ce concept. Leurs choix s’expliquent par le fait que les deux ont présenté leurs produits et comme nous pensions que l’inscription en ligne devait nous aider, nous n’avons pas voulu faire de distinction. On s’est dit qu’il fallait bénéficier de l’expérience de chacun et voir, à la fin, qui retenir ; et pourquoi ne pas employer les deux dans une juste répartition du territoire national ?
Pourquoi n’avez-vous pas procédé à une étape pilote pour les inscriptions en ligne ?
Effectivement, en toute chose, une opération pilote est nécessaire. En nous engageant avec ces deux opérateurs qui ont fait leurs preuves en Côte d’Ivoire et hors de la Côte d’Ivoire, nous avions à l’esprit de résoudre un problème qui nous tient à cœur. Il fallait stagner ces effectifs qui dépassent l’entendement pédagogique. On se plaint tous des résultats scolaires et on ne peut pas continuer avec ces échecs. Un des grands attributs de ces échecs, sont les effectifs pléthoriques. Vous ne pouvez pas demander à un enseignant qui a 80 élèves, voire plus et qui a au minimum trois classes de faire trois devoirs par classe. Nous sommes obligés parfois obligés d’aller vite pour certaines choses. Il faut réduire les effectifs, mieux encadrer les enseignants et surtout construire des établissements et les pourvoir en matériels pédagogiques. Bientôt, nous allons livrer des établissements grâce au président de la République.
Qu’est-ce que le ministère de l’Education nationale a prévu pour l’Ouest où il n’y a pas plus d’écoles et pour les élèves réfugiés au Liberia ?
Les élèves réfugiés au Liberia sont en train de rentrer. Nous avons eu à y organiser, il y a deux mois, une mission avec le directeur du Delc, celui de la Dpfc ainsi que le conseiller technique n°2 du cabinet de Mme le Ministre afin de sensibiliser nos compatriotes qui y sont. Beaucoup ont commencé à venir dans les cars. Nous avons eu beaucoup de problèmes avec Toulépleu où il y a eu des saccages et un traumatisme inqualifiable. Les parents et élèves ont peur mais petit à petit, une politique de sensibilisation est mise en place pour qu’ils reviennent à l’école. Et au niveau de Toulépleu, il n’est pas question de frais d’inscriptions, car le cabinet est prêt à les prendre en charge. A l’Ouest, il ne sera pas exigé d’extrait d’acte de naissance pour les élèves de Cm2. Il y aura également des cours de mise à niveau avec la participation d’une Ong ainsi que des classes passerelles pour les élèves du primaire qui ont perdu l’année 2010-2011. Et il y a également une prise en charge psychosociale des enseignants et des élèves de l’Ouest. Nous sommes conscients de l’état de dégradation et de la paupérisation de la ville et des populations. Je profite de l’occasion pour dire aux parents que les classes attendent, les enseignants aussi. Depuis le 27 du mois dernier, il y a un programme tout fait pour ces enfants que nous appelons «Back to school». Au niveau des établissements, des réhabilitations ont été faites et certaines sont terminées. La preuve, il y a maintenant un directeur régional à Duékoué.
Est-ce à dire qu’avec le nouveau système que vous voulez mettre en place, nous aurons cette année de bons résultats scolaires ?
Vous allez trop vite en besogne, nous n’avons pas un système performant actuellement mais nous voulons construire un système plus performant. Voyez, quand je dis que nous avons 23% de réussite à un examen, cela veut dire 77% d’échec. L’inscription en ligne n’est qu’une étape parmi tant d’autres. Les textes qui vont régir l’organisation de l’école sont une autre étape, la formation des enseignants en est une autre ainsi que le système de pilotage des écoles. Nous sommes au début d’un processus et il ne faut pas vous attendre, avant trois ans, à de bons résultats. Mais si cela arrive, cela ne nous déplairait pas du tout. Les analyses à l’Education nationale prouvent qu’on peut avoir un bon système avant trois ans.
Interview réalisée par Napargalè Marie