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Politique Publié le jeudi 2 février 2012 | Le Patriote

Redeploiement de l’administration / Ferké / Face à une administration en agonie : Les cadres décident d’accompagner l’Etat

Le gouverneur Vassiriki Traoré, le tout nouveau préfet du département de Ferké veut une administration à la pointe des objectifs du Président de la République, une administration efficace pour servir au mieux les populations. Du 04 au 14 juillet donc, le gouverneur a fait le tour de
l’administration de la ville pour dit-il «visiter les services publics et privés de Ferké pour savoir comment ils fonctionnent ces, qui les anime et quelles sont les préoccupations que les
uns et les autres peuvent avoir?» A l’issue de la tournée qui l’a conduit dans vingt-deux services publics, cinq établissements de l’enseignement privé et cinq établissements du secteur économique privé, le représentant du Président de la République a fait le constat d’une administration exsangue qui a besoin d’actions fortes pour servir les quelques 205.000 habitants du département. Et pour cause, l’administration de la cité du Tchologo a énormément souffert des évènements de ces dix dernières années. A la base, deux maux essentiels. D’une part, l’insuffisance du personnel qui a quitté la région et d’autre part, le manque d’équipements et de moyens.
Dans l’administration publique, deux secteurs ont besoin de mesures d’urgence. La santé où le personnel déjà insuffisant ne dispose pas de matériel de travail. A l’hôpital général de Ferké par exemple, le bloc opératoire attend de recevoir un chirurgien. Mais même si ce dernier arrivait, il ne pourrait exercer, par manque d’équipement. Des onze infirmiers qu’il y avait avant la crise, il n’en reste que quatre. C’est donc un hôpital loin de répondre aux attentes des populations qui, en cette période de gratuité des soins, doit faire face à une affluence inhabituelle des patients. Le jeudi 24 novembre dernier, le préfet exposait au Premier ministre qui rencontrait les populations au centre polyvalent un pan de son rapport sur l’administration de Ferké.

L’état des lieux

De mai à octobre 2010, l’hôpital général a reçu 1643 patients et assisté 510 accouchements. En 2011, avec l’instauration de la gratuité des actes médicaux, dans la même période, un seul médecin a reçu 8042 patients et une seule sage-femme a assisté 917 parturientes. Le second secteur agonisant est celui de l’éducation. Rien qu’à voir Mme la directrice départementale dont le bureau est au sein de la bibliothèque du lycée moderne, l’on est situé sur l’ampleur du déficit qui ronge ce secteur. Un seul lycée pour tout le département. Dans les classes bondées d’élèves qui jouent des coudes pour avoir une petite place sur le banc partagé entre trois, on note l’insuffisance du personnel et des infrastructures. Avec 38 enseignants pour un besoin de 86, l’école a recours aux enseignants vacataires dont l’utilisation impose des frais de Coges insupportables pour la plupart des parents d’élèves. Les 3110 élèves de l’école repartis dans 22 classes ne disposant que de 15 salles, la double vacation est donc de mise. Situé en bordure de la voie internationale qui vient de Ouangolo, le lycée dépourvu de toute clôture est devenu une prairie pour les animaux en divagation. Des personnes peu recommandables y ont même trouvé des fumoirs. Le secteur privé n’est pas mieux doté bien qu’un établissement semble tirer son épingle du jeu. Pire que le secondaire, les écoles primaires marquées par la vétusté et le peu d’équipement n’attirent point les enfants dont nombreux se laissent entrainer avec une joie naïve sur les pistes des champs de coton et d’ignames. Telle est la vie dans ces écoles qui ne pouvaient que donner des résultats médiocres aux derniers examens.03, 43% de réussite au BEPC, 12% en série A et 15% en série D au bac. Mais Ferké ne souffre pas que de son école et de sa santé. Tous les services publics de la ville ont posé les mêmes besoins au préfet. Personnel et équipement. "L’aveugle envie le borgne" dit l’adage. Pendant que certains services réclament du personnel et un équipement, d’autres sont encore à la recherche de locaux. C’est le cas de la direction départementale de l’Education Nationale, de la Direction des Infrastructures économiques ou encore de la Direction de l’Agriculture qui partage les mêmes locaux que la Direction de la Production animale.
Même s’il est encore insuffisant, le personnel redéployé est à son poste et ne demande qu’à être équipé pour travailler. Un rythme de retour que le préfet veut voir s’accélérer par des affectations suffisantes de fonctionnaires. Dans ce climat de reprise généralisée dans cette ville qui a pris de nouvelles habitudes, le préfet a donné des instructions pour ne pas brusquer et braquer les populations et ainsi réussir un retour conquérant de l’administration en général et en particulier, l’administration financière, policière et douanière. Dans le chapitre du redéploiement de l’administration, la plus grande satisfaction vient de ces différents services. En effet, revenu à petits pas sur fond de réhabilitation des locaux et le redéploiement d’un nombre minimum d’agents très discrets, les impôts ont su gagner la confiance des populations qui renouent avec l’acte citoyen de s’acquitter de ses obligations fiscales. Encouragées en la matière par les mesures d’accompagnement prises par le pouvoir Ouattara, les populations répondent favorablement à l’appel des responsables des impôts. Il s’agit de l’éponge sur les arriérés d’impôts et la réduction de l’impôt de 25% pour l’année 2011. Au niveau des forces de sécurité que tous désignent ici sous l’appellation commune de «corps habillés» pour parler des militaires, des gendarmes, des policiers et des douaniers, les effectifs sont pratiquement bouclés.

Une reprise progressive tout de même

Les services financiers des Forces Nouvelles, à savoir la DAF et la Centrale ont été démantelés et les FRCI ont disparu des rues pour rejoindre la caserne. La douane a repris progressivement le service, la nouvelle douane devrait-on dire pour sa composition qui comprend des éléments des Forces Nouvelles intégrés après formation. Quant aux policiers et gendarmes redéployés avec des composantes tout aussi hétérogènes que celles de la douane, en attendant de bénéficier des pleins moyens et du temps d’acceptation des populations pour mener un service à plein régime, ils régulent la circulation, mènent un contrôle de routine sanctionné par des appels à la régularisation auprès des contrevenants qui, Dieu seul sait combien ils sont. Pour parler de bien-être des populations, il y a encore un grand chemin à parcourir. Un chemin si grand que certains estiment que son parcours ne peut pas et ne doit pas incomber à l’Etat de Côte d’Ivoire seul. A Ferké, sous la houlette du Premier ministre qui fédère toutes les sensibilités autour de lui, les cadres sont en voie de mettre sur pied une coordination de toutes les structures de développement et de s’attacher les services d’un cabinet international de conseil pour penser le développement de Ferké et accompagner l’Etat dans son action de recherche du mieux-être des populations.
Mack Dakota, Correspondant
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