Après une crise post-électorale qui a fini de convaincre les observateurs de la vie politique ivoirienne de la profondeur de la fracture que connaît la société, les Ivoiriens, dans leur très grande majorité, aspirent à la paix. Ils veulent retrouver la tranquillité qu’ils ont perdue depuis une bonne dizaine d’années. Et ils en ont le droit. Les blessures et autres traumatismes nés des affrontements fratricides ne sont pas encore totalement guéris. Les séquelles sont vives et la cendre qui couve dans les foyers, encore chaude. Pourquoi, ces Ivoiriens qui disent aimer leur pays-ce dont nous ne doutons pas-ne se donnent-ils pas la main pour en rechercher, ensemble, les remèdes ? Pourquoi en existent-ils eux, qui continuent de souffler sur les braises, qui ne ratent aucune occasion de tourner le couteau dans les plaies ?
A quoi leur servirait de compter éternellement leurs partisans morts ou blessés chaque jour que Dieu fait ? Yopougon, nul ne l’ignore, est l’une des communes d’Abidjan où les horreurs ont atteint des limites inacceptables. C’est à Yopougon, surtout, que le fameux article « 125 » a été le plus appliqué. Des êtres humains y ont été brûlés vifs après avoir été arrosés de pétrole. Nombreuses sont les familles qui n’ont pas encore enterré les leurs, victimes de cette barbarie. Ils sont également légion, ceux qui, jusqu’à présent, sont à la recherche des parents disparus au cours des derniers affrontements. Cette localité était-elle indiquée pour accueillir un meeting politique dont l’objectif premier était de présenter des acteurs majeurs de cette crise comme des héros nationaux ? Nous en doutons, sans justifier ce qui s’est passé ce samedi. A notre avis, les organisateurs du meeting étaient partis, en sachant qu’ils mettraient les nerfs des populations concernées à rude épreuve. N’oublions pas que la paix ne reviendra dans le pays que si chacun d’entre nous prend conscience du fait que ce qu’a connu le pays est à conjurer et que des concitoyens traînent des souffrances intérieures à nulles autres pareilles.
Où se trouvera donc leur victoire, ces provocateurs, si les brutalités ne cessent pas, si le désordre l’emporte sur la sécurité et le progrès ? Ne voient-ils pas que le pays a beaucoup perdu en s’enlisant dans des querelles byzantines ? Si la paix ne revient pas, la patrie qu’ils disent aimer, ne retrouvera jamais son rang dans le concert des nations. Or, l’intérêt d’un individu ne peut être supérieur à celui de tout un pays. Une autorité instaurée se respecte. Et quand on veut être un homme politique responsable, on tient compte des rapports de force sur le terrain. En 2000, pour être concret, bien que Laurent Gbagbo ait été élu dans des conditions calamiteuses, bien que ce dernier ait avoué lui-même qu’il a fait tripatouiller la Constitution pour régler le cas d’un de ses adversaires, son autorité a été reconnue. Alassane Ouattara, tous les Ivoiriens se le rappellent, avait décidé d’assister à une cérémonie organisée au stade Houphouët-Boigny, en novembre de cette année-là, un mois seulement après ces fameuses élections, pour célébrer le « nouvel élu » et les victimes des affrontements.
C’était un acte républicain de très haute portée. Malheureusement, le nouveau pouvoir n’a pas saisi cette occasion pour tendre la main aux victimes des injustices commises, ce qui aurait ramené la paix. Bien au contraire, le président du RDR a été traité de la manière la plus humiliante. Si le vainqueur de ces élections de 2000 avait placé l’intérêt des Ivoiriens avant celui de son camp, la Côte d’Ivoire n’aurait pas connu (certainement) ces moments que nous évoquions plus haut. Les partisans de Laurent Gbagbo ne peuvent pas nier le fait qu’actuellement, c’est Alassane Ouattara qui est au pouvoir. C’est lui le président de la République. S’ils sont raisonnables, ils doivent admettre également, et un des leurs le leur a déjà dit, qu’au lendemain du deuxième tour de la présidentielle, ils ont engagé un bras de fer avec le RHDP, ils l’ont perdu. Ce n’est donc pas par la défiance continuelle, encore moins par la violence physique ou verbale qu’ils arriveront à renverser la vapeur. Surtout qu’ils n’oublient pas que les plaies ouvertes par leur refus de la démocratie (tripatouillage de la Constitution pour éliminer des adversaires dangereux, le non respect de la volonté du peuple) ne sont pas encore refermées. En tout lieu et en toute circonstance, ils doivent savoir raison garder. Si le gouvernement gouverne et que l’opposition s’oppose en toute responsabilité, les vaches seront bien gardées et tout le monde sera content et heureux
PAR Raphaël Lakpé
A quoi leur servirait de compter éternellement leurs partisans morts ou blessés chaque jour que Dieu fait ? Yopougon, nul ne l’ignore, est l’une des communes d’Abidjan où les horreurs ont atteint des limites inacceptables. C’est à Yopougon, surtout, que le fameux article « 125 » a été le plus appliqué. Des êtres humains y ont été brûlés vifs après avoir été arrosés de pétrole. Nombreuses sont les familles qui n’ont pas encore enterré les leurs, victimes de cette barbarie. Ils sont également légion, ceux qui, jusqu’à présent, sont à la recherche des parents disparus au cours des derniers affrontements. Cette localité était-elle indiquée pour accueillir un meeting politique dont l’objectif premier était de présenter des acteurs majeurs de cette crise comme des héros nationaux ? Nous en doutons, sans justifier ce qui s’est passé ce samedi. A notre avis, les organisateurs du meeting étaient partis, en sachant qu’ils mettraient les nerfs des populations concernées à rude épreuve. N’oublions pas que la paix ne reviendra dans le pays que si chacun d’entre nous prend conscience du fait que ce qu’a connu le pays est à conjurer et que des concitoyens traînent des souffrances intérieures à nulles autres pareilles.
Où se trouvera donc leur victoire, ces provocateurs, si les brutalités ne cessent pas, si le désordre l’emporte sur la sécurité et le progrès ? Ne voient-ils pas que le pays a beaucoup perdu en s’enlisant dans des querelles byzantines ? Si la paix ne revient pas, la patrie qu’ils disent aimer, ne retrouvera jamais son rang dans le concert des nations. Or, l’intérêt d’un individu ne peut être supérieur à celui de tout un pays. Une autorité instaurée se respecte. Et quand on veut être un homme politique responsable, on tient compte des rapports de force sur le terrain. En 2000, pour être concret, bien que Laurent Gbagbo ait été élu dans des conditions calamiteuses, bien que ce dernier ait avoué lui-même qu’il a fait tripatouiller la Constitution pour régler le cas d’un de ses adversaires, son autorité a été reconnue. Alassane Ouattara, tous les Ivoiriens se le rappellent, avait décidé d’assister à une cérémonie organisée au stade Houphouët-Boigny, en novembre de cette année-là, un mois seulement après ces fameuses élections, pour célébrer le « nouvel élu » et les victimes des affrontements.
C’était un acte républicain de très haute portée. Malheureusement, le nouveau pouvoir n’a pas saisi cette occasion pour tendre la main aux victimes des injustices commises, ce qui aurait ramené la paix. Bien au contraire, le président du RDR a été traité de la manière la plus humiliante. Si le vainqueur de ces élections de 2000 avait placé l’intérêt des Ivoiriens avant celui de son camp, la Côte d’Ivoire n’aurait pas connu (certainement) ces moments que nous évoquions plus haut. Les partisans de Laurent Gbagbo ne peuvent pas nier le fait qu’actuellement, c’est Alassane Ouattara qui est au pouvoir. C’est lui le président de la République. S’ils sont raisonnables, ils doivent admettre également, et un des leurs le leur a déjà dit, qu’au lendemain du deuxième tour de la présidentielle, ils ont engagé un bras de fer avec le RHDP, ils l’ont perdu. Ce n’est donc pas par la défiance continuelle, encore moins par la violence physique ou verbale qu’ils arriveront à renverser la vapeur. Surtout qu’ils n’oublient pas que les plaies ouvertes par leur refus de la démocratie (tripatouillage de la Constitution pour éliminer des adversaires dangereux, le non respect de la volonté du peuple) ne sont pas encore refermées. En tout lieu et en toute circonstance, ils doivent savoir raison garder. Si le gouvernement gouverne et que l’opposition s’oppose en toute responsabilité, les vaches seront bien gardées et tout le monde sera content et heureux
PAR Raphaël Lakpé