BATA (Guinée équatoriale) - "Je n'aime pas me retrouver au milieu d'une révolution, je préfère la tranquillité". Le préparateur physique de la Libye Helvecio Pessôa raconte à l'AFP sa drôle d'aventure avec une sélection qualifiée pour la CAN-2012 sur fond de révolution.
A 55 ans, le Brésilien a eu des expériences dans son pays (Flamengo et Fluminense) et surtout dans la péninsule arabique. Il travaille dans le staff presque entièrement brésilien du sélectionneur Marcos Paqueta depuis 2009, et avec la sélection de Libye depuis juillet 2010.
AVANT LA REVOLUTION
"La vie à Tripoli était normale, et sûre. On vivait entre Brésiliens, on se
faisait nos grillades (churrasco). Avec Mohammed (ex-président de la
Fédération libyenne et fils aîné de Mouammar Kadhafi, ndlr), on n'a jamais eu
de problème".
LE DEPART
"Au début de la révolution, on avait peur, mais ma famille restée au Brésil
était encore plus inquiète. J'ai un fils aux Etats-Unis, on se parlait via
Skype, et tout à coup la connexion a coupé; j'ai su plus tard qu'il avait
fondu en larmes tellement il avait eu peur".
"En février, aux premiers jours de la révolution, on a décidé de partir.
Nous sommes allés au siège de la Fédération libyenne: le bâtiment était
détruit. On est allé voir l'ambassadeur du Brésil, qui nous a soutenus. Les
agences de voyage étaient toutes fermées, on a réservé nos vols sur Internet.
Nous sommes allés à l'aéroport: on aurait dit que toute la population
étrangère de Libye s'y retrouvait !"
"Nous y sommes revenus le lendemain, chacun a pris un petit bagage
seulement, certains avaient femme et enfants. Il y avait encore plus de monde !
Un Libyen travaillant pour l'ambassade nous a aidés à parvenir à
l'enregistrement et nous avons pris en deux groupes les deux derniers vols
commerciaux, des vols Alitalia pour Rome".
"Depuis, nous ne sommes jamais retournés en Libye".
PENDANT LA REVOLUTION
"On vivait au Brésil, et on se retrouvait pour les rassemblements en
Tunisie (la Libye jouait toujours à l'étranger, ndlr). On parlait au manager
de la sélection, resté en Libye, à travers Facebook. Pour le match contre le
Mozambique joué au Caire (le premier disputé sous les couleurs du nouveau
régime, le 3 septembre 2011, ndlr) on ne connaissait même pas les joueurs ! La
plupart venaient de Benghazi. Les nouvelles autorités politiques nous ont dit
qu'elles ne voulaient plus de 5-6 joueurs, il y avait une liste noire
(comprenant le capitaine, Tarek El Tayab, qui avait soutenu le régime Kadhafi,
ndlr). C'était embêtant pour Paqueta, parce que c'étaient de bons joueurs".
"La qualification relève du miracle. Elle tient beaucoup à l'état d'esprit
des joueurs: ils ne se sont jamais plaints. J'ai vu une grande différence avec
les jeunes joueurs qui gagnent beaucoup d'argent et font n'importe quoi: eux
au contraire étaient très sérieux et impliqués".
"Le milieu Djamal était le seul à avoir une activité régulière puisqu'il
joue à Braga au Portugal. Il fallait renforcer la musculature des autres,
beaucoup de travail en salle, mais aussi avec ballon".
"Nous avons fait la préparation au Qatar et aux Emirats, avec 40°C, de
l'humidité et en plein ramadan. Einstein serait devenu fou avec cette
équation! Notre problème maintenant, c'est qu'on doit donner du rythme aux
joueurs pendant la compétition".
AVENIR
"On n'a pas été payé pendant quatre ou cinq mois. On est en train de
négocier sur ces arriérés, ce sera réglé à la fin de la CAN, les gens de la
Fédération sont corrects. On a peur de laisser notre argent dans les banques
en Libye: et si elles étaient mises à sac ? donc on envoie tout au Brésil".
"En ce moment il n'y a pas les conditions de sécurité nécessaires pour
retourner jouer en Libye. Et on ne sait pas quand reprendra le championnat. En
vérité, on aurait préféré ne pas passer par tout cela".
A 55 ans, le Brésilien a eu des expériences dans son pays (Flamengo et Fluminense) et surtout dans la péninsule arabique. Il travaille dans le staff presque entièrement brésilien du sélectionneur Marcos Paqueta depuis 2009, et avec la sélection de Libye depuis juillet 2010.
AVANT LA REVOLUTION
"La vie à Tripoli était normale, et sûre. On vivait entre Brésiliens, on se
faisait nos grillades (churrasco). Avec Mohammed (ex-président de la
Fédération libyenne et fils aîné de Mouammar Kadhafi, ndlr), on n'a jamais eu
de problème".
LE DEPART
"Au début de la révolution, on avait peur, mais ma famille restée au Brésil
était encore plus inquiète. J'ai un fils aux Etats-Unis, on se parlait via
Skype, et tout à coup la connexion a coupé; j'ai su plus tard qu'il avait
fondu en larmes tellement il avait eu peur".
"En février, aux premiers jours de la révolution, on a décidé de partir.
Nous sommes allés au siège de la Fédération libyenne: le bâtiment était
détruit. On est allé voir l'ambassadeur du Brésil, qui nous a soutenus. Les
agences de voyage étaient toutes fermées, on a réservé nos vols sur Internet.
Nous sommes allés à l'aéroport: on aurait dit que toute la population
étrangère de Libye s'y retrouvait !"
"Nous y sommes revenus le lendemain, chacun a pris un petit bagage
seulement, certains avaient femme et enfants. Il y avait encore plus de monde !
Un Libyen travaillant pour l'ambassade nous a aidés à parvenir à
l'enregistrement et nous avons pris en deux groupes les deux derniers vols
commerciaux, des vols Alitalia pour Rome".
"Depuis, nous ne sommes jamais retournés en Libye".
PENDANT LA REVOLUTION
"On vivait au Brésil, et on se retrouvait pour les rassemblements en
Tunisie (la Libye jouait toujours à l'étranger, ndlr). On parlait au manager
de la sélection, resté en Libye, à travers Facebook. Pour le match contre le
Mozambique joué au Caire (le premier disputé sous les couleurs du nouveau
régime, le 3 septembre 2011, ndlr) on ne connaissait même pas les joueurs ! La
plupart venaient de Benghazi. Les nouvelles autorités politiques nous ont dit
qu'elles ne voulaient plus de 5-6 joueurs, il y avait une liste noire
(comprenant le capitaine, Tarek El Tayab, qui avait soutenu le régime Kadhafi,
ndlr). C'était embêtant pour Paqueta, parce que c'étaient de bons joueurs".
"La qualification relève du miracle. Elle tient beaucoup à l'état d'esprit
des joueurs: ils ne se sont jamais plaints. J'ai vu une grande différence avec
les jeunes joueurs qui gagnent beaucoup d'argent et font n'importe quoi: eux
au contraire étaient très sérieux et impliqués".
"Le milieu Djamal était le seul à avoir une activité régulière puisqu'il
joue à Braga au Portugal. Il fallait renforcer la musculature des autres,
beaucoup de travail en salle, mais aussi avec ballon".
"Nous avons fait la préparation au Qatar et aux Emirats, avec 40°C, de
l'humidité et en plein ramadan. Einstein serait devenu fou avec cette
équation! Notre problème maintenant, c'est qu'on doit donner du rythme aux
joueurs pendant la compétition".
AVENIR
"On n'a pas été payé pendant quatre ou cinq mois. On est en train de
négocier sur ces arriérés, ce sera réglé à la fin de la CAN, les gens de la
Fédération sont corrects. On a peur de laisser notre argent dans les banques
en Libye: et si elles étaient mises à sac ? donc on envoie tout au Brésil".
"En ce moment il n'y a pas les conditions de sécurité nécessaires pour
retourner jouer en Libye. Et on ne sait pas quand reprendra le championnat. En
vérité, on aurait préféré ne pas passer par tout cela".