Elu en mars 2001 à la tête du conseil municipal, Sanogo Bamba n’a pu mettre en marche son ‘’plan Marshall’’ pour le développement de son village natal. Après dix ans de crise ayant entraîné la suspension des subventions de l’Etat, le premier magistrat de Gbon affiche de grandes ambitions pour sa commune. Construction d’une école primaire, réalisation d’un collège technique féminin etc… les projets ne manquent pas. Entretien.
Plus de dix ans après votre élection à la mairie de Gbon, quel bilan faîtes-vous de votre mandat ?
Mon bilan, je l’évalue moi-même comme étant négatif. Cela ne veut pas dire que nous n’avons rien fait. Mais, tout simplement que nous n’avons pas pu faire ce que nous projetons pour Gbon. Quand j’ai été élu en mars 2011, j’ai entamé les travaux de construction de la cantine de l’école de Gbon 1. Malheureusement en septembre 2002, nous avons été freinés dans notre élan dans ce projet qui n’a pu s’étendre à l’EPP Gbon 2 et Gbon 3. Nous entamions nos activités quand la crise a éclaté. Toutes les activités communales ont dès lors été suspendues. De 2002 à 2007, toutes les communes des zones Centre, Nord et Ouest étaient fermées. Tous les crédits de fonctionnement et d’investissement nous avaient été arrachés par l’ancien régime. C’est de ma poche que j’ai payé les timbres à Abidjan pour que les enfants ne restent pas sans identification. Nous avons fonctionné sur cette base jusqu’à 2007, date à laquelle il y a eu une main levée sur les crédits de fonctionnement. Ce qui nous a permis d’entamer les travaux du collège technique féminin de Gbon. Les travaux de ce projet majeur du conseil municipal vont bon train. A ce jour, nous avons achevé deux bâtiments. Deux autres sont en cours. Nous avons également construit un bâtiment de six classes plus de deux bureaux à l’EPP Gbon 4. Il va rester un autre bâtiment qui va porter à douze le nombre de classes cette école que nous mettons à la disposition du ministère de l’Education nationale pour la formation de nos enfants. Pour le centre féminin, nous avons à ce jour mobilisé 110 millions et pour l’école 4, nous avons investi près de 38 millions F Cfa.
Vous n’avez pas pu travailler. Des projets majeurs vous restent donc dans les bras. Est-ce à dire que vous serez candidat à votre propre succession pour vous permettre d’achever ce que vous avez commencé ?
La crise ne m’a pas permis de travailler. Mais, j’ai pu poser quelques actions en faveur de mes administrés. Il n’y avait pas de maîtres. Les parents étaient obligés de payer les bénévoles, que ce soit au primaire ou au secondaire. En 2003, 2004 et 2005, nous avons lancé un appel aux cadres et ressortissants de la diaspora en France, aux Etats-Unis et en Italie qui, pour la plupart, ont réagi favorablement. S’il y a des actions ponctuelles et que vous demandez l’aide des cadres, ils interviennent. Quand j’ai été élu, le dispensaire et la maternité n’étaient pas sur le même site. J’ai donc fait construire deux bâtiments pour y loger les services de la maternité. Puis, j’ai réhabilité le bâtiment que ce service occupait pour que la gendarmerie, une fois redéployée puisse y prendre ses quartiers. Voilà quelques activités menées en cette période difficile pour tous. Je n’ai pas pu travailler mais, à la fin de la crise, c’est-à-dire de mai 2011 à aujourd’hui, vous avez vu les chantiers que nous avons réalisés et ceux qui sont en cours d’exécution. Nous avons la volonté de changer Gbon comme nous l’avions promis et nous avons travaillé dans ce sens et nous allons continuer dans cette dynamique. Concernant votre question relative à une future candidature aux prochaines élections municipales, la réponse revient à mon parti le RDR qui désigne son candidat aux élections locales. Le moment venu, vous serez informé.
Comment expliquez-vous l’ascension de la prostitution en pays Sénoufo et particulièrement dans votre commune ?
La crise a été négative surtout pour la jeunesse du nord. La jeunesse a été profondément affectée par la guerre. Il est question aujourd’hui de voir comment occuper sainement nos jeunes. Les enfants ne partaient plus à l’école. Ceux qui travaillaient, ont vu leurs entreprises fermées. Donc contraints de rester à la maison à ne rien faire. Quand un homme n’est pas occupé, il s’occupe à sa manière et tout le monde ne se trouve malheureusement pas les meilleures occupations. Dire que la prostitution a gagné du terrain ici, c’est un peu trop dire. La prostitution existe partout en Côte d’Ivoire et non exclusivement ici à Gbon où il n’y a pratiquement pas d’hôtels de passe comme dans d’autres localités du nord et de la région. C’est vrai, la guerre a détruit des valeurs chères au peule Sénoufo. La guerre a dépravé les mœurs. Il faut travailler aujourd’hui à refermer les revers de la guerre. C’est cela le plus important.
Si le parti vous désigne comme son candidat et que vous êtes réélu, quelles seront vos priorités ?
Au titre des priorités, nous mettrons l’accent sur l’achèvement du collège technique féminin pour recevoir les jeunes filles qui n’auront pas la chance de poursuivre des études secondaires et qui désirent avoir un métier pour s’insérer dan le tissu socio-économique national. C’est une réponse véritable au problème de prostitution qui menace la jeunesse féminine Sénoufo. Au risque de me répéter, la guerre a détruit nos valeurs. Et il faut œuvrer à leur restauration des valeurs. Et ce projet qui nous tient à cœur en est une réponse pertinente. Ensuite, il a le projet de construction d’un foyer des jeunes et l’aménagement de foyers agro-pastoraux pour nos jeunes qu’il faut remettre au travail. Je compte mettre en place une équipe de football. Les jeunes de Gbon jouent très bien le ballon. La preuve, nous avons des fils qui évoluent au haut niveau. Il y a le jeune Kamissoko qui évolue dans l’équipe de Guinée Equatoriale et Kandia Traoré qui lui est en France. Les talents ne manquent pas à Gbon. C’est pourquoi nous projetons la constitution d’une équipe de football.
Vous semblez oublier le problème de l’eau surtout que chez vous, les populations s’alimentent au puits et dans les marigots comme si l’on n’était pas dans une commune moderne…
Le problème de l’eau est général en Côte d’Ivoire. Moi-même dans mon quartier à Abidjan, il n’y a pas de l’eau. Je suis le maire de Gbon. Il y a certes des problèmes mais depuis que vous êtes venu, vous avez toujours de l’eau pour vos besoins. Il y a de l’eau ici. De décembre à juin, chaque année, il y a un manque crucial d’eau dans toute la région des savanes. Sur ma requête, le ministère des Infrastructures économiques avait aménagé un puits qui est aujourd’hui hors d’usage. J’ai été informé par la suite que deux forages sont prévus pour Gbon au titre du programme présidentiel d’urgences. Avec ces deux forages, le problème de l’eau sera réglé. Aujourd’hui, il y a plus d’eau à Gbon qu’à Kolia et à Kouto. Gbon est donc en avance et non en retard.
On constate chez vous que les filles vont plus à l’école que les garçons. Comment expliquez-vous ce renversement de situation ?
La tendance s’est inversée pour deux raisons : les sensibilisations sur la scolarisation de la petite fille et la surveillance des bœufs dans les champs par les garçons. Sur le premier point, nos activités ont porté parce que nous avons ici des modèles de réussite des femmes à l’école que sont le ministre Kandia Camara et Mme Faber Maimouna qui est de Gbon. Elles sont la preuve vivante qu’une petite fille peut aller à l’école, réussir dans ses études et s’occuper de ses parents. Sur le deuxième point, l’on note le problème des enfants-bouviers de 5 à 12 ans, l’âge d’aller à l’école, qui fait que les garçons sont moins scolarisés. Maintenant, si l’on n’y prend garde, cela va porter préjudice à la jeunesse du Nord. Quand vous êtes hors de la ville à partir de huit heures, vous verrez les enfants qui suivent les bœufs. C’est grave. C’est pourquoi en tant que premier magistrat, j’ai donné des instructions fermes pour répertorier à partir du fichier de l’état civil, les enfants de 5 à 12ans. Une fois répertoriés, nous conduisons une mission au domicile des parents pour les sensibiliser sur les bienfaits de la scolarisation des enfants. Le phénomène des enfants-bouviers est une menace pour une future élite Sénoufo forte. Je l’ai signifié aux cadres Sénoufo à une réunion à Abidjan sur la question. L’opération menée à Gbon est une réussite. J’en veux pour preuve que nous avons aujourd’hui sept (7) écoles primaires qui n’ont pas moins de 300 élèves avec plus de filles que de garçons. Quand je venais à la mairie, il y avait au total 538 élèves. Mais aujourd’hui, nous sommes à 1300 élèves grâce à la politique de la mairie. Cette année, nous avons fait inscrire plus de 300 enfants au primaire. La région de Boundiali est à 12% de taux de scolarisation. Et Gbon seul est à 38% sur ce taux.
Selon des informations recueillies sur place, votre commune fait face à une faiblesse du niveau des recettes. Qu’en est-il ?
Les recettes de la mairie sont insignifiantes. Nous n’arrivons pas à collecter plus de 700 francs Cfa par jour. C’est seulement le dimanche, jour de marché que nous dépassons ce montant pour nous retrouver jusqu’à 1.500 F Cfa et 2000 F Cfa. Pas plus. C’est Ivoire coton qui nous versait souvent des impôts. Mais, depuis que les activités d’Ivoire coton ont été arrêtées, du fait de la cirse, nous avons perdu une source importante de nos recettes. A côté, l’Etat reste nous devoir la somme de 109 millions F Cfa au titre des impayés d’impôts. Nous suivons ce dossier. Si ce financement tombe, nous pourrons achever rapidement la construction du collège technique féminin de Gbon.
Aicha Koné s’était exilée et l’on constate que le maire que vous êtes n’a mené aucune initiative pour son retour tant à Abidjan qu’à Gbon. Que faites-vous pour que la fille de Gbon revienne dans son village natal ?
La fille de Gbon dont vous parlez est partie de la Côte d’Ivoire à la faveur de la crise postélectorale. Avec les initiatives de réconciliation des fils et filles de Côte d’Ivoire du président Alassane Ouattara, qui est un homme de rassemblement et de dépassement, elle est revenue au pays. Mais pas encore à Gbon et cela ne m’étonne guère. Je profite de votre passage pour porter un démenti à la rumeur selon laquelle elle aurait été bannie de Gbon. Aicha Koné n’a jamais été bannie de Gbon. C’est elle-même qui n’a jamais porté Gbon dans son cœur. Figurez-vous que ces dix dernières années, elle n’a pas passé au total trois nuits à Gbon. Quand elle venait à Gbon, c’était pour mobiliser les femmes pour Laurent Gbagbo. C’était cela le centre d’intérêt entre elle et Gbon. Quand la nuit la trouvait ici, elle préférait aller la passer à Boundiali ou à Korhogo que de dormir ici où elle a une résidence qu’elle-même a réhabilitée. Le père d’Aicha Koné, à savoir El Hadj Koné Yanourga Moussa, était le fondateur de Gbon. C’est lui qui a créé la première école de Gbon. C’est encore lui qui a fait le premier lotissement de Gbon et qui a installé le dispensaire de Gbon. Ce n’est pas à moi de faire revenir la fille de Gbon dans son village. S’il faut que j’appelle tous les enfants de Gbon, c’est trop me demander. Peut-être qu’elle a des problèmes avec des personnes à Abidjan mais elle n’en a pas avec Gbon et les habitants de Gbon. Si c’était le cas, nous allions saisir les sages pour faire un pas vers elle.
La Côte d’ivoire est engagée dans un processus de réconciliation nationale. Quel appel avez-vous à lancer à Aicha Koné et à vos administrés ?
Si j’avais un appel, ce serait le suivant : Aicha vient. Le peuple de Gbon t’attend. Tu es la fille de Gbon et rien ne t’empêche de revenir au village, dans le village moderne que ton père a construit. Quant à la population de Gbon, je lui demande de suivre l’appel du Président de la République. J’invite mes administrés à ne pas se venger, à pardonner pour apporter leur contribution citoyenne à la réconciliation nationale et la reconstruction post-crise.
Réalisé à Gbon par M Tié Traoré
Plus de dix ans après votre élection à la mairie de Gbon, quel bilan faîtes-vous de votre mandat ?
Mon bilan, je l’évalue moi-même comme étant négatif. Cela ne veut pas dire que nous n’avons rien fait. Mais, tout simplement que nous n’avons pas pu faire ce que nous projetons pour Gbon. Quand j’ai été élu en mars 2011, j’ai entamé les travaux de construction de la cantine de l’école de Gbon 1. Malheureusement en septembre 2002, nous avons été freinés dans notre élan dans ce projet qui n’a pu s’étendre à l’EPP Gbon 2 et Gbon 3. Nous entamions nos activités quand la crise a éclaté. Toutes les activités communales ont dès lors été suspendues. De 2002 à 2007, toutes les communes des zones Centre, Nord et Ouest étaient fermées. Tous les crédits de fonctionnement et d’investissement nous avaient été arrachés par l’ancien régime. C’est de ma poche que j’ai payé les timbres à Abidjan pour que les enfants ne restent pas sans identification. Nous avons fonctionné sur cette base jusqu’à 2007, date à laquelle il y a eu une main levée sur les crédits de fonctionnement. Ce qui nous a permis d’entamer les travaux du collège technique féminin de Gbon. Les travaux de ce projet majeur du conseil municipal vont bon train. A ce jour, nous avons achevé deux bâtiments. Deux autres sont en cours. Nous avons également construit un bâtiment de six classes plus de deux bureaux à l’EPP Gbon 4. Il va rester un autre bâtiment qui va porter à douze le nombre de classes cette école que nous mettons à la disposition du ministère de l’Education nationale pour la formation de nos enfants. Pour le centre féminin, nous avons à ce jour mobilisé 110 millions et pour l’école 4, nous avons investi près de 38 millions F Cfa.
Vous n’avez pas pu travailler. Des projets majeurs vous restent donc dans les bras. Est-ce à dire que vous serez candidat à votre propre succession pour vous permettre d’achever ce que vous avez commencé ?
La crise ne m’a pas permis de travailler. Mais, j’ai pu poser quelques actions en faveur de mes administrés. Il n’y avait pas de maîtres. Les parents étaient obligés de payer les bénévoles, que ce soit au primaire ou au secondaire. En 2003, 2004 et 2005, nous avons lancé un appel aux cadres et ressortissants de la diaspora en France, aux Etats-Unis et en Italie qui, pour la plupart, ont réagi favorablement. S’il y a des actions ponctuelles et que vous demandez l’aide des cadres, ils interviennent. Quand j’ai été élu, le dispensaire et la maternité n’étaient pas sur le même site. J’ai donc fait construire deux bâtiments pour y loger les services de la maternité. Puis, j’ai réhabilité le bâtiment que ce service occupait pour que la gendarmerie, une fois redéployée puisse y prendre ses quartiers. Voilà quelques activités menées en cette période difficile pour tous. Je n’ai pas pu travailler mais, à la fin de la crise, c’est-à-dire de mai 2011 à aujourd’hui, vous avez vu les chantiers que nous avons réalisés et ceux qui sont en cours d’exécution. Nous avons la volonté de changer Gbon comme nous l’avions promis et nous avons travaillé dans ce sens et nous allons continuer dans cette dynamique. Concernant votre question relative à une future candidature aux prochaines élections municipales, la réponse revient à mon parti le RDR qui désigne son candidat aux élections locales. Le moment venu, vous serez informé.
Comment expliquez-vous l’ascension de la prostitution en pays Sénoufo et particulièrement dans votre commune ?
La crise a été négative surtout pour la jeunesse du nord. La jeunesse a été profondément affectée par la guerre. Il est question aujourd’hui de voir comment occuper sainement nos jeunes. Les enfants ne partaient plus à l’école. Ceux qui travaillaient, ont vu leurs entreprises fermées. Donc contraints de rester à la maison à ne rien faire. Quand un homme n’est pas occupé, il s’occupe à sa manière et tout le monde ne se trouve malheureusement pas les meilleures occupations. Dire que la prostitution a gagné du terrain ici, c’est un peu trop dire. La prostitution existe partout en Côte d’Ivoire et non exclusivement ici à Gbon où il n’y a pratiquement pas d’hôtels de passe comme dans d’autres localités du nord et de la région. C’est vrai, la guerre a détruit des valeurs chères au peule Sénoufo. La guerre a dépravé les mœurs. Il faut travailler aujourd’hui à refermer les revers de la guerre. C’est cela le plus important.
Si le parti vous désigne comme son candidat et que vous êtes réélu, quelles seront vos priorités ?
Au titre des priorités, nous mettrons l’accent sur l’achèvement du collège technique féminin pour recevoir les jeunes filles qui n’auront pas la chance de poursuivre des études secondaires et qui désirent avoir un métier pour s’insérer dan le tissu socio-économique national. C’est une réponse véritable au problème de prostitution qui menace la jeunesse féminine Sénoufo. Au risque de me répéter, la guerre a détruit nos valeurs. Et il faut œuvrer à leur restauration des valeurs. Et ce projet qui nous tient à cœur en est une réponse pertinente. Ensuite, il a le projet de construction d’un foyer des jeunes et l’aménagement de foyers agro-pastoraux pour nos jeunes qu’il faut remettre au travail. Je compte mettre en place une équipe de football. Les jeunes de Gbon jouent très bien le ballon. La preuve, nous avons des fils qui évoluent au haut niveau. Il y a le jeune Kamissoko qui évolue dans l’équipe de Guinée Equatoriale et Kandia Traoré qui lui est en France. Les talents ne manquent pas à Gbon. C’est pourquoi nous projetons la constitution d’une équipe de football.
Vous semblez oublier le problème de l’eau surtout que chez vous, les populations s’alimentent au puits et dans les marigots comme si l’on n’était pas dans une commune moderne…
Le problème de l’eau est général en Côte d’Ivoire. Moi-même dans mon quartier à Abidjan, il n’y a pas de l’eau. Je suis le maire de Gbon. Il y a certes des problèmes mais depuis que vous êtes venu, vous avez toujours de l’eau pour vos besoins. Il y a de l’eau ici. De décembre à juin, chaque année, il y a un manque crucial d’eau dans toute la région des savanes. Sur ma requête, le ministère des Infrastructures économiques avait aménagé un puits qui est aujourd’hui hors d’usage. J’ai été informé par la suite que deux forages sont prévus pour Gbon au titre du programme présidentiel d’urgences. Avec ces deux forages, le problème de l’eau sera réglé. Aujourd’hui, il y a plus d’eau à Gbon qu’à Kolia et à Kouto. Gbon est donc en avance et non en retard.
On constate chez vous que les filles vont plus à l’école que les garçons. Comment expliquez-vous ce renversement de situation ?
La tendance s’est inversée pour deux raisons : les sensibilisations sur la scolarisation de la petite fille et la surveillance des bœufs dans les champs par les garçons. Sur le premier point, nos activités ont porté parce que nous avons ici des modèles de réussite des femmes à l’école que sont le ministre Kandia Camara et Mme Faber Maimouna qui est de Gbon. Elles sont la preuve vivante qu’une petite fille peut aller à l’école, réussir dans ses études et s’occuper de ses parents. Sur le deuxième point, l’on note le problème des enfants-bouviers de 5 à 12 ans, l’âge d’aller à l’école, qui fait que les garçons sont moins scolarisés. Maintenant, si l’on n’y prend garde, cela va porter préjudice à la jeunesse du Nord. Quand vous êtes hors de la ville à partir de huit heures, vous verrez les enfants qui suivent les bœufs. C’est grave. C’est pourquoi en tant que premier magistrat, j’ai donné des instructions fermes pour répertorier à partir du fichier de l’état civil, les enfants de 5 à 12ans. Une fois répertoriés, nous conduisons une mission au domicile des parents pour les sensibiliser sur les bienfaits de la scolarisation des enfants. Le phénomène des enfants-bouviers est une menace pour une future élite Sénoufo forte. Je l’ai signifié aux cadres Sénoufo à une réunion à Abidjan sur la question. L’opération menée à Gbon est une réussite. J’en veux pour preuve que nous avons aujourd’hui sept (7) écoles primaires qui n’ont pas moins de 300 élèves avec plus de filles que de garçons. Quand je venais à la mairie, il y avait au total 538 élèves. Mais aujourd’hui, nous sommes à 1300 élèves grâce à la politique de la mairie. Cette année, nous avons fait inscrire plus de 300 enfants au primaire. La région de Boundiali est à 12% de taux de scolarisation. Et Gbon seul est à 38% sur ce taux.
Selon des informations recueillies sur place, votre commune fait face à une faiblesse du niveau des recettes. Qu’en est-il ?
Les recettes de la mairie sont insignifiantes. Nous n’arrivons pas à collecter plus de 700 francs Cfa par jour. C’est seulement le dimanche, jour de marché que nous dépassons ce montant pour nous retrouver jusqu’à 1.500 F Cfa et 2000 F Cfa. Pas plus. C’est Ivoire coton qui nous versait souvent des impôts. Mais, depuis que les activités d’Ivoire coton ont été arrêtées, du fait de la cirse, nous avons perdu une source importante de nos recettes. A côté, l’Etat reste nous devoir la somme de 109 millions F Cfa au titre des impayés d’impôts. Nous suivons ce dossier. Si ce financement tombe, nous pourrons achever rapidement la construction du collège technique féminin de Gbon.
Aicha Koné s’était exilée et l’on constate que le maire que vous êtes n’a mené aucune initiative pour son retour tant à Abidjan qu’à Gbon. Que faites-vous pour que la fille de Gbon revienne dans son village natal ?
La fille de Gbon dont vous parlez est partie de la Côte d’Ivoire à la faveur de la crise postélectorale. Avec les initiatives de réconciliation des fils et filles de Côte d’Ivoire du président Alassane Ouattara, qui est un homme de rassemblement et de dépassement, elle est revenue au pays. Mais pas encore à Gbon et cela ne m’étonne guère. Je profite de votre passage pour porter un démenti à la rumeur selon laquelle elle aurait été bannie de Gbon. Aicha Koné n’a jamais été bannie de Gbon. C’est elle-même qui n’a jamais porté Gbon dans son cœur. Figurez-vous que ces dix dernières années, elle n’a pas passé au total trois nuits à Gbon. Quand elle venait à Gbon, c’était pour mobiliser les femmes pour Laurent Gbagbo. C’était cela le centre d’intérêt entre elle et Gbon. Quand la nuit la trouvait ici, elle préférait aller la passer à Boundiali ou à Korhogo que de dormir ici où elle a une résidence qu’elle-même a réhabilitée. Le père d’Aicha Koné, à savoir El Hadj Koné Yanourga Moussa, était le fondateur de Gbon. C’est lui qui a créé la première école de Gbon. C’est encore lui qui a fait le premier lotissement de Gbon et qui a installé le dispensaire de Gbon. Ce n’est pas à moi de faire revenir la fille de Gbon dans son village. S’il faut que j’appelle tous les enfants de Gbon, c’est trop me demander. Peut-être qu’elle a des problèmes avec des personnes à Abidjan mais elle n’en a pas avec Gbon et les habitants de Gbon. Si c’était le cas, nous allions saisir les sages pour faire un pas vers elle.
La Côte d’ivoire est engagée dans un processus de réconciliation nationale. Quel appel avez-vous à lancer à Aicha Koné et à vos administrés ?
Si j’avais un appel, ce serait le suivant : Aicha vient. Le peuple de Gbon t’attend. Tu es la fille de Gbon et rien ne t’empêche de revenir au village, dans le village moderne que ton père a construit. Quant à la population de Gbon, je lui demande de suivre l’appel du Président de la République. J’invite mes administrés à ne pas se venger, à pardonner pour apporter leur contribution citoyenne à la réconciliation nationale et la reconstruction post-crise.
Réalisé à Gbon par M Tié Traoré
