Samedi 21 janvier, pour la énième fois après la chute de Laurent Gbagbo, son parti politique, le Front populaire ivoirien(Fpi) a tenté vainement de se mobiliser à Abidjan. En effet pour ce qui reste à voir depuis des réunions publiques manquées de Koumassi campement, de Koumassi place In-Challah, de Bonoua et de Port-Bouët, celle de samedi qui devait servir de rentrée politique dudit parti et « renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit en Côte d’Ivoire » selon les premiers responsables du Fpi, s’est achevé précipitamment par la faute des personnes non encore identifiées, qui par des jets de pierres et d’actes de vandalisme ont fait fuir les organisateurs. Débandades par-ci, casses de chaises par-là avec à la clé des blessés et au moins un mort, selon des sources concordantes. Tel est le bilan de ce week-end noir pour le Fpi à Yopougon. Aussitôt comme à l’accoutumée, le Fpi a vite fait de trouver un auteur à cet acte. Dimanche, le président du comité d’organisation par ailleurs en charge de la sécurité, Amani Michel, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour pointer un doigt accusateur sur la force étrangère, Onuci. « Tout a été planifié sciemment avec la complicité de l’Onuci pour supprimer l’opposition en Côte d’Ivoire », a-t-il coupé court, non sans faire porter la responsabilité au pouvoir actuel. Qui selon Amani Michel, use de « l’armée de réserve pour asseoir sa légitimité qu’il n’a pas de façon congénitale ». « C’est un coup de l’armée de réserve. Le mal est profond », a-t-il dit, déplorant les incidents qui ont encore émaillé le meeting de samedi. Ce qui a du coup jeté un froid sur le processus de réconciliation en cours depuis la mise sur pied de la Commission dialogue vérité et reconciliation (Cdvr) présidée par Charles Konan Banny. Intervenant à quelques heures du départ du chef de l’Etat à Paris pour une visite officielle au cours de laquelle des sujets non moins importants seront évoqués, notamment le nouvel accord de défense entre les deux nations. A mots couverts, les Etats-Unis, par le biais de leur chef de diplomatie, Hillary Clinton, a promis renforcer la démocratie en Côte d’ivoire à condition que « le pouvoir engage une discussion inclusive avec toutes les parties, notamment le Fpi ». Autant de recommandations qui devaient interpeler les agitateurs qui ont perturbé le meeting. Vu que l’Onuci, par son porte-parole, Hamadoun Touré avait estimé que « la réussite du meeting du Fpi est une valeur cardinale de démocratie en Côte d’Ivoire ». Hélas, les choses se sont passées autrement samedi, sapant ainsi le processus de réconciliation nationale dont les commanditaires sont tapis dans l’ombre. Dans un pays où le tissu social demeure toujours fragile, neuf mois après la chute de l’ancien régime.
Boris N’Gotta
Boris N’Gotta