Située à environ15 minutes d’Abidjan, la banlieue de Bingerville, deuxième capitale de la Côte d’Ivoire, a vu naître sur son sol un jardin botanique. Créé en 1904, par le gouverneur Angoulvant comme son jardin de promenade, ce patrimoine a connu de nombreuses dénominations. Jardin d’essai d’abord, c’est en 1935 qu’il est baptisé jardin botanique avec une superficie de 56hectares 45ares 44centiares et placé sous la tutelle du ministère des Eaux et Forêts.
Vers 1900, le monde connaît un véritable boom dans le domaine agraire. Les colonisateurs français, à l’image du gouverneur Angoulvant, décident d’introduire en Côte d’Ivoire des produits agricoles pour des essais. En 1929, les résultats sont édifiants. Le café, le cacao, l’asperge, l’hévéa, le palmier à huile, la pomme de terre, pour ne citer que ceux-là, donnent au pays un destin agricole très prometteur. Ainsi, le jardin botanique sur le sol de Bingerville, devient le premier à accueillir le binôme café/cacao. Dans ce jardin, plusieurs espèces prospèrent malgré le poids des ans. Selon les dires du directeur, N’Dri Kouakou Mathias, il y existe des arbres de plus de cent ans, notamment un palmier à huile. En outre, le jardin botanique a généralement un triple rôle. A savoir: la conservation de la biodiversité, l’éducation environnementale, et la recherche scientifique. C’est ce lieu enchanteur et envoûtant qui attire les amoureux de la nature et fait la promotion du tourisme. Grâce à des essences exotiques. Le vanillier, orchidée scientifiquement appelé l’epidendrum vanilla procurant la vanille est un illustre exemple. Le jasmin, l’ixia, opuntia, la bessabunga, le cochléaria, le dahlia, le datura, l’hortensias sont autant de richesses. Le vétiver, cette autre plante venue de l’Inde, de la famille des graminées et dont les racines très odorantes préservent des piqûres des insectes est aussi un cadeau de ce site. Des arbres couramment appelés « arbres à parfum » à cause de leur bonne odeur et cultivés ailleurs parce que utilisés en parfumerie embellissent ce décor. Les arbres fruitiers, de toutes les espèces, les manguiers, les citronniers, les mandariniers, les pommes à lait et surtout le sapotillier dont le latex est utilisé pour le chewing-gum sont particulièrement prisés par de nombreux visiteurs. Par ailleurs, pour les usages pharmaceutiques, le jardin fait étalage de nombreux atouts dans ce domaine. Le niaouli, essence naturelle en est la preuve. Le makoré de plus de cent ans constitue l’une des attractions. Ces palmiers de décoration très prisés au Moyen Orient et les bambous de chine sont placés dans une architecture paradisiaque permettant aux visiteurs de bénéficier de leur ombre, grâce à des reposoirs installés en dessous. La faune du jardin, se compose essentiellement de gazelles, de civettes, d’antilopes, de serpents, d’agoutis et surtout d’écureuils qui souvent n’hésitent pas à se faufiler entre les jambes des visiteurs. Les espèces d’oiseaux sont d’un nombre très élevé.
Quand la ruine et la désolation s’installent
Le jardin botanique de Bingerville a perdu son lustre d’antan. L’insalubrité qui le caractérise est devenue comme une norme. En plein cœur du site se trouve un dépotoir d’ordures qui empeste tout le périmètre. Les quelques espèces de végétaux très prisées sont en voie de disparition et d’autres agressées régulièrement. C’est le cas des bambous de chine réputés pour leur grande combustibilité pour les foyers domestiques. Lors de la période post électorale, pendant les durs moments de la situation sociopolitique, nombre d’arbres ont été abattus pour l’usage domestique. La faune n’échappe pas aussi à l’action destructrice de l’homme. Les animaux sont abattus, surtout les antilopes et les agoutis, dit-on, à cause de leur viande. Il n’est pas rare aussi de rencontrer des visiteurs à la recherche de quelques racines végétales pour les traitements de certaines pathologies. Selon certains Bingervillois habitant non loi du jardin, des visiteurs font souvent l’objet d’agression. Et pour cause, le jardin botanique se trouve être un fumoir. Le directeur dudit jardin témoigne avoir surpris des élèves en pleine consommation de drogue. Selon un ancien élève d’un lycée de Bingerville « les parents dont les enfants, filles comme garçons, ne fument que la cigarette devraient remercier Dieu ». C’est dire que le mal est profond. Le jardin fait aussi le lit des ébats sexuels, en toute indiscrétion. « Avant, les visiteurs attendaient à la nuit tombée pour s’adonner à leur relation sexuelle, maintenant peu importe l’heure, les couples ne se gênent plus », nous informe un autre riverain.
Des lueurs d’espoir
A la tête d’une petite équipe, M. N’Dri Konan Mathias, directeur du jardin est certes inquiet, mais se veut rassurant. Il se plaît à dire qu’« un jardin est le prolongement de la demeure ». Dès lors, il se bat corps et âme pour donner des allures d’éden à ce joyau colonial. Ainsi, de façon régulière, il organise des patrouilles pour dissuader les personnes qui viennent y assouvir de sales besognes. Entre autres actions préventives, on peut citer, la fermeture d’enclos aux voitures, et le nettoyage autant que faire se peut des artères du jardin. Selon M. Koné, guide touristique dudit site, le jardin botanique demeure le lieu le plus visité dans la cité de Bingerville. En effet, plusieurs parcelles ont été mises en valeur par de nombreuses personnalités du pays, dont l’ex-chef Henri Konan Bedié. C’était en 1996, sous son deuxième mandat. Aussi, le bureau de tourisme du district, par l’intermédiaire de Madame Sarr, se veut une interface entre les populations désireuses de faire de la randonnée ou des balades pour promouvoir le jardin botanique. «Le jardin nous dit le directeur, peut avoir un visage reluisant, rayonnant et des allures d’éden, si les moyens financiers sont dégagés, accompagnés de la sensibilisation au plan national sur l’importance de l’environnement pour les populations ».
MAURYTH GBANE
(Stagiaire)
Vers 1900, le monde connaît un véritable boom dans le domaine agraire. Les colonisateurs français, à l’image du gouverneur Angoulvant, décident d’introduire en Côte d’Ivoire des produits agricoles pour des essais. En 1929, les résultats sont édifiants. Le café, le cacao, l’asperge, l’hévéa, le palmier à huile, la pomme de terre, pour ne citer que ceux-là, donnent au pays un destin agricole très prometteur. Ainsi, le jardin botanique sur le sol de Bingerville, devient le premier à accueillir le binôme café/cacao. Dans ce jardin, plusieurs espèces prospèrent malgré le poids des ans. Selon les dires du directeur, N’Dri Kouakou Mathias, il y existe des arbres de plus de cent ans, notamment un palmier à huile. En outre, le jardin botanique a généralement un triple rôle. A savoir: la conservation de la biodiversité, l’éducation environnementale, et la recherche scientifique. C’est ce lieu enchanteur et envoûtant qui attire les amoureux de la nature et fait la promotion du tourisme. Grâce à des essences exotiques. Le vanillier, orchidée scientifiquement appelé l’epidendrum vanilla procurant la vanille est un illustre exemple. Le jasmin, l’ixia, opuntia, la bessabunga, le cochléaria, le dahlia, le datura, l’hortensias sont autant de richesses. Le vétiver, cette autre plante venue de l’Inde, de la famille des graminées et dont les racines très odorantes préservent des piqûres des insectes est aussi un cadeau de ce site. Des arbres couramment appelés « arbres à parfum » à cause de leur bonne odeur et cultivés ailleurs parce que utilisés en parfumerie embellissent ce décor. Les arbres fruitiers, de toutes les espèces, les manguiers, les citronniers, les mandariniers, les pommes à lait et surtout le sapotillier dont le latex est utilisé pour le chewing-gum sont particulièrement prisés par de nombreux visiteurs. Par ailleurs, pour les usages pharmaceutiques, le jardin fait étalage de nombreux atouts dans ce domaine. Le niaouli, essence naturelle en est la preuve. Le makoré de plus de cent ans constitue l’une des attractions. Ces palmiers de décoration très prisés au Moyen Orient et les bambous de chine sont placés dans une architecture paradisiaque permettant aux visiteurs de bénéficier de leur ombre, grâce à des reposoirs installés en dessous. La faune du jardin, se compose essentiellement de gazelles, de civettes, d’antilopes, de serpents, d’agoutis et surtout d’écureuils qui souvent n’hésitent pas à se faufiler entre les jambes des visiteurs. Les espèces d’oiseaux sont d’un nombre très élevé.
Quand la ruine et la désolation s’installent
Le jardin botanique de Bingerville a perdu son lustre d’antan. L’insalubrité qui le caractérise est devenue comme une norme. En plein cœur du site se trouve un dépotoir d’ordures qui empeste tout le périmètre. Les quelques espèces de végétaux très prisées sont en voie de disparition et d’autres agressées régulièrement. C’est le cas des bambous de chine réputés pour leur grande combustibilité pour les foyers domestiques. Lors de la période post électorale, pendant les durs moments de la situation sociopolitique, nombre d’arbres ont été abattus pour l’usage domestique. La faune n’échappe pas aussi à l’action destructrice de l’homme. Les animaux sont abattus, surtout les antilopes et les agoutis, dit-on, à cause de leur viande. Il n’est pas rare aussi de rencontrer des visiteurs à la recherche de quelques racines végétales pour les traitements de certaines pathologies. Selon certains Bingervillois habitant non loi du jardin, des visiteurs font souvent l’objet d’agression. Et pour cause, le jardin botanique se trouve être un fumoir. Le directeur dudit jardin témoigne avoir surpris des élèves en pleine consommation de drogue. Selon un ancien élève d’un lycée de Bingerville « les parents dont les enfants, filles comme garçons, ne fument que la cigarette devraient remercier Dieu ». C’est dire que le mal est profond. Le jardin fait aussi le lit des ébats sexuels, en toute indiscrétion. « Avant, les visiteurs attendaient à la nuit tombée pour s’adonner à leur relation sexuelle, maintenant peu importe l’heure, les couples ne se gênent plus », nous informe un autre riverain.
Des lueurs d’espoir
A la tête d’une petite équipe, M. N’Dri Konan Mathias, directeur du jardin est certes inquiet, mais se veut rassurant. Il se plaît à dire qu’« un jardin est le prolongement de la demeure ». Dès lors, il se bat corps et âme pour donner des allures d’éden à ce joyau colonial. Ainsi, de façon régulière, il organise des patrouilles pour dissuader les personnes qui viennent y assouvir de sales besognes. Entre autres actions préventives, on peut citer, la fermeture d’enclos aux voitures, et le nettoyage autant que faire se peut des artères du jardin. Selon M. Koné, guide touristique dudit site, le jardin botanique demeure le lieu le plus visité dans la cité de Bingerville. En effet, plusieurs parcelles ont été mises en valeur par de nombreuses personnalités du pays, dont l’ex-chef Henri Konan Bedié. C’était en 1996, sous son deuxième mandat. Aussi, le bureau de tourisme du district, par l’intermédiaire de Madame Sarr, se veut une interface entre les populations désireuses de faire de la randonnée ou des balades pour promouvoir le jardin botanique. «Le jardin nous dit le directeur, peut avoir un visage reluisant, rayonnant et des allures d’éden, si les moyens financiers sont dégagés, accompagnés de la sensibilisation au plan national sur l’importance de l’environnement pour les populations ».
MAURYTH GBANE
(Stagiaire)