Groupe D : Le Ghana en chef de file

Franceville vibrera au rythme des prestations du Ghana, du Botswana, de la Guinée et du Mali lors de la 28e CAN Orange (21 janvier-12 février) co-organisée par le Gabon et la Guinée-Equatoriale. Masuku, avant d`être baptisée Franceville par Pierre Savorgnan de Brazza, explorateur français d`origine italienne, en 1880, a été choisie pour accueillir le groupe D du tournoi continental. Ainsi du 24 janvier au 1er février 2012, le stade de Franceville verra la production des Black Stars du Ghana, des Zèbres du Botswana, du Syli national de Guinée et des Aigles du Mali. Quatre sélections aux ambitions opposées mais qui doivent d`abord se battre dans le chef-lieu de la province du Haut-Ogooué à 512 km au sud-est de Libreville. Gros plan sur cette poule assez équilibrée où le Ghana fait, tout de même, office de chef de file.

Le Ghana : A la conquête de la 5e étoile

La sélection du Ghana ne manque pas d`ambitions dans cette 28e édition de la CAN Orange. Les Black Stars, en se rendant au Gabon, se sont fixés pour objectif de briser une malédiction vieille de trente ans. Depuis le dernier sacre en 1982, le Ghana court inexorablement derrière le trophée continental. «Le seul objectif qu`on peut se fixer en allant à une telle compétition, c`est la finale et la Coupe. Nous allons à la CAN pour revenir avec la Coupe parce que tout le pays attend le trophée depuis 1982», a confié récemment Ayew André dans un entretien accordé au quotidien ivoirien «Le Patriote». Et ce ne sont pas les armes qui manquent à cette formation.

Finaliste de la 27e édition en Angola, le Ghana peut se vanter de son statut de seul quart finaliste de l`Afrique lors du Mondial sud-africain 2010 disputé pour la première fois sur le Continent. Constituée en majorité des champions du Monde juniors en 1999, la sélection ghanéenne a, pour elle, son collectif très fort, sa jeunesse et sa combativité. Malgré le refus du milieu de terrain de l`AC Milan, Kevin Prince Boateng, d`aller au Gabon avec les Black Stars, le successeur de Milovan Rajevac n`aura pas de gros soucis à combler le vide. Goran Stevanovic peut compter sur l`intelligence de jeu d`André Ayew, le sens du but de Gyan Asamoah, le sens du devoir de Sulley Muntari, la vista de Kwadwo Asamoah et l`expérience des défenseurs John Mensah (Capitaine) et John Paintsil. Vainqueur de l`épreuve en 1963, 1965, 1978 et 1982, le Ghana reste donc un prétendant sérieux à la succession de l`Egypte, et ne devrait pas avoir de réels obstacles à dominer le groupe D largement à sa portée. Tout en espérant que cette 18e participation sera enfin la bonne depuis le triomphe de 1982 en Libye.

Le Mali : Passer le premier tour

Les Aigles du Mali honoreront à cette CAN 2012 leur 7e participation avec un bilan très mitigé. Finaliste du tournoi en 1972, le Mali n`a jamais justifié son statut d`outsiders malgré la qualité de son effectif. Avec des joueurs comme Frédéric Kanouté, par ailleurs meilleur buteur de la sélection (23 buts), Seydou Keïta, Mamadou Diarra, Mohamed Sissoko, la sélection malienne devrait pouvoir bousculer la hiérarchie. Malheureusement, cette belle génération n`a jamais justifié et surtout mérité les espoirs placés en elle. La faute à des problèmes d`égo qui ont toujours troublé la quiétude du groupe.

Mais sous la conduite du Français Alain Giresse en poste depuis mai 2010, la sélection malienne veut enfin prendre la place qui est sienne. Malgré une qualification sur le fil (les Aigles à égalité de points avec le Cap Vert ont bénéficié de la différence de buts favorable), l`équipe n`entend pas sortir au premier tour cette année comme en 2008 et 2010. Pour réussir cette mission et en absence des joueurs cadres (Diarra, Kanouté, Sissoko), Giresse a fait confiance à une équipe jeune (Modibo Maïga, Cheick Diabaté, Drissa Diakité, Mohamed Fofana,…) qui sera guidée et conseillée par le capitaine Seydou Keïta et Cédric Kanté, les deux vétérans du groupe. Dans cette ambition de passer le cap du premier tour, les Aigles doivent faire face à l`adversité du Syli national qui aspire également à la seconde place du groupe.

La Guinée : Objectif les demies

Quart de finaliste en 2004, 2006 et 2008 avant de rater l`édition 2010, la Guinée part à la CAN 2012 avec de réels espoirs d`accéder au carré d`as. Car depuis sa seconde place à l`édition de 1976, le Syli national est devenu une équipe quelconque. Partagée entre amateurisme, inorganisation et indiscipline, la sélection guinéenne est toujours sortie de la CAN avec des regrets. Mais cette période semble révolue pour le capitaine et recordman de sélections (81), Pascal Feindouno et ses jeunes coéquipiers.

Le meilleur buteur du Syli (30 réalisations), ayant pris conscience de son statut dans le groupe, a décidé de conduire sa troupe vers les sommets. Mais cette remise en cause n`aurait jamais été possible sans la rigueur du sélectionneur Michel Dussuyer. L`ancien gardien de Nice, parti de la Guinée en 2006, est revenu en juin 2010 pour redonner une identité au football guinéen. Un travail de qualité qui a permis au Syli de dominer, en éliminatoires, le Nigeria. Avec une culture tactique très appréciée, il a inculqué le sens de la responsabilité à un groupe qui veut enfin goûter aux joies de la victoire finale à la CAN 2012. Une lourde mission pour Feindouno, Dianbobo Baldé et Ismaël Bangoura à qui revient l`encadrement de la jeune génération. De jeunes pousses qui font la fierté du football guinéen qui s`est mis à rêver à une place de demi-finaliste de la CAN 2012. Mais cette marche vers la gloire commence le 24 janvier contre le Mali, son adversaire direct à la qualification pour les quarts de finale, à Franceville.

Botswana : Miser sur l`effet de surprise

«Le football n`est pas une science exacte». La qualification du Botswana pour sa première CAN donne tout son sens à cette réflexion. Logées dans le groupe K des qualifications avec la Tunisie, le Togo, le Malawi et le Tchad, les Zèbres ont déjoué tous les pronostics en dominant tous ses adversaires.

Avec un effectif sans véritable vedette, le sélectionneur national Stanley Tshosane a axé son travail sur le volet défensif. Et il n`a pas eu tort. En huit matchs qualificatifs, les Botswanais ont inscrit sept buts pour trois encaissés. Une rigueur défensive sur laquelle tout un pays mise pour faire amende honorable à cette 28e édition de la CAN. Avec une préparation très perturbée par des revendications (les joueurs ayant refusé de s`entraîner, en raison d`un problème de primes), l`effet de surprise qui a permis à cette formation de composter son ticket pour le Gabon et la Guinée-Equatoriale risque de s`estomper. Tshosane peut compter sur sa légion sud-africaine (7 joueurs sur les 23), mais dans un groupe avec le Ghana, le Mali et la Guinée, l`apprentissage risque d`être difficile. Considéré comme la cendrillon du groupe D, le Botswana n`aura pas à rougir de l`issue de cette compétition.

OUATTARA Gaoussou