Dans les semaines à venir, plus de 3000 producteurs de café, de caca et d’hévéa, allochtones et allogènes, risquent de perdre leurs plantations dans le département de Tiassalé. Et du coup, c’est une production de 3.000 tonnes qui est en jeu.
N’Douci est une petite ville située à une centaine de km d’Abidjan. A l’entrée de la petite localité, un vaste terrain en terre rouge est en plein aménagement. C’est ici que le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, cette semaine, poser la première pierre pour la construction d’un grand hôpital. L’ouvrage illustre bien la philosophie actuelle d’un pays en plein chantier. Et il permet d’envisager l’avenir avec beaucoup d’espoir la petite sous-préfecture de N’Douci, département de Tiassalé, avec ses bâtisses modestes aux murs jaunis par la poussière. Une poussière amenée par le vent depuis les chemins tortueux qui mènent vers les champs de manioc, de riz, d’ignames. Et, surtout, les centaines de campements établis par les allogènes pour entretenir leurs plantations de café-cacao, grande richesse de la zone.
Un problème confus !
C’est justement dans ces campements d’Aboudo, Atiguéi, deux gros villages, que circule depuis quelques semaines une information annonçant l’expulsion de plus de 3.000 planteurs de café-cacao et d’hévéa de ‘’leurs terres ‘’. Pour la vérifier, il faut se rendre à Kiriwakro, un village à environ 28 km de N’Douci, essentiellement habité par des allogènes en alerte depuis quelques jours. Ce samedi 28 janvier, N’Zi Bénié, le chef du village a mobilisé 671 planteurs, provenant d’une centaine de campements, dans la zone, entre Aboudé et Attiguéi. Parmi les invités, le chef de la communauté mossie, Compaoré Joseph, celui de la communauté baoulée, N’Guessan Kouamé et bien d’autres. Hommes, femmes, vieux, enfants se sont mobilisés pour, disent-ils, défendre bec et ongles « leurs terres ». Et ce samedi, installés sous des cabanes faites avec des branches de palmiers, N’Zi Bénié met le pied dans le plat. « Depuis quelques jours, les chefs des villages d’Attiguéi et d’Aboudé, ont contacté un opérateur économique qui veut acheter nos plantations pour y faire une usine d’hévéa. Nous ne l’accepterons pas. Nos parents ont créé ces plantations depuis plus de 50 ans, nous y avons mis toutes nos vies », clame-t-il au milieu de l’assemblée. Il entretient sa plantation de cacaoyers de 60 hectares depuis 1967. Compaoré Joseph, le chef des Mossis, a également une soixantaine d’hectares de café et cacao depuis 1970. Il se demande ce qu’il deviendra si jamais on la lui prenait. Les plus jeunes, comme Tehoua Maurice Edja, le président des jeunes de Kiriwakro, ont hérité leurs plantations de leurs parents. Et les dimensions varient de 10 hectares à 1km².
C’est avec inquiétude que ces villageois affirment avoir été saisis par les responsables des villages d’Aboudé et d’Attiguéi, leurs tuteurs, de mauvaise nouvelle : ils doivent quitter leurs plantations avant le 07 février. Une rencontre a eu lieu, le 20 janvier, avec le sous-prefet de N’Douci. D’un côté, les Abbès d’Attiguéi et d’Aboudé, et de l’autre les allogènes, menacés d’être expulsés. Le sous-préfet n’a pu trancher, selon N’Zi Bénié. « Que voulez-vous qu’on devienne s’il faut que nous quittions nos plantations. Il faut que l’Etat intervienne ». Une affaire invraisemblable. Car, Dou Guéibi Adolf, un agent de l’Agence nationale pour le développement rural (Anader), envoyé dans la zone pour former les planteurs, est catégorique : si on les chasse de la zone, c’est une production de 3.000 tonnes de cacao par an que l’Etat va perdre. Pour mieux comprendre le problème, il faut se rendre à Attiguéi, à 8 km de là, au bout d’une route poussiéreuse jalonnée de marais. Dans ce bourg électrifié, le chef de village, Diby Vincent, ex-employé à la Sicogi, attend dans sa modeste maison le match de football de ce jour : Ghana-Mali. Il est assez branché, côté Coupe d’Afrique des nations. Selon lui, des démarches ont bien été entreprises avec une société d’hévéa en vue d’acheter les plantations qu’ils ont offertes il y a plusieurs années aux allogènes Agni, Baoulé, Mossi… « La société nous a dit qu’elle allait créer de l’emploi pour nos enfants. Nous n’y avons pas vu d’inconvénients », avoue-t-il. Il confirme qu’une rencontre a bien eu lieu avec le sous-préfet de N’Douci pour tenter de trouver un terrain d’entente. Quel type d’entente ? Le chef du village d’Atiguéi n’est pas précis là-dessus. Toutefois, il soutient qu’il n’a jamais eu l’intention de chasser qui que ce soit de sa plantation. Tout ce qu’il voulait, lui, c’était que les allogènes essayent de l’approcher pour « discuter ». Au lieu de cela, ceux-ci se sont dressés contre lui. Pendant notre séjour à N’Douci, nous n’avons pu joindre le sous-préfet qui avait un calendrier chargé.
Raphaël Tanoh (envoyé spécial à N’Douci)
N’Douci est une petite ville située à une centaine de km d’Abidjan. A l’entrée de la petite localité, un vaste terrain en terre rouge est en plein aménagement. C’est ici que le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, cette semaine, poser la première pierre pour la construction d’un grand hôpital. L’ouvrage illustre bien la philosophie actuelle d’un pays en plein chantier. Et il permet d’envisager l’avenir avec beaucoup d’espoir la petite sous-préfecture de N’Douci, département de Tiassalé, avec ses bâtisses modestes aux murs jaunis par la poussière. Une poussière amenée par le vent depuis les chemins tortueux qui mènent vers les champs de manioc, de riz, d’ignames. Et, surtout, les centaines de campements établis par les allogènes pour entretenir leurs plantations de café-cacao, grande richesse de la zone.
Un problème confus !
C’est justement dans ces campements d’Aboudo, Atiguéi, deux gros villages, que circule depuis quelques semaines une information annonçant l’expulsion de plus de 3.000 planteurs de café-cacao et d’hévéa de ‘’leurs terres ‘’. Pour la vérifier, il faut se rendre à Kiriwakro, un village à environ 28 km de N’Douci, essentiellement habité par des allogènes en alerte depuis quelques jours. Ce samedi 28 janvier, N’Zi Bénié, le chef du village a mobilisé 671 planteurs, provenant d’une centaine de campements, dans la zone, entre Aboudé et Attiguéi. Parmi les invités, le chef de la communauté mossie, Compaoré Joseph, celui de la communauté baoulée, N’Guessan Kouamé et bien d’autres. Hommes, femmes, vieux, enfants se sont mobilisés pour, disent-ils, défendre bec et ongles « leurs terres ». Et ce samedi, installés sous des cabanes faites avec des branches de palmiers, N’Zi Bénié met le pied dans le plat. « Depuis quelques jours, les chefs des villages d’Attiguéi et d’Aboudé, ont contacté un opérateur économique qui veut acheter nos plantations pour y faire une usine d’hévéa. Nous ne l’accepterons pas. Nos parents ont créé ces plantations depuis plus de 50 ans, nous y avons mis toutes nos vies », clame-t-il au milieu de l’assemblée. Il entretient sa plantation de cacaoyers de 60 hectares depuis 1967. Compaoré Joseph, le chef des Mossis, a également une soixantaine d’hectares de café et cacao depuis 1970. Il se demande ce qu’il deviendra si jamais on la lui prenait. Les plus jeunes, comme Tehoua Maurice Edja, le président des jeunes de Kiriwakro, ont hérité leurs plantations de leurs parents. Et les dimensions varient de 10 hectares à 1km².
C’est avec inquiétude que ces villageois affirment avoir été saisis par les responsables des villages d’Aboudé et d’Attiguéi, leurs tuteurs, de mauvaise nouvelle : ils doivent quitter leurs plantations avant le 07 février. Une rencontre a eu lieu, le 20 janvier, avec le sous-prefet de N’Douci. D’un côté, les Abbès d’Attiguéi et d’Aboudé, et de l’autre les allogènes, menacés d’être expulsés. Le sous-préfet n’a pu trancher, selon N’Zi Bénié. « Que voulez-vous qu’on devienne s’il faut que nous quittions nos plantations. Il faut que l’Etat intervienne ». Une affaire invraisemblable. Car, Dou Guéibi Adolf, un agent de l’Agence nationale pour le développement rural (Anader), envoyé dans la zone pour former les planteurs, est catégorique : si on les chasse de la zone, c’est une production de 3.000 tonnes de cacao par an que l’Etat va perdre. Pour mieux comprendre le problème, il faut se rendre à Attiguéi, à 8 km de là, au bout d’une route poussiéreuse jalonnée de marais. Dans ce bourg électrifié, le chef de village, Diby Vincent, ex-employé à la Sicogi, attend dans sa modeste maison le match de football de ce jour : Ghana-Mali. Il est assez branché, côté Coupe d’Afrique des nations. Selon lui, des démarches ont bien été entreprises avec une société d’hévéa en vue d’acheter les plantations qu’ils ont offertes il y a plusieurs années aux allogènes Agni, Baoulé, Mossi… « La société nous a dit qu’elle allait créer de l’emploi pour nos enfants. Nous n’y avons pas vu d’inconvénients », avoue-t-il. Il confirme qu’une rencontre a bien eu lieu avec le sous-préfet de N’Douci pour tenter de trouver un terrain d’entente. Quel type d’entente ? Le chef du village d’Atiguéi n’est pas précis là-dessus. Toutefois, il soutient qu’il n’a jamais eu l’intention de chasser qui que ce soit de sa plantation. Tout ce qu’il voulait, lui, c’était que les allogènes essayent de l’approcher pour « discuter ». Au lieu de cela, ceux-ci se sont dressés contre lui. Pendant notre séjour à N’Douci, nous n’avons pu joindre le sous-préfet qui avait un calendrier chargé.
Raphaël Tanoh (envoyé spécial à N’Douci)