Depuis 1992, date de son sacre au Sénégal au détriment du Ghana voisin au terme d’une longue série de tirs au but (11 tirs au but à 10), la Côte d’Ivoire court après une autre couronne continentale. Dix huit ans après, elle attend toujours de reconquérir l’Afrique. L’attente est longue, très longue même.
Passée la génération des Abdoulaye Traoré, Ben Salah, Loué Biagné Ruffin, Tiéhi Joel, Lignon Nagueu Georges et autres qui ont écrit l’une des plus belles pages du football ivoirien, les espoirs ont été vainement portés par Ibrahim Bakayoko, Diabaté Lassina, Zéré Patrice, Guel Tchiressoa et consorts. Puis est arrivée celle conduite par Didier Drogba dont beaucoup ont, à tort ou à raison, pensé qu’elle viendrait rapidement combler l’attente des Ivoiriens. Que de déceptions depuis 2006 ! Ce ne sont pourtant pas les individualités qui ont fait défaut. Il suffit pour s’en convaincre de lire quelques noms : Didier Drogba, Zokora Didier, Yaya Touré, Eboué Emmanuel, Koné Baky, Boka Arthur, N’dri Koffi Romaric, Kolo Touré.
Finaliste malheureuse face à l’Egypte au Caire en 2006, la Côte d’Ivoire termine deux ans plus tard à la quatrième place, juste derrière les Black stars du Ghana qui organisait l’épreuve. Là encore, les Pharaons, impériaux, s’imposent au finish aux dépens des Lions indomptables du Cameroun. L’expédition angolaise de 2010 n’est pas plus fructueuse. L’aventure s’arrête en quarts de finale face à l’Algérie. La Côte d’Ivoire, une fois de plus, doit reporter son ambition. L’année 2012 lui offre une autre occasion de rêver du titre continental.
Mais cette opportunité de monter sur le toit de l’Afrique n’est pas une affaire réglée d’avance car il faut se battre sur le rectangle vert, seule surface où éclate la vérité.
Avant la grand’messe de la Guinée équatoriale et du Gabon (21 janvier-12 février 2012), il est bon de mettre en garde contre les affirmations du genre : «La CAN 2012 n’est pas une doléance, c’est une exigence… La Côte d’Ivoire n’est plus au stade de la simple participation mais de la victoire». Ou encore : «En l’absence du Cameroun et de l’Egypte, la Côte d’Ivoire doit remporter la CAN 2012. Elle compte des joueurs qui évoluent dans de grands clubs européens ». C’est le discours parfait pour mettre inutilement la pression sur les encadreurs administratifs et techniques et conduire les joueurs tout droit dans le mur.
Une adresse ou une approche plus pédagogique n’aurait-elle pas suffi au ministre Philippe Légré du département des Sports et Loisirs pour galvaniser les troupes plutôt que de servir un discours quasiment martial ? Sans faire de leçon au grand commis de l’Etat, nous voudrions rappeler qu’une compétition de l’envergure de la CAN rassemble les meilleurs du moment qui ont droit au respect et à la considération. Et qu’il ne suffit pas seulement de réunir sous la même tunique de grands noms pour que le résultat soit absolument garanti.
Est-il encore utile de lui indiquer que le bonheur vient à ceux qui font preuve de plus d’envie, de détermination, d’efficacité une fois sur le terrain ? L’Egypte qui ne compte pas un gros contingent de professionnels évoluant en Europe offre un bel exemple. Elle a remporté successivement les trois dernières éditions de la Coupe d’Afrique des nations devant des sélections qui avaient dans leurs effectifs une pléthore «d’expatriés».
Un autre cas est très édifiant. Getafe, inférieur en théorie, n’a-t-il pas récemment fait plier l’échine au FC Barcelone qui avait pourtant ce jour-là dans ses rangs Lionel Messi, Andrés Iniesta, David Villa, Dani Alvès et autres, ces monstres sacrés du ballon rond ?
Etonnante est la vision de ceux qui claironnent que «Drogba et ses coéquipiers n’ont jamais été aussi proches d’une consécration, après de nombreuses tentatives» au motif que le Cameroun, l’Egypte, l’Algérie et le Nigeria ne sont pas de la campagne 2012. L’on peut aisément leur rétorquer que ce n’est pas un «décret» de la CAF qui a interdit à ces pays de participer à cette 29ème édition de la CAN. L’implacable vérité est que ces gros bras ont été purement et simplement éliminés lors de la phase de poules.
L’Egypte, le champion en titre, a occupé la dernière place dans une poule où elle était en compagnie de l’Afrique du Sud, de la Sierra Leone et du Niger qui a terminé premier. Le Sénégal a barré la route au Cameroun. Idem pour la Guinée au détriment du Nigeria. L’Algérie dans son groupe n’a pas fait mieux que les autres recalés.
Pourquoi alors ne pas mettre en avant la valeur ou les progrès des qualifiés au lieu de prendre prétexte de l’absence des vaincus de la phase éliminatoire pour quantifier les chances des Eléphants ? La chute est toujours brutale quand on regarde de très haut celui qui est en face. Une équipe aussi forte soit-elle se doit toujours de respecter son adversaire afin d’éviter des désagréments.
De l’humilité et de la force mentale, il en faudra beaucoup à la FIF, à l’encadrement technique et aux joueurs pour résister à la pression du politique qui s’invite constamment dans le débat et surtout éviter le piège de la suffisance, du complexe de supériorité qui joue de bien vilains tours.
Roger Okou Vabé
rogerokou@yahoo.fr
Passée la génération des Abdoulaye Traoré, Ben Salah, Loué Biagné Ruffin, Tiéhi Joel, Lignon Nagueu Georges et autres qui ont écrit l’une des plus belles pages du football ivoirien, les espoirs ont été vainement portés par Ibrahim Bakayoko, Diabaté Lassina, Zéré Patrice, Guel Tchiressoa et consorts. Puis est arrivée celle conduite par Didier Drogba dont beaucoup ont, à tort ou à raison, pensé qu’elle viendrait rapidement combler l’attente des Ivoiriens. Que de déceptions depuis 2006 ! Ce ne sont pourtant pas les individualités qui ont fait défaut. Il suffit pour s’en convaincre de lire quelques noms : Didier Drogba, Zokora Didier, Yaya Touré, Eboué Emmanuel, Koné Baky, Boka Arthur, N’dri Koffi Romaric, Kolo Touré.
Finaliste malheureuse face à l’Egypte au Caire en 2006, la Côte d’Ivoire termine deux ans plus tard à la quatrième place, juste derrière les Black stars du Ghana qui organisait l’épreuve. Là encore, les Pharaons, impériaux, s’imposent au finish aux dépens des Lions indomptables du Cameroun. L’expédition angolaise de 2010 n’est pas plus fructueuse. L’aventure s’arrête en quarts de finale face à l’Algérie. La Côte d’Ivoire, une fois de plus, doit reporter son ambition. L’année 2012 lui offre une autre occasion de rêver du titre continental.
Mais cette opportunité de monter sur le toit de l’Afrique n’est pas une affaire réglée d’avance car il faut se battre sur le rectangle vert, seule surface où éclate la vérité.
Avant la grand’messe de la Guinée équatoriale et du Gabon (21 janvier-12 février 2012), il est bon de mettre en garde contre les affirmations du genre : «La CAN 2012 n’est pas une doléance, c’est une exigence… La Côte d’Ivoire n’est plus au stade de la simple participation mais de la victoire». Ou encore : «En l’absence du Cameroun et de l’Egypte, la Côte d’Ivoire doit remporter la CAN 2012. Elle compte des joueurs qui évoluent dans de grands clubs européens ». C’est le discours parfait pour mettre inutilement la pression sur les encadreurs administratifs et techniques et conduire les joueurs tout droit dans le mur.
Une adresse ou une approche plus pédagogique n’aurait-elle pas suffi au ministre Philippe Légré du département des Sports et Loisirs pour galvaniser les troupes plutôt que de servir un discours quasiment martial ? Sans faire de leçon au grand commis de l’Etat, nous voudrions rappeler qu’une compétition de l’envergure de la CAN rassemble les meilleurs du moment qui ont droit au respect et à la considération. Et qu’il ne suffit pas seulement de réunir sous la même tunique de grands noms pour que le résultat soit absolument garanti.
Est-il encore utile de lui indiquer que le bonheur vient à ceux qui font preuve de plus d’envie, de détermination, d’efficacité une fois sur le terrain ? L’Egypte qui ne compte pas un gros contingent de professionnels évoluant en Europe offre un bel exemple. Elle a remporté successivement les trois dernières éditions de la Coupe d’Afrique des nations devant des sélections qui avaient dans leurs effectifs une pléthore «d’expatriés».
Un autre cas est très édifiant. Getafe, inférieur en théorie, n’a-t-il pas récemment fait plier l’échine au FC Barcelone qui avait pourtant ce jour-là dans ses rangs Lionel Messi, Andrés Iniesta, David Villa, Dani Alvès et autres, ces monstres sacrés du ballon rond ?
Etonnante est la vision de ceux qui claironnent que «Drogba et ses coéquipiers n’ont jamais été aussi proches d’une consécration, après de nombreuses tentatives» au motif que le Cameroun, l’Egypte, l’Algérie et le Nigeria ne sont pas de la campagne 2012. L’on peut aisément leur rétorquer que ce n’est pas un «décret» de la CAF qui a interdit à ces pays de participer à cette 29ème édition de la CAN. L’implacable vérité est que ces gros bras ont été purement et simplement éliminés lors de la phase de poules.
L’Egypte, le champion en titre, a occupé la dernière place dans une poule où elle était en compagnie de l’Afrique du Sud, de la Sierra Leone et du Niger qui a terminé premier. Le Sénégal a barré la route au Cameroun. Idem pour la Guinée au détriment du Nigeria. L’Algérie dans son groupe n’a pas fait mieux que les autres recalés.
Pourquoi alors ne pas mettre en avant la valeur ou les progrès des qualifiés au lieu de prendre prétexte de l’absence des vaincus de la phase éliminatoire pour quantifier les chances des Eléphants ? La chute est toujours brutale quand on regarde de très haut celui qui est en face. Une équipe aussi forte soit-elle se doit toujours de respecter son adversaire afin d’éviter des désagréments.
De l’humilité et de la force mentale, il en faudra beaucoup à la FIF, à l’encadrement technique et aux joueurs pour résister à la pression du politique qui s’invite constamment dans le débat et surtout éviter le piège de la suffisance, du complexe de supériorité qui joue de bien vilains tours.
Roger Okou Vabé
rogerokou@yahoo.fr