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Sport Publié le samedi 21 janvier 2012 | Soir Info

Editorial : CAN de réconciliation ?

© Soir Info
Didier Drogba
Didier Drogba, capitaine des Elephants de Côte d`Ivoire.
C’est aujourd’hui, samedi 21 janvier 2012, que sera donné le coup d’envoi de la 28è édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football au stade de Bata, en Guinée Equatoriale et dont la finale se jouera trois semaines plus tard, c’est-à-dire le 12 février 2012, à Libreville, au Gabon. Pendant 21 jours, le ballon rond va rouler pour les 16 pays qualifiés qui, à la vérité, ne sont pas logés à la même enseigne. Ce serait une lapalissade de dire que toute l’Afrique aura le regard tourné vers ces deux pays. Dans cette bataille footballistique qui s’ouvre dans quelques heures, il y a d’un côté les équipes qui font office de grandissimes favoris. Ce sont la Côte d’Ivoire de Didier Drogba, le Ghana d'André Ayew et le Sénégal de Moussa Sow. Pour nombre d'observateurs de la scène sportive et spécifiquement du football africain, l’absence de gros calibres tels l’Égypte, l’Algérie, l'Afrique du Sud, le Nigeria et le Cameroun, la 28è édition de la Can devrait largement être profitable aux poulains de Zahui François. C'est vrai, on ne peut jurer de rien. Mais cette Can devrait, logiquement, être celle des Ivoiriens. Le «Onze» national, dont le capitaine Didier Drogba est un des membres « influents » de la Commission dialogue, vérité et réconciliation ( Cdvr) que préside Charles Konan Banny, est d'abord et avant tout en mission de réconciliation des cœurs et des esprits des Ivoiriens. La troupe à Zahui François ne devrait pas perdre de vue le caractère hautement politique de cette Can, en tout cas, pour la Côte d'Ivoire, qui s'agrippe à toutes les opportunités pouvant lui permettre de ressouder son tissu social. Et le football, vecteur par excellence de rapprochement et d'unification des peuples, pourrait être cette ultime opportunité... La 28è Can intervient à un moment où le pays a besoin de refaire son unité, panser ses plaies après cette douloureuse crise post-électorale qui a fait un peu plus 3.000 morts. L'enjeu est donc de taille. L’État de Côte d’Ivoire qui a compris cet état de fait, n’a pas lésiné sur les moyens. Des moyens conséquents ont été dégagés pour permettre aux Éléphants de rentrer au pays avec ce trophée, vingt ans après Sénégal 1992. Le Chef de l’État Alassane Ouattara s’est personnellement investi. D’abord à travers une adresse solennelle à l’endroit de Didier Drogba et ses camarades. C’était à l’occasion de son message à la nation, le 31 décembre 2011. Ensuite par un autre message qu’il leur a fait parvenir lundi dernier à Abu Dhabi où ils ont effectué leur préparation. Il ressort clairement de ces deux messages que la Can fait partie des plans du régime Ouattara. Aussi, les membres du gouvernement se sont-ils délestés de leur salaire de janvier dont le montant s'élève à 150 millions de Fcfa au profit des Éléphants. Le président de la République et son gouvernement se sont offert un match de gala dans un Stade Houphouët-Boigny archi-comble. Le symbolisme des actes en dit long sur l'engagement du nouveau régime Ouattara. Il n'empêche, autour des Éléphants, il n'y a pas de convergence de vues. Les uns souhaitent, voire même prient pour leur défaite. On imagine bien de quel bord politique ils peuvent être. En face d'eux, se trouvent les partisans de la victoire des Éléphants, qui, au fond d'eux, sera source de dividendes politiques pour le régime Ouattara. Didier Drogba, Yaya Touré, Kolo Touré, Zokora Didier, Kader Kéita… porteurs de tous les espoirs, font partie d’une génération surdouée - presqu’en fin de cycle pour certains - mais qui n’a jamais rien gagné. Pour les populations ivoiriennes, 2012 est le rendez-vous de la dernière chance. A Malabo où ils sont basés, les Eléphants de Côte d’Ivoire ne seront guère dépaysés. Une centaine de supporteurs y ont été convoyés par les soins sur Comité national de soutien aux Eléphants (Cnse) pour constituer le douzième homme de l’équipe. En Côte d’Ivoire, le peuple attend de voir des joueurs soudés, débarrassés de leurs égos, afin de justifier leur statut de favoris après avoir manqué le coche en 2006, 2008 et 2010. A côté des favoris, il y a les pays que l’on présente comme les outsiders, c’est-à-dire les chevaux qui ne sont pas parmi les favoris, mais qui, de notre point de vue, peuvent créer la surprise. Il s’agit du Maroc, la Tunisie, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et à un degré moindre l’Angola. Les deux pays organisateurs, le Gabon et la Guinée Equatoriale, forment avec le Soudan, la Libye, la Zambie, le Niger et le Botswana les trouble-fêtes, c’est-à-dire ceux qui pourraient empêcher de tourner en rond. Une chose reste cependant préoccupante au moment où va débuter la fête du football africain : les droits de retransmission particulièrement exorbitants. Ces droits s’élèvent pour les pays d’Afrique du Nord à 7,8 millions d’euros soit environ 5 milliards de Fcfa pour dix matchs contre 1 million d’euros soit environ 655 millions de Fcfa pour les pays subsahariens. C’est à prendre ou à «priver» son pays de la Can. A la vérité, ces montants restent encore très excessifs pour de nombreux pays, même qualifiés, qui ne veulent pas priver les téléspectateurs des matchs de leur équipe. A leurs corps défendant, les gouvernements de certains pays cassent la tirelire, dans un contexte économique difficile, afin de mettre leurs populations en mode Can. Quel plaisir peut-il y avoir même à remporter une Can si ses populations n’ont pu suivre la compétition en direct et vibrer ensemble avec leur équipe ? Mais cela saurait-il justifier cette dictature des grosses chaînes comme Al-Jazira et LC2 Afnex qui s’approprient tous les droits de télévision et qui revendent les images de la compétition à prix d’or ? Pour notre part, les droits de télévision devaient fluctuer en fonction des pays qualifiés, c’est-à-dire des forces en présence. C’est vrai que pour la Can 2012, il y a la Côte d’Ivoire avec ses stars, le Ghana quart finaliste de la Coupe du monde 2010 et le Sénégal, mais il est aussi clair que des pays comme l’Egypte, sept fois championne d’Afrique, le Cameroun, quatre fois vainqueur de la Can et le Nigeria deux fois, manquent au rendez-vous. L’on aurait pu en tenir compte. S’agissant de la compétition elle-même, il faut dire que l’Afrique s’attend à un beau spectacle. Environ une cinquantaine d’athlètes qui animent les championnats européens sont présents.

Soir Info, dans le souci d’être plus proche de ses lecteurs, a décidé d’être leurs yeux et oreilles à Bata et Malabo pour la Guinée Equatoriale et à Libreville et Franceville pour la Gabon. Deux envoyés spéciaux déjà sur place feront vivre pleinement cette compétition à nos lecteurs à travers des rubriques spécialement conçues pour une large couverture de cette 28è édition de la Coupe d’Afrique des nations. Plusieurs pages seront consacrées à cette compétition. Alors que la fête commence !

COULIBALY Vamara
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