Fils du nord, essuyez vos larmes ! Gbagbo est parti, l’heure de votre rattrapage est arrivée. Ce n’est point une question de compétence, c’est votre tour, comme le dirait Gbagbo: «Il s’agit d’un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40% de la population, étaient exclues des postes de responsabilité… » Il n’y a pas longtemps, des journalistes qui ignoraient tout avaient pensé émouvoir le chef de l’Etat en écrivant «…Kandia Camara vient de décharger une vingtaine de directeurs régionaux de l’Education nationale-Dren », « Soir Info», (18/11). «L’on procède à des licenciements pour remplacer ceux qui partent par des gens de leur ethine, leur région, leur religion, leur parti politique. Ce licenciement est à proscrire parce qu’il est une atteinte grave non seulement au droit du travail, mais surtout aux droits de l’homme », se lamentait dans («Notre voie», 28/1) Elie Boga Dago, l’intérimaire du secrétariat général de la centrale dignité de Mahan Gahé, en détention au nord de la Côte d’Ivoire. Ceux qui pensaient qu’en hurlant au scandale, Kandia arrêterait ce à quoi elle s’adonnait, ont désormais la tête dans leur poche. Elle ne faisait qu’appliquer une politique clairement définie et froidement exécutée. Si on s’en tient aux propos du chef de l’Etat Alassane Ouattara. Une révélation d’une extrême gravité faite à un journal français «L’express ». Mais ne vous y meprenez pas, le message est bien libellé. Blé Guirao qui a pendant longtemps crié à l’injustice pour s’être fait coiffer sur la ligne d’arrivée à la tête de la direction générale de l’Agefop par un cadre du Rdr sorti de nulle part, sait à présent ce qui lui est arrivé. Il y avait un retard à rattraper de ce côté-là aussi. Et tant pis donc pour lui. Il n’aura qu’à s’en prendre à Gbagbo qui a mis les fils du nord en retard. Ainsi a parlé sa majesté Alassane Ouattara 1er : 125 chefs d’établissements (proviseurs, principaux, directeurs de Cafop…) ont été débarqués par Kandia. Mais au ministère, on préfère dire pudiquement qu’ils ont été remplacés et n’ont pas été affectés. Près de 21 directeurs régionaux sont en ce moment consignés dans leur domicile à ne rien faire, tous remplacés. Les plus chanceux ont été mutés en plein milieu de l’année scolaire. Tant pis pour les enfants déjà inscrits dans des écoles. Certaines mauvaises langues au ministère soufflent même que des directeurs de Cafop et des inspecteurs de l’Enseignement primaire qui promus il y a de cela plus de dix ans ont été rétrogradés et remis au placard. Application systématique de la politique du «simple rattrapage». Yobouët Yao Frédéric qui était le directeur du Cafop de Gagnoa a été envoyé en circonscription à Buyo. Ipo Tébily Luc directeur du Cafop de Daloa renvoyé à l’inspection de Konanfla. Des directeurs départementaux comme Kéké Kouamé Pierre sont priés de reprendre la craie. Certains seront mis à la disposition de la direction des ressources humaines au ministère dont Anvire Oi Anvire Daruis du cafop de Bouake 1, Yedoh Esso Mathieu d’Aboisso. En apllication certaine de la politique de « rattrapage », ils seront remplacés respectivement par Hema Brahima et Mme Touré née Savané Amy. D’autres nominations dont 5 sur 8 ressemblent un peu au «rattrapage » tribale : Vacaba Doumbia au cafop de Katiola, Kamagaté Hamadou à Yamoussoukro, Koné Kassoum Patrice à Daloa. Allez, soyons honnêtes, un peu d’exception ne fait pas de mal au « rattrapage » : Kacou N’goran Virginie à Abengourou, Kouamé Koua Jacob à Man, Mme Nezzi Amenan Marie Louise à Dabou. Des mauvaises langues au ministère confient encore que «Malgré le surplus de postes, Kandia Camara a trouvé mieux de débarquer des inspecteurs de l’enseignement primaire sans les affecter tout en créant de nouveaux postes». «Même le secrétaire général du syndicat des inspecteurs de l’enseignement primaire, Zamblé Bi zamblé Germain en poste à Bingerville qui devait défendre la cause de ses confrères a été frappé et est sans point de chute», ajoutent les mêmes langues. C’est vraiment étrange ! On croyait pourtant que le slogan du Rdr était «le vivre ensemble ». Ah mais c’est vrai ! Vivre ensemble ne signifie pas qu’on n’a pas le droit de « rattraper » son retard. Pas ensemble. Au boulot Kandia, on comprend mieux à présent et on ne l’ouvrira plus. Promis-juré !
HERVE MAKRE
HERVE MAKRE