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Société Publié le jeudi 5 janvier 2012 | Nord-Sud

Crise à l’Infas : Un scandale financier découvert

Un audit ordonné par le ministère de l’Economie et des Finances révèle une mauvaise gestion à l’Institut national de formation des agents de santé (Infas), sur la période de 2005 à 2010.


Le malaise de l’Institut national de la formation des agents de santé (Infas) a été diagnostiqué. Selon un audit, commandité par le gouvernement, cet établissement public national (Epn), capital pour le système sanitaire national, souffre d’une mauvaise gestion, et particulièrement de dépenses irrationnelles. Depuis quelques mois, l’accès au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville est bloqué chaque semaine par des élèves-infirmiers, sages-femmes et autres techniciens de santé. Ils exigent le payement de leurs arriérés de bourses estimés à 700 millions de Fcfa. Les formateurs de l’Infas sont eux aussi dans la tourmente. Leurs salaires sont payés en retard et ils ne perçoivent plus de primes depuis plusieurs mois.

23 millions pour
peindre 3 classes !

Les caisses de l’école sont vides. Comment en est-on arrivé-là ? Selon l’audit, con­duit par la Cellule des revues de dépenses publiques de la Direction générale du budget et des finances (Ministère de l’Economie et des finances) et dont nous avons reçu copie du rapport, l’Infas fait aujourd’hui les frais de dépenses illogiques entre 2005 et 2010, période couverte par l’enquête. Par exemple, au cours de l’exercice 2010, pour la simple transformation des locaux de l’ancienne direction des travaux publics en une antenne, la direction de l’école a engagé et ordonnancé plus de 400 millions de Fcfa. Pis, la passation de marché au profit du fournisseur n’a pas respecté la procédure en vigueur, et le montant ordonnancé demeure en ‘’restes à payer’’ dans les livres de l’agent comptable. Pourtant, les prestations sont suspendues, faute d’agrément de la direction des marchés publics. Un autre exemple. De 2007 à 2010, au motif de remettre en état quatre véhicules, les gestionnaires de l’Infas ont encaissé plus de 64 millions. Au finish, les véhicules concernés sont toujours en mauvais état …Ce qui pose, selon le rapport, « un problème de sincérité de ces dépenses et de leur qualité ». Toujours en 2010, la même direction a agencé 23,215 millions de F Cfa pour la réhabilitation de trois salles de classe à l’école de base d’Abidjan. Il se trouve que ces salles ne sont pas fonctionnelles : problèmes d’étanchéité, installations électriques défaillantes, splits non fonctionnels. Seule la peinture a été refaite. La suspicion persiste. Surtout que, constate les auditeurs,  toutes les pièces comptables des dépenses ne sont pas annexées aux ordres de paiement archivés au niveau de la sous-direction des affaires administratives et financières. Il manque très souvent la facture pro-forma, le bon de commande, le bordereau de livraison ou de l’attestation de réception des travaux. Dans sa 23ème recommandation, l’audit préconise que le directeur de l’institut prenne des dispositions utiles en vue du strict respect des imputations budgétaires. En effet, près de 133 millions de F Cfa ont été dépensés en cinq ans pour l’achat de boîtes de lait, l’acquisition de fiches d’évaluation. Et pour l’inspecteur, c’en est trop. D’autres anomalies sont relevées. Les objectifs quantitatifs de formation assimilés aux quotas d’entrée en 1ère année ne sont pas formellement arrêtés. En plus, ces quotas ne tiennent pas compte des capacités réelles d’accueil et des moyens disponibles. Il ressort aussi que des listes additives d’étudiants recrutés à titre privé, suivant d’autres critères, s’ajoutent aux listes des admis officiels. On n’est donc pas étonné d’entendre la grogne des étudiants. Pas non plus étonné de l’insatisfaction des enseignants. Mais il y a plus grave, c’est que toute cette situation a pour conséquence une formation au rabais d’agents à qui le destin des malades est confié dans les hôpitaux publics !



Cissé Sindou
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