x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

International Publié le vendredi 13 janvier 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Présidentielle au Mali / Madani Amadou Tall, président du parti ADM (Avenir et Développement du Mali) : ‘’Pourquoi je veux succéder à Amadou Toumani Touré’’

En visite à Abidjan, le président du parti politique Avenir et Développement du Mali (ADM) a fait des précisions sur sa candidature à l’élection présidentielle d’avril prochain au Mali.

Pourquoi, c’est à Tombouctou que l’ADM a choisi de célébrer en décembre dernier, l’an un du parti qui était depuis sa création en 2007 une association. Tombouctou qui soulève le problème sécuritaire dans la zone Nord du Mali, avec quel politique venez-vous pour asseoir la paix dans cette partie du Mali ?

Nous avons fêté le premier anniversaire du parti à Tombouctou à un moment où – sans doute – la plupart du monde a quelques réticences à franchir la zone de Mopti. Nous avons tenu à aller manifester notre solidarité à l’égard des populations de Tombouctou et montrer aussi que le Mali est uni et indivisible. La paix, c’est d’abord le développement. La question du développement est liée avant tout à la faculté de nos dirigeants à lever suffisamment de financement et d’investissement pour faire en sorte que l’emploi gagne aussi Tombouctou. Parce que, c’est en créant des poches d’emploi que l’on fait disparaître des poches d’insécurité. Nous pensons qu’une présence renforcée de l’Etat sur le plan non seulement sécuritaire, administratif et social couplé au développement de poche de revenu pour les populations, permettra de stabiliser la zone. Le problème du nord est complexe et divers. Il y a ceux auxquels nous assistons ces jours-ci : le banditisme de jeunes gens désœuvrés qui n’ont trouvé mieux que de salir la réputation de leur pays en commettant des actes lâches, en kidnappant des ressortissants de pays frères et amis. Ces cas doivent être combattus avec la plus grande force et fermeté. Il y a également la question de l’AQMI – différente de celle-ci – qui repose sur des ex-Salafistes en provenance d’Algérie qui ont trouvé une terre fertile dans une zone où l’Etat n’est peut-être suffisamment pas présent. Aujourd’hui, cet AQMI présente des visages divers. Il y a même parmi eux, beaucoup de trafiquants, des gens venus de pays voisins qui espéraient partir en Occident – qui n’ont pas pu et qui sont restés sur place. Donc, ils ont créé cette bande de non droit.

Le problème de l’emploi qui est d’ordre national est un point sur lequel la jeunesse du Mali attendra l’ADM ; quelle stratégie comptez-vous développer pour offrir un grand nombre d’emplois ?

Notre stratégie est simple. Pour qu’il y ait un emploi, il faut qu’il y ait des entreprises. Il faut qu’il y ait de l’argent. Et pour qu’il y ait de l’argent, il faut qu’il y ait des investissements. Notre priorité sera de lever suffisamment de fonds et de ressources pour créer de nouvelles richesses pour l’ensemble de l’économie malienne. Il est possible aujourd’hui au Mali de créer plus de deux cent mille (200.000) emplois nouveaux par an, un emploi qui soit qualifié ou non qualifié.

Comment cela pourra-t-il se faire?

C’est l’entreprise qui fait l’emploi. En 1960, au moment de l’indépendance, la vocation de l’école et la question de l’emploi étaient nécessairement liées à la question de la formation. Mais aujourd’hui, nous sommes passés de quatre (4) à quinze (15) millions de Maliens et l’école ne saurait avoir la même vocation. Aujourd’hui, notre école produit des chômeurs parce qu’on crée plus de diplômes qu’il n’y a d’emplois dans le secteur étatique. Donc il faut transférer ces emplois vers le secteur privé, faire en sorte que les entreprises puissent exister en conséquence. Pour cela, pour le cas de Tombouctou ou pour tout autre cas, il faut d’abord de l’investissement. C’est l’investissement qui fait l’emploi. Le monde est devenu tellement complexe que les vieilles méthodes qui consistent à aller demander de l’aide unilatérale ou bilatérale ne répondent plus nécessairement à nos besoins. D’ailleurs, les pays auxquels on s’adressait pour requérir cette assistance sont dans des difficultés. Il est de notre devoir de développer au niveau national une nouvelle intelligence qui permettrait d’avoir l’ingénierie financière et les aptitudes techniques.

La politisation de l’école a paralysé cet environnement ; quel est le nouveau visage de l’école selon l’ADM ?

La politisation de l’école a débuté avec les événements de 1991 au moment où la démocratie s’installait. Il y a eu quelque peu d’anarchie. Les écoles sont devenues plus des lieux de revendication que des lieux d’études. Egalement, le niveau général a baissé. Aujourd’hui, la politisation de l’école provient également du désœuvrement des jeunes. Les jeunes n’y acquièrent plus de compétences et il est temps de transformer l’école pour faire en sorte qu’à chaque étape du parcours éducatif, les jeunes adultes puissent obtenir des diplômes qualifiants qui leur permettent immédiatement d’exercer un métier leur permettant de vivre dans la dignité. Donc la grande réforme de l’école, c’est de renforcer les capacités en expertise technique. Aujourd’hui, nous avons un Mali qui est à vocation agricole, mais il n’y a pas de techniciens machinistes, d’ouvriers agronomes, pas de spécialistes de la grande production, des spécialistes de la mécanisation industrielle, pas de spécialistes en agro-alimentaire ou en agro-industriel qui sont formés dans nos écoles par l’Etat. C’est une aberration ! Parce qu’en réalité, continuer à former un contingent de soixante dix-mille (70.000) étudiants en sciences humaines, c’est soixante dix-mille chômeurs potentiels que l’on met sur le marché. Nous avons un secteur minier en pleine expansion qui depuis vingt (20) ans soutient l’économie et qui est le principal vecteur de l’exportation. Mais, l’école ne forme pas suffisamment dans ce secteur qui pourtant réclame de l’emploi.

Vous êtes conseiller spécial en charge des affaires économiques auprès du Président ATT. Pendant deux mandats, comment l’économie du Mali se porte-t-elle aujourd’hui ?

Globalement, si on reste sur le champ macroéconomique, nous avons connu au cours de ces dix dernières années (Ndlr ; deux mandats) un taux de croissance moyen de cinq (5) à six (6) pour cent. Tous les indicateurs sociaux se sont élevés. Le taux brut d’alphabétisation a augmenté. La qualité ne s’est pas nécessairement améliorée. Par contre, sur le plan des infrastructures, il y a eu beaucoup de faits. Tant sur les chantiers routiers que sur les chantiers de génie civil et autres. Sur le plan de l’amélioration des conditions de vie, notamment l’offre sanitaire et l’électrification, nous sommes passés d’un taux de fluctuation de un (1) à deux (2) pour cent pour atteindre un taux de fluctuation de vingt (20) pour cent. Il y a eu beaucoup d’efforts qui ont été faits sur le plan macroéconomique. La modernisation de l’agriculture a commencé son amorce, tout comme le renouvellement de l’offre d’emploi. Néanmoins, sur le plan microéconomique, il y a beaucoup de problèmes qui demeurent. Mais, je pense que chaque génération a sa mission. L’Etat est une course de relais. Je suis convaincu que la future génération aura à cœur de rehausser le niveau microéconomique, de densifier le tissu de moyennes entreprises, d’affermir celui de l’industrie, de renforcer les capacités à compétir avec le reste du monde, de s’assurer d’un emploi stable pour la majeure partie des citoyens. De faire en sorte que la croissance économique ne soit pas simplement dans l’agrégat macroéconomique, mais que chaque citoyen le ressente dans sa poche à titre personnel et dans son mode de vie. Que l’accès au logement annoncé au cours de ces dix dernières années réponde à des impératifs plus larges. C’est tout autant des défis qui sont des défis actuels et qui ne peuvent relever de la simple dialectique. Au-delà de la dialectique et de la popularité, cela demande de l’aptitude et de la compétence qui malheureusement aujourd’hui n’appartiennent pas à la génération de ceux qui nous ont gouvernés pendant vingt (20) ans.

Quelles sont les priorités pour l’ADM ?

Les priorités du peuple sont les priorités de l’ADM. La politique au service du peuple, ce qui veut dire qu’il est temps de se tourner vers le peuple. Les priorités du peuple, c’est que chaque homme veut d’abord comme première chose son intégrité physique. Les jeunes veulent des emplois, les femmes veulent plus d’égalité (…) Toutes ces préoccupations ne sauraient voir le jour sans une seule chose : avoir à disposition les ressources financières nécessaires pour mettre en œuvre tout ce dont on parle.

Quelle place accorde l’ADM au plan sanitaire ?

Les hôpitaux, c’est aussi une question d’argent. Au-delà de la question, on a beau avoir la meilleure gestion de tous les revenus que nous avons, ces revenus ne représentent pas grand-chose ! Le PIB du Mali, c’est neuf (9) milliards de dollars (4500 milliards de FCFA) – qui est l’équivalent du prix d’achat de Skype, une société qui n’existait pas il y a quinze ans. Alors que le Mali existe depuis que le monde est monde. Donc, neuf (9) milliards de dollars ce n’est pas suffisant pour une économie. Si on continue à ce rythme de cinq (5) à sept (7) pour cent, cela veut dire que jusqu’à la fin des temps, nous n’allons pas nous développer. Il est temps de passer à la vitesse supérieure, une croissance à deux chiffres soutenue pendant au moins une décade pour pouvoir changer de manière durable la vie des Maliens. La question de santé, comme toutes les autres questions, trouve sa réponse dans la disponibilité des ressources.

Etes-vous d’accord pour la révision de la constitution ?

Nous sommes favorables à cette révision constitutionnelle en ce sens que la démocratie malienne a vingt (20) ans aujourd’hui. A vingt ans, un pays comme un être humain est majeur. Au moment où les textes ont été édités en 1992, nous étions au sortir de la révolution. On a promis à faire une Constitution qui présentait le plus d’équilibre, compte tenu de la situation du moment. Et cette constitution n’étant pas un texte sacré mais un texte laïc, elle a vocation à être changée. Dans ces changements, ce dont il faut tenir compte, ce sont des améliorations et des avancées. Je pense que le texte actuel présente beaucoup d’avancées qui permettent de faire en sorte que la loi et les faits puissent vivre avec plus d’équilibre. Le point essentiel pour toute personne qui observait la construction de ce texte (Ndlr ; la Constitution), était de savoir si l’article 30 allait être touché. L’article 30 disant que le Président de la République du Mali est élu au suffrage à deux tours uninominal pour une durée de cinq ans et qui n’est rééligible qu’une seule fois. Ce point n’ayant pas été touché, il faut accorder à ATT, le Président de la République, la bonne foi dont il a fait preuve. En fait, il est en train de préparer un texte pour les futurs dirigeants du Mali et s’assurer que ceux-ci aient un cadre constitutionnel et institutionnel mieux adapté aux réalités du terrain. En même temps, il nous évite de penser encore au changement constitutionnel.

En tant que fidèle du Président ATT, seriez-vous prêt à l’affronter?

Pourquoi aurait-il décidé d’aller aux élections en 2012 ? La Constitution est très claire. ATT est un Républicain. Cette démocratie que nous vivons aujourd’hui, c’est en partie grâce à l’œuvre d’hommes comme ATT qui ont préféré le service à la nation. En 1991, c’est bien lui qui, après 18 mois de transition, après avoir organisé le référendum, après avoir signé la Constitution, après avoir organisé les élections, a décidé de partir alors que d’aucuns lui demandaient de rester. Cet homme ne peut pas se renier vingt (20) ans après. L’hypothèse que vous présentez n’est qu’un scénario fiction. Ce n’est pas un cas de figure qui est envisageable.

Réalisée par Koné Saydoo
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ