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Société Publié le mardi 7 février 2012 | Nord-Sud

Koné Warriba Moussa, père du cdt Koné Zackaria : « Mon fils est un guerrier complet... »

Il a 108 ans. Lui, c’est le chef de village de N’déou. Ce village accueille, depuis vendredi, les chasseurs traditionnels du nord, communément appelés Dozos, pour le grand rassemblement. Le vieillard est aussi le père de Koné Zackaria, actuellement commandant de la police militaire. Il nous dit ce qu’il pense de son fils, membre de la confrérie des Dozos.


Comment réagissez-vous au choix de N’déou, votre village, pour abriter les retrouvailles des Dozos ?
Je suis très honoré de la tenue de cette grande cérémonie dans mon village. Vous savez, N’déou n’est pas le seul village apte à organiser ce genre de manifestation. Si le choix a porté sur mon village, je dois m’estimer heureux.

Koné Zackaria, votre fils, est aussi à l’honneur, n’est-ce  pas ?
C’est ce que je dis. Si vous voulez, je suis doublement heureux. D’abord, pour le choix de mon village qui abrite les festivités. Mais je le suis davantage, pour l’hommage que les Dozos font à mon fils, Zackaria. C’est un immense bonheur d’avoir un fils magnifié.

Le père d’un Dozo est-il forcément membre de la confrérie ?
C’est en tant que chef de village que je vous parle. Mais chez nous, être Dozo est une qualité qui s’acquiert dès la naissance. Nous sommes une famille de Dozos. Donc, être Dozo, pour nous, est naturel. Attention, je ne dis pas que la naissance seulement suffit à faire de quelqu’un un Dozo. Il lui faut s’astreindre aux formalités et autres cérémonies propres à la confrérie. Ce qui fait donc qu’en plus de la naissance, il doit se confier à un maître.

Donc vous êtes Dozo et vous avez un maître…
Oui !

Vous êtes le maître de votre fils ?
Non, le père ne peut pas être le maître de son fils. Dans le cas de Zackaria, il a plusieurs maîtres, contrairement aux autres qui n’en ont qu’un. Quand il a commencé, il était aimé de tous les Dozos et chacun a bien voulu faire de lui son élève. Chose qu’il a accepté. Aujourd’hui, lui seul connaît le nombre de ses maîtres. Vraiment, il est difficile à présent de lui attribuer un maître. Et, je crois que cela lui a été profitable.

Même si vous n’êtes pas son maître, ne lui arrive-t-il pas souvent de vous consulter ?
Tout bon fils se confie souvent à son père. Zackaria me consulte souvent. Mais dans la vie, nul n’est censé tout savoir. Et, le savoir n’est pas une question d’âge. Même le fils peut enseigner le père. Nous nous consultons donc mutuellement. Il m’arrive souvent de prendre conseil auprès de lui. Mais les maîtres-mots que je n’ai cessé de lui dire, et je suis fier de savoir qu’il m’a compris, c’est de marcher dans la voie de la vérité et de la sincérité. Je lui ai toujours dit de ne jamais trahir et surtout d’être tolérant.

Mais comment avez-vous vécu le retrait de votre fils après les accords de Ouaga ?
Je n’ai jamais eu de souci pour mon fils. Je lui ai toujours dit que quand on est sincère dans ses œuvres, quand on n’a aucune mauvaise intension, ce qui vous arrive n’est que passager. Il faut que les gens croient en Dieu. Quand on croit en Dieu et qu’on agit avec sincérité, on peut trébucher mais ne pas tomber. Même s’il vous arrivait de tomber, vous pouvez vous relever facilement et tenir debout pour de bon. Je n’ai donc jamais douté que Zackaria reviendrait et qu’il serait accueilli par ses amis et frères. Aujourd’hui, il est là et il continue de faire son travail avec abnégation. Quand on est Dozo on est juste, droit, sincère et tolérant.

Vous étiez guerrier et avez transmis vos pouvoirs à votre fils, est-ce exact ?
Nos ancêtres étaient des guerriers. Nous sommes guerriers et nos descendants seront, par la grâce de Dieu, des guerriers. Zackaria est le dixième guerrier de notre lignée. Il est aussi le dixième guerrier dans la lignée de sa famille maternelle. Je crois que Zackaria est un guerrier complet de par son sang. C’est donc vous dire que nous sommes des descendants de guerriers. Mais cela ne veut pas dire que nous sommes une famille de va-t-en guerre.

Mais qu’est-ce qui caractérise le guerrier ?
Il doit être fort et courageux. Il est juste et aime la paix. C’est ce qui doit aussi caractériser un Dozo. A mon époque, le règne d’Houphouet ne méritait pas qu’on lui fasse la guerre. Cet homme était soucieux de la paix et, il le montrait par sa sagesse. Je suis fier que mon fils ait joué un rôle dans le rétablissement de la paix dans son pays. Je pense qu’il va continuer à le faire.

Interview réalisée par Kèmèmoudou Sangaré à Odienné
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