La décision est tombée hier en Conseil des ministres. Les électeurs des 11 localités où le vote a été annulé et ceux de la circonscription de Logoualé qui n’ont pas pu voter le 11 décembre pour cause de décès du candidat du Rdr seront à nouveau appelés aux urnes le 26 février pour choisir leur député. Si l’on peut se réjouir de la fixation de cette date, des inquiétudes subsistent cependant sur le sort des candidats qui ont été épinglés par le juge électoral. Lors de sa conférence de presse du 31 mars dernier, le Pr Francis Wodié a indiqué que les contestations portaient particulièrement sur le vote de personnes décédées ou absentes, et sur le recours de certains candidats à des éléments des Frci ou des Dozo pour leur escorte ou ont fait signer des procès verbaux sous la contrainte. Au regard de ces faits suffisamment graves qui ont entaché la régularité du vote, le gardien de la Constitution n’a pas hésité à s’indigner devant ces attitudes de ces candidats qui ont tordu le cou à la loi. Au regard des actes qui ont conduit à l’annulation du vote, avec quels arguments les députés recalés des 11 circonscriptions repartiront à nouveau vers les électeurs pour solliciter leurs suffrages ? Quel profil auront ceux qui ont fait voter des morts dans leur localité devant les parents de ces personnes décédées ? Sur la question, le juriste-consultant Julien Geoffroy Kouao estime que la partie ne sera pas facile pour les candidats recalés. « Selon le code électoral, relativement aux pièces constitutives du dossier, le candidat doit produire un casier judiciaire pour attester de sa bonne moralité. La bonne moralité, c’est avoir un comportement convenable envers les lois de la République, envers la morale et les bonnes mœurs. Or dans les décisions du Conseil constitutionnel, les élections ont été annulées pour bourrage d’urne, violence exercée lors de la campagne, pour utilisation des biens publics à des biens privés, pour le vote des morts etc. C’est un ensemble d’actes et d’attitudes illégaux et anti sociaux qui sont contraires à la morale. Ce qui entache la moralité de leurs auteurs. Or, à partir du moment où les candidats dont le vote a été annulé sont ceux là mêmes qui ont conduit, organisé et mené leur campagne, on peut en déduire qu’ils sont soit auteurs matériels ou indirects, soit complices ou co-auteurs. D’où la problématique de leur bonne moralité. Peut-on alors aller à de nouvelles élections avec de tels candidats ? Telle est la question», s’est interrogé ce juriste. Sur la question, certains analystes estiment que du moment où la responsabilité des candidats recalés a été clairement établie dans le processus d’annulation du vote fraude ou violation du code électoral, le juge constitutionnel ne devrait même plus permettre à ces derniers de compétir pour n’avoir pas respecté les règles du jeu. Dans le milieu sportif, quand un contrôle anti dopage rattrape l’athlète qui a gagné une compétition, celui-ci est automatiquement déchu de son titre. Nous avons le cas actuel d’Alberto Cuntador qui vient d’être déchu de son titre de champion du Tour de France 2010 pour avoir triché à cette compétition. Sous nos cieux, les règles ne sont certes pas similaires. Le vote des morts, l’utilisation d’éléments Frci ou de Dozo dans la campagne, les bourrages d’urnes et autres empêchements de votes sont donc autant d’arguments qui indiquent que les candidats recalés auront fort à faire pour se refaire une virginité morale et politique afin d’avoir les voix de leurs électeurs le 26 février prochain.
Kra Bernard
Kra Bernard