Six (06) morts et des dizaines de blessés. C'est le triste bilan, au moment où nous mettions sous presse, de la répression sanglante perpétrée par des éléments des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire, hier dimanche, à Vavoua. A l'origine de ce énième drame commis par des hommes en armes incontrôlés, depuis le changement de régime, un soulèvement des populations suite à incident survenu la veille et qui a occasionné la mort d'un jeune homme. Ce dernier, selon les informations recoupées auprès de témoins dans la ville, ainsi que des éléments des forces onusiennes, a succombé à une bastonnade des militaires, qui l'ont arrêté le samedi. Pour quel motif? Toujours est-il que la nouvelle, qui fait le tour de la ville comme une trainée de poudre, suscite un sentiment de révolte chez bien d'habitants ayant du mal à supporter la présence et les agissements des hommes du général Soumaïla Bakayoko. Spontanément, familles, amis et connaissances du défunt, qui ont appris sa mort tragique, convergent vers l'Etat-major des FRCI de Vavoua pour réclamer son corps, mais également marquer leur indignation. Le mouvement de foule, prend progressivement les allures d'une vaste action de protestation contre les soldats ivoiriens basés dans la ville. L'atmosphère se surchauffe aussitôt, et les choses prennent une tournure plus électrique quand se dressent en face des éléments des FRCI pour empêcher les plaignants de poursuivre leur avancée. S'ensuivent des altercations, puis une violente répression contre les jeunes déchainés, qui dénoncent l'acte barbare de la veille ayant occasionné la mort de l'un des leurs. Les affrontements tournent au drame. Quatre (04) morts sur le coup parmi les manifestants. Ce bilan va s'alourdir plus tard avec la mort de l'un des blessés, qui succombera à son tour au moment de son évacuation à l'hôpital. Six (06) tués en quelques heures, la tension se ravive. Le soulèvement s'amplifie avec les jeunes qui réclament le départ sine die des militaires de leur localité. Gourdins et autres objets contondants en main, ils sillonnent des quartiers de la ville à la chasse aux FRCI. Alertée, l'Opération des nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) dépêche d'urgence un détachement sur les lieux. Mais, la tâche ne sera pas des plus aisées pour les soldats onusiens, qui ont du mal à faire baisser la tension. Jusqu'à hier soir, la situation restait encore très tendue dans la ville, les populations étant terrées chez elles, derrière les rues barricadées où ne règnent en maitres que des groupes de jeunes allant de porte-en-porte à la recherche des FRCI. Qu'est-ce qui aura bien causé encore ce dérapage chez des soldats ivoiriens? Pourquoi le jeune homme a-t-il été interpellé? Comment est-il mort? Voici des interrogations dont les réponses devraient permettre de situer clairement les responsabilités et de prendre des mesures qui s'imposent pour éviter à la Côte d'Ivoire des drames pareilles, mais aussi et surtout pour redorer le blason très terni des FRCI de plus en plus vomies par les populations. Quelle armée républicaine quand elle a du mal à se fondre dans son peuple? Une équation très urgente à résoudre!
F.D.BONY
F.D.BONY