Trois morts. Plusieurs blessés graves. Au regard de l’attaque meurtrière du meeting du Front populaire ivoirien (Fpi), à la place Ficayo à Yopougon, ce samedi 21 janvier 2012. Alors même que le pouvoir Ouattara a officiellement et médiatiquement autorisé cette manifestation. La question qui se dégage est toute simple : à quel jeu joue le pouvoir Ouattara ? A quel jeu ? Comment un pouvoir qui, installé après une guerre postélectorale meurtrière et insensée, a instauré une commission de réconciliation nationale, peut-il tendre encore, à l’égal du tour électoral, un traquenard sanglant aux opposants ? Que veut le pouvoir Ouattara ? Moins de 48 heures avant l’événement, une délégation du Fpi, conduite par l’ex ministre Michel Amani N’Guessan, a rencontré le ministre d’Etat ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko, pour s’accorder sur la tenue du meeting de la rentrée politique du parti à Yopougon. Au sortir de l’audience, aux côtés de cette autorité, Amani N’Guessan a déclaré que grâce à la médiation (de l’autorité), la manifestation se tiendrait au lieu et à l’heure prévus. La Rti a fait de cet élément, un acte de fierté et de propagande, comme pour dire que le pouvoir Ouattara est démocrate et qu’il permet à l’opposition de tenir ses activités (liberté de se réunir, de manifester…). Avec le passage à Abidjan de la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, et tous les engagements démocratiques pris par Alassane Dramane Ouattara, l’on était loin de s’imaginer que le pouvoir Rdr ne craindrait pas de tendre encore un piège sanglant aux proches de Laurent Gbagbo déporté injustement à la Cpi. L’autorisation donnée par Hamed Bakayoko a rassuré les partisans de Gbagbo qui ont déferlé au lieu du meeting. Une marée humaine, certes humiliante pour Ouattara qui n’a pas pu prouver sa popularité aux législatives qu’il a forcées. Mais cette honte est-elle suffisante pour envoyer des agresseurs et des tueurs contre une foule innocente, paisible, rassemblée pour fêter, oublier un peu le traumatisme qu’elle vient de vivre après les élections et extérioriser dans la joie son attachement à son leader en prison ? Non ! Le fait que le monde sache que Gbagbo est toujours soutenu va-t-il arracher, «à la coup d’Etat», le pouvoir à Ouattara ? Comment ? Que craint-il tant ? Non. Le Rdr et ses dirigeants n’avaient pas le droit de se montrer aussi méchants. A quel moment peut-on alors, dans ce pays, se sentir en sécurité, libre de se réunir sans y risquer sa vie ? Des personnes viennent d’être assassinées. Pour rien. A quel jeu joue le pouvoir Ouattara ? Pour sécuriser une manifestation d’une telle importance, qu’il s’est engagé à protéger, le ministère de l’Intérieur déploie des policiers et gendarmes sans armes, sans équipements de dissuasion conséquents. Et même l’attaque se passe devant les soldats de l’Onuci qui laissent faire. Constat. Lorsque les militants du Rdr massacrent les pro-Gbagbo, la présence de l’Onuci est égale à son absence. Mais l’inverse est foudroyant. N’est-ce pas là le même complot qui continue ? En déployant des soldats non armés, comment espérait-on les voir empêcher le massacre des militants de l’opposition en réunion quand on sait la propension à la provocation et à la violence des militants du Rdr ? Comment ? Comment comprendre que l’Onuci, sur le terrain, donne apparemment sa bénédiction aux agresseurs et après leurs meurtres, se fend en condamnation de cette agression à laquelle elle a assisté sans secourir les agressés ? Que veut tout ce monde ? Ne veut-il pas d’une Côte d’Ivoire qui retrouve véritablement la paix ? Recherche-t-on des occasions de décimer les populations de l’opposition pour que seuls les militants du Rdr et du Pdci vivent dans ce pays ? Que veut-on au juste ? A quel jeu joue le pouvoir Ouattara ? Même s’il ne craint pas de s’offrir une réputation de dictateur, de grâce, qu’il donne la paix aux Ivoiriens. Eux, en ont besoin.
Germain Séhoué (gs05895444@yahoo.fr)
Germain Séhoué (gs05895444@yahoo.fr)