Ce livre est-il proscrit à la vente sur le territoire ivoirien ? Introuvable dans les librairies à Abidjan, le dernier ouvrage de Charles Blé Goudé : «Côte d`Ivoire: Traquenard électoral», édité en fin d`année dernière en France par L`Harmattan, circule depuis quelques semaines sous le manteau. Le régime actuel en a fait un mythe, comme toutes les œuvres frappées d`ostracisme ou soumises à la censure, après l`interdiction de sa sortie officielle le mercredi 18 janvier au Baron de Yopougon. Ce livre revient sur la dernière décennie mouvementée de l`histoire de la Côte d`Ivoire. L`auteur qui se présente comme un «témoin vivant et acteur de l`histoire présente de la Côte d`Ivoire», fait des révélations sur le virage électoral des présidentielles d`octobre et de novembre 2010 ayant abouti à un contentieux électoral sanglant. Avec comme corollaire, la bataille d`Abidjan et la chute de l`ex-président, Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011. D`entrée de jeu, le président des (ex) Jeunes Patriotes ivoiriens, en exil depuis l`effondrement de l`ex-régime de la Refondation, donne les raisons qui l`ont poussé à écrire ce livre. «Les faits. Dire les faits. Nommer les faits. Raconter, énoncer les faits ; exposer leur déroulement, dévoiler leurs causes... Laisser parler les faits tels que je les ai vus et vécus. Fixer, graver ce qui s`est réellement passé dans la mémoire collective et contribuer à l`écriture de notre histoire. Écrire nous-mêmes notre histoire… Écrire tout simplement pour combattre la falsification de notre histoire», explique-t-il dans une note introductive. Charles Blé Goudé dédie sa troisième production à «toutes les victimes de la crise ivoirienne» et aux «enfants nés pendant la guerre», à qui il «souhaite de grandir dans un pays en paix». L`auteur de «Côte d`Ivoire : Traquenard électoral» adresse cette exhortation aux populations ivoiriennes qui ont souffert des affres d`une décennie de guerre civile, accentuée par une crise postélectorale sans précédent. «A tous ceux qui parce qu`humiliés, blessés, spoliés, ruminent une vengeance, je vous invite à cultiver l`amour là où on vous a servi la haine : car la plus belle vengeance c`est le pardon», écrit le dernier ministre de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l`Emploi de l`ex-président Laurent Gbagbo. A travers ces lignes qui suivent, découvrez les «bonnes feuilles» d`un livre qui fera certainement débat.
ANASSE ANASSE
“CÔTE D`IVOIRE-TRAQUENARD ELECTORAL”
Le processus de paix conduit par le Président Laurent Gbagbo
Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, une rébellion venue du nord de la Côte d`Ivoire, dirigée par des militaires formés, entraînés et armés au Burkina Faso attaque le pays d`Houphouët-Boigny (…). La tentative de renversement du pouvoir élu sera finalement déjouée par les Forces de défense et de sécurité (FDS). Les rebelles repoussés hors d`Abidjan vont ensuite se replier sur la ville de Bouaké. Et de Bouaké, la tentative de coup d’État avorté va se muer en rébellion et se métastaser comme un cancer dans le Nord et l`Ouest de la Côte d`Ivoire (…). Le Président Laurent Gbagbo décide d`entamer des négociations avec les forces rebelles. Un processus de règlement de la crise est engagé à Lomé, la capitale togolaise. Le processus n`ira malheureusement pas jusqu`à son terme (…). Après Lomé, il y aura Marcoussis (…). Ces accords conduiront à la formation d`un nouveau gouvernement dirigé par Seydou Elimane Diarra, nommé par Laurent Gbagbo à Paris sous la pression de Jacques Chirac. L`objectif de ces accords ? Dépouiller manifestement Laurent Gbagbo de tous ses attributs, et prolonger ainsi le coup de force du 19 septembre. Malgré leur caractère humiliant, le Président Laurent Gbagbo va accepter de mettre en œuvre les engagements pris à Marcoussis afin de donner une chance à la paix (…). La paix est une longue marche (…). Et c`est finalement au sommet de Pretoria placé sous la médiation du Président sud-africain Thabo Mbeki, mandaté par l`Union africaine, que la majeure revendication de la rébellion sera finalement exprimée : rendre éligibles... Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, frappé par la limite d`âge et Alassane Ouattara, président du RDR, recalé aux élections présidentielles précédentes pour une question de nationalité (…). Ce n`est finalement que sous le régime de Laurent Gbagbo qu`Alassane Dramane Ouattara prendra part pour la première fois à l`élection présidentielle (...). Malgré ce geste de bonne volonté de Gbagbo (et les Accords politiques de Ouagadougou), la rébellion ne tiendra pas ses engagements : elle refusera de déposer les armes (…). C`est donc sans le désarmement des rebelles, facteur essentiel au rétablissement de la paix, que le pays va se diriger vers les élections présidentielles d`octobre 2010 (…). Les élections seront organisées dans des conditions piégées. Il avait été décidé que Gbagbo devait partir du pouvoir. Le coup d’État sera électoral : la victoire de Gbagbo Laurent sera contesté et son adversaire déclaré vainqueur. Pis : Gbagbo, spolié de sa victoire, sera diabolisé, indexé, bombardé, kidnappé avant d`être transféré à la Cour pénale internationale (…).
Le traquenard électoral
La rébellion qui éclate en septembre 2002 atteindra finalement son objectif principal le 11 avril 2011 avec la capture de Laurent Gbagbo par les soldats français. En prenant les armes en 2002, les dirigeants des mouvements rebelles avaient pour ambition de renverser par la force des armes, le régime de Laurent Gbagbo, démocratiquement élu en octobre 2000. Ce projet antidémocratique sera contrarié par la volonté populaire opposée à toute forme d`accession au pouvoir par les armes (…). Les armes ayant montré leurs limites face à la détermination populaire (…), les rebelles et leurs parrains vont alors changer de tactique pour atteindre leur objectif : la prise du pouvoir se fera par le biais de l`organisation d`un scrutin maîtrisé de bout en bout (…) C`est par le truchement de la mainmise sur la Commission électorale, dite indépendante, que le projet de renversement du pouvoir de Gbagbo va être mis en œuvre... La CEI établie, les partis politiques de l`opposition (PDCI, RDR, UDPCI, MFA) et les mouvements rebelles (MPCI, MPIGO, MJP) se regroupent en coalition (G7). L`objectif ? Porter à la tête de la CEI un des leurs, Beugré Mambé. L`emprise de la Commission par l`opposition sera achevée avec la mise en place de ses organes : toutes les présidences et vice-présidences des commissions locales passeront aux mains du RHDP (opposition politique) et des mouvements rebelles. Ces déséquilibres structurels auront de lourdes conséquences ultérieurement... C`est donc dans ces conditions troubles que le peuple ivoirien sera invité à se rendre aux urnes (…). Le second tour (de l`élection présidentielle du 28 novembre 2010) va se dérouler dans un climat tendu. A Korhogo, Odienné, Ferkessedougou, Katiola, Bouaké, zones sous contrôles des rebelles pro-Ouattara, des représentants de la Majorité Présidentielle (LMP) sont chassés des bureaux de vote... Et les résultats dans ces zones, vont tout simplement friser le ridicule. Dans plus de 500 bureaux de vote, le candidat Laurent Gbagbo n`obtient aucune voix tandis que Alassane Ouattara recueille 100% des suffrages, voire plus... Le piège va se refermer au moment de la proclamation des résultats. Et c`est ici que la Commission électorale indépendante va entrer en scène pour jouer son rôle dans le complot (…). (Le jeudi 02 décembre 2010), les événements vont s`accélérer. A 15 heures, le président du Conseil constitutionnel, le Professeur Paul Yao N`Dré apparaît sur la télévision publique, la RTI. Il annonce que la CEI est forclose, et il revient désormais au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs de l`élection présidentielle (…). Une heure après le passage de Yao N`Dré sur les antennes de la RTI, les Ivoiriens découvrent, stupéfaits, le visage du président de la CEI sur la chaîne française France 24, proclamant M. Alassane Dramane Ouattara vainqueur de l`élection présidentielle avec 54% des voix contre 46% pour le candidat Laurent Gbagbo. Stupéfaction générale partagée par la journaliste Tatiana Moussot, correspondante de France 24, à Abidjan. Dans son commentaire, elle dira ceci : «Surprise, surprise, en lieu et place d`une conférence de presse du RHDP précédemment annoncée, c`est le président de la CEI, flanqué de deux gardes du corps qui prend place devant la presse pour annoncer les résultats» (…).
La bataille d`Abidjan
Le 11 avril 2011, après l`arrestation du Président Laurent Gbagbo, j`ai accordé des interviews à certaines chaînes de télévision pour demander aux Africains d`inscrire dans leur mémoire collective cette autre date importante de l`histoire du continent noir. Le capture du Président Laurent Gbagbo m`a rappelé celle de Patrice Lumumba... L`histoire s`est donc répétée le 11 avril 2011 avec la capture du Président Laurent Gbagbo par les forces françaises qui l`ont, par la suite, remis aux hommes de Ouattara... Toute la polémique autour de cette capture serait risible si la situation n`était pas aussi tragique. A quoi avons-nous assisté, en effet, en direct sur toutes les chaînes de télévision internationales ? A un coup de force brutal opéré par les forces françaises, cachées sous le manteau des Nations unies ; au bombardement de la résidence d`un chef d’État baptisée pour la circonstance «bunker» (…). Aussi bien en Afrique qu`en Côte d`Ivoire, des observateurs de la scène politique ivoirienne continuent de s`interroger sur la paternité de la capture de Laurent Gbagbo. Si certains l`attribuent aux hommes de Ouattara, nombreux sont ceux qui estiment qu`au regard du déroulement des événements, c`est l`armée française qui, en facilitant la prise d`Abidjan et l`accès à la résidence du chef de l’État, en est le véritable auteur. La vérité est bien celle-là: à l`issue de la bataille d`Abidjan, Laurent Gbagbo et ses collaborateurs ont été arrêtés par les soldats français et remis aux hommes de Ouattara qui les ont déportés au Nord de la Côte d`Ivoire (…).
Extraits de “Côte d`Ivoire –
Le traquenard électoral”de Charles Blé Goudé,
éditions L`Harmattan 142 pages, décembre 2011
ANASSE ANASSE
“CÔTE D`IVOIRE-TRAQUENARD ELECTORAL”
Le processus de paix conduit par le Président Laurent Gbagbo
Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, une rébellion venue du nord de la Côte d`Ivoire, dirigée par des militaires formés, entraînés et armés au Burkina Faso attaque le pays d`Houphouët-Boigny (…). La tentative de renversement du pouvoir élu sera finalement déjouée par les Forces de défense et de sécurité (FDS). Les rebelles repoussés hors d`Abidjan vont ensuite se replier sur la ville de Bouaké. Et de Bouaké, la tentative de coup d’État avorté va se muer en rébellion et se métastaser comme un cancer dans le Nord et l`Ouest de la Côte d`Ivoire (…). Le Président Laurent Gbagbo décide d`entamer des négociations avec les forces rebelles. Un processus de règlement de la crise est engagé à Lomé, la capitale togolaise. Le processus n`ira malheureusement pas jusqu`à son terme (…). Après Lomé, il y aura Marcoussis (…). Ces accords conduiront à la formation d`un nouveau gouvernement dirigé par Seydou Elimane Diarra, nommé par Laurent Gbagbo à Paris sous la pression de Jacques Chirac. L`objectif de ces accords ? Dépouiller manifestement Laurent Gbagbo de tous ses attributs, et prolonger ainsi le coup de force du 19 septembre. Malgré leur caractère humiliant, le Président Laurent Gbagbo va accepter de mettre en œuvre les engagements pris à Marcoussis afin de donner une chance à la paix (…). La paix est une longue marche (…). Et c`est finalement au sommet de Pretoria placé sous la médiation du Président sud-africain Thabo Mbeki, mandaté par l`Union africaine, que la majeure revendication de la rébellion sera finalement exprimée : rendre éligibles... Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, frappé par la limite d`âge et Alassane Ouattara, président du RDR, recalé aux élections présidentielles précédentes pour une question de nationalité (…). Ce n`est finalement que sous le régime de Laurent Gbagbo qu`Alassane Dramane Ouattara prendra part pour la première fois à l`élection présidentielle (...). Malgré ce geste de bonne volonté de Gbagbo (et les Accords politiques de Ouagadougou), la rébellion ne tiendra pas ses engagements : elle refusera de déposer les armes (…). C`est donc sans le désarmement des rebelles, facteur essentiel au rétablissement de la paix, que le pays va se diriger vers les élections présidentielles d`octobre 2010 (…). Les élections seront organisées dans des conditions piégées. Il avait été décidé que Gbagbo devait partir du pouvoir. Le coup d’État sera électoral : la victoire de Gbagbo Laurent sera contesté et son adversaire déclaré vainqueur. Pis : Gbagbo, spolié de sa victoire, sera diabolisé, indexé, bombardé, kidnappé avant d`être transféré à la Cour pénale internationale (…).
Le traquenard électoral
La rébellion qui éclate en septembre 2002 atteindra finalement son objectif principal le 11 avril 2011 avec la capture de Laurent Gbagbo par les soldats français. En prenant les armes en 2002, les dirigeants des mouvements rebelles avaient pour ambition de renverser par la force des armes, le régime de Laurent Gbagbo, démocratiquement élu en octobre 2000. Ce projet antidémocratique sera contrarié par la volonté populaire opposée à toute forme d`accession au pouvoir par les armes (…). Les armes ayant montré leurs limites face à la détermination populaire (…), les rebelles et leurs parrains vont alors changer de tactique pour atteindre leur objectif : la prise du pouvoir se fera par le biais de l`organisation d`un scrutin maîtrisé de bout en bout (…) C`est par le truchement de la mainmise sur la Commission électorale, dite indépendante, que le projet de renversement du pouvoir de Gbagbo va être mis en œuvre... La CEI établie, les partis politiques de l`opposition (PDCI, RDR, UDPCI, MFA) et les mouvements rebelles (MPCI, MPIGO, MJP) se regroupent en coalition (G7). L`objectif ? Porter à la tête de la CEI un des leurs, Beugré Mambé. L`emprise de la Commission par l`opposition sera achevée avec la mise en place de ses organes : toutes les présidences et vice-présidences des commissions locales passeront aux mains du RHDP (opposition politique) et des mouvements rebelles. Ces déséquilibres structurels auront de lourdes conséquences ultérieurement... C`est donc dans ces conditions troubles que le peuple ivoirien sera invité à se rendre aux urnes (…). Le second tour (de l`élection présidentielle du 28 novembre 2010) va se dérouler dans un climat tendu. A Korhogo, Odienné, Ferkessedougou, Katiola, Bouaké, zones sous contrôles des rebelles pro-Ouattara, des représentants de la Majorité Présidentielle (LMP) sont chassés des bureaux de vote... Et les résultats dans ces zones, vont tout simplement friser le ridicule. Dans plus de 500 bureaux de vote, le candidat Laurent Gbagbo n`obtient aucune voix tandis que Alassane Ouattara recueille 100% des suffrages, voire plus... Le piège va se refermer au moment de la proclamation des résultats. Et c`est ici que la Commission électorale indépendante va entrer en scène pour jouer son rôle dans le complot (…). (Le jeudi 02 décembre 2010), les événements vont s`accélérer. A 15 heures, le président du Conseil constitutionnel, le Professeur Paul Yao N`Dré apparaît sur la télévision publique, la RTI. Il annonce que la CEI est forclose, et il revient désormais au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs de l`élection présidentielle (…). Une heure après le passage de Yao N`Dré sur les antennes de la RTI, les Ivoiriens découvrent, stupéfaits, le visage du président de la CEI sur la chaîne française France 24, proclamant M. Alassane Dramane Ouattara vainqueur de l`élection présidentielle avec 54% des voix contre 46% pour le candidat Laurent Gbagbo. Stupéfaction générale partagée par la journaliste Tatiana Moussot, correspondante de France 24, à Abidjan. Dans son commentaire, elle dira ceci : «Surprise, surprise, en lieu et place d`une conférence de presse du RHDP précédemment annoncée, c`est le président de la CEI, flanqué de deux gardes du corps qui prend place devant la presse pour annoncer les résultats» (…).
La bataille d`Abidjan
Le 11 avril 2011, après l`arrestation du Président Laurent Gbagbo, j`ai accordé des interviews à certaines chaînes de télévision pour demander aux Africains d`inscrire dans leur mémoire collective cette autre date importante de l`histoire du continent noir. Le capture du Président Laurent Gbagbo m`a rappelé celle de Patrice Lumumba... L`histoire s`est donc répétée le 11 avril 2011 avec la capture du Président Laurent Gbagbo par les forces françaises qui l`ont, par la suite, remis aux hommes de Ouattara... Toute la polémique autour de cette capture serait risible si la situation n`était pas aussi tragique. A quoi avons-nous assisté, en effet, en direct sur toutes les chaînes de télévision internationales ? A un coup de force brutal opéré par les forces françaises, cachées sous le manteau des Nations unies ; au bombardement de la résidence d`un chef d’État baptisée pour la circonstance «bunker» (…). Aussi bien en Afrique qu`en Côte d`Ivoire, des observateurs de la scène politique ivoirienne continuent de s`interroger sur la paternité de la capture de Laurent Gbagbo. Si certains l`attribuent aux hommes de Ouattara, nombreux sont ceux qui estiment qu`au regard du déroulement des événements, c`est l`armée française qui, en facilitant la prise d`Abidjan et l`accès à la résidence du chef de l’État, en est le véritable auteur. La vérité est bien celle-là: à l`issue de la bataille d`Abidjan, Laurent Gbagbo et ses collaborateurs ont été arrêtés par les soldats français et remis aux hommes de Ouattara qui les ont déportés au Nord de la Côte d`Ivoire (…).
Extraits de “Côte d`Ivoire –
Le traquenard électoral”de Charles Blé Goudé,
éditions L`Harmattan 142 pages, décembre 2011