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Art et Culture Publié le mardi 14 février 2012 | Trait d’Union

Jean-Marie Adiaffi : 12 ans après sa mort Ce qui reste de l’homme / Où et comment a-t-il été enterré ? Son musée pose problème à Bettié

Jean-Marie Adiaffi, célèbre écrivain né en 1941 à Bettié, dans la région d`Abengourou, est considéré comme l`une des figures de proue de la nouvelle écriture ivoirienne. Enseignant, poète et romancier, ses œuvres les plus célèbres ont été ‘’La Carte d`identité’’ et ‘’D`Éclairs et de foudres’’. Philosophe très apprécié des milieux intellectuels, il est le père du "bossonisme". Il est décédé le 15 novembre 1999, à Abidjan aux environs de 13 h. Douze ans après sa disparition, quel reste-t-il de cet anthropologue qui a marqué son temps ? Nous nous sommes lancés sur ces traces. Notre reportage. Ce samedi 4 février 2012, il est un peu plus de 18h lorsque nous atteignons la rive du fleuve Comoé qui arrose généreusement Bettié. Ville située à 95 km au sud-est d’Abengourou.

Et cela, après un long détour passant par Adzopé pour éviter la route cahoteuse qui relie Abengourou à ladite ville. En l’absence d’un pont, il nous faut avoir recours au bac qui, à cette heure de la soirée, a garé. Après quelques coups de fils, le conducteur de l’engin accepte de reprendre momentanément du service, moyennant un pourboire de 6 000 F. Des minutes plus tard, la belle cité de Bettié dénommée ‘‘Cité de l’hévéa’’ s’offre à nous. C’est ici qu’est né et repose désormais Jean-Marie Adiaffi, le célèbre écrivain ivoirien. En milieu de soirée, c’est Augustin Adépra, l’oncle maternel de l’écrivain (qui l’a recueilli très tôt après la disparition de ses parents) qui nous reçoit. Lui, c’est le chef du canton de Bettié. Son noble rang lui confère un respect dans toute la région de l’Indénié-Djuablin et même au-delà. La plupart des bâtiments administratifs de ce gros bourg sont ses propriétés. Assis à la terrasse d’une imposante bâtisse à deux niveaux, ce patriarche à la mine sereine accepte d’aborder avec nous le sujet de Jean-Marie Adiaffi Adé, son neveu. Au demeurant, il en a gros sur le cœur. Il nous donne rendez-vous pour le lendemain.

Le temps pour lui de mettre de l’ordre dans ses idées. Le sépulcre de l’écrivain calciné Avant notre rencontre avec l’oncle de l’écrivain, nous nous rendons tôt le lendemain matin au sépulcre du disparu. Situé au nord-est de la ville sur une colline, le sépulcre de Jean-Marie Adiaffi est composé d’une maisonnette abritant sa tombe et d’une statuette le représentant. Curieusement, toute l’espace du sépulcre en question a été brûlée. La statuette de Jean-Marie Adiaffi, naguère plus attrayante, n’est plus qu’un objet d’art désuet et noirci par la fumée. Sur les raisons de cet incendie, une source qui a requis l’anonymat nous révèle ‘‘En fait, la tombe de Jean-Marie Adiaffi a été abandonnée depuis plusieurs années dans la broussaille. Comme, nous sommes en saison sèche, quelqu’un a jugé utile de mettre le feu aux herbes environnantes pour rendre l’endroit un peu propre. Je ne pense pas que ce soient des individus malveillants qui avaient l’intention de brûler la tombe de l’écrivain’’. Non loin du sépulcre, se dressent les locaux en construction du musée dédié à l’illustre disparu. Selon des sources proches de la direction régionale de la culture et de la francophonie de l’Indénié Djuablin, ce joyau est un édifice de trois (3) bâtiments reliés par un noyau central. Le bâtiment A doit comprendre 8 compartiments composés d’un laboratoire, d’une salle d’exposition permanente, d’une vidéothèque, d’un bureau, de deux réserves, d’un cybercafé et d’un magasin. Le bâtiment B pour sa part comprendra deux bureaux, une salle de réunion et un secrétariat.

Quant au bâtiment C, il comprendra une salle d’exposition permanente et six placards. Le coût de ce musée est évalué à 150 millions de FCFA. Depuis le 26 décembre 2007, le chantier a été attribué à l’entreprise ivoirienne des travaux de bâtiments (EITB), sise à Abidjan. La livraison de l’ouvrage était prévue pour le mois de juin 2008 (6 mois d’exécution). L’ennui est que jusqu’en 2012, au moment où nous mettions sous presse, et selon le constat fait par la direction régionale de l’urbanisme à Abengourou, il reste encore à exécuter des travaux d’électricité, de peinture, de carrelage sur ce bâtiment qui ne dispose d’aucune porte et fenêtre. Pis, ni la clôture, ni le hangar et la maison du gardien prévus, n’ont connu un début d’exécution. En somme, le musée dédié à Jean Marie Adiaffi est encore à un stade inachevé depuis environ 4 ans. Quelles sont les raisons de cette léthargie? Les travaux du musée d’Adiaffi coincent De nos investigations, il ressort qu’après l’attribution du marché de ce musée le 26/12/2007 à l’entreprise ivoirienne des travaux du bâtiment (EITB) ; une structure que dirige Madame Bamba Binta, une avance de démarrage de 37 millions FCFA avait été décaissée par l’Etat de Côte d’Ivoire.

Un peu plus tard, d’autres décaissements ont été effectués. Au total, c’est une avance de 90 millions de FCFA qui a été remise à l’entreprise EITB. Malheureusement, le rapport produit par M. Kanandiénantiori Touré le préfet du département de Bettié est alarmant. ‘‘Depuis trois ans que je suis en poste à Bettié, cette femme n’est venue qu’une seule fois dans la localité dans le cadre des travaux de ce musée’’. Pour tout dire, en dépit de la somme importante avancée par l’Etat ivoirien qui attend de décaisser les 60 autres millions FCFA, les travaux sont à l’abandon. Toute situation qui a contraint les parties prenantes au projet à réagir. Le 17 février 2012, une rencontre de ces parties prenantes que sont la direction régionale de la construction (maître d’œuvre), la direction régionale de la culture et de la francophonie (maître d’ouvrage), la direction du marché public, le contrôle financier et la direction régionale du budget d’Abengourou, est projetée pour étudier la question. En attendant, une première lettre de mise en demeure en date du 13 décembre 2011 et signée de M. Kouacou Kouadjo, Directeur régional de l’Assainissement et de l’urbanisme à Abengourou, a été adressée à Mme Bamba Binta, Directrice de l’entreprise EITB.

Dans cette missive, le directeur régional met en demeure l’entreprise de reprendre immédiatement les travaux arrêtés et les livrer avant la fin du mois de janvier 2012. Hélas, jusqu’à cette date, les travaux du Musée Jean-Marie Adiaffi piétinent encore. Au grand désarroi des populations de Bettié. Jean-Marie Adiaffi sombre dans l’oubli En définitive, c’est aux environs de 18h ce dimanche 5 février 2012 que l’oncle maternel de Jean Marie Adiaffi nous reçoit pour nous parler de son neveu. Visiblement remonté sur le sort réservé à son neveu, il sera sans détours. ‘‘Jean-Marie Adiaffi est bien connu dans le monde de la culture ivoirienne. Je suis écœuré de voir que le musée à lui dédié qui devait être livré depuis longtemps est encore inachevé. J’en suis déçu. C’est un bâtiment que je pouvais construire moi-même pour honorer la mémoire d’Adiaffi. Au sein même de notre domicile familial, j’ai fait un caveau où je comptais transférer son corps pour qu’il repose dans de meilleures conditions. Malheureusement, le gouvernement ivoirien qui a décidé de l’honorer a confié les travaux à cette dame qu’on ne voit pratiquement pas sur le terrain. Je suis donc impuissant face à cette situation de blocage. J’en appelle aux parties prenantes au projet pour étudier la question, afin que les travaux puissent s’achever’’, a-t-il dit. En attendant, dans la ville de Bettié, l’on parle de moins en moins de Jean-Marie Adiaffi.

Même si son nom est évoqué à la faveur de certaines cérémonies culturelles dans la zone, l’ombre de l’illustre écrivain sombre de plus en plus dans l’oubli. Lors de notre entrevue avec Augustin Adépra, notre hôte n’a pas manqué de nous indiquer que les milliers d’objets d’art collectionnés par Jean-Marie Adiaffi sont en début de détérioration. En fait, c’est dans une villa de quatre pièces, située non loin du domicile familial, que ces objets d’arts sont empilés dans des conditions déplorables. Une fois la porte de ce local ouverte, c’est un air suffocant qui vous accueille dans ce local mal éclairé. Pour tout dire, le père du ‘’ bossonnisme’’ court le risque de voir ses œuvres disparaitren

Un reportage de Joseph Kissy (A Abengourou)
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