Interview / Moussa Koné(Directeur de cabinet du ministre du Commerce), révèle : “Nous avons démasqué 240 pompes d’essence frauduleuses”

Une opération de vérification des pompes des stations d’essence a été initiée par le ministère du Commerce. Moussa Koné, directeur de Cabinet du ministre Dagobert Banzio, dans cette interview sur Onuci.fm, fait le bilan de la première phase.

ONUCI FM : Sur quelle base une pompe d’essence de station est-elle taxée de frauduleuse ?
Moussa Koné : Dans le cas de la campagne de vérification périodique, nos services effectuent les contrôles des stations d’essence. En fait, nous avons un appareil qui permet de mesurer pour 20 litres avec des niveaux qui sont de 1 à 5. Au-delà de 5, la pompe est classée comme défectueuse. Et donc à ce moment là, on procède à des scellés qui sont mis sur la pompe jusqu’à sa réparation. Au total 240 pompes d’essences sont dans ce cas.

ONUCI FM : Quelles sont les sanctions prévues ?

M.K. : Il n’y a pas de sanction immédiate dans le cas de la campagne de vérification. Les opérateurs sont censés faire réparer les pompes d’essence par des opérateurs homologués. Lorsqu’elles sont réparées, nous venons les contrôler à nouveau. En ce moment là, nous imposons les stickers de validation des pompes. Il est bon que les consommateurs sachent que lorsqu’ils vont à une station d’essence, pour s’assurer que la station en question a été vérifiée, ils peuvent regarder au niveau des pompes. Il devrait avoir un sticker vert apposé sur la pompe et qui mentionne l’année 2011.Ce qui prouve que l’instrument en question a été contrôlé.

ONUCI FM : Et ces pompes reviennent en l’état dans combien de temps ?

M.K. : La campagne est annuelle. Par contre, nous effectuons des contrôles inopinés mais réguliers pour nous assurer qu’il n’y a pas eu de déréglage de ces pompes. Nous avons également des numéros verts. Si les consommateurs se rendent compte qu’ils ont été servis en deçà des quantités voulues, qu’ils nous permettent donc de venir faire un autre contrôle de ces pompes-là.

ONUCI FM : Vous savez bien que les consommateurs n’ont pas ces moyens de vérifications, une fois que le carburant est dans le réservoir de la voiture ?

M.K. : Si vous avez l’habitude de mettre un certain montant de carburant et que vous vous rendez compte qu’il est déjà fini alors que la distance que vous avez parcourue est moindre, alors il y a problème. C’est-à-dire que vous avez peut être consommé la dotation qui vous a été attribuée, plutôt que prévu. Vous pouvez avoir un soupçon et à ce moment là, indiqué au Ministère du Commerce ces stations là. Nous viendrons faire les contrôles. Si à ce moment là, il y a effectivement une indication de manipulation, on pourrait dresser un procès verbal pour ces stations d’essence.

ONUCI FM : Sommes-nous à la période de sensibilisation ?

M.K. : C’est une période de contrôle annuel pendant laquelle on ne verbalise pas les opérateurs. On leur demande de réajuster leur instrument. Mais à partir de cette période là, les instruments qui n’auront pas été réajustés et qui seront utilisés, feront l’objet d’amende assez lourde. Elles pourront aller jusqu’à 10 millions de F CFA. Je voudrais indiquer que l’intention n’est pas forcement malveillante. La pompe peut se dérégler. Mais lorsqu’on se rend compte que c’est systématique dans une station d’essence et que toutes les pompes de ce lieu ont ce problème, on peut épiloguer sur l’intention réelle du gérant. Si cela se répète effectivement, on va mettre en œuvre tout l’arsenal juridique dont on dispose.

ONUCI FM : Quand débute la deuxième phase de ces vérifications?

M.K. : La deuxième phase va consister au contrôle de l’ensemble des autres instruments de mesure.

ONUCI FM : C’est-à-dire ?

M.K. : Cela va se faire sur les instruments de pesage. C’est-à-dire tous les instruments de mesure se trouvant dans les marchés existant sur tout le territoire ivoirien. Nous avons les numéros verts que nous communiquons : 80000099 et 80080009. Ces numéros verts, je vous le rappelle, sont gratuits.


ONUCI FM : Plusieurs vérifications dans le passé n’ont pas donné les résultats escomptés. Alors, en quoi cette opération est elle différente des précédentes ?

M.K. : Les vérifications sont généralement bien faites. Il est vrai que nous avons à faire à des commerçants, des opérateurs qui parfois ne respectent pas les règles. Mais je crois qu’il ne faut pas généraliser. En fait, nous devons les identifier et cela est de notre ressort. Et donc dans le cadre de la lutte contre la fraude, de la protection des consommateurs, nous avons les équipes qu’il faut et qui vont de plus en plus se déployer. Les choses se font progressivement. Mais on le fait de plus en plus partout. C’est justement dans ce cadre que nous avons lancé cette campagne de vérification au titre de l’année 2011 pour protéger les consommateurs et éviter qu’il y ait des balances truquées. Cela permet aussi d’assurer une saine concurrence entre les opérateurs. Parce qu’il y a des opérateurs qui trichent et d’autres qui travaillent correctement.
Recueillis sur Onuci.fm