Les populations de Bingerville depuis dix ans vivent le calvaire. La voie qui mène à l’hôpital central est impraticable. Malades et parents sont obligés de faire un grand détour pour avoir accès au centre hospitalier. Pour pallier cela, des habitants de la commune, sous l’impulsion de M. Sran Kouassi, ont décidé samedi dernier de restaurer cette voie ainsi que d’autres voies en mauvais état. Mais, au cours des travaux de réfection de la voie principale de l’hôpital, un détachement de six éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire ont fait irruption sur les lieux pour demander aux jeunes volontaires de mettre immédiatement fin à leur entreprise. Ces éléments des FRCI ont clairement signifié être venus sous ordre du maire de la cité, M. Beugré Djoman, pour arrêter les travaux. « Où est le mandat qui vous permet de faire ces travaux ? Est-ce que vous avez prévenu le maire. Venez demander d’abord la permission au maire avant de commencer vos travaux », a lancé celui qui faisait figure de chef d’équipe. « Nous n’avons pas besoin d’une autorisation du maire pour venir en aide aux populations de Bingerville », a rétorqué M. Cissé, responsable des jeunes volontaires. Une réponse qui n’a pas du tout été du goût des éléments des FRCI qui ont endommagé les brouettes et pelles des volontaires. Même votre serviteur, venu pour couvrir l’événement, n’a pas été épargné par la furia des hommes en arme. Notre bloc-notes a été arraché et déchiré par un certain Cocou Gbéhou Elysée, membre de l’expédition, qui s’est présenté comme un élément de la garde rapproché du maire Beugré Djoman. Nous avons joint au téléphone, M. Sran Kouassi Franck, initiateur des travaux, pour en savoir un peu plus. « Depuis plus de deux ans, nous avons décidé de prendre nos responsabilités en tant qu’habitant de Bingerville face au délabrement très avancé de la voirie de la ville. Cela fait dix ans que nos parents souffrent le martyre. Pour se rendre à l’hôpital les femmes enceintes et les malades sont obligé de faire plusieurs gymnastiques pour y accéder. Nous avons donc décidé de réparer cette voie ainsi que d’autres pour faciliter la vie à nos parents. Pour cela, nous n’avons pas besoin d’une autorisation du maire. Surtout qu’aucune loi ne nous le demande », a justifié M. Sran Kouassi. Pour lui, l’acte posé par le maire et ses hommes montre que le maire Djoman Beugré est très loin des populations qu’il dirige. « En empêchant la réfection de la voirie qui mène à la l’hôpital, M. le maire montre qu’il n’est pas digne de la confiance que lui ont confiée les populations de Bingerville », a-t-il ajouté. Face à cette hostilité, nous avons décidé de quitter Bingerville. Au moment où nous quittions la ville, nous avons reçu un coup de fil du premier magistrat de la ville. Nous demandons à le rencontrer pour avoir sa version des faits. Il nous fait savoir que n’étant pas à Bingerville, il ne peut pas nous recevoir. « Mais venez me voir le lundi matin à la mairie pour qu’on en parle », nous a-t-il rassuré. Il faut préciser que M. Sran Kouassi Franck est candidat déclaré aux élections municipales à Bingerville. Depuis plusieurs années, il a entrepris des actions en faveur des populations telles que la dotation de l’hôpital en médicaments et la réhabilitation du village Marchoux, un village qui accueille les malades de la lèpre. M. Sran Kouassi Frank est par ailleurs, le porte-parole du président de la Commission Dialogue, Vérité et réconciliation, le Premier ministre Charles Konan Banny.
Jean-Claude Coulibaly (Envoyé spécial)
Jean-Claude Coulibaly (Envoyé spécial)
