La journée du samedi 21 janvier 2012 a été mouvementée à Bingerville. Des populations civiles qui étaient en pleins travaux de profilage de certaines artères de la commune, ont été prises à partie par des éléments des FRCI. Selon plusieurs témoins, c’est le maire PDCI sortant de la commune, M. Beugré Djoman Joseph, qui a mandaté ces FRCI, pour mettre fin aux travaux initiés par Sran Kouassi, candidat indépendant déclaré aux élections municipales de 2012, au motif qu’il n’a pas demandé l’autorisation de la mairie. Des journalistes, dans l’exercice de leur métier, ont également été pris pour cible par ces militaires. Hier aux alentours de 11 heures, Daouda Fondio, syndicaliste à la gare de Bingerville, a reçu un appel du maire Beugré Djoman, lui disant: «Toi et ton Sran, je vais régler votre compte». Sran Kouassi, qui est présenté par le maire comme un militant de LMP, s’explique difficilement l’attitude du maire sortant. Malgré les menaces de mort, il reste déterminé à « aller jusqu’au bout» des actions sociales qu’il entreprend depuis 2008 en faveur des populations de Bingerville. Il s’agit, entre autres, de la sonorisation d’édifices religieux, de dons en médicaments à l’hôpital psychiatrique de Bingerville et de l’appui constant à la communauté musulmane au moment du carême. Le problème particulier de Bingerville, une commune du district d’Abidjan, c’est qu’elle est malade de ses routes depuis des années. « Bingerville ressemble à un fou», déplore Sran Kouassi. «La voie principale qui mène à l’hôpital général est impraticable à cause des crevasses et de la négligence du maire. Les populations sont venues me dire que beaucoup de malades meurent en chemin, des femmes en couche succombent, parce qu’elles sont obligées de faire des détours de plusieurs kilomètres (…) J’ai donc décidé, en tant que citoyen, de réhabiliter cette voie, mais aussi celle qui part du marché jusqu’au quartier Sicogi 2. J’ai mobilisé les jeunes volontaires des quartiers et je leur ai fourni des brouettes et des pelles pour rendre la route praticable pour les malades et les usagers du transport (…) Informé des travaux en cours, le maire vient avec un détachement des FRCI pour molester ces jeunes volontaires, rudoyer les membres de mon staff de campagne. L’un de mes collaborateurs a été légèrement blessé au cours de la rixe (…) On a frôlé un affrontement entre les populations et les FRCI et une révolte contre la mairie, puisque des jeunes avaient même voulu incendier la mairie. Ils ne comprennent pas que le maire empêche un citoyen de faire une action sociale. J’ai demandé à ces jeunes de garder leur calme, parce qu’aucune loi n’interdit à un Ivoirien qui en a les capacités, de mener une action sociale», a expliqué Sran Kouassi. Nos multiples tentatives pour entendre la version du maire Beugré Djoman, sont restées vaines.
Olivier Dion
Olivier Dion