Suite aux événements de Vavoua, le chef de l’Etat, chef suprême des armées, Alassane Ouattara, après avoir rencontré, lundi, les chefs des grands commandements de l’Armée, a pris des mesures urgentes qui, pour la plupart, se résument en « la création d’une police militaire pour procéder, sous 48 heures, à l’inspection et à la traque, dans les rues, d’éléments incontrôlés et de tous les véhicules et motos estampillés Frci, inconnus dans les fichiers du parc automobile de l’Armée, afin que ces voitures et motos ne circulent plus ». Telle est la décision importante prise, au sommet de l’Etat de Côte d’Ivoire, pour « freiner ou mettre fin» au zèle trop prononcé de certains éléments au sein des Frci, qui « portent atteinte gravement à l’image de l’armée ivoirienne ». Outre cette mesure, Alassane Ouattara et son équipe ont ordonné le retour « immédiat des anciens chefs d’unités dans leur base d’origine, pour procéder à l’encadrement et au désarmement de leurs éléments, avant d’éventuels regroupements ». Une sortie qui en dit long sur la volonté du nouveau régime d’aller de l’avant en remettant sur les rails la Côte d’Ivoire post-crise. Car, à y voir de près, Alassane Ouattara s’attaque aux véritables maux qui minent son mandat. Après son investiture, le 21 mai dernier, Alassane Ouattara a de tout temps fait montre de son désir de faire revenir la paix mais, il ne se passe pas de jours ou de mois sans que l’Armée, dont il est le premier responsable, ne soit l’objet de préoccupations, du fait de fréquentes bévues. Au vu et au su de leur hiérarchie (complice indirecte ou supposée), des éléments Frci confondent la réalité et les films d’actions. La récente altercation entre populations et éléments Frci à Vavoua a mis au grand jour le mal qui ronge l’armée ivoirienne. Un mal pernicieux auquel personne n’ose s’attaquer de manière directe, vu la délicatesse de la question et la fragilité du climat sociopolitique. En zone précédemment sous contrôle gouvernemental comme en zone sous administration de l’ex-rébellion, la discipline militaire semble foulée aux pieds. Tel est le décor que nous offre l’Armée, dite pourtant « républicaine ». Hélas, les Frci présentent un visage terni de l’armée. Alassane Ouattara est monté sur ses grands chevaux pour « frapper fort et mettre de l’ordre ». En tout état de cause, rien ne sera aisé pour le président de la République en s’attaquant au mal pernicieux et profond qui ronge les Frci, sans occulter le cas latent des Dozos, ces chasseurs traditionnels. En attendant, les éléments incontrôlés mènent une vie d’intouchable, quand ils n’exhibent pas leurs armes dans les rues ivoiriennes.
BORIS N’GOTTA
BORIS N’GOTTA