Consultant technique à la CAF, Gérard Dreyfus dresse un bilan de la première partie de la CAN 0range 2012. De l’élimination du Sénégal à la qualification surprise de la Guinée-Equatoriale et du Soudan pour les quarts de finale, l’ancien journaliste sportif à RFI passe tout en revue.
Le Patriote : Quels enseignements peut-on tirer du premier tour de cette 28e CAN ?
Gérard Dreyfus : Je cherche dans ma mémoire. Je n’ai pas le sentiment d’avoir assisté à une CAN aussi disputée que cette année. Parce qu’on s’est aperçu qu’aucune équipe ne dominait véritablement la compétition. Toutes celles qui étaient données battues au premier tour se sont défoncées, ont fait preuve d’abnégation, de courage, de volonté. On pourrait citer plusieurs pays. Finalement, elles ont hissé leur niveau de jeu. Alors que pour le moment, les présumées meilleures ne l’ont pas fait. Je ne sais pas si elles parviendront à l’usure. Mais déjà, voir la Guinée-Equatoriale et le Soudan en quarts de finale, honnêtement c’était impensable.
LP : Selon vous, qu’est-ce qui a manqué au Sénégal pour avoir été aussi transparent ?
GD : Je voudrais dire aux uns et aux autres que le football africain ne se joue pas en Europe et dans les différents championnats européens. Arriver ici avec des joueurs qui ont claqué but sur but dans leur club ne voudrait pas dire qu’ils reproduiront leur football sur les terrains africains. On les attend et j’espère qu’ils vont nous montrer de quoi ils sont capables. Le Sénégal a manqué de cohésion. Moi, je pense surtout que c’est dans la tête que ça se passe. Mentalement, il manque quelque chose. Peut-être l’humilité. Peut-être aussi, comme on l’a dit lors des éditions précédentes, les joueurs qui sont professionnels cherchent d’abord à se préserver d’une blessure pouvant hypothéquer toute ou une partie de leur carrière professionnelle.
LP : Un autre grand favori, la Côte d’Ivoire, justifie-t-il son statut ?
GD : Alors, je vais vous dire quelque chose. Je le dis en plaisantant. Les Ivoiriens sont en voie de «Camerounisation». Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que l’équipe du Cameroun quand elle rentre sur le terrain, son seul souci, c’est de marquer un but de plus que l’adversaire. Le spectacle, ce n’est pas trop pour elle. Ils sont là pour gagner. Je trouve que l’équipe de Côte d’Ivoire développe le même état d’esprit. D’ailleurs, j’en ai discuté avec les dirigeants que je connais depuis longtemps. Ils ont dit ceci : «Nous mettons d’abord l’accent sur notre assise défensive». Pour dire que si la défense ne prend pas de but, l’équipe trouvera toujours un joueur pour aller en marquer. C’est ça que j’appelle la « Camerounisation ». On a vu une équipe qui n’a pas été extrêmement dominatrice mais qui a fait le travail. C’est le plus important. Pour le moment, elle a fait ce qu’il fallait faire. Elle a rendu une copie parfaite. Pour ce qui est du spectacle, ce n’est pas ce qu’il faut pour remporter le trophée.
LP : Constatez-vous une maturité de cette génération ?
GD : C’est une génération qui sait qu’elle n’a rien gagné. On le leur a souvent répété. Donc, il faut engranger tout ce que vous avez semé depuis dix ans. La plupart de ces joueurs sont sortis des écoles de football en Afrique, à Abidjan. La plupart vient de l’Asec. Un travail a été fait en profondeur et il y a eu des répercussions au niveau de l’équipe. Parce que la Côte d’Ivoire a raté véritablement le coche en 2006. Si on respecte à la lettre les consignes, l’état d’esprit, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas. Mais, il ne faut pas penser que c’est déjà fait. Mais la Côte d’Ivoire reste le leader du football africain.
LP : La Côte d’voire peut-elle arriver jusqu’au bout dans cette CAN ?
GD : Bien sûr ! Le Ghana m’a un peu déçu. Il était présenté comme le deuxième ou troisième favori. Mais, on verra peut-être une finale Côte d’Ivoire-Ghana. Tout est possible. Au jour d’aujourd’hui, je prends les matchs les uns après les autres. Je n’ai pas de parti-pris. J’ai de la sympathie. Je serai très heureux si la Côte d’Ivoire gagne. J’étais là lors de la première victoire. S’il y a une seconde, je serai enchanté pour les Ivoiriens. Surtout que ce trophée favorisera davantage la réconciliation nationale. Et on ne peut pas faire abstraction aussi de l’aspect politique. Je souhaite pour les Ivoiriens, où qu’ils soient, de quelle que région qu’ils soient, que les Eléphants remportent la CAN
Par OUATTARA Gaoussou à Malabo
Le Patriote : Quels enseignements peut-on tirer du premier tour de cette 28e CAN ?
Gérard Dreyfus : Je cherche dans ma mémoire. Je n’ai pas le sentiment d’avoir assisté à une CAN aussi disputée que cette année. Parce qu’on s’est aperçu qu’aucune équipe ne dominait véritablement la compétition. Toutes celles qui étaient données battues au premier tour se sont défoncées, ont fait preuve d’abnégation, de courage, de volonté. On pourrait citer plusieurs pays. Finalement, elles ont hissé leur niveau de jeu. Alors que pour le moment, les présumées meilleures ne l’ont pas fait. Je ne sais pas si elles parviendront à l’usure. Mais déjà, voir la Guinée-Equatoriale et le Soudan en quarts de finale, honnêtement c’était impensable.
LP : Selon vous, qu’est-ce qui a manqué au Sénégal pour avoir été aussi transparent ?
GD : Je voudrais dire aux uns et aux autres que le football africain ne se joue pas en Europe et dans les différents championnats européens. Arriver ici avec des joueurs qui ont claqué but sur but dans leur club ne voudrait pas dire qu’ils reproduiront leur football sur les terrains africains. On les attend et j’espère qu’ils vont nous montrer de quoi ils sont capables. Le Sénégal a manqué de cohésion. Moi, je pense surtout que c’est dans la tête que ça se passe. Mentalement, il manque quelque chose. Peut-être l’humilité. Peut-être aussi, comme on l’a dit lors des éditions précédentes, les joueurs qui sont professionnels cherchent d’abord à se préserver d’une blessure pouvant hypothéquer toute ou une partie de leur carrière professionnelle.
LP : Un autre grand favori, la Côte d’Ivoire, justifie-t-il son statut ?
GD : Alors, je vais vous dire quelque chose. Je le dis en plaisantant. Les Ivoiriens sont en voie de «Camerounisation». Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que l’équipe du Cameroun quand elle rentre sur le terrain, son seul souci, c’est de marquer un but de plus que l’adversaire. Le spectacle, ce n’est pas trop pour elle. Ils sont là pour gagner. Je trouve que l’équipe de Côte d’Ivoire développe le même état d’esprit. D’ailleurs, j’en ai discuté avec les dirigeants que je connais depuis longtemps. Ils ont dit ceci : «Nous mettons d’abord l’accent sur notre assise défensive». Pour dire que si la défense ne prend pas de but, l’équipe trouvera toujours un joueur pour aller en marquer. C’est ça que j’appelle la « Camerounisation ». On a vu une équipe qui n’a pas été extrêmement dominatrice mais qui a fait le travail. C’est le plus important. Pour le moment, elle a fait ce qu’il fallait faire. Elle a rendu une copie parfaite. Pour ce qui est du spectacle, ce n’est pas ce qu’il faut pour remporter le trophée.
LP : Constatez-vous une maturité de cette génération ?
GD : C’est une génération qui sait qu’elle n’a rien gagné. On le leur a souvent répété. Donc, il faut engranger tout ce que vous avez semé depuis dix ans. La plupart de ces joueurs sont sortis des écoles de football en Afrique, à Abidjan. La plupart vient de l’Asec. Un travail a été fait en profondeur et il y a eu des répercussions au niveau de l’équipe. Parce que la Côte d’Ivoire a raté véritablement le coche en 2006. Si on respecte à la lettre les consignes, l’état d’esprit, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas. Mais, il ne faut pas penser que c’est déjà fait. Mais la Côte d’Ivoire reste le leader du football africain.
LP : La Côte d’voire peut-elle arriver jusqu’au bout dans cette CAN ?
GD : Bien sûr ! Le Ghana m’a un peu déçu. Il était présenté comme le deuxième ou troisième favori. Mais, on verra peut-être une finale Côte d’Ivoire-Ghana. Tout est possible. Au jour d’aujourd’hui, je prends les matchs les uns après les autres. Je n’ai pas de parti-pris. J’ai de la sympathie. Je serai très heureux si la Côte d’Ivoire gagne. J’étais là lors de la première victoire. S’il y a une seconde, je serai enchanté pour les Ivoiriens. Surtout que ce trophée favorisera davantage la réconciliation nationale. Et on ne peut pas faire abstraction aussi de l’aspect politique. Je souhaite pour les Ivoiriens, où qu’ils soient, de quelle que région qu’ils soient, que les Eléphants remportent la CAN
Par OUATTARA Gaoussou à Malabo