Ouattara, un peu trop sûr au départ de l’infaillibilité du soutien de Nicolas Sarkozy, avait minimisé, voire ignoré les appels des capitales et surtout des places financières européennes à la «reprise du dialogue politique avec l’opposition». Il a banalisé «la nécessité de la reprise des discussions avec l’opposition», comme l’ont exigé les ténors de l’Union européenne, hormis la France bien sûr. Mais, plus de 8 mois après son installation au pouvoir dans des conditions tragiques, il éprouve le caractère implacable des «exigences démocratiques» de ses alliés d’hier. Lesquelles lui ont été signifiées, bien avant les élections législatives truquées de décembre 2011, à travers des conditions posées par la Banque mondiale et le Fmi lors des discussions que le ministère de l’Economie et des Finances a eu avec les bailleurs de fonds en mission d’évaluation à Abidjan. Ceux-ci avaient su, avec la plus
grande courtoisie, choisir les mots pour «assortir» l’aide à des conditions dont : «la tenue d’élections législatives crédibles et ouvertes à tous, la sécurisation du pays par les forces régulières, la réhabilitation entière et totale de la justice pour la sécurisation de l’environnement des affaires, l’assainissement des finances publiques notamment par la réunification des ressources de l’Etat (dont une partie est aux mains de l’ex-rébellion à Bouaké depuis 2002, le respect de la liberté d’expression et donc de la presse, le respect des Droits de l’Homme…».
Difficile apprentissage de la démocratie
Et les pays de l’Union européenne qui ont le pouvoir de décision à la Banque mondiale avaient tenu à ce que cela soit fait «avant la fin de l’année 2011», si Ouattara voulait espérer quelques milliards en 2012. Car, les fonds de la Banque mondiale et du Fmi, au-delà de cette dénomination globalisante qui donne l’impression (aux partisans de Ouattara) que c’est de l’argent tombé du ciel et donc disponible et facilement accessible, représentent en fait un enjeu important sur les places financières internationales depuis lesquelles on les «place» dans les pays qui en font la demande. Ces fonds, qui sont soumis au jeu des intérêts et des influences politiques internationaux, étant apportés par des «acteurs» qui décident si oui ou non on doit les placer ici ou là, ne sont jamais acquis à l’avance. Du moment que ces acteurs qui apportent leur argent n’ont pas «ramassé» ces fonds, comme ont le dit communément. Aussi une banque a beau être «mondiale», elle reste une banque, c'est-à-dire une institution financière qui gère des capitaux soumis à des «conditions», forcément. Une réalité que Ouattara «le banquier international» qui est passé par la Bceao puis par le Fmi connaît pourtant très bien. Mais trop confiant au départ dans «l’aide inconditionnelle» de ses alliées, il en a fait fi. Avant d’être interpellé, début septembre, selon des sources diplomates, par les Etats-Unis eux-mêmes, gênés en fin de compte par l’anarchie qui règne en Côte d’Ivoire et surtout par les dérives dictatoriales d’un homme qu’ils ont présenté comme un «démocrate», pour justifier aux yeux de leur opinion leur ingérence au profit de Ouattara dans la crise postélectorale.
Des manœuvres dérisoires de diversion
On comprend pourquoi Ouattara avait fait semblant, fin septembre, de discuter avec le Front populaire ivoirien (Fpi) et La majorité présidentielle (Lmp) pour manipuler l’opposition avec de fausses promesses, dans le but de l’amener à prendre par aux élections législatives que les partenaires voulaient «ouvertes à tous». Puis, face aux conditions légitiment posées par l’opposition quant à la libération de Laurent Gbagbo et ses proches et à situation sécuritaire préoccupante, il avait rompu unilatéralement les discussions. Avant de libérer, sur conseil, quelques proches de Laurent Gbagbo emprisonnés, torturés et humiliés dans les camps de détention au Nord du pays, pour faire diversion, à quelques semaines des législatives qui conditionnaient un prêt promis sur 3 ans par la Banque mondiale. Déjà, les choses étaient mal engagées pour lui. Du moment que le Fpi et Lmp ne prenaient pas part à ces législatives, il était établi qu’elles ne seraient pas «ouvertes à tous». D’où les tentatives désespérées du pouvoir de susciter des «candidatures indépendantes des cadres du Fpi et Lmp», avec la complicité des ambassades des Usa et de la France à Abidjan, pour tromper la communauté internationale. Mais très rapidement, la direction du parti est montée au créneau pour faire la mise au point qui s’imposait : Le Fpi ne prendra pas part aux législatives car les conditions de sa participation ne sont pas réuni. Et il n’a mandaté aucun candidat indépendant pour y participer. Ainsi coincé, Ouattara a dû courir les yeux fermés aux législatives car il était tenu, selon nos sources, par le délai des bailleurs de fonds : «avant la fin de l’année 2011»
Le désastre électoral qui a tout gâché
Le défi était donc pour Ouattara de démonter qu’il a «le soutien sans faille de la population», comme il se plait à le dire à chaque tournée à l’extérieur, à défaut d’ouvrir les législatives à l’opposition. Mais il ne veut pas aller à ce scrutin, qui était un indicateur important pour la communauté internationale, sans faire déporter le Président Laurent Gbagbo du goulag de Korhogo à la Haye, avec le soutien de la France en arguant que sa présence faisait planer «une menace sur le processus de réconciliation nationale et sur les législatives de décembre 2011». Le mardi 28 novembre 2011, le coup est réussi. Laurent Gbagbo est déporté illégalement à la Haye, dans des conditions qui évoquent un enlèvement. Et le tenant du pouvoir peut enfin organiser «ses» législatives. Mais, hélas pour lui, c’est un «désert électoral» qui met à nu son impopularité. Moins de 15% de taux de participation. La mobilisation qui aurait dû compenser la mise à l’écart du Fpi n’a eu lieu. Du coup, la mascarade devient évidente, dans un pays où plus de 85% de la population vomit le pouvoir en place. Et conforte les bailleurs de fonds dans l’idée que «la Côte d’Ivoire n’est pas une destination sûre». Dans la mesure où il n’y plus de dialogue entre le pouvoir minoritaire et l’opposition majoritaire et que la situation reste confuse à tous les niveaux, il ne serait être question d’y placer de l’argent sous forme de prêts à l’Etat ou d’y faire des affaires.
Le Débat démocratique avec l’opposition ou la diète
Or, la situation se complique pour Ouattara qui ne peut plus compter sur l’aide de Paris pour avoir des fonds, dans un contexte de crise économique profonde en Europe. Ses «amis» qui ne le boudent pas encore lui ont donc sagement conseillé d’écouter les injonctions des bailleurs de fonds qui tiennent compte des exigences démocratiques qui constituent l’aspect «éthique» de leurs conditions. Car, on ne peut pas donner aveuglement de l’argent à un régime incertain en rupture de ban avec la population qui se reconnaît majoritairement dans l’opposition. Et, le musèlement de l’opposition n’est rien d’autre que de la «dictature». Ce dont les «grandes démocraties» ont horreur. Le régime Ouattara devra donc négocier avec l’opposition pour rétablir le dialogue démocratique qu’exigent les soutiens extérieurs ou «mourir de faim» en entraînant hélas les Ivoiriens dans le gouffre. Des indiscrétions font savoir que dans leurs «vœux de nouvel an» en ce mois de janvier 2012, les partenaires extérieurs et les «amis» qui restent reste à Ouattara ont insisté sur ce point: Discuter avec l’opposition ou périr. Le Fpi demeure incontournable. Que Ouattara le veuille ou non.
K. Kouassi Maurice
grande courtoisie, choisir les mots pour «assortir» l’aide à des conditions dont : «la tenue d’élections législatives crédibles et ouvertes à tous, la sécurisation du pays par les forces régulières, la réhabilitation entière et totale de la justice pour la sécurisation de l’environnement des affaires, l’assainissement des finances publiques notamment par la réunification des ressources de l’Etat (dont une partie est aux mains de l’ex-rébellion à Bouaké depuis 2002, le respect de la liberté d’expression et donc de la presse, le respect des Droits de l’Homme…».
Difficile apprentissage de la démocratie
Et les pays de l’Union européenne qui ont le pouvoir de décision à la Banque mondiale avaient tenu à ce que cela soit fait «avant la fin de l’année 2011», si Ouattara voulait espérer quelques milliards en 2012. Car, les fonds de la Banque mondiale et du Fmi, au-delà de cette dénomination globalisante qui donne l’impression (aux partisans de Ouattara) que c’est de l’argent tombé du ciel et donc disponible et facilement accessible, représentent en fait un enjeu important sur les places financières internationales depuis lesquelles on les «place» dans les pays qui en font la demande. Ces fonds, qui sont soumis au jeu des intérêts et des influences politiques internationaux, étant apportés par des «acteurs» qui décident si oui ou non on doit les placer ici ou là, ne sont jamais acquis à l’avance. Du moment que ces acteurs qui apportent leur argent n’ont pas «ramassé» ces fonds, comme ont le dit communément. Aussi une banque a beau être «mondiale», elle reste une banque, c'est-à-dire une institution financière qui gère des capitaux soumis à des «conditions», forcément. Une réalité que Ouattara «le banquier international» qui est passé par la Bceao puis par le Fmi connaît pourtant très bien. Mais trop confiant au départ dans «l’aide inconditionnelle» de ses alliées, il en a fait fi. Avant d’être interpellé, début septembre, selon des sources diplomates, par les Etats-Unis eux-mêmes, gênés en fin de compte par l’anarchie qui règne en Côte d’Ivoire et surtout par les dérives dictatoriales d’un homme qu’ils ont présenté comme un «démocrate», pour justifier aux yeux de leur opinion leur ingérence au profit de Ouattara dans la crise postélectorale.
Des manœuvres dérisoires de diversion
On comprend pourquoi Ouattara avait fait semblant, fin septembre, de discuter avec le Front populaire ivoirien (Fpi) et La majorité présidentielle (Lmp) pour manipuler l’opposition avec de fausses promesses, dans le but de l’amener à prendre par aux élections législatives que les partenaires voulaient «ouvertes à tous». Puis, face aux conditions légitiment posées par l’opposition quant à la libération de Laurent Gbagbo et ses proches et à situation sécuritaire préoccupante, il avait rompu unilatéralement les discussions. Avant de libérer, sur conseil, quelques proches de Laurent Gbagbo emprisonnés, torturés et humiliés dans les camps de détention au Nord du pays, pour faire diversion, à quelques semaines des législatives qui conditionnaient un prêt promis sur 3 ans par la Banque mondiale. Déjà, les choses étaient mal engagées pour lui. Du moment que le Fpi et Lmp ne prenaient pas part à ces législatives, il était établi qu’elles ne seraient pas «ouvertes à tous». D’où les tentatives désespérées du pouvoir de susciter des «candidatures indépendantes des cadres du Fpi et Lmp», avec la complicité des ambassades des Usa et de la France à Abidjan, pour tromper la communauté internationale. Mais très rapidement, la direction du parti est montée au créneau pour faire la mise au point qui s’imposait : Le Fpi ne prendra pas part aux législatives car les conditions de sa participation ne sont pas réuni. Et il n’a mandaté aucun candidat indépendant pour y participer. Ainsi coincé, Ouattara a dû courir les yeux fermés aux législatives car il était tenu, selon nos sources, par le délai des bailleurs de fonds : «avant la fin de l’année 2011»
Le désastre électoral qui a tout gâché
Le défi était donc pour Ouattara de démonter qu’il a «le soutien sans faille de la population», comme il se plait à le dire à chaque tournée à l’extérieur, à défaut d’ouvrir les législatives à l’opposition. Mais il ne veut pas aller à ce scrutin, qui était un indicateur important pour la communauté internationale, sans faire déporter le Président Laurent Gbagbo du goulag de Korhogo à la Haye, avec le soutien de la France en arguant que sa présence faisait planer «une menace sur le processus de réconciliation nationale et sur les législatives de décembre 2011». Le mardi 28 novembre 2011, le coup est réussi. Laurent Gbagbo est déporté illégalement à la Haye, dans des conditions qui évoquent un enlèvement. Et le tenant du pouvoir peut enfin organiser «ses» législatives. Mais, hélas pour lui, c’est un «désert électoral» qui met à nu son impopularité. Moins de 15% de taux de participation. La mobilisation qui aurait dû compenser la mise à l’écart du Fpi n’a eu lieu. Du coup, la mascarade devient évidente, dans un pays où plus de 85% de la population vomit le pouvoir en place. Et conforte les bailleurs de fonds dans l’idée que «la Côte d’Ivoire n’est pas une destination sûre». Dans la mesure où il n’y plus de dialogue entre le pouvoir minoritaire et l’opposition majoritaire et que la situation reste confuse à tous les niveaux, il ne serait être question d’y placer de l’argent sous forme de prêts à l’Etat ou d’y faire des affaires.
Le Débat démocratique avec l’opposition ou la diète
Or, la situation se complique pour Ouattara qui ne peut plus compter sur l’aide de Paris pour avoir des fonds, dans un contexte de crise économique profonde en Europe. Ses «amis» qui ne le boudent pas encore lui ont donc sagement conseillé d’écouter les injonctions des bailleurs de fonds qui tiennent compte des exigences démocratiques qui constituent l’aspect «éthique» de leurs conditions. Car, on ne peut pas donner aveuglement de l’argent à un régime incertain en rupture de ban avec la population qui se reconnaît majoritairement dans l’opposition. Et, le musèlement de l’opposition n’est rien d’autre que de la «dictature». Ce dont les «grandes démocraties» ont horreur. Le régime Ouattara devra donc négocier avec l’opposition pour rétablir le dialogue démocratique qu’exigent les soutiens extérieurs ou «mourir de faim» en entraînant hélas les Ivoiriens dans le gouffre. Des indiscrétions font savoir que dans leurs «vœux de nouvel an» en ce mois de janvier 2012, les partenaires extérieurs et les «amis» qui restent reste à Ouattara ont insisté sur ce point: Discuter avec l’opposition ou périr. Le Fpi demeure incontournable. Que Ouattara le veuille ou non.
K. Kouassi Maurice