Echos sur la CAN 2012

l L’Hôtel Ibis réservé : aux journalistes
C’est à l’hôtel Ibis de Malabo que la majorité des journalistes accrédités par la CAF et présents à Malabo sont hébergés. La chambre leur revient à 79 mille francs Cfa, la journée.

l Niger : les joueurs à Libreville
Depuis hier midi, la sélection nigérienne séjourne à Libreville. L’aéroport Léon M’Ba a refusé du monde. Les Nigériens vivant dans la capitale gabonaise, vêtus aux couleurs orange-blanc-vert ont chanté et dansé à la gloire de leurs joueurs.

l Gabon : un concert pour la CAN
Le parc d’expositions «Gabon Expo» a abrité, mercredi soir, une seconde manifestation conjointement avec le Comité d’organisation de la CAN et les églises locales. Artistes et autres groupes gospels ont animé un concert de musique religieuse. Organisé sous le thème «God CAN», ce concert a été mis à profit par les différentes chorales pour implorer Dieu à travers la chanson. Bénédicte Wora, Ida Moulaka, Zita, Notre-Dame de Sallette, Sainte Cécile, les Circoncis du Christ et autres Messagers du Christ ont fait le show. Petit bémol, ce concert, pourtant gratuit, n’a pas attiré grand monde.

l Le Mali et le Botswana hébergés à Bongoville
Le Mali et le Botswana (poule D), basée à Franceville, ont décidé de résider au village olympique de Bongoville. Constitué de 12 villas, d’une capacité d’accueil de 3 chambres et d’un salon chacune, il comprend 12 appartements. Le site a aussi un restaurant et une salle de gym.

l Eliconia Moanda va accueillir le Sily de Guinée
Ville minière, Moanda attendait jusqu’à hier, la délégation guinéenne, basée aussi dans la poule D. Elle prendra ses quartiers au «Eliconia Moanda». Tout est prévu dans ce village olympique ultra moderne équipé de 50 chambres dont six suites, des restaurants, une piscine, internet.

l N’Gouoni attend le Ghana
Située à 50 kilomètres de Franceville, N’Gouoni a accueilli, hier, les Black Stars du Ghana. Le stade et l’hôtel destinés aux Ghanéens sont de vrais bijoux. 50 chambres (dont 10 suites), un restaurant, une piscine et d’autres avantages sont à la disposition des frères Ayew et de leurs coéquipiers. Seul l’internet reste indisponible.


Accréditation Le parcours du combattant… à Akondjé

Que serait (et que ferait) un journaliste sportif sans son accréditation pour couvrir la Coupe d’Afrique des Nations? Rien… C’est un peu comme si un militaire allait au combat sans sa kalachnikov. A la faveur de la 28è édition de la CAN «Gabon-Guinée Equatoriale 2012», nous étions sur le site d’accréditation du Stade de l’Amitié sino-gabonaise d’Akondjé (Libreville), il y a 48 heures. Quelle galère…

A toutes les Coupes d’Afrique des Nations (CAN), on les retrouve. Les volontaires semblent précieux pour la réussite de la compétition. Ils font même partie du décor. Ils sont surtout nombreux, jeunes et presque toujours dévoués. Si en 2008, au Ghana, ils étaient vêtus de T-shirts jaunes, à la CAN angolaise deux ans plus tard, ils étaient reconnaissables à leurs tenues bleu-azur. Cette fois, à la faveur de cette 28è édition de la CAN « Gabon-Guinée Equatoriale 2012 », ils sont tous vêtus de T-shirts blancs avec des manches rouges. L’inscription «Volontaires», sur la poitrine, en plus. Ils ont aussi une casquette sur la tête assortie au tricot. C’est beau, c’est propre ! Ces hommes, femmes, jeunes, le sourire constant aux lèvres et toujours prêts à rendre service, ont librement décidé de participer au succès de la première CAN organisée au Gabon. «Nous sommes transportés gratuitement, avons droit aux repas du jour et aurons la chance de voir les matches gratuitement. Dans le contrat qui nous lie au Comité d’organisation, il n’est pas question de perdiems. J’ai accepté d’être volontaire par amour pour mon pays. Et comme en ce moment, je ne travaille pas… », souffle Isabelle Essame. Ce mercredi, à bord de notre taxi, loué à 6.000 F Cfa l’heure, nous sortons de Libreville. Direction Akondjé. C’est dans ce quartier que le nouveau Stade de l’Amitié sino-gabonaise a été construit. Il sera bientôt 10 heures et notre taximan de nationalité togolaise n’a pas l’air mécontent de nous conduire. Son poste radio diffuse à profusion la musique ivoirienne.

Il adore DJ Arafat, Jean-Jacques Kouamé aussi. Tout au long du trajet, il n’écoutera que ça. Nous sentons son émerveillement lorsque nous lui donnons quelques nouvelles de première main sur la vie tumultueuse de son jeune artiste adoré. Il en redemande même. Nous sommes à présent sur le boulevard en bordure de mer. Le spectacle nous laisse sans voix. Voir la mer reste magique… Mes impressions restent assez bonnes sur la capitale gabonaise. Tout a été fait pour rappeler aux uns et aux autres que la CAN se jouera à Libreville. Ce matin, à chaque carrefour, par exemple, de jeunes garçons et filles, vêtus de T-shirts blancs et équipés d’objets publicitaires sur la compétition qu’ils portent au dos, tels des papillons, distribuent gratuitement le programme de la CAN. Sur le document, on retrouve aussi les points de vente des billets d’entrée au stade. Libreville, étant en chantier, nous n’échappons pas aux embouteillages. Mais notre taximan connaît parfaitement la chanson et sait nous sortir de quelques guêpiers.

Bousculades…

Après quelques bifurcations, le stade où se trouvent les bureaux du Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (COCAN) est bien visible. C’est un endroit encore en chantier. Si le stade en lui-même est prêt, son abord, en revanche, laisse à désirer. Il suffit de voir les machines et les nombreux manœuvres, encore à pied d’œuvre, pour comprendre que le délai avant le premier match Gabon-Niger du 23 janvier, risque d’être limite, limite… «Il pleut beaucoup au Gabon. Cela freine l’avancée des travaux», tente de justifier notre taximan. Peut-être, mais le Gabon n’a pas le droit d’être en retard dans la finition du stade car ce pays n’a pas été choisi dimanche dernier. Bref, nous sommes là pour nous faire confectionner notre accréditation. Une sorte de visa pour accéder à tous les stades du Gabon et de la Guinée Equatoriale. L’affaire s’annonce difficile car de loin, nous apercevons un monde fou, se bousculant, devant les portes du centre d’accréditation. Informations reçues, le COCAN accrédite ce jour tous ceux qui s’occuperont de la sécurité, après avoir accrédité les stadiers la veille.

Plusieurs cargos de policiers et militaires sont visibles sur le parking. Imaginez les militaires d’Agban, d’Akouédo mêlés aux gendarmes et autres policiers dans un même endroit… Notre bouteille d’eau minérale est sollicitée. Un premier militaire souhaite assouvir sa soif. Puis un deuxième. Une minute après, une autre demande nous gêne. Nous finirons par abandonner la bouteille. Dommage, nous venions de l’acheter en prévision des moments difficiles que nous aurions pour obtenir l’accréditation. Que faire devant tant de monde ? Faut-il retourner à notre hôtel pour revenir très tôt le lendemain ? Face à ce genre de situation, il y a deux choses : ou bien vous restez dans votre (petit) coin attendant la Vierge Marie pour vous ouvrir les voies du Seigneur ou alors vous forcez le destin. Nous choisissons de prendre nos responsabilités. Aussitôt pensé, aussitôt fait ! Après quelques bousculades mêlées à de subtils «excusez-nous», nous arrivons presque à destination. De loin, le taximan calé dans son fauteuil apprécie notre audace.

Un vigile, un peu zélé, nous freine dans notre élan. N’ayant plus rien à perdre, nous sortons notre joker. «Nous sommes journalistes et venons d’arriver d’Abidjan». Au passage, nous brandissons comme un trophée, une feuille de papier prouvant notre inscription par la CAF pour la couverture de l’évènement. Après une petite hésitation, le vigile concède (difficilement) à nous laisser entrer au paradis. Ouf ! La première étape étant franchie, il faut trouver les responsables-presse. Dans ce désordre organisé, nous nous en remettons à une volontaire. Nous saurons plus tard que son prénom est Isabelle. Elle est belle comme la lune et a de grands yeux. Des jambes galbées aussi. Mais nous avons d’autres préoccupations. Isabelle nous installe dans un bureau. Deux minutes plus tard, un Européen, de petite taille, nous rejoint. Il se montre aimable et nous prévient qu’il vérifiera avant toute chose si nous sommes effectivement enregistrés par la CAF. Nous entamons rapidement mais discrètement un « Notre père qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne…». Que ferons-nous si le «verdict» n’est pas bon ? L’attente durera trois interminables minutes.

Au finish, nous sommes enre­gistrés et pouvons nous faire accréditer. Nous revenons de loin ! Une photo est vite prise à partir d’un ordinateur. Notre volontaire, Isabelle, a l’air soulagé et nous aide à aller récupérer le sésame à la production. Sur le document, notre photo nous paraît trop grosse. Peu importe… L’essentiel est d’avoir obtenu l’accréditation. Il est bientôt midi. Dehors, le nombre de militaires et de policiers a presque doublé. D’autres volontaires tentent de les canaliser. Avec difficulté. L’un de leurs responsables est alerté. Lorsqu’il arrive, le regard noir, il menace. Les rangs sont refaits. La discipline étant revenue, nous quittons le Stade de l’Amitié sino-gabonaise d’Akondjé. Sur le parking, notre taximan continue d’écouter DJ Arafat. Décidément…

Guy-Florentin Yaméogo,
envoyé spécial à Libreville